✎ 24.12.16 - Le Petit Cooki est enfin sorti ! Venez le lire ici ♥
05.09.16 - En RP nous venons de passer au printemps ! Profitez de la douceur des températures pour visiter Chantilly et son parc fleuri.
05.08.16 - Agence Cooki fête ses quatre ans ! C'est qu'il devient un grand garçon. Merci à vous nos petits membres adorés ♥
31.08.16 - Vous l'avez attendu, le voici enfin ! Le dernier numéro du LPV à lire ici avec des interviews exclusives !
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Messages : 481 Arme de prédilection : Magie noire de l’Eau /Combat au corps à corps et à l'arme blanche Arme non maitrisée : Armes à feu / Magie de Foudre
Évolution. Par ce simple mot, on pouvait qualifier le parcours d'Oberon depuis qu'il a intégré l'Organisation de GML. Si la cruauté et le manque de compassion avaient toujours été ce qui le caractérisait le plus, il retrouvait peu à peu des sensations qu'il avait enterré au plus profond de son être. Mais il ne fallait pas ce faire de fausses idées non plus. Son mépris du genre humain était resté intact. Mais voulait-il toujours mettre fin à l'existence de cette race? C'était moins sûr. Car c'est dans la boue et l'eau croupie que l'on trouvait les pépites d'ors. Et c'est ainsi qu'il a pu faire la connaissance de Callie, de Nayomi et bien d'autres noms qui lui avaient démontré que les exceptions existent toujours. Mais là voilà la vérité. Exception. Ce mot voulait dire ce qu'il voulait dire. Même si des hommes de valeurs pouvaient encore se cacher sur terre, il était bien évident qu'une grande partie des homos sapiens étaient indignes de coexister avec la nature. Mais est-ce qu'un génocide était vraiment la solution pour sauver ce qui pouvait encore l'être? Si les humains venaient à disparaître alors une autre espèce verrait le jour et prendrait la niche vide laissée par les prédécesseurs. Et peut-être même qu'elle pourrait devenir encore bien pire. Aussi ce qu'il fallait aux hommes, c'était un guide. Quelqu'un capable de les diriger et de leur montrer comment vivre en harmonie avec la nature. Quelqu'un capable de les châtier et de se montrer impitoyable lorsque le pire visage de ces humains oserait se montrer. Un monde où la justice prendrait un sens véritable, où l'on serait jugé à la hauteur de ses crimes et non par un système judiciaire aussi obsolète que celui des hommes. Oui, c'était une dictature qu'il voulait instaurer et si certains trouvait cette idée aberrante, l'humanité a montré de trop nombreuses fois que lui donner les clés de la liberté ouvrait la porte à la guerre, aux mensonges, à la cupidité et la dépravation.
Que ce soit pour annihiler ou conquérir le monde, Oberon aurait besoin de puissance brute. Et c'est cette quête de puissance l'a amené à développer une puissante technologie magique capable de décupler ses pouvoirs ainsi que celle de son armée. Une bonne partie de son palais en était dotée mais cela ne suffisait pas. Cela ne suffisait jamais. Il avait besoin de ces pierres noires, celles qui avaient provoquées sa rencontre avec Tweedle Dee. Elles étaient les fondations de son projet, l'élément essentiel pour améliorer ses machines et sa magie. Comment faisait-il pour les retrouver? Tout d'abord, il avait un vaste réseau de renseignement à sa disposition. Parfois, ces artefacts faisaient l'objet de rumeurs ou de légende transmises de bouches à oreilles et il était nécessaires d'avoir les siennes là où il le fallait. Mais sa méthode la plus efficace pour les localiser, c'était d'entrer en résonnance avec ces pierres. Ces dernières émettaient des ondes jouant sur des fréquences particulières et faisant résonner sa propre énergie dans des tons similaires, il pouvait les sentir et les localiser, mais pas de façon extrêmement précise.
Après plusieurs heures de méditation, Zephyrius avait ressenti la présence de l'une de ces pierres non loin de Chantilly. Curieusement, la zone n'était pas trop éloignée du cimetière, là où il en avait trouvé une il y a quelques semaines. Pourquoi ne l'avait-il pas ressenti auparavant? Était parce que le signal de la première masquait celle de la deuxième? Peut-être, cette pierre-ci émettait des ondes beaucoup plus faibles. Elle devait être beaucoup plus petite. Il verrait les détails plus tard en tout cas. Il devait d'abord se concentrer sur sa localisation. Il avait fait le voyage jusqu'à la ville et s'était finalement retrouvé dans les bois. À partir de là, le signal était beaucoup moins évident à repérer, probablement à cause du relief et des arbres qui interféraient dans la propagation. Il sauta alors dans un arbre à sa droite afin de gagner un peu plus de hauteur. Un petite vent soufflait vers les cimes, faisant danses ses amples vêtements sur lui. Il portait une large cape noire à bouton, qui ne laissait paraître que ses bottes. Au dessus, une capuche recouvrant le haut de son visage, empêchant quiconque de l'identifier. Il ne fallait pas que l'on puisse le reconnaître.
Après avoir retrouvé la trace de l'artefact, il se mit à suivre le signal en sautant de branche en branche. Après plusieurs minutes, il tomba nez-à-nez avec un large mur ou du moins, ce qu'il en restait. Ce n'était plus qu'un tas de pierres en décompositions, empilées les unes sur les autres, qui protégeaient quelque chose d'en état encore plus lamentable. Derrière, se dressait les restes de ce qui semblaient être à un ancien château. Il sauta par dessus le mur et se retrouva dans ce qui étaient autrefois les jardins, comme le témoignaient la disposition très organisées des arbres et des parcelles de fleurs, toujours présents. En l'absence d'entretien, l'herbe atteignait maintenant les genoux du souverain aussi préféra-t-il se dégager de là et emprunta plutôt un petit chemin de pierre, recouvert de lichens, mais encore visible. Il ne restait plus grand choses du palais. Les tours de guets comme la plupart des bâtiments exposaient leurs intérieurs, leurs toits s'étant effondrés depuis de nombreuses années. Il s'avança alors à travers les ruines, percevant alors un signal beaucoup plus fort au fur et à mesure qui évoluait dans le palais.
Il arriva alors devant une porte gigantesque, étonnement en très bon état. Il leva les yeux et constata que, contrairement au reste de l'édifice, la salle qui se trouvait derrière cette porte avait encore un toit. La porte était grande ouverte. Il la traversa lentement et fut quelques peu horrifié du spectacle qui l'attendait. Si cette salle avait été une salle des fêtes, aujourd'hui c'était tout autre. L'intérieur était entièrement recouverte de toiles d'araignées de tailles anormalement grandes. Peu importe où il dirigeait son regard, ce n'était que motifs dessinés en blanc et sous lesquels étaient suspendues des sortes de cocons à formes diverses. Il put reconnaître des espèces de cervidés, et quelques autres mammifères de la forêts, immortalisés dans la soie. Et si on affinait un peu son regard, on pouvait distinguer des formes humanoïdes. Mais quelle genre de créature avait trouvé refuge ici? Et pourquoi se poser la question? La réponse était bien plus qu'évidente. Et il fallait bien qu'il traverse ce "nid". Le signal se trouvait en dessous de et s'il se référait à ses recherches , il y avait des catacombes dont le point d'entrée se trouve dans cette salle.
Peu importe, le souverain n'avait pas peur. S'il fallait affronter un tel monstre, alors il le ferait. Attentif et l'esprit en alerte, il s'avança rapidement à travers les colonnes de fils blancs. De toute façon, il ne pourrait pas avancer sans se faire repérer car chaque fois qu'il touchait un bout de toile, c'était un signal de plus pour celle qui l'avait tissé.
Précisions pas importante :
Oberon ignore que ces souterrains mènent aussi au Night-Club, par où ça aurait été plus simple de passer! o/
« Remettez la main sur ce fichu pendentif avant que quelqu’un ne finisse congelé! »
Il en avait d’excellentes le Loup. Il croyait quoi au fond ? Que ça l’amusait de savoir ses camarades en danger au moindre sursaut émotionnel de sa part ? Qu’elle aimait savoir qu’à la première colère elle risquait la vie de tous ceux qui se trouveraient autour d’elle à se moment-là ? Au risque de surprendre l’assistance : ab-so-lu-ment PAS ! Non, ça ne l’enchantait pas le moins du monde une pareille situation. Après tout ce n’était pas pour rien qu’elle portait son collier 24heures/24 depuis le jour où sa mère lui en avait fait cadeau.
Enfin ... Puisque tout le monde (c’est à dire le patron et elle-même, c’est suffisant après tout, non?) semblait d’accord sur le fait qu’il était impératif de retrouver le médaillon, Serafina s’était lancée dans des fouilles dignes des plus grands archéologues. La moindre de ses affaires s’était vue soulevée, retournée, secouée, en bref, fouillée, afin de vérifier qu’elle ne cachait pas le précieux objet. Rien de concluant ... Après avoir torturé ses affaires, et les avoir rangées après, il ne s’agissait pas de faire croire au passage d’un ouragan non plus hein, la Reine s’est chargée d’examiner les derniers cartons qu’elle n’avait pas encore eu le temps de déballer depuis son emménagement. Rien à signaler de ce côté-là non plus ...
Comment remettre alors la main sur son inestimable collier ? Serafina n’avait d’autre choix que de passer au peigne fin le moindre endroit où elle avait mis les pieds avant de se rendre compte qu’elle ne le portait plus. Ca promettait d’être long et fastidieux ... Et ça l’a été. La Reine avait reproduit l’ensemble de ses déplacements dans Chantilly. Encore heureux que cette ville était petite ! Mais bon, malgré toutes ses recherches, il était impossible pour la jeune femme de remettre la main sur son collier. Peu rassurée et au bord du désespoir, elle est entrée dans le Night’s Club quelques instants après son ouverture. Elle avait besoin d’un verre pour se rebooster.
Très vite le cliché de la discussion entre le barman et le(la) client(e) s’est mis en place. En même temps, il était tôt donc le-dit barman était libre et Serafina avait vraiment l’air abattu. Après quelques minutes, la Reine reprenait un peu d’assurance et décidait de se rendre dans les bois, le seul endroit qu’elle n’avait pas encore fouillé. Mais ça promettait d’être ... comme de chercher une aiguille dans une botte de foin, même si c’était un peu plus primordial que cela. Alors le barman lui donna un coup de main.
- Vous connaissez bien entendu la salle de réunion, n’est-ce pas ? - Celle qui se trouve ici ? Avec l’aquarium ? Oui. - Eh bien elle renferme un passage secret qui mène au vieux château en ruines. Ca raccourcira grandement le temps nécessaire pour accéder aux bois.
Il n’en fallait pas plus pour que Serafina ait un regain d’énergie. En deux temps, trois mouvements, elle se trouvait dans le fameux passage et se dirigeait d’un pas décidé vers la forêt. Très vite cependant, le bruit de ses talons se répercutant sur les murs ont créé une ambiance opprimante au possible. Et pour en rajouter encore un peu, la jeune femme s’est retrouvée nez à ne... truc avec un tas d’objets qui n’avaient visiblement rien à faire là, un peu comme si un centre des objets perdus avait pris ses quartiers dans ce sous-terrain. Et miracle ! Son pendentif se trouvait au somment d’une pile. Serafina l’a vite récupéré, puis a repéré la sortie et s’en est allée avant de se demander qui avait bien pu collecter et stocker tous ces objets.
Beuuuuurk ! En sortant la Reine s’était prise toute entière dans une immense toile d’araignée. Il ne pouvait rien lui arriver de pire que ça, elle qui était arachnophobe comme personne. Elle s’est débarrassé de tous ces fils blancs et s’est avancée vers le point lumineux au bout de la pièce, qui devait probablement être la porte de sortie vers les bois, mais plus elle avançait plus elle se sentait observée. Il était temps de marquer une pause. Le spectacle qu’offrait la pièce était des plus épouvantables : des toiles d’araignées immenses, décorées ici et là de cocon de soie monstrueusement gros, créaient un labyrinthe presque opaque tant il était dense.
Soudain un délicat bruit s’est fait entendre. Comme si une patte venait de se poser au sol. Et encore un, puis un autre, puis un autre ... Au total 8 bruits. Il ne pouvait pas s’agir d’une coïncidence. Serafina s’est crispée, incapable de se retourner pour faire face ou même de commencer à courir pour s’enfuir. Elle est restée là, debout, tous les sens en éveil. Elle sentit la bête s’approcher plus qu’elle ne l’entendit.
L’attaque a été fulgurante. Tout autant que la riposte. La jeune femme n’a pas eu le temps d’observer la bête lorsqu’elle s’est enfin retournée car celle-ci venait de lui sauter dessus. Serafina n’a pas contrôlé sa réaction : elle a senti les crochets de l’araignée lui effleurer le bras et la puissance de la glace a tout bonnement explosé. L’araignée, gelée pour un temps, a volé vers l’autre bout de la salle, se ramassant au passage un cocon particulièrement gros sur la tronche. Toutes les toiles étaient recouvertes d’une épaisse couche de glace sur un rayon de 2-3 mètres autour de la frêle humaine aux longs cheveux blancs. Frêle humaine qui venait juste de s’évanouir et donc de s’effondrer sur le sol de marbre rose pâle, son bras touché virant progressivement à une couleur étrange.
Précisions utiles:
1° Si tu veux t'amuser à décrire l'araignée, fais-toi plaisir, moi je peux pas :p 2° Serafina s'exprime en #3399ff (pas pour tout de suite, mais comme ça j'oublie pas de te le dire ^^)
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Soudain, Oberon s'arrêta de marcher. Quelque chose d'étrange était en train de se produire. Non, ses sens ne lui jouaient pas des tours. Sa cible était entrée en mouvement. Et il n'y avait pas mille façon d'expliquer ce phénomène. Quelqu'un ou plutôt quelque chose s'étaient emparé de la pierre et se promenait avec, sous ses pieds. Non, cela remontait. C'était maintenant arrivée au même niveau que lui. Ça se rapprochait. Il n'y avait plus aucune doute possible, l'objet qu'il convoitait se trouvait loin devant lui, mais dans cette pièce. S'il n'y avait pas eu autant de toiles et de désordre, il aurait certainement eu un visuel sur son objectif. Mais qu'importe. Maintenant qu'il était sûr que son objectif était à porté de main, il s'avança encore plus rapidement, se faufilant entre les cocons de soie et les chemins de sécrétion arachnoïdes, en prenant bien soin de ne pas trop faire de bruits.
Quelque chose le turlupinait pendant qu'il évoluait dans le labyrinthe visqueux. Le souverain avait une bonne connaissance du type de créature qui avait élu domicile dans cet endroit sordide. C'était un animal vicieux qui adorait prendre ses proies en embuscade, généralement en arrivant par le haut. Et s'il se fiait au nombre de minutes qu'il avait déjà passé à marcher, cela faisait depuis un moment qu'il devait avoir été repéré. Ce n'est pas qu'il été pressé que le maître des lieux attaque mais cela faisait justement un moment qu'il aurait dû. Mais non, il semblerait que la pierre ce soit immobilisée. Pourquoi? Qu'attendait la créature? Et pourquoi attendait-elle dans un lieu assez éloignée de la position du blond? À moins que...ce ne soit pas le monstre qui se balade avec la pierre mais quelqu'un d'autre et dans ce cas, si cet individu ne bougeait plus au moment où il pensait...
Oberon s'empressa de courir en direction de l'artefact qui émettait un signal de plus en plus puissant. Mais trop tard. Il sentit le sol vibrer et entendit ce qui s'apparentait au bruit d'une explosion. Une victime de plus. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, ce n'était celle à qui on s'attendait. Il vit une grosse masse noire et blanche foncer dans les airs, à vive allure, dans sa direction. Pas le temps de cogiter, ses reflexes prirent le dessus et il dit un bond de plusieurs mètres dans les airs avant d'atterrir sur ses deux jambes, trois mètres devant. Il se retourna et vit la "chose" s'écraser dans un coin, soulevant un petit nuage de soie blanche, l'empêchant de distinguer ce que c'était. Enfin, il n'avait pas vraiment de le voir pour le savoir. Et il y avait plus important. Sa cible demeurait toujours immobile. Il se détourna de la créature et poursuivit sa petite course vers son objectif. Et quel objectif! Une chevelure aussi blanche que la neige lui recouvrant le front, un corps élancé et un visage qui n'avait rien d'horrible; une jeune fille était couchée sur le marbre rosé, entourée par un cercle de glace de plusieurs mètres qui avait tout gelé, le sol comme la toile, comme si la matière froide avait explosée avec cette inconnue comme épicentre. Il s'arrêta à côté d'elle et constata de osn état inconscient. Il mit un genou à terre. Il posa deux doigts contre le cou de la jeune fille afin de repérer son pouls. Sa peau était anormalement gelée tout comme ses battements étaient anormalement faible. En glissant le bout de son index sur son épiderme, il sentit un objet métallique qu'il tira alors doucement. C'était une chaîne et en la suivant, il se rendit compte qu'il s'agissait d'un pendentif au bout duquel se trouvait un bijou de couleur noire protégé par du cristal. Les radiations qu'elle émettait éblouirent le souverain qui se mit à sourire de satisfaction. Il venait de trouver ce qu'il était venu chercher.
Il souleva légèrement la tête de la jeune femme pour faire glisser la chaîne, en prenant soin de ne pas emmêler l'objet dans la chevelure blanche. Il passa alors le pendentif autour de son cou et le cacha à l'intérieur de sa cape. Il avait bien conscience que si l'objet avait été mit sous cette forme, c'est qu'il devait appartenir à quelqu'un mais cela n'avait plus d'importance. Il avait les yeux rivés sur l'un des bras de l'inconnue, qui présentait des traces de morsures qui avaient prit une couleur inhabituelle. Ses heures étaient probablement comptées. Elle n'aurait plus besoin de ce collier. Mais la laisserait-il ici pour servir de nourriture à la créature? Il n'en avait que faire de son sort, autant la laisser là. C'est ce qu'il aurait pu penser il n'y a pas si longtemps. Mais cette fois, c'est comme si quelque chose l'en empêchait. Allons, il n'avait qu'à se retourner et rebrousser chemin, il n'y avait rien de plus simple. Mais non, il était incapable de faire le moindre geste s'il devait laisser la jeune fille ici.
Pendant qu'il tremblait devant son impuissance à commettre ce mal, il entendit du mouvement derrière lui. Ses reflexes parlant de nouveau pour lui même, il fit un mouvement vers la gauche et il s'abaissa avant de se retourner. Il venait d'esquiver deux grosses boules de soies qui lui étaient destinées. Devant lui se dressait une créature arachnoïde dotée de quatre paires de pattes. Elle avait un thorax de couleur marron, une tête plus petite décorée par 8 petites yeux globuleux surmontant une ouverture béante donc les côtés possédaient chacun un crochet qui devaient faire la taille d'un avant-bras moyen. Enfin derrière, un abdomen de forme ovale de couleur jaune, décoré par des motifs noirs de toutes sortes. En estimation, elle devait faire la taille d'une petite biche. Ce n'était pas si grand mais c'était toujours impressionnant de voir un créature de ce genre atteindre de telles proportions. Oberon avait dû mal à communiquer avec ces animaux. Les araignées, tout comme les insectes et les reptiles primitifs, possèdent un très petit cerveau ce qui rendait très difficile toute tentative de négociation. Les mammifères leur étaient bien supérieurs à ce niveau, que ce soit pour l'intelligence ou la sensibilité et l'empathie. Il se hasarda à tenter de la persuader de les laisser partir mais la créature bien trop instinctive ne pensait qu'à remplir son estomac.
L'arachnide fonça sauvagement vers lui, brandissant ses crochets venimeux vers sa tête. Comme s'il allait se faire avoir par une telle attaque. Avec ses mains bien protégées par des gantelets métalliques, il se saisit des crochets, stoppant net l'attaque de l'hideuse créature. Mais Oberon n'était pas bête. Avec la gueule du monstre, grande ouverte devant sa tête, il pouvait aisément se prendre un tir de toile ou pire, de venin. Usant de sa force hors du commun, il fit basculer l'araignée sur le dos, la faisant s'écraser violemment sur le sol marbré. Il aurait bien aimé savourer ce combat plus longtemps mais il n'avait pas le temps de s'éterniser ici. Il tendit son bras droit au dessus du sol et la glace qui s'y trouvait se mit à fondre avant de s'élever dans les airs et se réassembler sous la forme d'une épée de glace dans la main du souverain. Il fit un bond fulgurant de plusieurs mètres de hauteur puis fit une roulade dans les airs avant de retomber avec toute sa force et tout son poids sur le thorax de la créature, lui perforant le corps avec son pic de glace, faisant alors jaillir une cascade de fluide verdâtre appartenant à l'animal octopode.
Avec dextérité, il avait évité de se faire arroser. Ce n'était sûrement pas agréable de se prendre une giclé de sang d'araignée en pleine figure. Il descendit du ventre de ce qui devait être un cadavre à présent et se dirigea son regard vers la jeune inconnu. En espérant qu'elle ne ce soit pas prit une dernière douche. Mais de toute façon, ce ne sera bientôt plus un problème.
Comme c’était agréable de se laisser doucement aller dans un monde calme, apaisé. Comme c’était agréable de se laisser porter par des rêves moutonnants tels des petits nuages ... Enfin ça aurait pu l’être s’il n’y avait pas cette sensation d’un poignard qui se frayait un chemin dans son bras. Cette douleur n’inquiétait pas la Reine outre mesure puisque la magie dans son sang s’en chargeait. Cela pouvait se révéler pratique quand même d’avoir un traitement efficace sur la plupart des poisons qui coulait en permanence dans les veines. Serafina laissait la glace cristalliser tranquillement les molécules de poison et les éliminer. Pendant ce temps elle s’est concentrée pour reprendre doucement possession de ses sens, qui s’étaient momentanément mis en stand-by. Bon, il est clair qu’en cas de danger s’évanouir n’est pas une super idée. Et prendre son temps pour guérir tranquillement de son côté non plus. Mais bon ça lui avait réussi jusqu’ici alors pourquoi changer de tactique ?
Serafina n’a pas ouvert les yeux immédiatement, laissant ses autres sens lui transmettre toutes les informations nécessaires ; elle sentait le sol de marbre dur sous elle, elle respirait l’air lourd présent dans la pièce, elle entendait le silen... C’était quoi ce bruit feutré mais légèrement métallique ? Des bruits de pas accompagnaient le tout ... Sérieux, elle n’était pas seule ici ? Alléluia ! Elle a entendu l’inconnu s’agenouiller à son côté et a senti des doigts chercher son pouls. La Reine s’apprêtait à ouvrir les yeux pour rassurer le détenteur des-dits doigts, et surtout pour voir à quoi ressemblait celui qui s’aventurait dans un endroit pareil, lorsque l’inconnu en question a passé ses doigts sous la délicate chaîne de son collier. Eh eh eh ! Qu’est-ce qu’il fait là ? Le personnage, sans gène aucune, lui retira son collier ... et le passa probablement à son cou. Non mais il croit quoi lui, que je vais le laisser se barrer avec mon précieux pendentif ?
La Reine ouvrait finalement les yeux, s’apprêtant à en découdre, lorsque deux grosses boules de soie sont passées au dessus d’elle. Elle a immédiatement tourné la tête pour voir d’où provenaient ces missiles peu habituels. Et elle aurait mieux fait de s’abstenir. Serafina avait à présent une « magnifique » vue sur la bestiole qu’elle n’avait eu plus tôt que le temps d’entrapercevoir. Non finalement elle n’était pas intéressée par cette vue. Elle a donc pivoté aussi vite la tête vers l’homme qui se tenait non loin. Celui-ci n’avait pas remarqué que la victime de son vol éhonté était bel et bien éveillée. Lui et la bête ont commencé à se battre et elle en a profité pour se relever et s’éloigner. Pourquoi ne pas s’éclipser tout simplement ? Parce que ce n’était pas son genre. Bon en temps normal elle aurait mis la main à la pâte, et aurait botté le train de la créature avec joie. Mais c’était une araignée bon sang. Hors de question qu’elle s’en approche plus que de raison. Elle devait déjà se concentrer au maximum pour ne pas détourner les yeux et pour ne pas s’enfuir en hurlant. Alors l’homme n’avait qu’à se débrouiller, ce qu’il faisait très bien d’ailleurs.
Ho tiens ! Il maîtrisait la glace aussi ... Elle aurait presque pu se réjouir d’avoir trouvé un camarade de jeu. Presque. S’il n’avait pas volé. Sil ne L’avait pas volée. Pendant que Serafina nourrissait à son encontre des sentiments peu respectables, il achevait l’horrible monstre, en profitant pour en mettre partout. Ha lala les mecs, jamais capables de faire un travail sans tout salir autour ... N’empêche qu’il est doué ... Et pas trop mal bâti. Pour un voleur. Grand, musclé, visage fin, yeux pareils à des émeraudes, lèvres fines et joliment colorées de rouge ... Seul hic ses cheveux blonds presque aussi long que ceux de la Reine. Ho et l’armure dorée ... Non mais il se croit malin dans un accoutrement pareil ? Il s’est cru à un festival médiéval ? Serafina a du réprimer le petit rire sarcastique qui voulait monter et s’est plutôt raclé la gorge pour signaler sa présence.
- Joli travail. A croire que vous avez tué des araignées démesurées toute votre vie.
Les bras croisés sur sa poitrine, toute sa dignité royale retrouvée, Serafina dissimulait habilement sa blessure sous une délicate couche de givre qui se fondait presque avec la couleur très claire de sa peau. Il était hors de question que son interlocuteur la considère comme un animal blessé et facile à attaquer. Bon rien n’indiquait qu’il voulait l’attaquer, mais mieux valait se préparer à toutes les éventualités. Et puis elle devait trouver un moyen de récupérer son pendentif. Encore. Sauf si par un quelconque miracle, le voleur se découvrait une conscience et lui rendait l’objet de lui-même ...
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Le jeune souverain n’aimait pas vraiment s’en prendre aux animaux. Mais en cas de légitime défense, ce genre de principes ne trouvait pas sa place. Au moins il ne fut pas celui qui avait lancé les hostilités. Après ce rude mais court affrontement avec la bête, Oberon ne sentait pas la fatigue. Il sentait même que ce petit exercice lui avait débloqué les artères et il se sentait près à en découdre encore une fois s’il le fallait. Il faut dire que ce jeune prince affectionnait particulièrement les combats contre de féroces adversaires mais ce n’était évidemment pas tout les jours que l’on pouvait en croiser. Surtout au sein de la communauté humaine. Il dépoussiéra sa longue cape de quelques de mains et se tourna vers l’endroit où était supposée se trouver l’inconnue. Oui « supposé »! Parce qu’au moment où il leva les yeux, il entendit quelqu’un s’éclaircir la gorge. Elle ne se trouvait plus exactement là où elle était couchée. Aussi bizarre que cela puisse paraître, elle se trouvait un peu plus loin, à quelques mètres derrière et…elle était debout.
«Joli travail. A croire que vous avez tué des araignées démesurées toute votre vie.»
Dit-elle alors, les bras croisés autour de son ventre avec une certaine assurance qui n’était certainement pas celle des gens du peuple. Il avait été bien trop occupé par son récent combat qu’il n’avait pas senti sa présence. Mais ce n’était pas le fait le plus étonnant. Ses pupilles s’abaissèrent pour se focaliser sur le bras de la jeune fille. Rien, plus aucune trace de la vilaine morsure. Enfin au premier regard. Sa sensibilité à la magie de l’eau lui indiquait la présence de molécules particulières sur sa peau, molécules qu’il pouvait manipuler avec aisance s’il le voulait. Bref, elle pouvait masquer sa blessure, ça n’avait pas vraiment d’importance car ce qui était encore plus étrange, c’est l’énergie vitale qu’elle dégageait. Ce n’était celle de quelqu’un qui venait de perdre conscience. Littéralement, elle débordait d’énergie. Ce n’était absolument pas normal. Sans parler du fait qu’elle était également dotée d’une énergie magique plutôt élevée, au repos. En combat, cela devait être très impressionnant. Mais ils auraient le temps de parler magie plus tard. Ils n’étaient pas encore hors de danger. Il baissa les yeux et se rendit compte que sa tunique s’était légèrement défaite lorsqu’il s’était battu, rendant visible l’armure dorée qu’il portait en dessous. Il s’empressa de la reboutonner et replace la capuche par-dessus sa tête.
«Sortons d’ici au plus vite. Au cas où tu ne le sais pas, ils sont deux. Un couple.»
Oui. Il s’agissait d’un nid. Et certains cocons n’en étaient pas vraiment. Derrière plusieurs dizaines d’entre eux se cachaient plusieurs poches alvéolaires similaires à des œufs, dans lesquelles se développaient de jeunes araignées. Et qui disait nid et œufs impliquait forcément mâle et femelle. Il fit un signe de la tête, lui intimant de le suivre. Il n’allait pas lui tenir la main ou la porter dans ses bras. Et puis de toute façon, elle avait l’air en pleine possession de ses moyens. Tant mieux, parce qu’il lui faudra courir. D’ailleurs Oberon entame une course en direction de la sortie de la salle, se servant de l’épée de glace pour se frayer un chemin à travers les toiles blanches. Pendant qu’il courait, il sentit le pendentif se balancer contre sa poitrine et se rendit bien à l’évidence que, maintenant que son prétendu propriétaire était revenu d’entre les morts, il lui fallait trouver un moyen de garder l’artefact. Il ne pourra pas la forcer à moins d’engager le combat mais compte tenue de la force qu’elle semblait être capable de déployer, il aurait fort à faire et il ne s’en sortirait pas indemne. Et il était hors de question qu’il perde un œil pour juste une pierre. Pour un gisement il n’aurait pas rechigné. Mais peut-être pouvait-il négocier avec elle? L’acheter serait une solution. Ou au pire des cas, lui indiquer si elle savait où en trouver d’autres. Bref, il verrait cela plus tard.
Quoiqu’il en soit, il avait espoir que l’autre créature se trouve dans les catacombes mais comme toujours, c’était toujours les choses que l’on ne voulait pas qui arrive qui se présentent devant vous. Et il ne croyait pas si bien dire. Au moment où il dépassa la large porte d’entrée, il sentit une vibration de l’air au dessus de lui. Il stoppa brusquement sa course et prit appui sur une jambe pour faire un saut en arrière. Quelque chose de très lourd venait d’atterrir sur sa précédente position, fissurant le sol et émettant un cri strident. Une araignée, similaire à la première mais d’une taille beaucoup plus importante, venait de tomber devant lui, faisant entrechoquer ses crochets afin d’intimider ses futures proies. Inutile de parlementer avec ça, d’autant plus que celle-ci était beaucoup plus agressive que l’autre et pour une très bonne raison.
«Une femelle. Elles sont beaucoup plus grosses et plus fortes que les mâles. Je peux m’en charger seul mais si tu veux m’aider, ça ira plus vite.»
Dit-il d’un ton très calme, la main tendu vers l’arrière pour empêcher l’inconnue à la chevelure blanche de s’avancer plus. En même temps, elle ne devait pas être bête à ce point pour foncer tête baissée contre cette créature féroce. Bon, place au combat. Il serra les poings et se mit à amplifier son énergie magique. Ces derniers se firent entourer par un flot d’énergie aqueuse d’une belle couleur bleue. Ce monstre avait beau être énorme, sa vitesse pourrait vite surprendre nos deux protagonistes. Et il n’y avait pas mieux que l’eau et la glace pour restreindre les mouvements d’un ennemi.
Attendez ... C’était une petite lueur d’admiration qu’on pouvait lire dans les yeux du mystérieux guerrier ? Bon discrète, je vous l’accorde volontiers, mais présente quand même. Lui qui avait l’air froid et fier, ne l’était peut-être pas tout-à-fait ... Serafina n’eut pas le temps d’approfondir la question puisque l’inconnu réajustait son costume et lui répondait :
- Sortons d’ici au plus vite. Au cas où tu ne le sais pas, ils sont deux. Un couple.
Hé là ! Ce n’était pas prévu au programme ça ! Déjà qu’une araignée minuscule c’était limite, alors une énorme c’était l’enfer. Mais un couple ?! Non non non. Il comptait lui annoncer quoi après ? Qu’ils étaient entourés de bébé araignées sur le point d’éclore ? La Reine a jeté un coup d’oeil autour d’elle pour le principe, mais ses yeux se sont attardés sur quelques cocons plus gros que les autres. Ca sentait mauvais d’un coup, enfin au figuré, parce qu’au propre ça faisait longtemps que l’odeur était aux antipodes de l’agréable.
Oups ! Perdue dans ses pensées, Serafina n’avait pas vu que son compagnon d’infortune s’était mis à courir vers la porte. Elle s’est empressée de suivre, et même de le rattraper, comme s’il ne lui était rien arrivé quelques instants plus tôt. Les quelques toiles qui tentaient vainement de leur couper le passage étaient soit déchirées par l’épée en glace de l’inconnu, soit cristallisées puis brisées par la Reine. Ils se rapprochaient sans encombre de la porte d’entrée et s’apprêtaient à sortir quand l’inconnu s’est arrêté brusquement pour faire un bond en arrière, obligeant la jeune femme à s’écarter pour éviter la collision. Trop occupée à observer le jeune homme qui avait réalisé une figure pour une raison inconnue, elle n’a pas immédiatement remarqué l’immense araignée qui tombait sur le sol. Ce n’est qu’une fois le-dit sol fissuré, et le cri poussé que Serafina s’est figée. Les claquements qui ont suivi n’ont fait que confirmer son mauvais pressentiment. Rha c’est pas vrai ! Pourquoi faut-il qu’il ait raison ?
- Une femelle. Elles sont beaucoup plus grosses et plus fortes que les mâles. Je peux m’en charger seul mais si tu veux m’aider, ça ira plus vite.
Bah voyons ... Comme si la précédente ne suffisait pas niveau taille et force. Ho mais c’est qu’il fait de la magie l’inconnu. L’énergie bleue qui les entourait a dessiné un beau sourire sur le visage délicat de la Reine. Ca faisait du bien de croiser une magie plus ou moins similaire à la sienne de temps en temps. Enfin ce n’était pas tout-à-fait le moment de s’attarder sur la chose.
- Je vais vous donner un coup de main. Mais si vous permettez je ne m’approcherai pas de cette créature plus qu’il ne le faudra.
Oui bon, elle venait de le vouvoyer. L’éducation qu’elle avait suivie, coute que coute, lui avait inculqué des valeurs de politesse à la limite du ridicule de nos jours. Mais elle y tenait.
Serafina s’est positionnée, bien campée sur ses deux pieds. Le sol autour de ses pieds commença à geler, se couvrant d’une fine pellicule de glace qui dessinait de jolis cristaux. Rapidement le cercle de glace dont elle était le centre parfait s’est élargi, élargi, élargi ... Jusqu’à atteindre les pieds du guerrier. Bon à ce point elle espérait que la magie qu’il portait le protégerait, ou qu’au moins ses chaussures l’isoleraient. Quoi qu’il en soit elle n’avait pas l’intention d’arrêter en si bon chemin. Le cercle a très vite atteint le monstre. Qui devait sentir ses pattes s’engourdir de froid parce que les claquements de crochets s’arrêtèrent pour laisser place à une danse pour le moins originale. L’araignée levait autant de pattes que possible sans perdre l’équilibre, et donc changeait régulièrement les pattes au sol pour ne pas risquer de geler. Il était évident qu’elle ne voulait pas renoncer et donc laisser ses proies s’en aller si facilement.
La Reine a laissé sa magie s’échapper encore un peu plus et l’air s’est vu refroidir sensiblement en quelques secondes. La jeune femme a concentré son pouvoir autour de l’araignée pour éviter de geler son compagnon en même temps que la bête. Ce n’est pas qu’elle ne voulait pas avoir à le porter quand ils pourraient partir mais voilà quoi ... En parlant de la créature, celle-ci luttait contre l’engourdissement qui se frayait un chemin en elle, même si on voyait que ses mouvements ralentissaient considérablement. Elle tentait même d’avancer, d’atteindre les deux humains qui lui faisaient face, mais en vain car à chaque pas qu’elle faisait la température autour d’elle baissait de plusieurs degrés.
- A vous maintenant, je vous laisse asséner le coup de grâce et nous pourrons nous en aller sans plus de risque.
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«Je vais vous donner un coup de main. Mais si vous permettez je ne m’approcherai pas de cette créature plus qu’il ne le faudra.»
Oberon pivota légèrement sa tête vers la gauche afin d’avoir le visage de la jeune fille en vision périphérique. Le visage crispé, le regard livide et une position peu rassurée, lui donnant presque l’impression qu’elle voulait revenir en arrière, le souverain eut vite fait de comprendre qu’elle et les araignées, ce n’était pas vraiment le grand amour. Une chance que la magie de glace était tout aussi efficace de près comme de loin. De toute façon, il savait ce qu’il avait à faire, tout ce dont il avait besoin, c’est qu’elle puisse ralentir les mouvements de la bête. Et comme si elle avait lu dans ses pensées, c’est exactement ce qu’elle fit. En à peine quelques secondes, le sol derrière lui se mit à geler, avec le corps de son partenaire de combat comme point de départ. La glace passe alors autour de lui, contournant alors les jambes du jeune homme qui étaient protégées par l’énergie qu’il déployait. Finalement, le sol sous les pattes de l’arachnide se retrouva couvert par une fine couche de glace, manquant alors de lui faire perdre l’équilibre. Heureusement pour elle, et malheureusement pour eux, le nombre de ses pattes lui permettait de demeurer plus ou moins stable, alternant entre plusieurs d’entre elles, donnant lieu à une danse aussi comique que frénétique.
Mais la femme à la chevelure de neige ne s’arrêta pas en si bon chemin. L’air devient de plus en froid, comme en témoignait le dioxyde de carbone que le blond expirait, apparaissant alors sous la forme d’une mince colonne de buée blanche. Ce n’était pas une température insupportable et cela ne gênait pas le souverain plus que ça. Mais ce n’était pas le cas de son adversaire qui vivait un véritable calvaire. Oberon sentit toute la magie de son équipière se concentrer autour de l’animal, dont les mouvements commençaient à devenir lents et saccadés. Refusant d’abandonner, elle tenta même d’avancer mais c’était peine perdue face à ce genre de magie. Au fur et à mesure qu’elle luttait contre le froid, celui-ci devenait plus mordant et plus intense que la seconde précédente. Mais intérieurement, Oberon salua l’instinct maternel qui poussait cet animal à en découdre avec eux. Car contrairement au mâle, ce n’était pas pour se nourrir qu’elle les avait attaqués mais bien pour défendre son nid de deux intrus qui menaçaient sa progéniture.
«À vous maintenant, je vous laisse asséner le coup de grâce et nous pourrons nous en aller sans plus de risque.»
Le coup de grâce? En effet, elle devait s’attendre à ce qu’il lui fasse subir le même sort qu’à son « mari ». Mais il n’en était rien. Même pour se défendre, Oberon ne s’en prenait jamais à une femelle, surtout si celle-ci avait une descendance. Cela pouvait semblait ironique devant quelqu’un qui n’avait aucun scrupule à ôter la vie aux humains mais c’était bien parce que c’était des humains. Les seules créatures qui n’avaient aucun respect pour la nature et donc les seules qu’il osait tuer sans aucun scrupule non plus.
Bref, la créature continuait d’avancer malgré le froid. Après un effort allant au-delà de ce qu’une créature comme elle pouvait faire d’habitude, elle arriva à la hauteur du blond. Il brandit alors son bras droit en l’air puis le rabaisse rapidement, assénant un violent coup de coude sur le haut de la tête de l’araignée. Les pattes engourdit pas le froid, elle ne put soutenir la violence du coup et s’écrase lourdement sur le ventre, faisant trembler légèrement le sol. Oberon ne la tuera pas mais cela ne voulait pas dire qu’il allait être tendre avec son adversaire. Pour l’avoir défié, le monstre méritait une leçon digne de ce nom. La créature, toujours au sol, tenta tant bien que mal de se relever après un coup aussi violent mais le jeune roi n’attendit pas qu’elle soit de nouveau sur jambe pour frapper de nouveau. Il balança légèrement sa jambe gauche en arrière puis envoya l’araignée valser dans les airs, à l’aide d’un puissant coup de pieds entre ses crochets. Pendant que l’animal effectuait une magnifique ascension, il amplifia alors son énergie magique, enveloppant alors son corps tout entier avec une aura bleue, dansant avec grâce comme la surface d’une eau turquoise balayée par un vent doux. Il sauta alors, laissant une trainée bleue derrière lui, comme une comète, et fonça les poings en avant en direction de son adversaire. Il percuta le thorax de l’arachnide de plein fouet, le projetant encore plus haut. Et il continua à foncer vers lui et ainsi de suite, projetant la bête dans toutes les directions. On aurait dit une partie de flipper assez bizarre.
Un ultime choc. L’animal prit alors la direction de son nid, passant au dessus de la jeune femme avant de s’écraser non loin du cadavre de son ancien partenaire. Oberon déploya deux paires d’ailes afin de se maintenir dans les airs puis il tendit alors les deux mains en direction de la porte de la salle.
«Dépêche-toi de sortir!»
Cria-t-il alors à l’utilisatrice de la glace. Cette dernière ne devrait pas rester là, sauf si elle tenait à se prendre une technique de plein fouet. Après quelques secondes d’attentes, un rayon gris-noir parti des mains du souverain pour atteindre la large porte de la salle. L’intérieur et l’extérieur furent alors séparés par un épais mur de glace d’une couleur noire inhabituelle, empêchant alors quiconque d’entrer et de sortir. Il vola alors quelques instants en direction de la jeune fille avant de se poser doucement sur le sol, à quelques mètres devant elle. Il fit alors disparaître ses ailes et leva le regard vers son œuvre, qui brillait d’un bel éclat sombre, reflétant les rayons du soleil sans pour autant en subir les dommages. Oberon avait idée de faire disparaître ce mur une fois qu’ils seront loin de la forêt. Pour le moment, il avait un brin de chemin à faire avant d’atteindre la sortie des bois. Enfin, il pourrait aisément en sortir rapidement, par la voie des airs, mais il n’était pas sûr que la jeune femme le laisse partir sans rien dire. Et puis, il sentait bien dans son regard que les questions n’allaient pas tarder à venir. Il baissa donc le regard pour le diriger vers l’inconnue.
«La zone est sécurisée. Partons.»
Dit-il calmement, en se retournant et en commençant à s’éloigner.
Sans se donner la peine de répondre, l’inconnu a pris la suite des événements en mains. L’araignée, qui par un miracle de volonté avait réussi à arriver à hauteur du combattant, a fait plus ample connaissance avec le second humanoïde qu’elle pensait pouvoir vaincre. Dès lors les coups ont commencé à pleuvoir sans discontinuer. Les poings, les coudes, les pieds, ... Le guerrier s’en donnait de toute évidence à coeur joie. Et la puissance magique dont il s’entourait était assez impressionnante, car peu courante. Il faut reconnaître qu’il a le sens du spectacle quand même. Serafina observait avec un léger amusement le combat, clairement en faveur de son compagnon. Le jeu de flipper mis en place n’était absolument pas pour lui déplaire : elle qui ne supportait pas les araignées, ne pouvait que se réjouir de voir la bête réduite à l’état de ballon rebondissant sur toutes les surfaces disponibles.
- Niaaaah !
Ce cri de terreur a retenti au moment exact où le monstre est passé au-dessus de la tête blanche. Malheureusement la frayeur n’a pas uniquement atteint les cordes vocales de la jeune femme. Bien que cela ne lui arrivait pas souvent d’habitude, sa magie a explosé une deuxième fois en si peu de temps. Le cercle gelé dont elle était le centre s’est étendu brusquement jusqu’à givrer la salle toute entière ainsi que tout ce qui était en contact avec les murs ou le sol, et faire baisser sensiblement la température de la-dite salle. Vu le niveau de congélation, et connaissant la magie de la Reine, tout ça n'était pas prêt de retrouver une température normale de si tôt. Peut-être quand elle s'éloignerait, peut-être quand elle quitterait Chantilly, peut-être quand elle mourrait ...
- Euh ... Oups ? - Dépêche-toi de sortir!
Serafina n’a pas eu l’occasion de s’attarder plus longtemps sur sa petite perte de contrôle qu’elle devait déjà se précipiter dehors. Décidément cet homme ne sait pas faire les choses en douceur et dans le calme, il faut toujours se dépêcher avec lui ! Une fois dehors elle a pu observer le mur de glace noire se former ... Quelle étrange couleur. Serafina fronçait les sourcils à cette vue : la glace faisait partie de sa vie depuis sa naissance, elle en ressentait tous les cristaux, elle sentait le piquant de son froid en elle mais là elle ne sentait pas le lien spécial habituel entre la glace et elle. Qu’était donc cette magie de glace souillée ?
La Reine n’avait pas remarqué que l’homme volait, mais ça n’a pas tardé. Elle a enfin levé les yeux, juste à temps pour le voir se poser et voir ses ailes se résorber. Il n’était pas humain. Au moins maintenant c’était clair. Mais ce qui semblait bizarre c’est qu’il possédait des ailes féériques malgré une taille qui devait bien atteindre les 1m90. Ce n’était absolument pas courant de voir un fée aussi grand. Les choses changeaient certes, d’autant plus que les mélanges entre races se faisaient de plus en plus réguliers, mais il était rare que des gènes soient suffisamment plus forts que ceux des fées pour que son détenteur soit plus grand que la moyenne féérique.
- La zone est sécurisée. Partons.
Et voilà, il venait de recommencer. C’était quoi cette manie de ne jamais rester en place, de ne jamais faire les choses au calme ? Serafina a suivi le mouvement. Elle ne pouvait pas se permettre de le laisser partir comme ça avec son médaillon ! Elle s’est portée à sa hauteur et ne s’est pas gênée pour le toiser. Mais très vite elle a dû se concentrer un peu plus sur le chemin qu’ils empruntaient histoire d’arrêter de se prendre les cheveux dans les branchages. Elle a d’ailleurs décidé d’attacher sa magnifique chevelure en un chignon rapide mais efficace. Ces détails réglés, elle s’est concentrée à nouveau sur l’hom...le f... Enfin le truc qui marchait à ses côtés.
- Puis-je me mettre de vous poser une question ? Qui êtes-vous au juste ? Et surtout qu’êtes-vous ? Comment cela se fait-il que vous maîtrisiez une magie semblable à la mienne mais si différente pourtant ?
Oups ... Elle s’était un peu emballée. Bon ok, c’était plus qu’une seule question mais il devait bien se douter qu’elle en aurait un paquet aussi.
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Le petit manque de contrôle de la jeune fille n’avait pas échappé à l’œil attentif du souverain. Avec ce surplus de glace qu’elle avait généré à l’intérieur de la salle, les chances de survie de l’arachnide ne s’en retrouvait pas amoindrie mais disons plutôt que leur réveil serait retardé. Oberon pourrait très bien revenir sur les lieux plus tard et tenter de dissiper toute cette magie. Bien que similaire, la magie de glace de nos deux protagonistes était fondamentalement différente. Il n’en était pas bien certain mais il semblerait que ce soit un pouvoir naturel pour elle aussi. Les fées étaient douées naturellement pour la magie et à la naissance, selon l’étoile sous laquelle elles naissent, le flux magique s’associe avec un élément de la nature ou à un type de magie, telle la nécromancie par exemple. Oberon est née sous l’influence de la lune et de l’élément eau /glace. Pour les autres types qu’il maîtrise, disons que c’est par l’entraînement et un certain génie. Mais dans le cas de cette inconnue? Les humains ne sont pas sensés avoir un lien très fort avec la magie. Nayomi est une exception, du fait de son sang à moitié elfe. Tout ceci était plus qu’intriguant.
Pendant qu’il réfléchissait à tout ça et qu’il marchait tranquillement à travers les ruines, la femme à la chevelure blanche était arrivée à sa hauteur et commença alors à le dévisager. D’une certaine façon bien sûr, elle ne lui faisait pas de grimace non plus mais c’est comme si elle cherchait des réponses sur la face du blond. Or ce n’est pas vraiment de cette façon que l’on obtient ce qu’on veut. C’est en posant des questions et quelque chose lui disait que celles-ci ne tarderaient pas à arriver. Si elle arrivait un peu à marcher sans se prendre une branche dans la figure déjà. À force de fixer le souverain au lieu de l’étroit chemin forestier, elle ne faisait pas tellement attention à son environnement. Et elle pourrait bien se blesser si cela continuait. Heureusement, elle eut le bon reflexe et s’attacha même ses longs cheveux pour former un chignon. Lui n’aurait pas ce problème, sa chevelure était protégée par sa capuche, les empêchant de céder aux caprices des vents.
«Puis-je me mettre de vous poser une question ? Qui êtes-vous au juste ? Et surtout qu’êtes-vous ? Comment cela se fait-il que vous maîtrisiez une magie semblable à la mienne mais si différente pourtant ?»
Et voilà donc la première question. Ou plutôt, les. Il s’attendait à ce qu’il y en ait plusieurs mais pas à ce qu’elles soient toutes dans la même phrase. Il était inutile de décortiquer pour sa part, il s’en souviendrait parfaitement, pour la bonne raison qu’il voulait lui poser les mêmes. Bon, il savait que c’était une humaine, son flux vital parlait en son nom. Mais pour ce qui était du reste, il avait beau se creuser la mémoire, il n’avait jamais entendu parler d’être humain capable de déployer autant de puissance magique, même dans les légendes et les mythes les plus épiques. Quelle est la source de son pouvoir? Il continua à marcher plusieurs mètres sans dire un mot avant de baisser un peu la tête afin de voir le visage de son compagnon de marche.
«J’ai les mêmes questions te concernant. Pour ma part, ce serait bien trop long si je devais tout t’expliquer depuis le début. Pour résumer, je suis une fée.»
Quelqu'un qui pratiquait la magie ne devrait pas s'étonner de l'existence des êtres surnaturels. De plus avec le mot fée, il estimait avoir répondu à une bonne partie des questions. Du moins, vaguement. Il a bien précisé ce qu’il était et le mythe de l’être féerique qui maitrise la magie n’est plus à faire. Oui, il n’avait pas donné son nom. Ce n’était pas quelque chose qu’il donnait si aisément. Il ne faisait confiance à personne et encore moins si c’était une humaine. Et pour une autre raison, il se méfiait encore plus d’elle. Il ne tarderait pas à se lui exposer ses doutes mais il fallait d’abord qu’ils arrivent à endroit calme et assez éloigné du chemin de forêt, afin d’éviter les oreilles indiscrètes. Après quelques mètres, il décida de prendre une autre direction et au bout d’une petite trotte, il sortit des bois pour se retrouver devant une petite rivière, qui était à les douves du château en ruine, à l’origine. Il se retourna alors et attendu quelques secondes le temps qu’elle le rejoigne pus il retira lentement sa capuche puis passa ses mains autour de son cou.
«En reprenant conscience, tu n’as pas eu le reflexe de chercher l’objet que tu avais perdu. Cela signifie que tu sais que je suis en sa possession. J’aimerais savoir où l’as-tu trouvé et pourquoi étais-tu à sa recherche?»
Demanda-t-i alors calmement, après avoir retiré le pendentif, le tenant par le bout de la chaîne.
Pas trop vite surtout la réponse hein ... Impatiente Serafina ? Pas du tout voyons ! Enfin si un peu quand même. Mais ce n’était pas de sa faute si son interlocuteur était lent à la détente. Bon elle voyait bien qu’il n’y avait pas que ça, il était perdu dans ses pensées et elle aurait bien voulu savoir qui se cachait dans la tête blonde. Mais le pouvoir de lecture d’esprit ne faisait pas partie de ses capacités et ce même si elle avait pu plonger, l’espace d’un court instant, ses yeux bleus dans les yeux verts du guerrier.
- J’ai les mêmes questions te concernant. Pour ma part, ce serait bien trop long si je devais tout t’expliquer depuis le début. Pour résumer, je suis une fée.
Oui, ça la Reine l’avait déjà compris. Il la prenait pour une bleue ? Un homme qui possédait de telles ailes ne pouvait être qu’un être féérique. Si elle ne les avait pas vues, elle aurait pu croire qu’il n’était qu’un humain maîtrisant la magie, mais ce n’était pas le cas. Il avait déployé ses grandes excroissances à plumes et de manière peu discrète qui plus est. Et puis il ne dévoilait pas grand chose avec cette réponse. Son nom ? Ce qu’il était en dehors de sa nature de fée ? Car au risque de le répéter il était impossible qu’une fée soit naturellement aussi grande. Et la différence de leurs magies ?
Le guerrier a finalement emmené Serafina dans une autre direction. Direction qui menait droit sur une rivière à l’eau claire. Il l’attendait déjà, ayant pris un peu d’avance sur elle. Quand elle est enfin arrivée près de lui, il a libéré sa chevelure blonde en retirant sa capuche. Il passait les mains autour de son cou et la jeune femme a pensé instantanément à son pendentif. Celui qui portait le pendentif si important à ses yeux, allant jusqu’à le chercher dans un repaire d’arachnides.
Bingo ! Son compagnon venait de retirer l’objet de son cou et le tenait à présent pendu au bout de son doigt par la chaîne.
- En reprenant conscience, tu n’as pas eu le reflexe de chercher l’objet que tu avais perdu. Cela signifie que tu sais que je suis en sa possession. J’aimerais savoir où l’as-tu trouvé et pourquoi étais-tu à sa recherche?
Bah voyons il croyait quoi ? Qu’elle allait gentiment répondre à toutes ses questions, déballer tout son passé, alors qu’il avait soigneusement évité de répondre à ses questions à elle ?
S’il avait joué carte sur table avec elle, elle aurait pu le faire avec lui. Elle aurait pu lui dire qu’outre le fait que c’était la dernière chose que sa mère ait fait et ferait jamais pour Serafina, ce médaillon était avant tout un moyen d’échapper aux aspects négatifs de son pouvoir. Qu’elle avait reçu un véritable don à la naissance, et qu’elle n’aurait pas eu le culot de s’en plaindre : la joie et les nombreux avantages qu’elle pouvait en tirer avaient toujours été à la limite du grisant. Elle aurait pu ajouter que la maîtrise avait ses limites et que les avantages sus-nommés ne pouvaient pas toujours occulter la liste des inconvénients. Notamment la difficulté pour sa détentrice d’endiguer le froid qui s’échappait régulièrement de sa personne.
Serafina n’était pas née « normale », personne ne lui avait appris la magie de la glace, aucun maître n’avait pris le temps de lui inculquer les tenants et les aboutissants d’un pouvoir comme celui-là. La jeune femme possédait la puissance de la neige en elle, le froid faisait partie intégrante de ce qu’elle était. Et en vertu de cela, elle avait autant de puissance qu’elle avait d’énergie vitale, mais la puissance allait aussi du côté des inconvénients. Voilà pourquoi sa mère avait cru nécessaire de lui offrir ce pendentif qui régulait son pouvoir. Il lui permettait de le manipuler à sa guise mais avant tout de l’enfermer en elle lorsqu’elle n’en avait pas besoin.
Cependant elle n’allait pas lui dire tout ça. Certainement pas.
- Puisque vous semblez aimer les résumés, voici le mien : ce médaillon m’est utile dans l’emploi de ma magie. Et mon patron semble être impatient que je remette enfin la main dessus après l’avoir perdu.
S’il avait d’autres questions, il n’avait qu’à les poser. Et il semblait assez clair que pour ce qui était de Serafina, elle attendait plus qu’un résumé de sa part à lui.
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La jeune fille n’aimait pas attendre. Mais elle ne se fit pas non plus prier pour lui donner une réponse rapide. Pendant quelques minutes, elle fut perdue dans ses pensées, et il ne put s’empêcher de penser que cette personne et lui étaient assez similaires sur de nombreux points. Oberon passait souvent de longs moments à penser, méditer et réfléchir sur le passée. Ou tout simplement à analyser le comportement des autres. Et il comprenait toujours la frustration de ceux qui attendaient un quelconque mot de sa part, surtout lorsqu’il se retrouvait dans la position de celui qui patientait. Il était ce genre d’homme, à parler avec son esprit et ses mains, plutôt qu’avec sa bouche. Mais la belle inconnue ne le verrait sûrement pas de cet œil et les expériences récentes du souverain lui ont prouvé qu’une femme curieuse ne lâche jamais le morceau. Un peu comme une araignée tiens!
«Puisque vous semblez aimer les résumés, voici le mien : ce médaillon m’est utile dans l’emploi de ma magie. Et mon patron semble être impatient que je remette enfin la main dessus après l’avoir perdu.»
Ainsi donc, il s’agirait de son médaillon. Mais pouvait-il croire cela, sur la base d’une seule affirmation? Et la mention du mot patron lui mit alors la puce à l’oreille. Il n’y avait que deux personnes au monde qui engageraient une personne douée de tels pouvoirs. La première, c’était lui. Quant à la deuxième, il répondait évidemment au doux nom de Grand Méchant Loup. Avec juste quelques mots, il avait déjà récupéré pas mal d’informations sur elle. Mais le message de la jeune fille était plutôt clair, « Je n’en dirais pas plus si vous ne m’en dites pas plus ». Et c’est qu’elle avait l’air d’être une femme têtue en plus. Ils se retrouvaient tout les deux dans une impasse. Rien ne se débloquerait si l’un ou l’autre n’acceptait de se livrer un peu plus. Mais est-ce que le roi était prêt pour ça? Il avait bien un autre moyen d’obtenir ce qu’il voulait, c’était d’aller directement chercher ses réponses dans la tête de l’inconnue. Mais si elle disait vrai, alors il n’avait aucune raison de s’en prendre à elle. Au contraire, étant un collègue, elle soutenait indirectement ses projets. L’avoir dans son dos serait contre-productif.
«Si je me fie à mon intuition, j’ai comme l’impression que toi et moi avons le même patron.»
déclara-t-il alors, un sourire au coin. Il baissa légèrement le regard afin d’observer le pendentif de plus près. C’était du bel ouvrage quand même. Et la façon dont il a été fabriqué indique que c’était destiné à quelqu’un. Peut-être qu’elle ne mentait pas finalement? Il avait pu apercevoir chez la jeune fille, un certain manque de contrôle sur ses pouvoirs. Sous le coup de la peur, elle avait bien gelé les trois-quarts du nid de l’araignée. Et par analogie, c’était sûrement sous la panique qu’elle fit valser la bête dans les airs. Tout est relié. Elle devait utiliser la pierre noire pour contenir ses pouvoirs. Contrairement au souverain, qui s’en servait pour décupler les siens jusqu’à la limite du possible. Étrange ironie du sort que ces deux personnes, aux destins si semblables et en même temps si différents, se soient retrouvées dans la même Organisation. Si c’était bien le cas.
Il leva de nouveau les yeux vers la jeune fille aux cheveux blancs et lui tendit son pendentif.
«On m’appelle Oberon. Mon flux vital et mon énergie magique ont une affinité avec l’eau et la glace. C’est donc un pouvoir de naissance, je ne saurais pas l’expliquer plus simplement.»
Il fallait au moins commencer par quelque chose. Il espérait rétablir un peu de confiance dans le débat. Après tout, si on regardait bien, il passait un peu pour le pilleur de cadavre. Disons qu’aux yeux de l’inconnue, il passait carrément pour un voleur. Et il serait difficile de lui faire croire le contraire. Mais il avait bon espoir à présent. Ils n’étaient pas ennemis, du moins jusque là. Mais il lui restait encore une question à laquelle il n’avait pas répondu. Mais c’était fait exprès. Lui aussi voulait des réponses.
- Si je me fie à mon intuition, j’ai comme l’impression que toi et moi avons le même patron.
Joli sourire en coin. Attendez... Pardon ? Comment pouvaient-ils avoir le même patron ? C’était tout à fait impensable... possible si on y réfléchissait bien. Après tout le Grand Méchant Loup avait toujours été à l’affût de personnes quelque peu hors normes pour mieux servir ses intérêts. L’ensemble des agents de l’Organisation était spécial : entre capacités magiques et physiques, chacun apportait sa pierre à l’édifice que construisait le Patron. Et il était évident que l’homme en face d’elle était hors normes. Une fée, c’était déjà souvent quelque chose, mais lui, il semblait avoir un sacré potentiel magique. Et si Serafina avait été capable de ressentir ce potentiel, GML n’avait pas pu passer à côté.
Pendant que la Reine était plongée dans ses réflexions personnelles, le guerrier semblait absorbé dans la contemplation du pendentif qu’il tenait toujours. Plus pour longtemps, espérait la jeune femme. Non pas qu’elle espérait qu’il le lâche et qu’elle doive aller le récupérer dans l’herbe ... ou pire dans la rivière. Quoique la rivière elle pourrait toujours la geler momentanément histoire de pouvoir récupérer le collier sans trop d’effort. Mais dans l’herbe ce ne serait pas pratique pratique ... D’autant que le sol devait sans doute grouiller de petites bestioles. Qui sait combien d’araignées se cachaient entre les brins d’herbe sans qu’elle en soit consciente ?
- On m’appelle Oberon. Mon flux vital et mon énergie magique ont une affinité avec l’eau et la glace. C’est donc un pouvoir de naissance, je ne saurais pas l’expliquer plus simplement.
Serafina a repris ses esprits, arrêtant de se laisser manipuler par sa phobie. Elle a récupéré son précieux sautoir et l’a lentement passé autour de son cou. Le pendentif noir a brillé d’une lumière surnaturelle un court moment et la température ambiante a augmenté de quelques degrés. Le collier avait visiblement repris son rôle de régulateur. Les pommettes de la jeune femme s’étaient colorées quelque peu de rose, sa bouche semblait plus rouge que l’instant d’avant. En fait son corps entier semblait avoir repris des couleurs plus naturelles, moins pâles, à l’instar du bleu de ses yeux qui était devenu plus profond.
Une fois le sentiment de contrôle de soi assuré dans le coeur de la Reine, elle a retourné son attention vers les informations que lui avait données le guerrier. Notamment son nom ... Oberon ? Cela lui disait quelque chose, mais elle ne savait pas si elle l’avait juste entendu à l’Organisation ou si elle connaissait ce nom d’ailleurs. Ainsi donc, la magie de glace qu’il maîtrisait était tout aussi naturelle que la sienne ... Pourquoi pas après tout ... La jeune femme n’avait pas forcément l’exclusivité sur cette magie peu banale. Bien qu’elle en reste la Reine.
Bon aller, puisqu’il avait fait un pas vers elle en lui donnant des informations sur lui, elle se devait de lui rendre la pareille. Sinon ça allait vite tourner au dialogue de sourds-muets.
- Enchantée, Oberon. Je suis la Reine des Neiges, vous connaissez sans doute les légendes qui parlent de ma personne. Mais je suis plus connue aujourd’hui sous le nom de Serafina, a-t-elle répondu en s’approchant un peu de l’homme.
Elle a eu un moment d’hésitation avant de céder à son envie. Elle s’est approchée encore plus, pour pouvoir poser un baiser léger sur la joue de son interlocuteur.
- Je vous remercie de m’avoir rendu mon collier. C’est un présent qu’on m’a fait il y a longtemps et j’y tiens énormément au-delà de son utilité. Mais dites-moi, vous, qu’est-ce qui vous a amené par ici ? Et pourquoi avoir été intéressé par mon pendentif au point d’être prêt à le voler à sa propriétaire ? a-t-elle demandé d’un air taquin.
Son but n’était certainement pas de le brusquer, mais elle tenait quand même à voir sa réaction à ce contact un peu plus doux que ce qu’ils avaient vécu jusqu’ici. Et puis elle espérait obtenir des informations supplémentaires ...
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La jeune fille se saisit délicatement de son précieux pendentif puis le passa autour de son cou. Pendant l'espace d'un instant, le bijou se mit à briller d'une lueur étrange. Le souverain sentit alors que l'environnement autour de lui avait changé. Il semblerait qu'il fasse plus chaud. Il fixa l'inconnue et constata qu'elle paraissait...plus belle. Sa peau avait prit des couleurs, dans tout les cas c'était bien mieux que son ancien ton pâle et presque grisonnant. Mais les changements se constataient surtout sur son visage. Il paraissait plus vivant, que ce soient ses joues, ses pupilles ou ses joues, cela donnait une impression plus chaleureuse à celui qui posait son regard dessus. Oberon n'était pas du genre à s'attarder sur le physique de quelqu'un. La seule personne qu'il ait daigné admirer, c'était Aurore, dont la beauté dépassait tout ce qui pouvait exister sur terre. Et pourtant, il ne put s'empêcher de fixer cette femme à la chevelure de neige. Elle dégageait quelque chose de particulier, au-delà du physique. Était-ce son étroite affinité avec la glace qui faisait que le souverain sente un lien particulier avec elle? Et était-il le seul à le sentir?
En tout cas, elle était bien pensive depuis qu'il lui avait donné son nom. Peut-être l'avait-elle déjà entendu quelque part? Il n'était pas trop présent au sein de l'Organisation mais il s'était tout de même fait un nom suite à quelques succès en missions. Sans parler de ses projets plus secrets qui faisaient quand même quelques bruits dans les milieux de l'ombre. Il ne serait pas surpris si le nom du souverain soit arrivé aux oreilles de la jeune femme.
«Enchantée, Oberon. Je suis la Reine des Neiges, vous connaissez sans doute les légendes qui parlent de ma personne. Mais je suis plus connue aujourd’hui sous le nom de Serafina.»
Oui, il en avait entendu parler. Il ne se fiait jamais aux rumeurs et aux légendes, qui s'avéraient souvent peu fiables ou dans l'exagération. À titre d'exemple, elle était vraiment belle mais loin de la description fabuleuse et surréaliste qu'en faisait les humains. Et en la voyant maintenant, il était sûr qu'elle devait être bien différente des histoires que l'on répandaient sur elle. Par contre, il ne savait pas qu'elle s'était engagée dans les rangs de l'Organisation. Mais maintenant qu'elle lui avait révélé son prénom, ce n'était peut-être pas la première fois qu'il l'entendait. Il s'était à nouveau perdu dans de longues réflexions, et ne la vit pas s'approcher de plus en plus de lui. Elle se mit sur la pointe des pieds et colla délicatement ses lèvres sur la joue du monarque. Il fit un pas en arrière mais c'était déjà trop tard.
«Je vous remercie de m’avoir rendu mon collier. C’est un présent qu’on m’a fait il y a longtemps et j’y tiens énormément au-delà de son utilité. Mais dites-moi, vous, qu’est-ce qui vous a amené par ici ? Et pourquoi avoir été intéressé par mon pendentif au point d’être prêt à le voler à sa propriétaire ?»
lui dit-elle alors d'un air facétieux. Il recula encore de quelques pas, une main sur la joue. Il la retira puis la fixa quelques secondes, avant de lever son regard vers Serafina, la regardant d'un air étrange, plutôt perturbé. Car il l'était. Il ne s'attendait pas à un tel geste, surtout venant d'une inconnue qu'il n'avait pas cherché à sauver et qu'il avait même volé. Alors pourquoi? C'était la seule question qu'il se posait en ce moment. Son esprit logique et rationnel n'arrivait pas à mettre une explication à ce qu'elle venait de faire. Et puis...c'était doux et un peu glacé sur les bords. Pour une raison qui lui échappait également, il n'avait pas trouvé ça désagréable.
«Pourquoi..»
murmura-t-il avant de secouer lentement la tête et se reprendre. Finalement, même lui pouvait être surprit mais il se devait de garder la tête haute. Il était le souverain de l'un des Royaumes Féeriques les plus puissants tout de même! Il se rapprocha de nouveau de la Reine puis tendit le bras vers sa poitrine, touchant presque le pendentif du bout des doigts. Il retourna sa main, la paume vers le haut et une petite lumière bleue se mit à briller en son centre. Trois petites pierres noires, identiques à celle du médaillon, se matérialisèrent puis se mirent à léviter en orbite autour du corps d'Oberon. Il baissa alors le bras.
«Je possède plusieurs exemplaires de ce genre de pierre. Je suis capable de les localiser et j'ai comme objectif d'en collecter le plus, dans le but d'améliorer ma magie.»
déclara-t-il alors de façon très calme afin de masquer son sursaut émotif de l'instant précédent. Les artefacts continuaient de tournoyer de lui puis il claqua alors des doigts, les faisant disparaître aussi rapidement qu'ils étaient apparus. Il s'apprêta alors à lui poser une question sur l'origine de ses pouvoirs lorsque sa mémoire lui revint. Il joignit ses mains puis les sépara juste après, faisant apparaître un cercle bleu. Un tourbillon de chiffres et de lettres s'éleva au niveau du visage de la fée, prenant alors la forme d'un formulaire flottant dans les airs. Il se mit à le lire rapidement puis se tourna de nouveau vers la jeune femme.
«GML est quelqu'un de très prudent et craint l'espionnage. J'ai une copie de toutes ses informations sur membres de l'Organisation mais elles ne contiennent que le surnom et quelques informations peu utiles. Aucune photo, aucune informations sur les capacités des agents. Mais je me disais bien que j'avais vu Reine des Neiges quelque part...»
Oberon avait réussit à obtenir ses informations par espionnage justement. Étant quelqu'un de très prudent, il se devait de connaître tout les gens qui travaillaient avec lui. Mais il fut forcé de constater que le loup était aussi méfiant que lui. Mais peu importe, il avait d'autres moyens d'obtenir des renseignements.
«...mais ce n'était pas écrit que tu embrassais si bien.»
Il mit une main sur la bouche. Pour la première fois, ses pensées s'étaient échappées de sa bouche. Ça ne lui ressemblait pas et ce baiser l'avait troublé d'une certaine façon. Et peu importe comment il tentait de remodeler ses pensées, elles revenaient sans cesse sur la sensation de ces lèvres entrant en contact sur sa peau. Espérons qu'elle ne se fasse pas de fausses idées.
La réaction d’Oberon a été au-delà de ce qu’imaginait Serafina. Elle se doutait bien qu’il serait troublé, mais pas à ce point. Elle l’a regardé reculer, poser la main sur la joue qu’elle venait d’effleurer de ses lèvres et enfin fixer cette même main. Il a fini par lever les yeux pour les poser sur la jeune femme. Yeux qui semblaient complètement perturbés. Mais était-il uniquement dérangé par le fait que cela sortait de ses habitudes, ou y avait-il plus derrière cet hébétude ?
- Pourquoi...
La Reine a dû réprimer un petit rire, qui montait à force de regarder le fier guerrier totalement perdu par un simple bisou sur la joue. Et ne pas rire s’est montré encore plus difficile quand l’homme a tenté de récupérer un peu de contenance en secouant la tête comme s’il espérait sortir ses pensées de l’intérieur de son crâne. Il s’est approché d’elle, qui avait toujours les yeux pétillants, et a tendu les doigts vers son pendentif sans le toucher pour autant. Il a ensuite retourné sa main et Serafina a senti plus vite qu’elle n’a vu la magie de son interlocuteur s’activer. Trois petites pierres sont apparues, étonnamment similaires voir même identiques à celle ornant le collier qui reposait sur la poitrine de la jeune femme. Les gemmes flottaient tranquillement autour d’Oberon quand il a repris la parole, d’une voix plus assurée cette fois, tout en baissant la main.
- Je possède plusieurs exemplaires de ce genre de pierre. Je suis capable de les localiser et j'ai comme objectif d'en collecter le plus, dans le but d'améliorer ma magie.
En plus de partager la même magie, ils avaient plus ou moins un objectif commun : une plus grande maîtrise de leur pouvoir. Néanmoins la similitude s’arrêtait là, car pour la jeune femme il était question de contrôler sa magie et a priori de la calmer, tandis que pour le jeune homme il semblait assez évident qu’il s’agissait de stimuler sa puissance. Un objectif commun mais des directions opposées au final ... Mais tout cela passait par ces étranges petites pierres noires. Serafina ne s’est rendue compte qu’elle fixait les-dites pierres qu’au moment où Oberon les a renvoyées d’où elles venaient. D’où venaient-elles d’ailleurs ? Parce que des gemmes sorties du néant c’était assez impossible.
Au moment où la Reine revenait à la réalité, elle a remarqué que le guerrier voulait lui poser une question mais à la place un formulaire est apparu. Il peut pas agir comme tout le monde et chercher dans ses papiers pour les retrouver au lieu de tout faire apparaître comme ça ? Ca en devient presque frustrant pour les gens normaux !
- GML est quelqu'un de très prudent et craint l'espionnage. J'ai une copie de toutes ses informations sur les membres de l'Organisation mais elles ne contiennent que le surnom et quelques informations peu utiles. Aucune photo, aucune informations sur les capacités des agents. Mais je me disais bien que j'avais vu Reine des Neiges quelque part...
Etait-ce une blague ? Au lieu de fouiller dans SES papiers, il avait pris la liberté de fouiller dans ceux du Patron ?! Le visage de la jeune femme s’est soudain fermé en une expression peu avenante. C’aurait été hypocrite de sa part de prétendre qu’elle n’avait pas pensé un jour à faire de même, mais jamais au grand jamais elle n’avait mis tel plan à exécution. Elle comprenait parfaitement le besoin d’informations qui rongeait la plupart des gens, après tout c’est grâce à cette manie de vouloir toujours tout savoir qu’elle-même avait vécu dans une relative discrétion jusqu’à présent. Les informations c’était la préservation, la possibilité d’anticiper les décisions adverses. Mais il y avait une limite à tout. Limite qui avait clairement été dépassée par le personnage qui lui faisait face.
Serafina s’est surprise à louer la prévenance et la méfiance de GML. Elle n’osait imaginer le nombre de choses que le Loup connaissait sur ses agents, que ce soit par recherche ou par discussion avec ceux-ci, et ce qu’un homme comme celui qui se tenait près d’elle aurait pu faire de ces informations. Il ne lui avait pas semblé si dangereux au premier abord, mais à présent elle regrettait son geste amical d’un peu plus tôt. S’il s’était permis de lire les dossiers de l’Organisation, qui sait quelles étaient ses intentions ?
- ...mais ce n'était pas écrit que tu embrassais si bien.
En temps normal la Reine aurait pris cela pour un compliment, elle aurait même pu répondre par un « et tu n’as encore rien vu » amusé. Mais au vu de ce qu’elle venait d’apprendre, elle soupçonnait Oberon de jouer la comédie. Qui lui disait qu’il ne mimait pas des paroles incontrôlées pour la mettre en confiance et lui soutirer les renseignements qu’il n’avait pu trouver dans son dossier ? Elle ne savait rien de cet homme et elle comprenait enfin qu’elle avait pu se faire berner sur toute la ligne. La jeune femme a jeté un coup d’oeil rapide à l’endroit dans lequel ils se trouvaient, évaluant les possibilités d’action si ça tournait mal, et s’est lentement écartée du guerrier, histoire de mettre une distance de sécurité entre eux.
- Que cherchez-vous dans les dossiers de l’Organisation ? Quel est votre dessein, Oberon ? Je peux être gentille et passer l’éponge sur le vol que vous avez tenté sur ma personne, mais fouiller les dossiers du Patron c’est un peu gros.a-t-elle dit, d'une voix posée mais froide.
Quelques instants auparavant elle aurait été capable de commencer à se confier, mais maintenant la méfiance s’était insinuée dans le coeur de Serafina et brillait dans ses yeux ...
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Elle ne semblait pas se faire de fausses idées. Au contraire, elle parut surtout amusée par la situation, l'envie de rire se lisant sur son visage. Qu'est-ce qu'il y avait de si drôle? Oui, voir un guerrier aussi fort et fier qu'Oberon réagir comme cela, suite à une simple bise, avait de quoi susciter l'hilarité générale. Mais la fée n'était pas un individu comme les autres et n'était pas un coutumier des gestes affectueux. Sa mère s'en était allée lorsqu'il fut très jeune, le laissant avec un père aimant et très présent mais ce n'était pas la même chose. Entre hommes, les gestes d'affection n'avaient pas leur place. Puis ce fut au tour d'Allen de disparaître et au fil des années, il avait oublié ce qu'était la "chaleur humaine". Ce n'était que depuis peu qu'il la redécouvrait mais il avait besoin de temps pour s'y habituer. Aussi, sa réaction face à Serafina pouvait paraître très excessive.
Même si ça l'embarrassait, sa façon d'agir avait le mérite d'établir un petit climat de confiance entre eux. Du moins, c'est ce qu'il pensait. Si au départ énormément de choses les liaient, il se rendit bien vite compte que certains éléments les séparaient. Les deux souverains étaient liés par ces pierres et sans doute par la nature elle-même. Mais chacun avait son expérience, son vécu, forgeant alors un caractère et une façon de penser particulière. Et sur ce point, il découvrit que bien des mondes les séparaient. Immédiatement après lui avoir fait découvrir les formulaires qu'il détenait, le visage de la Reine se décontenança. Et aucun besoin de télépathie, il voyait très bien dans le regard de la jeune fille que la méfiance s'était réinstallée. Elle se mit à faire des coups d'œil rapides autour d'elle. Elle avait l'habitude de se battre. Les gens qui agissent de la sorte analysent l'environnement dans lequel ils se trouvent afin d'établir des stratégies et évaluer toutes les possibilités de sorties. Oberon n'avait pas choisit ce lieu au hasard. Il voulait établir une certaine confiance en l'emmenant dans un lieu ouvert, contenant un point d'eau et encerclé par les bois. Tout deux étaient avantagés par le terrain et pouvaient facilement s'échapper à travers les arbres au cas où. Puis finalement, elle se mit à reculer lentement.
«Que cherchez-vous dans les dossiers de l’Organisation ? Quel est votre dessein, Oberon ? Je peux être gentille et passer l’éponge sur le vol que vous avez tenté sur ma personne, mais fouiller les dossiers du Patron c’est un peu gros.»
dit-elle alors d'un ton plutôt froid. Le visage d'Oberon reprit alors son expression habituelle, froide et impénétrable. En une seule phrase, il avait réussit à réduire à néant toutes chances d'établir un lien de confiance entre eux. Pour une fois qu'il était sincère, cela se retournait contre lui. Ça lui apprendra à s'ouvrir aux autres, une bonne leçon de vie pour lui. Il décortiqua la phrase de Serafina, mot par mot et il ne retint que le mot "Patron". Oui, de façon officielle, GML était le patron. Mais est-ce que tout les agents le voyaient de cet œil? De ce qu'il avait vu et entendu, oui. Pour beaucoup, il est un saveur, un refuge et une source de revenus. Mais Oberon n'avait aucun lien de ce genre avec lui, il n'avait même pas besoin d'argent. La seule chose qui l'intéressait, c'était ce qu'il pouvait lui apporter dans sa quête de pouvoir. Et dans ce domaine, le loup avait des arguments qui valaient la peine d'être entendus. Pour lui, le canidé n'était pas son patron et il ne le voyait que comme un associé qu'il aidait et qui l'aidait en retour. Lui donner des ordres? Le loup savait très bien ce que le blond en pensait. Mais Serafina ne semblait pas le voir de cette façon là. Elle l'appelait "Patron" et avait un certain respect des valeurs de la hiérarchie. Soit, il ne remettrait pas en cause les choix de la jeune femme mais il assumait pleinement son acte et n'avait pas besoin de cacher la méfiance qu'il avait envers son soi-disant employeur.
«Ah c'est vrai, j'ai dis patron mais je ne suis pas son laquais. Et tout comme toi envers ma personne, je ne lui fais absolument pas confiance. J'ai fais ça dans le but de savoir ce qu'il savait sur les agents et je ne me cacherais pas, je l'ai fais également pour avoir des renseignements sur ceux avec qui je suis supposé travailler.»
répondit-il alors froidement. Il n'allait pas lui mentir sur ce sujet. De toute évidence, la jeune femme s'était rendue compte qu'Oberon n'était pas un homme exempt de tout reproches et qu'il pouvait même être très dangereux. Et elle était loin d'avoir tort. Le passé du souverain parlait en sa défaveur mais qu'importe. Elle ne le saura jamais et il avait le sentiment qu'elle n'en saura pas plus sur lui de toute façon. De la manière dont les choses évoluaient, il la voyait déjà s'en aller ou alors engager une lutte contre lui. Il ferma alors le poing, faisant disparaître les formulaires dans une petite lueur bleue. Il plaça alors ses mains derrière sa nuque afin de chercher sa capuche, puis il la plaça de nouveau sur sa tête. Il ne voyait ce qu'il pourrait faire de plus, il n'allait pas non plus la supplier de lui faire confiance. Il soupira légèrement en baissant le regard, visiblement un peu déçu de la tournure des évènements. Il sentait encore la sensation sur sa joue le picoter et y passa le dos de sa main comme s'il voulait effacer quelque chose. Il leva alors le regard vers les arbres. Le vent était fort et changeait souvent de direction. Un peu comme cette conversation. Il ne restait plus qu'à savoir quel cap se maintiendrait.
- Ah c'est vrai, j'ai dit patron mais je ne suis pas son laquais. Et tout comme toi envers ma personne, je ne lui fais absolument pas confiance. J'ai fait ça dans le but de savoir ce qu'il savait sur les agents et je ne me cacherai pas, je l'ai fait également pour avoir des renseignements sur ceux avec qui je suis supposé travailler.
Son ton était froid. De même que son visage s’était refermé. Il avait rabattu sa capuche sur sa chevelure blonde. L’expression de déception qui était peinte sur son visage aurait pu émouvoir Serafina, au même titre que la main qu’il venait de passer sur sa joue. Cependant la jeune femme n’était plus en mesure d’être émue par quoi que ce soit. Elle n’avait pas du tout aimé le ton sur lequel Oberon avait affirmé qu’il n’était pas un laquais. Et elle n’a pas tardé à le faire savoir.
- Rares sont les personnes qui acceptent volontiers qu’on attente à leur liberté et qu’on les transforme en laquais. C’est pourquoi jamais le Loup n’a espéré pouvoir le faire avec des gens aussi peu malléables que ses agents. Mais peut-être que vous voyez ce danger là où il n’est pas parce que vous-même avez la manie de soumettre les gens qui vous entourent ?
La question n’impliquait aucune réponse. La Reine durcissait le ton sans même s’en rendre compte tellement elle était en colère. L’homme qui l’avait recrutée n’avait pas eu de forte incidence sur sa propre vie, mais elle savait qu’il en avait eue sur celle de la plupart des autres agents. Il en avait sauvés plus d’un de l’auto-destruction, avait offert protection, emploi, toit. Ho le Loup avait ses défauts, et ils étaient nombreux. Mais il avait su tendre la main...enfin la patte à ceux qui en avait eu besoin. La jeune femme avait appris au cours de sa vie à respecter une telle valeur. Et l’homme qui lui faisait face semblait être à mille lieux de cela.
Puis Serafina a intercepté le regard d’Oberon. Et elle s’est rendue compte qu’en venait encore de s’emporter pour rien. Son humeur était imprévisible depuis qu’elle était toute petite et malgré ses efforts elle n’arrivait pas à stabiliser son caractère. La jeune femme a avisé un rocher non loin et s’est assise dessus, en soupirant. Elle a levé son visage vers le ciel et a profité de la brise fraiche qui agitait doucement ses longs cheveux. Les yeux fermés, elle a laissé le vent lui remettre les idées en place et lorsqu’elle les a ré-ouverts elle était plus calme.
- Je m’excuse ... J’ai tendance à m’emporter lorsque les principes que je défends sont remis en cause. Pourtant je me rends bien compte que tout le monde n’est pas forcé de suivre les mêmes que moi.
La Reine ne s’est pas risquée à regarder son compagnon. Elle sentait que de simples excuses ne suffiraient pas cette fois. Enfin bon ... Après tout rien n’obligeait le jeune homme à poursuivre une discussion devenue stérile.
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À force de cracher de l’huile avec sa bouche, il ne faisait qu’enflammer le cœur des autres. Oberon le savait mais il ne pouvait s’empêcher d’exprimer ses idéaux ouvertement, avec la froideur qui le caractérisait. Il n’eut rien de surprenant à ce que la jeune fille prenne mal ses propos. Le ton dur et le regard menaçant, elle prit de nouveau la parole.
«Rares sont les personnes qui acceptent volontiers qu’on attente à leur liberté et qu’on les transforme en laquais. C’est pourquoi jamais le Loup n’a espéré pouvoir le faire avec des gens aussi peu malléables que ses agents. Mais peut-être que vous voyez ce danger là où il n’est pas parce que vous-même avez la manie de soumettre les gens qui vous entourent ?»
Croiseur touché, presque coulé. Il fut surprit de la façon dont elle avait brillamment analysé la psychologie d’Oberon. Elle avait touché un point sensible, le souverain avait un problème avec l’autorité. Habitué à donner les ordres et à faire ce qui lui plaisait, il en avait perdu les notions d’humilité et voyait toutes formes de conseils ou de directives comme des ordres et des atteintes à sa dignité. Il ne savait pas quoi répondre. En même temps, il n’y avait pas grand-chose à répondre. Il est vrai que le Loup ne lui avait jamais craché ses ordres au visage. Mais son ego surdimensionné l’avait toujours vu comme un manque de respect. De plus, comme il le pensait plus tôt, GML avait sauvé de nombreuses vies mais Oberon n’ayant aucun respect pour la vie humaine, cela ne l’affectait pas vraiment. Contrairement à Serafina qui semblait avoir une certaine estime pour son employeur.
Bien que ses pensées soient plutôt dans la remise en question, son regard ne le traduisait pas de cette manière là. Égaré dans ses réflexions, il affichait toujours son regard froid et perçant que la jeune femme ne manqua pas de croiser. Le regard de cette dernière, tantôt plutôt dur redevint un peu plus doux. Elle jeta quelques coups d’œil rapides autour d’elle puis rejoignit un petit rocher sur lequel elle s’assit. Elle soupira longuement puis leva la tête vers le ciel tout en fermant les yeux. Une légère brise se leva, faisant alors flotter ses beaux cheveux argentés avec une certaine élégance. Il profita de ce beau « spectacle » pendant de courts instants puis détourna le regard vers la petite rivière, qui s’écoulait paisiblement malgré le vent qui soufflait.
«Je m’excuse ... J’ai tendance à m’emporter lorsque les principes que je défends sont remis en cause. Pourtant je me rends bien compte que tout le monde n’est pas forcé de suivre les mêmes que moi.»
Il se retourna rapidement vers elle, surpris. Elle était en train de s’excuser? Pourquoi? N’était-il pas celui qui était en tort? Décidément, il ne comprendrait jamais les femmes. Évidemment, elle pourrait être mise en tort pour avoir critiqué les valeurs du souverain mais cette fois, même lui reconnaissait qu’elle avait raison sur certains points. Le vent souffla un peu plus fort l’espace d’une seconde, faisant alors basculer la capuche du souverain en arrière. Libérée, sa chevelure rejoignit celle de Serafina dans un ballet de mèches blanches et jaunes. Puis le vent se calma un peu et la danse s’estompa lentement. Oberon replaça quelques mèches rebelles. Il devrait peut-être penser à se les couper un jour. Ce n’était pas toujours pratique d’avoir les cheveux longs. Bref, il détourna aussi son regard de la jeune fille, donnant lieu à une situation plutôt inédite où les deux protagonistes n’osaient plus se regarder dans les yeux.
«Pourquoi t’excuses-tu…? Surtout quand tu as raison, je n’ai pas l’habitude d’obéir à quelqu’un…»
dit-il d’une voix plutôt basse, se grattant doucement la nuque. Un geste d’embarras. Cela ne lui ressemblait pas, lui qui était si réfléchit et posé, il avait du mal à trouver les mots justes. Dans sa tête, un Roi ne peut avoir tort. Mais il changeait. Et il commençait à comprendre qu’il avait des choses à apprendre de ces humains qu’il détestait tant. Ne sachant que faire, il s’avança alors puis s’arrêta à environ deux mètres devant elle, histoire de préserver une distance rassurante. Il se remémora les nombreuses excuses qu’on lui avait faites durant toute sa vie et tenta de faire de même. Les bras alignés le long du corps, il s’inclina alors devant elle, le regard vers le sol. Cela pouvait paraître drôle mais c’est ainsi. Il ne savait pas comme s’excuser correctement alors il fit comme ses sujets qui s’étaient tant de fois inclinés devant lui afin d’obtenir son pardon. C’était humiliant, c’était frustrant, c’était difficile pour une personne telle que lui mais il le fit tout de même. Et il ne savait pas pourquoi il le faisait. Il n’avait pas de raison de le faire. Il aurait pu ignorer cette fille et partir sans rien dire. Mais il n’y était pas arrivé. Et c’était trop tard pour reculer alors autant vider son sac.
«Je peux comprendre que tu ne te sentes pas rassurée. Je peux également comprendre que j’ai pu t’offenser en manquant de respect au Loup. Je...hum...Je m’en excuse. Je voulais justes que tu le saches.»
Il voulait terminer par "avant que je ne disparaisse pour de bon de ta vie..." mais il s’était retenu. Ce n’était pas comme si son existence pesait sur celle de la jeune fille. Et ça aurait prit une connotation mélancolique, à la limite du dramatique et il ne voulait pas qu’elle se fasse des idées ou autres. Il avait encore un peu d’orgueil.
Il ne bougeait plus, toujours incliné devant la jeune fille. Il n’attendait pas de réponse. Il comptait s’en aller après ça, elle ne voudrait sûrement pas poursuivre une conversation qui n’avait même pas vraiment commencée.
Serafina a intercepté du coin de l’oeil des reflets dorés. Sans doute le vent, qui agitait ses longs cheveux blancs, avait fait entrer ceux d’Oberon dans la danse. La jeune femme a récupéré sa chevelure, la rassemblant sur son épaule droite et passant ses doigts dedans pour la démêler distraitement.
- Pourquoi t’excuses-tu…? Surtout quand tu as raison, je n’ai pas l’habitude d’obéir à quelqu’un…
La Reine a failli ne pas entendre cette phrase au milieu du vent et des bruits d’eau en provenance de la rivière, tant le volume sur lequel elle avait été prononcée était bas. Elle a entendu le guerrier se rapprocher et a finalement tourné la tête vers lui. Il semblait qu’elle n’était pas la seule à s’être adoucie ; Oberon avait l’air moins froid, moins dur. Mais ce qui étonnait Serafina c’est qu’il avait l’air embarrassé.
Ce n’est que quand elle l’a vu s’incliner, les yeux fixant résolument le sol, qu’elle a compris qu’il était encombré par les excuses qu’il voulait formuler. Un homme comme lui, fier et imbu de lui-même, ne devait certainement pas avoir l’habitude de ce genre de choses.
-Je peux comprendre que tu ne te sentes pas rassurée. Je peux également comprendre que j’ai pu t’offenser en manquant de respect au Loup. Je...hum...Je m’en excuse. Je voulais juste que tu le saches.
En le voyant ainsi, le buste penché, Serafina n’a pu passer à côté de la raideur de son compagnon. Elle s’est relevée doucement et s’est approchée de lui. Prenant le guerrier par les épaules, elle l’a gentiment forcé à se redresser. Peu de gens avaient réellement l’habitude de présenter des excuses, mais il n’était pas courant que ces mêmes gens aient le réflexe de s’incliner. Cet homme avait fait partie ou faisait partie d’une cour royale, c’était le seul endroit où ce genre de traditions était encore d’application.
Et au vu de l’individu, il était peu probable qu’il ait appris les courbettes en tant que valet : d’une part parce qu’il n’avait pas l’air à l’aise avec la manoeuvre alors qu’un valet y est plus habitué que quiconque en ce monde, et d’autre part parce qu’aucun valet n’avait un prestance aussi digne. De même il ne pouvait faire partie d’une armée ou d’une garde, il avait toujours trop de prestance pour cela, mais surtout la quête qu’il menait et les libertés qu’il prenait ne correspondaient pas au comportement martial d’un simple soldat. Peu importe son rang hiérarchique. Dès lors il ne restait pas beaucoup de possibilités ...
- Courtisan ou membre d’une famille royale ... ? a-t-elle demandé avec un sourire.
Son ton était apaisé, et ses yeux avaient retrouvé de la douceur. La Reine était touchée par ce geste d’Oberon. Pour un homme tel que lui, ce n’était pas rien ce qu’il venait de faire. Et puis surtout, cet acte avait fait remonter en elle des souvenirs d’une autre vie. Celle qu’elle avait menée, qui avait conduit son palais et sa cour à leur perte. Elle s’était souvenue, en un éclair, des raisons pour lesquelles elle avait décidé d’être plus douce et moins égocentrique. Elle s’était rappelé cette promesse faite il y a longtemps de maîtriser sa vie pour ne plus jamais perdre de pieds. Mais les souvenirs revenus n’étaient pas que mauvais ou mitigés, il y en avait des excellents : ceux d’une vie royale face à des sujets aimants. Bien que cette situation n’avait que peu duré.
- Vous n’êtes pas obligé d’aller jusqu’à la courbette pour vous excuser. Je suis une Reine mais il y a longtemps que les gens ne s’inclinent plus devant moi. Et maintenant que tout le monde est calmé et s’est excusé, pourquoi ne pas me dire ce qui vous empêche de faire confiance aux gens qui vous entourent ?
Le sourire de Serafina était volontairement apaisant pour que le guerrier n’ait pas l’impression qu’elle voulait s’immiscer trop avant dans sa vie privée.
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Comme il l’avait prédit, il n’entendit pas de réponse venant de Serafina. Mais qu’importe, il voulait qu’elle le sache certes, mais il l’avait fait pour lui également. Car après ces excuses, il se sentit envahi par une drôle de sensation, comme si on lui avait retiré un poids. Oui c’est ça, une sensation de légèreté. C’était donc ça, savoir reconnaître que l’on avait tort? Ce n’était pas si agréable mais ce n’était pas non plus quelque chose de mauvais. Il se sentait capable de franchir un pallier. Pas aussi vite bien sûr, mais qu’il y avait une nouvelle voie qui s’ouvrait à lui. Mais il lui fallait prendre une décision; allait-il emprunter ce nouveau chemin? Pour le commun des mortels, le fait d’accepter l’erreur est une chose banale. Mais commun n’est pas vraiment l’adjectif qui aille le mieux à Oberon. Et dans cette optique, ce genre de changement était, pour lui, du domaine de l’effort surhumain.
Il s’apprêtait enfin à se redresser lorsqu’il entendit le frottement des vêtements de la jeune fille contre la roche. Puis, ce fut au tour de bruits de pas de se faire entendre. Il vit alors les jambes de la jeune femme arriver puis se positionner devant lui. "Hum?". Il sentit alors les mains de l’agente se déposer doucement sur ses épaules et exercer une légère pression, invitant la fée à se redresser. Ne se sentant pas l’âme à refuser, il s’exécuta. Le voilà à nouveau droit, fièrement debout, prêt à se confronter, non pas à des ennemis, ou à une situation dangereuse, mais…à un sourire. Serafina lui souriait et le fixait avec un doux regard.
«Courtisan ou membre d’une famille royale ... ?»
Les yeux d’Oberon s’écarquillèrent. Il était déjà surprit par le fait qu’elle ait accepté ses excuses et qu’elle lui réponde d’une…si belle manière mais il l’était encore plus vis-à-vis de son esprit déductif. Quelqu’un de "normal" aurait vu son comportement comme celui d’un dérangé mental ou d’un paysan. Mais Serafina, elle, avait fait immédiatement le lien avec la haute société. Elle ne devait pas être étrangère à ce milieu. La Reine des Neiges. Il a toujours pensé qu’il s’agissait d’un titre honorifique pour souligner le fait qu’elle se soit isolée dans un château dans le Grand Nord. D’après les Légendes bien sûr. Mais il n’aurait jamais pensé au fait qu’elle puisse avoir des sujets.
«Vous n’êtes pas obligé d’aller jusqu’à la courbette pour vous excuser. Je suis une Reine mais il y a longtemps que les gens ne s’inclinent plus devant moi. Et maintenant que tout le monde est calmé et s’est excusé, pourquoi ne pas me dire ce qui vous empêche de faire confiance aux gens qui vous entourent ?»
Comme pour venir confirmer ses doutes, elle est une Reine, une vraie. Enfin, "elle était" serait plus juste s’il se fiait à ce qu'elle lui disait. Mais cela n’avait plus d’importance. La jeune femme continuait de lui sourire et même si cette question l’agaçait un peu, il sentait qu’elle ne demandait pas cela pour l’embêter. Il voyait dans son regard, de la curiosité évidemment mais surtout un besoin de comprendre, de le comprendre. Et il ressentait à peu près la même chose. Elle était si proche mais à la fois si différente de lui, qu’il voulait en connaître la raison. Puis ses pupilles se dirigèrent discrètement sur ses épaules. La jeune femme n’avait toujours pas retiré ses mains. Ce n’est pas que cela le dérangeait mais ils n’allaient tout de même pas rester ainsi jusqu’à ce qu’il réponde. Il posa délicatement ses mains sur les siennes puis les empoigna en douceur avant des les soulever lentement dans les airs, et les libérer. Ce n’était pas un geste pour la repousser, il ne fallait pas qu’elle le voit comme cela. Mais que pourrait-il y faire si jamais cela arrivait?
«Je suis Zephyrius II, 25ème Souverain du Royaume Féerique de Concordia, 1er de la Dynastie nouvellement fondée des Elbegast.» récita-t-il, non sans un brin de fierté dans la voix. «Serafina, tu peux me tutoyer tu sais..» fini-il plus posément, ayant hésité lorsqu’il lui fallu prononcer le nom de la jeune femme.
Il soupira longuement. Il venait juste de répondre à la question la plus facile. Mais lorsqu’il s’agissait de parler de son passé, Oberon était un peu plus réticent. Il lui avait bien donné son véritable prénom mais ce n’était rien comparé à l’effort qu’il devait fournir pour se dévoiler. Il avait toujours autant de mal à faire confiance. Ironique que la question à laquelle il a tant de mal à répondre porte justement sur son manque de confiance, n’est-ce-pas? Mais il ne pouvait pas se permettre de la rembarrer à ce stade. Cela signifierait jeter à l’eau tout ce qu’il avait « enduré » pour en arriver à cette situation. Pourquoi ne lui ferait-il pas confiance après tout? Serafina semblait lui avoir accordé la sienne. Ce serait un juste retour des choses. Allez Oberon, ne soit pas bête, parle-lui!
Il soupira une deuxième fois, plus longuement que la dernière fois. Il tourna la tête en direction de la rivière, fixant un point de l’horizon vers lequel elle se dirigeait. L’air perdu au loin, un brin de mélancolie dans le regard, toute une scène de film.
«C’est compliqué. Si je devais le dire en une phrase, c’est que les humains m’ont trahit de trop nombreuses fois. Je ne devrais pas te dire cela d’une façon aussi directe, à toi qui est humaine, mais j’ai toujours pensé et peut-être que je le pense encore, que c’est la race la plus stupide et la plus détestable qui soit..»
Déclara-t-il alors d’une voix plutôt basse mais parfaitement audible. Le ton froid qu’il usait d’habitude avait presque disparu. Mais cela n’empêche qu’il parlait toujours avec une certain panache et il était parfaitement conscient du fait qu’il pourrait raviver en elle le sentiment de colère. Mais pour comprendre Oberon, il fallait également comprendre, encaisser et tenter d’atténuer cette haine profonde qu’il voue pour l’espèce humaine. Si elle n’était pas capable de l’accepter, ce serait légitime de sa part. Elle était humaine et l’on se sent toujours plus proche de ceux qui nous ressemblent.
Un quart de seconde avant que Serafina n’enlève de son propre chef ses mains des épaules d’Oberon, celui-ci s’est chargé de les repousser gentiment. On pouvait voir dans chacun de ses gestes qu’il tentait de ne pas la brusquer. Cela a eu le mérite au moins d’agrandir le sourire de la Reine. Peut-être que tout n’est pas perdu chez cet homme ... En effet, peut-être un jour quelqu’un ou plutôt quelqu’une réussirait-t-elle à percer définitivement cette coquille froide dans laquelle il s’était enfermé.
- Je suis Zephyrius II, 25ème Souverain du Royaume Féerique de Concordia, 1er de la Dynastie nouvellement fondée des Elbegast. Serafina, tu peux me tutoyer tu sais...
La jeune femme s’est éloignée un peu. Oups ! Elle n’avait pas prévu qu’il soit un Roi ! Elle avait beau se creuser la tête, elle ne se souvenait plus des convenances en plus ... Que devait-elle faire au juste face à un Roi ? Pas se comporter en soumise puisqu’elle était elle-même Reine, mais pourquoi diable ne se souvenait-elle pas des leçons de feu ses précepteurs ? Elle n’en avait que peu eu l’utilité c’est vrai. Les Rois et Reines d’autres royaumes, d’autres origines, n’entraient que peu en contact avec la cour de sa mère et encore moins avec celle qu’elle avait tenue pendant un court temps. Et comme si cela ne suffisait pas, elle avait depuis longtemps renoncé à cette partie de son héritage. Mais pas l’homme en face d’elle. Lui avait été élevé dans toutes ces courbettes et façons de parler à deux doigts de paraître désuètes de nos jours. Lui avait la contenance et la confiance d’un Roi, d’un homme qui sait qu’il a le pouvoir entre ses mains.
Mais ... Il vient de me demander de le tutoyer ? Et les convenances - dont je ne me souviens de toute façon plus -, qu’en fait-on ? Serafina s’est rendue compte qu’elle était en train de torturer ses pauvres cheveux, les enroulant et lissant sans cesse entre ses doigts. Elle a alors directement arrêté. Elle était déjà assez jeune extérieurement sans qu’elle n’en rajoute avec des tics d’adolescente mal à l’aise. Même si elle était mal à l’aise et qu’elle se serait volontiers dandinée d’un pied sur l’autre, elle se devait de garder une certaine prestance, à défaut de celle, royale, qu’elle aurait dû afficher.
- C’est compliqué. Si je devais le dire en une phrase, c’est que les humains m’ont trahit de trop nombreuses fois. Je ne devrais pas te dire cela d’une façon aussi directe, à toi qui est humaine, mais j’ai toujours pensé et peut-être que je le pense encore, que c’est la race la plus stupide et la plus détestable qui soit... - Je vous... t’avoue que je ne m’attendais ... a-t-elle commencé avec entrain avant que les paroles du guerrier ne finissent leur chemin dans son système cérébral.
D’un coup la Reine s’est arrêtée dans son élan. Qu’avait donc pu faire l’espèce humaine à cet homme pour créer pareille rancoeur en lui ? La douceur dans les yeux de Serafina s’est transformée en peine. Elle était triste pour l’homme qui se tenait là, à quelques pas d’elle. Pour avoir déjà vécu des accès de colère et de haine, la jeune femme savait qu’il en faut énormément pour pousser une personne avec une affinité pareille avec la glace hors de ses gonds. Le mal qui lui avait été fait devait être plus grand qu’elle ne pouvait l’imaginer pour qu’il soit à ce point refermé et déterminé dans sa vision des êtres humains. Et pourtant ... Il se tenait justement là, à quelques pas d’elle. Elle qui était humaine. Elle qui faisait partie, à sa manière, de l’espèce qu’il haïssait le plus.
- Je n’avais donc pas prévu d’être mise face à un Roi et a priori pas le jour où toutes mes compétences en matière de convenances ont décidé de m’abandonner lâchement, a-t-elle alors repris sur un ton léger.
Il n’était pas question qu’elle montre plus longtemps sa compassion. Pour un Roi, la différence entre compassion et pitié était très faible et il ne supporterait sans doute pas qu’elle ait de la pitié pour lui. Elle a alors reformé un visage doux, et sa tristesse, elle l’a enfermée à double-tour au fond d’elle-même.
- N’ayez... N’aie pas peur de me parler de l’espèce humaine en ces termes. J’en suis un membre à n’en pas douter, mais j’en ai aussi été une des victimes. Je sais que la cruauté et la cupidité des hommes n’a pas encore trouvé de limites. Mais ... Comment se fait-il que ces derniers aient pu t’atteindre ? Les fées ne sont-elles pas censées vivre en vase clos loin des massacres perpétrés par les humains ? a-t-elle demandé curieuse malgré tout.
Serafina posait la question ainsi mais elle avait bien remarqué que le Roi ne vivait pas assez loin des humains puisqu’elle se trouvait en sa présence. D’ailleurs comment arrivaient-ils à échanger de manière plus ou moins posée alors que leur rencontre aurait dû n’être que le fruit de l’imagination de quelqu’un d’autre ? Lui était censé vivre à l’écart de tout ceci et elle appartenait à la race qu’il détestait ... Il y avait comme un paradoxe dans l’air.
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répondit-elle vite, la phrase du souverain à peine terminée. Serafina semblait perturbée par tout ce qu'elle venait d'apprendre, jouant nerveusement avec sa chevelure. Il est vrai que ce n'était pas l'usage de se montre aussi familier, même s'ils étaient des souverains tout les deux. Mais c'était le genre de chose dont Oberon se préoccupait peu depuis quelques minutes. Il était très attaché à ces valeurs de respects et de hiérarchie mais, aussi étrange que toutes les choses qui sont arrivées aujourd'hui, il ne sentait pas au dessus de cette personne. Il s'agissait peut-être de l'aura particulière de la jeune fille, qui semblait dégager une certaine force, une certaine expérience de la vie, en tout cas il était sûr qu'elle avait quelque chose de plus que les autres.
«Je n’avais donc pas prévu d’être mise face à un Roi et a priori pas le jour où toutes mes compétences en matière de convenances ont décidé de m’abandonner lâchement.»
reprit-elle alors plus calmement. C'est vrai qu'elle n'était plus vraiment Reine. Il faut dire qu'il s'agit de coutumes et manières assez peu utilisées dans le monde d'aujourd'hui et seuls les Royaumes cachées comme ceux de Concordia gardaient encore cet aspect assez médiéval de la monarchie. Il se tourna alors vers elle et hausse timidement des épaules histoire de lui faire comprendre de façon brève qu'il s'en fichait un peu. En fait, il s'en fichait tout court. Ils n'étaient pas au Palais mais au beau milieu d'une forêt. Les seuls courtisans et sujets qu'ils trouveraient ici ne seraient quelques rongeurs et reptiles qui ignoraient tout du protocole. Et puis, ce n'est pas comme si elle lui manquait de respect. Elle le tutoyait mais leurs rapports restaient encore très timides et réservés, comme en témoignait la distance qui séparaient les deux personnages.
Lorsqu'il s'était tourné vers elle, Serafina avait prit une mine assez triste, en réponse à ce qu'Oberon venait de lui dire sur les humains. Il avait horreur que l'on s'apitoie sur son histoire. Tout le monde avait son lot de souffrances et ce n'est pas pour obtenir de la gentillesse venant des autres qu'ils s'étaient aventurer à dévoiler son passer. Néanmoins, il pouvait comprendre que c'était une réaction naturelle. Même s'ils ne se connaissaient pas, Oberon avait souvent remarqué que les humains étaient assez sensibles à ce genre de choses. Du moins la plupart. Contrairement aux fées et aux elfes qui considéraient cela comme le destin et la volonté des astres divins. Il fut alors sur le point de lui dire de ne pas s'en faire pour lui lorsqu'il remarqua que le visage de la jeune femme changea à nouveau pour une expression plutôt douce et rassurante.
«N’ayez... N’aie pas peur de me parler de l’espèce humaine en ces termes. J’en suis un membre à n’en pas douter, mais j’en ai aussi été une des victimes. Je sais que la cruauté et la cupidité des hommes n’a pas encore trouvé de limites. Mais ... Comment se fait-il que ces derniers aient pu t’atteindre ? Les fées ne sont-elles pas censées vivre en vase clos loin des massacres perpétrés par les humains ?»
C'était bien là les hommes. Non seulement ils faisaient souffrir les autres races mais en plus, ils s'en prenaient même à leur propre espèce. À son tour, son visage se durci légèrement devant cette infamie, ne comprenant pas comment l'on pouvait s'en prendre à ses propres frères et sœurs. Peu après la mort de son père, il s'en était fallu de peu pour qu'il ne se décide à devenir un roi violent envers ses sujets mais il finit par rejeter toutes les fautes sur les humains et se mit en tête de protéger les siens. Et pour cela, il fallait parfois emprunter la voie de l'ombre. L'ironie de la bonne gouvernance.
Serafina était bien curieuse. Et elle semblait bien connaître les fées. Enfin, qui ne les connaissaient pas? Elle serait sans doute surprise de voir comment les choses avaient changés. Les être féériques n'étaient plus de petits êtres fragiles de 20 cm de haut et des milliers d'entres elles étaient aussi grande qu'un homme ou une femme de taille moyenne. Mais elle avait raison, les fées n'étaient pas sensées interagir avec l'espèce humaines. Oberon croisa les bras, continuant de fixer son interlocutrice.
«En réalité, nous vivons dans une autre dimension. Mon père fut le premier à vouloir offrir la possibilité aux races intelligentes, nains, elfes et bien d'autres, dont les humains, à établir des liens avec Concordia. Suivant son exemple, je créa e une magie permettant de se rendre de façon illimité vers tout les mondes existants. Mais c'était tout de même contrôlé et seuls des représentants triés sur le volet étaient autorisés à venir se rendre dans mon Royaume. Et il fut un temps où j'accorda ma confiance à une humaine qui fut autorisé à traverser les portails et ce fut là mon erreur...»
déclara t-il dans un ton assez professoral avant de terminer sur une note tintée de tristesse. Toutefois, il ne voulut pas expliquer pourquoi il se trouvait encore dans le monde des humains ni même pourquoi il travaillait avec GML. Du moins pas tout de suite, Il ne voulait pas la brusquer en lui dévoilant tout immédiatement. Il gardait ses histoires de revanche pour lui pour le moment. Il détourna le regard pour à nouveau le diriger vers l'horizon. Après quelques secondes pour faire le vide dans son esprit, il se tourna vers Serafina et posa son regard émeraude dans le bleu profond des pupilles de la Reine des Neiges.
«Et toi? Pourquoi n'officies-tu plus en tant que Reine? Que t'es t-il arrivée?»
Lui aussi avait le droit d'être curieux. Et même si son histoire personnelle était digne d'un roman fantastique, il demeurait à peu près sûr que la jeune fille n'avait rien à lui envier côté passé. Elle semblait cachait quelque chose car un souverain ne quittait pas son rôle sans raisons. Aurait-elle abdiqué? Avait-elle était exilée? Il voulait le savoir. Car c'était sans doute ça qui les séparaient, le pouvoir.
Le haussement d’épaules d’Oberon a quelque peu détendu Serafina ; si lui se moquait des convenances, alors qu’il vivait sans doute plongé dedans, elle pouvait bien laisser les autres s’en préoccuper. Elle n’allait quand même pas être plus catholique que le Pape et en l’occurrence plus maniérée que le Roi. Pourtant ils semblaient partager de nombreux points communs, notamment une certaine dureté envers les Hommes. Il est vrai que la jeune femme en était une, mais il était tout aussi vrai qu’elle comprenait la réaction du guerrier à ce qu’elle venait de dire. Haineux comme il l’était envers l’espèce l’humaine, il semblait tout naturel qu’il leur en veuille de se faire du mal entre eux. Même s’il ne savait rien de la vie de la Reine. Pas encore.
- En réalité, nous vivons dans une autre dimension. Mon père fut le premier à vouloir offrir la possibilité aux races intelligentes, nains, elfes et bien d'autres, dont les humains, à établir des liens avec Concordia. Suivant son exemple, je créa e une magie permettant de se rendre de façon illimité vers tout les mondes existants. Mais c'était tout de même contrôlé et seuls des représentants triés sur le volet étaient autorisés à venir se rendre dans mon Royaume. Et il fut un temps où j'accorda ma confiance à une humaine qui fut autorisé à traverser les portails et ce fut là mon erreur...
Oui, la dimension parallèle elle en avait vaguement entendu parler ... Enfin plus exactement elle se souvenait l’avoir lu dans un ou l’autre des livres qu’elle dévorait dans le dos de ses précepteurs. Serafina, du temps où elle était une fillette pleine de vie et de naïveté, s’était passionnée pour toutes ces histoires sur les peuples qui vivaient en cohabitation plus ou moins paisible avec les humains. Les fées, les elfes, les nains ... tous ces peuples l’avaient fascinée et ce, contre l’avis de sa mère qui considérait que moins sa fille en saurait plus elle se tiendrait loin de ces peuplades étrangères. C’était mal connaître la jeune princesse qui était curieuse comme tout. Avec le temps pourtant la curiosité s’était envolée, tandis que la naïveté devenait insouciance et imprudence. Les yeux de Serafina se sont momentanément humidifiés plus que nécessaire, mais deux clignements d’yeux ont eu vite raison de ces vilaines larmes qui semblaient vouloir poindre.
La Reine s’est alors à nouveau concentrée sur ce que lui avait confié le jeune homme. Alors comme ça il s’était lié avec une humaine ? Elle comprenait mieux d’où venait la haine profonde qu’il vouait à l’espèce toute entière. Après tout il était couramment admis que la frontière entre l’amour et la haine était extrêmement fine. Si le Prince qu’il était alors s’était épris d’une jeune fille et que celle-ci avait brisé sa confiance, le coeur ouvert avait sans doute saigné. Et de ces blessures peu de belles choses naissaient. Souvent il n’en sortait que ressentiment et même un Roi ne faisait exception aux lois des émotions.
Oberon s’est perdu quelques instant dans l’horizon et la jeune femme n’a pas voulu perturber ce petit moment de réflexion qu’il s’accordait. Elle a d’ailleurs profité de l’instant pour observer les traits tirés du Roi. Son visage, certes agréable à regarder, était marqué ça et là par de discrètes rides. Des rides de soucis comme aimait à les appeler Serafina. Cet homme se perdait trop souvent dans des pensées désagréables, et vu le personnage dans des plans tout aussi peu plaisants. Peut-être que sans ces marques de contrariété il en aurait été encore plus beau. Au-delà de l’aura royale qu’il dégageait qui ne devait certainement pas être du genre répulsive sur les femmes. A force d’observer son interlocuteur elle a fini par croiser son regard. Les yeux bleus ont rencontré les yeux verts pour la seconde fois, mais cette fois avec plus de douceur. Il n’y avait presque plus de méfiance dans ces pupilles plongées les unes dans les autres, ne restait qu’une curiosité calme.
- Et toi? Pourquoi n'officies-tu plus en tant que Reine? Que t'est-il arrivé?
Curiosité qui prenait le bon chemin pour être doucement assouvie. Des deux côtés. Après toutes les questions que la Reine s’était permise de poser, c’était au tour du Roi d’entrer dans la danse. Et s’il espérait une histoire à la hauteur de celle qu’il retenait au fond de lui, il n’allait pas être déçu. La jeune femme a laissé passer quelques minutes, ses yeux brillants toujours plongés dans ceux dignes des plus beaux bijoux de l’homme qui lui faisait face. Peut-être cherchait-elle dans ces portes de l’âme la réponse à ses propres questionnements intérieurs. Peut-être les yeux aux couleurs de l’émeraude pourraient-ils lui dire si oui ou non leur propriétaire était assez digne de confiance pour connaître tout de l’histoire qui se dissimulait derrière les traits délicats de Serafina Gwenn-Skorn.
- Commençons par dire que je n’ai pas toujours été comme tu me vois à présent. A peine sortie d’une adolescence à l’abris de tout, j’ai été confrontée à la gestion d’une cour dont je ne savais pas quoi faire. Ma mère a disparu du jour au lendemain en me laissant me débrouiller. Et même si elle n’avait pas été d’une grande utilité dans ma vie jusque là, elle s’occupait très bien de son rôle de Reine. Je n’étais pas préparée à ça ...
La voix de la jeune femme, d’abord faible et hésitante, prenait de l’assurance au fil du récit. Ses yeux, toujours tournés vers ceux de son compagnon, était perdus dans des souvenirs d’un autre temps. Dans sa tête se dessinait un château majestueux, tout de marbre et de glace, perdu au milieu d’un environnement quelque peu flou, semblant trôner sur un nuage. Serafina n’avait vécu qu’à l’intérieur du château car personne ne lui avait jamais autorisé la moindre sortie, ses souvenirs ne s’étendaient donc pas au delà des murs d’enceinte. Peu à peu, comme une caméra s’approche d’un élément en particulier, les souvenirs de la jeune Reine se sont concentrés. D’abord un rapide aperçu de l’immense et lourde porte du château, puis comme une course d’enfant dans des couloirs presque vides, où les seuls courtisans se collent aux murs pour ne pas gêner la progression. Des rires juvéniles résonnant dans les pièces aux hauts plafonds, des jeux avec les servantes du palais ...
- La fillette que j’avais été tout ce temps a complètement craqué sous la pression. Devenue une jeune fille somme toute courtisée, car belle et surtout embellie par des pouvoirs que je ne maîtrisais que très peu à l’époque, j’ai perdu la tête. Les jours passaient et se ressemblaient, faits de débauche ...
D’autres souvenirs, plus flous que les précédents sont revenus à la surface, comme s’ils avaient été vécu en étant à moitié endormie. Un jeune homme se penchant pour l’embrasser. Toujours ce jeune homme lui criant dessus pour une histoire de mariage obligatoire peut-être. Le même jeune homme devenu bleu de froid et les veines gonflées sous la pression de la glace, une expression de panique et de douleur mêlés. Un rire presque hystérique. Puis d’autres garçons, des jeux, des fêtes, des cadavres de bouteilles autant qu’humains. Le pouls de la jeune femme s’était accéléré, des larmes striaient son beau visage. Les souvenirs qui l’enveloppaient ne lui plaisaient guère, lui faisaient plus que mal.
- Puis un jour je me suis réveillée de ma « transe », seule dans un palais vide. A côté de moi se trouvait un jeune homme dont je n’avais aucun souvenir, enfin ... Ce qu’il en restait.
Le souvenir suivant était plus clair que jamais. Une respiration haletante. Des sanglots incontrôlables. Une main qui tente de repousser un corps à moitié gelé. Des bagages faits à la hâte et une course à travers le palais vers la sortie. Une vue brouillée par des larmes et par une lumière trop éblouissante tandis que le paysage défile.
- J’ai fuit. Je n’ai pas voulu savoir ce qu’il adviendrait de mon château, de mon trône. Cette vie n’était pas faite pour moi et je ne voulais rester plus longtemps dans un endroit marqué de tant de malheur. J’ai tout abandonné et j’ai reconstruit ma vie. Je me suis reconstruite, me promettant de ne jamais plus laisser mon esprit se perdre ainsi.
La voix de Serafina s’est brisée sur les derniers mots. Les larmes coulaient sans discontinuer à présent et son corps tremblait. Mais même dans un tel état, elle n’aurait pas inspiré de pitié à quiconque. La détermination qui brillait dans ses yeux noyés de larmes, la prestance qui se dégageait encore de ce corps pourtant tremblotant, tout participait à la montrer puissante malgré la douleur qui émanait d’elle. La Reine a repris ses esprit, mais n’a pas fait un geste pour essuyer les larmes qui roulaient encore sur ses pommettes. Elle scrutait le regard du Roi qui se tenait devant elle. Maintenant que la douleur des souvenirs réapparus mais à nouveau enfermés s’estompait, un autre sentiment avait fait son apparition : la peur. Peur que l’homme en face d’elle n’ait eu accès à ces images de son passé. Peur de sa réaction face à cette histoire ...
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L’histoire personnelle de Zephyrius n’avait sans doute rien à voir avec celle de Serafina. Deux mondes, deux univers, deux espèces, rien ne laisser présager que les quelques phrases prononcées par le Roi ferait renflouer de douloureux souvenir chez la jeune fille. Cette dernière tenta de le masquer mais les petites perles d’eau salée, qui s’étaient glissées sur les rebords de ses cils, la trahirent. Les larmes disparurent bien vite, après deux ou trois clignements des yeux, mais on ne pouvait se débarrasser de sa tristesse aussi facilement. Savoir contrôler ses émotions n’était pas chose aisée. Il avait beau avoir subit de longues années de méditation et d’entraînements intensifs, il lui arrivait parfois de se laisser aller dans de mauvaises pensées, des souvenirs douleurs, des expériences à oublier. Et lorsque cela se produisait, de la même façon que la magie de la Reine des Neiges devenait instable, il laissait souvent son énergie magique émaner de lui. Et les résultats n’étaient pas toujours beaux à regarder. Eaux empoisonnées, fleurs fanées, la terre prenant parfois des couleurs sombres, telles étaient les conséquences d’une déprime chez le souverain.
Qu’avait-elle bien pu comprendre sur le peu d’informations qu’il a bien voulu partager? Il aurait bien aimé savoir ce qu’elle en pensait, ce que ces mots lui disaient, le pourquoi de ces larmes à l’entente de tout ceci. Avait-elle un lien avec toutes ses histoires de fées et de créatures fantastiques? Il en doutait fort. Peu de Rois ou de Reines des Hommes pouvaient se vanter d’avoir eu des liens avec les autres univers. Pourtant, Serafina semble être plutôt bien informée sur ces créatures venues d’ailleurs. Mais de là à la faire pleurer…Aurait-elle pitié de lui? Non. Il la voyait mal s’émouvoir sur son sort au point de provoquer ce genre de réaction. Il savait très bien que l’on pourrait écrire des pages et des pages de romans sur son histoire mais jamais il ne s’était imaginé un jour que quelqu’un pleurerait sur celle-ci. Il se faisait sûrement des idées et puis, il n’avait pas vraiment détaillé la chose. Ni la nature de la relation qu’il entretenait avec Yonne, ni la façon brutale dont elle s’était terminée. Mais inutile de penser à tout ceci. Il n’était pas là pour réveiller ses propres démons. Il avait posé une question et il se doutait bien que la réponse ne serait pas joyeuse. Mais pas à ce point là.
Elle ne lui répondit pas tout de suite. En revanche, elle se mit à le fixer intensément, dirigeant ses belles pupilles bleues givrées vers les siennes. Que voulait-elle faire? Ou plutôt, que cherchait-elle dans les yeux du souverain? Ces pupilles de jades ne cachaient rien d’autres qu’un épais voile d’ébène. Inconsciemment, il fit la même chose qu’elle. Lui aussi cherchait un peu d’espoir dans l’azur du regard de Serafina. Il recherchait quelque chose capable de lui redonner, l’espace d’un court instant ou même d’un songe, ses yeux de gamins. Ces yeux à travers lesquels il avait vu un autre avenir, un autre monde, une époque révolue mais toujours enfouie dans les tréfonds de l’âme d’Oberon. Il observa quelques secondes le visage de son interlocutrice mais ne s’y attarda pas plus que ça. C’était une très belle femme mais il n’y accordait pas tellement d’importance. Ce qu’il voulait voir, c’était la beauté et la force de son âme. L’âge et l’apparence ne sont que des illusions, seule l’aura perdure.
«Commençons par dire que je n’ai pas toujours été comme tu me vois à présent. A peine sortie d’une adolescence à l’abri de tout, j’ai été confrontée à la gestion d’une cour dont je ne savais pas quoi faire. Ma mère a disparu du jour au lendemain en me laissant me débrouiller. Et même si elle n’avait pas été d’une grande utilité dans ma vie jusque là, elle s’occupait très bien de son rôle de Reine. Je n’étais pas préparée à ça ...»
commença-t-elle, timidement. Petit à petit, l’hésitation fit place à une voix plus rassurée, prononçant chaque mot de façon claire et précise. Il constata la première chose qui les différenciait fondamentalement. Oberon a eu une enfance assez stricte, comme tous les princes. Ses déplacements étaient bien entendus limités dans le château. Hors de question pour le futur roi de s’aventurer dans les contrées avoisinantes où monstres, esprits et spectres en tout genre, pullulaient. Il comprenait parfaitement ce sentiment, celui d’un oiseau en cage, fut-elle dorée. L’envie de découvrir le monde, de voir ce qu’il y avait au-delà de ces murs de marbre, de voir d’autres visages que ceux de ses valets et domestiques. Mais lui, il avait eu Allen. Une petite boule d’énergie qui lui permettait de s’évader l’espace de quelques heures et d’oublier la morosité de la vie de château. Deuxième différence, il avait été formé au rôle de Roi. Il était mal placé pour juger la mère de Serafina mais il se posa tout de même la question : quel parents dignes de ce nom laisseraient ses enfants livrés à eux-même? Oberon serra la main de dégoût, n’arrivant toujours pas à comprendre comment des individus de la même espèce pouvaient se faire du mal entre eux.
«La fillette que j’avais été tout ce temps a complètement craqué sous la pression. Devenue une jeune fille somme toute courtisée, car belle et surtout embellie par des pouvoirs que je ne maîtrisais que très peu à l’époque, j’ai perdu la tête. Les jours passaient et se ressemblaient, faits de débauche ...»
poursuivit-elle alors. Le jeune souverain ne s’attendait pas à ce qu’elle continue. Elle avait très bien résumé la situation et il n’avait pas besoin d’en savoir plus que ça pour comprendre qu’elle avait fuit ses responsabilités. Mais il était trop tard pour lui dire de reculer. Parce qu’il voulait connaître la suite mais aussi parce qu’il sentait...qu’elle avait besoin d’en parler. Et plus elle parlait, plus il la comprenait. Sans les bons conseils, parfois stricts mais si nécessaires, de feu son père, il n’en serait pas là aujourd’hui. Sans l’entraînement de Jack, sans les cours et les leçons, il aurait probablement prit le même chemin que la Reine des Neiges. L’ivresse du pouvoir, le fait de voir tous ses désirs et ses souhaits plier devant sa volonté, il était si facile de sombrer.
Zephyrius baissa alors lentement les yeux mais il se retint subitement, lorsqu’il vit les larmes couler sur les joues de la jeune femme. Ça suffit, elle en avait assez dit. Si elle continuait, elle ne ferait que se faire plus de mal et ce n’était pas quelque chose qu’il tenait à voir absolument. Il leva son bras pour lui faire signe d’arrêter là lorsqu’il ressentit des secousses autour de lui. Surpris, il se mit à bouger ses pupilles dans tout les sens, mais rien. Tout semblait normal. Puis le rythme s’accéléra. Il reconnu là alors, le bruit singulier des battements du cœur humain. Mais pourquoi l’entendait-il de façon si prononcée? Il semblerait qu’il soit le seul à les entendre. Serafina n’avait pas bronché et continuait de le regarder. Soudain, il eut un flash. Et des images. Cela fut si rapide qu’il ne put distinguer ce qu’elles représentaient. Puis un autre survint. Cette fois, les images restèrent plus longtemps. Des pellicules défilèrent devant lui, lui affichant ce qui ressemblait clairement à une vie de débauche, entres fêtes, hommes, beuveries et sang. Le tout à la première personne. Et finalement, les images disparurent.
Temporairement.
«Puis un jour je me suis réveillée de ma « transe », seule dans un palais vide. A côté de moi se trouvait un jeune homme dont je n’avais aucun souvenir, enfin ... Ce qu’il en restait.»
Les images revinrent. Envahissant tout cette fois. Le décor forestier autour de lui se métamorphosa, prenant l’apparence d’une immense pièce froide, dans ce qui ressemblait à un palais royal. Il le voyait toujours à la première personne. Ces mains…ce n’était pas les siennes. Il ne pouvait pas les contrôler. L’une des mains repoussa un cadavre gelé puis la vue s’avança, arpentant rapidement des couloirs. Il pouvait clairement entendre une respiration haletante et lorsqu’il passa près d’une longue rangée de miroir, il comprit. Il vit le reflet de la Reine des Neiges, qui avait pratiquement la même tête qu’aujourd’hui, mais ce visage dans la glace paraissait émacié, par le manque de sommeil, le trop plein d'alcool et bien d'autres choses mauvaises pour le corps. Il s’agissait des souvenirs de Serafina. S’agissait-il d’évènements récents? Impossible, cela avait l’air si profond, si ancien. Et pourtant, son apparence le laissait perplexe, comme si elle n’avait jamais vieillit. Il avait trouvé là une question intéressante. Plus tard. Ce n'était pas vraiment le moment de parler de ça. Là, il n’arrivait toujours pas à comprendre comment il s’était retrouvé dans cette situation. Il n’avait pas utilisé sa télépathie et la jeune femme ne disposait pas de ce genre de pouvoirs, à ce qu’il en savait. Était-ce le lien créé lors de ce regard qui en était à l’origine? Ses sentiments et ses souvenirs étaient-ils si fort, au point de franchir les barrières du réel? Il fallait dire que le puissant esprit du souverain était une échappatoire de rêve pour les émotions et les ondes cérébrales.
Les images défilèrent plus rapidement jusqu’à arriver dans ce qui ressemblait à une chambre. Devant lui se trouvait une valise ouverte. La jeune femme s’empressait de la remplir le plus rapidement possible. Puis un autre flash. Une porte. Puis un autre. Des paysages qui défilaient. Et il entendit la voix de la Reine dans sa tête, prononcer lourdement :
«J’ai fuit. Je n’ai pas voulu savoir ce qu’il adviendrait de mon château, de mon trône. Cette vie n’était pas faite pour moi et je ne voulais rester plus longtemps dans un endroit marqué de tant de malheur. J’ai tout abandonné et j’ai reconstruit ma vie. Je me suis reconstruite, me promettant de ne jamais plus laisser mon esprit se perdre ainsi.»
Les images se brisèrent alors comme des milliers de fragments de glace. Comme la voix de son collègue, envahit par l’émotion. Il fut engloutit dans l’obscurité mais sentit que quelque chose le tirait vers le haut. C’était une sensation qu’il connaissait très bien. Il était en train de revenir. Mais une chose se produisit, une chose à laquelle il ne s’attendait pas. Lorsque sa vision se rétablit, ce qu’il vit en face n’était pas anodin. En fait, il se voyait lui-même. Un autre Oberon le regardait fixement, impassible comme toujours. Il sentit alors quelque chose ruisseler contre ses joues. Ou plutôt, les joues de Serafina. Car c’était à travers son regard et son corps qu’il voyait, qu’il ressentait. Ce ne fut que pour un court instant car, en l’espace d’une fraction de seconde, il se retrouvait à nouveau dans son propre corps. Il ne se rendit compte que tardivement de ce qui venait de se passer. Mais ce n’était pas le plus surprenant. Comme collé à lui, la tristesse de la jeune fille avait fait le voyage avec lui. Et les mêmes larmes se mirent à couler sur les yeux de Zephyrius.
Il releva lentement la tête en direction de la Reine. Les voici face à face, les joues baignées par une cascade d’eau, comme si leurs glandes lacrymales étaient connectées entre elles. Serafina ne les essuya pas. Non, elle demeurait fière, digne, courageuse, malgré toute la peine qu’elle pouvait avoir. En guise de première réponse, la fée ne sécha pas non plus ses larmes. D’ailleurs, il en était incapable. Car ces larmes n’étaient pas les siennes. Le visage d’Oberon ne dégageait pas de la tristesse, ni même de la compassion, mais un calme absolu dont la seule fausse note était ces ruisseaux de larmes. Mais ce n’était pas non plus une mauvaise chose, et quelque part, c’était un signe lui affirmant qu’il était peut-être encore capable de verser des larmes. Il plongea à nouveau son regard dans celui de la Reine mais ne put le soutenir plus longtemps. Il baissa légèrement les yeux, un sourire triste se dessinant sur son visage.
«Désolé...Il semblerait qu’inconsciemment, tes souvenirs ont débordé dans mes pensées. J’ai sans doute vu des choses que je n’aurais pas dû voir…même si cela m’a permit de mieux te comprendre.»
répondit-il à voix basse. Le fait d’avoir entendu mais en plus d’avoir vu tout cela n’a fait que renforcer la compréhension de Serafina. Et son estime pour elle. Fuir n’était une valeur qu’il appréciait grandement. Elle n’a pas eu le courage de faire face à ses démons et assumer son destin, elle a commit de nombreuses erreurs, c’est vrai. Mais pour repartir de zéro, ce n’était pas quelque chose que tout le monde serait en mesure de faire. La plupart des gens ne peuvent se défaire de leur passé. Oberon en était la preuve la plus concrète. C’était là, leur différence la plus importante. Et la raison pour laquelle il l’admirait de plus en plus. La jeune femme, tout comme lui, était sans doute responsable de la mort d’un ou de plusieurs êtres chers. Et pourtant, elle avait gardé sa prestance, elle assumait son lourd passé mais elle vivait le présent et voulait un avenir où elle ne se perdrait plus. Lui, ne vivait que pour effacer son chagrin, se venger de toute une race pour justifier ses propres erreurs. Chacun a eu son lot de mauvaises expériences et malgré toute la force et le sang-froid du Roi, celle qui s’en était le mieux sorti, c’était elle.
Il tendit légèrement sa main pour la mettre sous son propre menton, les larmes tombant à présent dans la sa paume. Il fixa tristement le fluide qui brillait dans le creux de sa main.
«Jamais je n’aurais cru pouvoir pleurer à nouveau. Je me disais qu’il s’agissait des tiennes, qui coulaient à travers moi mais maintenant, je me demande si ce ne sont pas finalement mes propres larmes…» Il releva la tête et baissa finalement le bras, laissant le liquide dans sa main tomber au sol. «Pardon, je m’étais égaré dans mes propres souvenirs à mon tour.» se reprit-il.
Oberon déboutonna le haut de sa large veste à capuche, découvrant le haut du buste de son armure et son cou, donc la partie centrale n’était pas protégée. À la place il portait un mince tissu de soie blanche, à l’image d’une cravate, pour donner de l’élégance à sa tenue. Il s’avança lentement vers la jeune femme. Il arriva à sa hauteur et retira doucement le bout de tissu de son cou et vint le déposer délicatement sur l’une des joues de Serafina. Il sentait la peur émaner d’elle. Il avait pénétré dans ses souvenirs les plus profonds, la rendant vulnérable d’une certaine façon. En guise de "compensation", il lui aurait bien montré ses propres souvenirs mais il en était hors de question. Il ne voulait pas lui en faire subir davantage. Il voulait juste la rassurer. Ce qu’il avait vu dans cette forêt, resterait dans cette forêt. Il n’ajouta rien de plus. Son regard parla pour lui. Ce mélange d’émeraude, de jade et un zeste d’absinthe, était à présent à quelques centimètres du cyan de pupilles de la Reine, toujours brillantes à cause du voile de larmes qui les recouvraient. Et une main à présent ancrée sur une joue rougit par l’émotion.
Les larmes qui se sont mises à couler sur les joues du Roi semblaient faire écho à celles qui striaient les pommettes de la Reine des Neiges. Ni l’un ni l’autre ne faisait un geste pour les essuyer ou même les retenir. Et pourtant les convenances, ou tout simplement la pudeur royale, voulaient qu’on ne montre pas ainsi ses faiblesses en public. Quoique l’eau qui s’écoulait doucement des magnifiques yeux émeraude n’avait pas grand chose avoir avec les larmes de peine de la Reine : le visage du guerrier avait gardé cette impassibilité qui paraissait lui être naturelle tant elle était régulièrement visible. En effet celui-ci avait maintenu un calme olympien, tandis que le visage de la jeune femme s’était abîmé dans les larmes et la douleur, et avait perdu de sa délicatesse première. Oberon a replongé ses yeux dans ceux de Serafina pour mieux les détourner ensuite. Il n’a alors pas pu voir la mine paniquée de la Reine, son regard perdu et sa lèvre inférieure tremblante. Ce détournement du regard, elle l’a pris comme un rejet, celui d’un homme qui ne peut regarder plus longtemps une personne aussi méprisable qu’elle. Celui d’un guerrier qui ne peut soutenir les prunelles de celle qui a tant de fois causé le malheur autour d’elle. Cette panique n’a duré qu’un très court instant, mais assez de temps toutefois pour que le coeur de la jeune femme se brise à l’idée-même de tant de scénarios où le Roi la traiterait comme la criminelle qu’elle était.
Toute sa vie, Serafina avait porté en elle le lourd poids de ses actions passées. A chaque pas qu’elle faisait, à chaque regard qu’elle croisait, à chaque confidence à laquelle elle se laissait aller, elle savait que les gens n’auraient pu que la juger s’ils avaient su ce qu’elle avait fait. Certes elle allait de l’avant, et prenait parfois le temps de souffler un bon coup pour évacuer ses craintes et profiter un peu de la vie qui s’offrait à elle. Mais restait en elle, au fond de son coeur de glace si fragile, la peur qu’en se dévoilant trop elle ne lise plus que dégoût sur le visage des autres. Alors elle était persuadée que quand le Roi en face d’elle relèverait la tête, ce serait avec des yeux froids et durs et un visage méprisant qu’il la regarderait. Elle ne s’attendait pas du tout à la réaction qu’il allait lui servir.
- Désolé...Il semblerait qu’inconsciemment, tes souvenirs ont débordé dans mes pensées. J’ai sans doute vu des choses que je n’aurais pas dû voir…même si cela m’a permit de mieux te comprendre.
Comme Serafina le craignait, il avait eu accès à ses souvenirs. Elle l’avait en quelque sorte senti venir ... La force qui l’avait frappée lorsqu’elle s’était remémorée ces sombres moments de son passé était peu commune et Oberon disposait d’une puissance magique telle qu’il avait été en mesure d’intercepter au vol ce qui s’était échappé de la Reine. La surprise ne venait pas de là, mais de la voix douce avec laquelle il s’était exprimé. Comment pouvait-il adopter un ton aussi calme et bas alors que la jeune femme était certaine qu’à présent il la haïssait ? Et puis il disait comprendre ... Ce n’était pas possible. L’homme qu’il était ne pouvait que condamner de tels actes, pas les comprendre !
La Reine l’a regardé recueillir les larmes qui coulait de ses yeux. Elle ne savait plus quelle position adopter ; en temps normal elle se serait préparée à se défendre contre des accusations - somme toute parfaitement fondées - voire même contre une attaque physique, mais là elle était perplexe. La réaction à laquelle elle faisait face ne correspondait pas à ce à quoi elle s’attendait. Soit il ne fonctionnait pas, mais alors pas du tout, comme elle s’y attendait, soit il jouait la carte compatissante pour mieux la massacrer - au sens psychologique du terme bien sûr - plus tard. Alors ... homme surprenant ou calculateur ?
- Jamais je n’aurais cru pouvoir pleurer à nouveau. Je me disais qu’il s’agissait des tiennes, qui coulaient à travers moi mais maintenant, je me demande si ce ne sont pas finalement mes propres larmes…Pardon, je m’étais égaré dans mes propres souvenirs à mon tour.
A l’évidence il ne calculait rien du tout. Il semblait parfaitement sincère et ému en plus de ça. La situation a ajouté encore au flot de larmes qui n’avaient pas cessé depuis qu’il s’était créé dans les yeux de Serafina. La jeune femme ne savait pas pourquoi mais elle ne pouvait plus s’arrêter. Autant pour sa réputation d’agent froid et détaché ... Eh ! Il fait quoi là ?! La Reine a regardé, médusée, le Roi déboutonner sa veste. Décidément les actes du guerrier n’avaient aucun sens pour elle et étaient de plus en plus étranges. Après l’émotion à la place de la haine, maintenant il entreprenait de se déshabiller devant elle. Il y avait deux choix possibles : il avait perdu la tête ou bien c’était elle qui l’avait perdue. Ce devait être la seconde option, elle était en train de délirer grave.
Mais encore une fois Serafina avait sauté beaucoup trop vite aux conclusions et elle s’est plus tard félicitée de ne pas avoir réagi par un bond en arrière lorsqu’il s’est approché d’elle. Elle a attendu ce qui allait se passer, quitte à devoir regretter un jour de ne pas avoir prévu de défenses si jamais le Roi voulait l’agresser. Mais ce n’est absolument pas ce qu’il avait prévu. Il a approché un petit tissu de soie, qui venait habituellement compléter sa tenue, de la joue de Serafina, plongeant son regard émeraude dans les yeux bleus de celle-ci.
Quelques instants elle est restée là, complètement figée par la surprise. Elle ne s’est rendue compte qu’elle avait arrêté de respirer qu’une fois son cerveau assez privé d’oxygène pour déclencher une petite alarme dans sa tête. Elle a alors pris une grande bouffée d’air ... mauvais plan. L’apport soudain en oxygène n’a pas eu l’effet escompté et la tête de la jeune femme a commencé à tourner comme jamais. Des petites étoiles noires se sont mises à danser devant ses yeux. Son étourdissement apparaissait à un moment peu propice car à cause des souvenirs récemment revenus à la surface elle était déjà fragilisée. Autant dire que sa main était faible lorsqu’elle l’a posée sur celle du Roi. Après l’avoir laissée quelques secondes, pressant cette grande main chaude et puissante à travers la soie fine contre sa joue, elle l’a abaissée pour mieux glisser ses doigts entre ceux d’Oberon tout en maintenant le bout de tissu entre leurs paumes pour ne pas le faire tomber. Ne tenant plus debout que par un gros, très gros, effort de volonté, elle s’est dirigée d’un pas chancelant vers un tronc d’arbre couché un peu plus loin.
Le guerrier allait finir par croire qu’elle passait son temps assise, entre rochers et arbres déracinés, mais tant pis ; si elle ne s’asseyait pas très vite, il serait bon pour la rattraper in extremis quand elle s’évanouirait. Et elle doutait fort qu’il apprécie de la voir inconsciente. Encore une fois. Alors elle l’a entraîné doucement à sa suite. Certainement pas d’une poigne de fer néanmoins. Elle avait entrelacé leurs doigts mais sans jamais maintenir la moindre pression de sorte qu’il puisse se dégager quand il le voudrait. Elle s’est enfin effondrée sur l’arbre mort plus qu’elle ne s’est assise. Quelques instants plus tard, le temps de reprendre ses esprits, elle a pris un air contrit et a poursuivi leur conversation d’une voix douce.
- Je suis désolée de t’avoir imposé pareille situation ... D’abord les souvenirs puis les larmes. Ce n’était absolument pas mon intention et si j’avais su que mon histoire allait produire un tel effet, je me serais abstenue. Crois-moi. Et tant que j’y suis merci d’avoir voulu essuyer mes larmes ...
Serafina a passé ses mains de chaque côté de son visage pour effacer les traces salées laissées par les larmes. Elle n’arrivait toujours pas à arrêter de pleurer mais à présent ne restaient plus que de rares perles d’eau qui s’obstinaient à s’échapper de ses yeux. Elle a brièvement tendu la mains vers le Roi pour essuyer celles qu’elle avait causée chez lui mais s’est ravisée et a abaissé son bras. Elle a esquissé un sourire entre la fatigue et la tristesse avant de continuer.
- Maintenant si ce que tu as vu t’incite à poser plus de questions, je t’en prie fais-toi plaisir. J’y répondrai sans détours ... Je te le dois bien après ce que tu viens de subir par ma faute. A croire que je me suis levée ce matin avec comme mission de te bousiller ta journée ..., a-t-elle conclu avec une petite tentative d’humour.
Elle n’osait à nouveau plus plonger ses yeux dans ceux pourtant si beaux et si doux de son compagnon. Ils venaient de prouver que le lien créé par un tel regard n’apportait rien de bon et la jeune femme avait eu son compte d’émotions fortes pour le restant de la semaine. L’araignée, le nid et la compagne, les sautes d’humeurs, les souvenirs et tout dernièrement le malaise ... Ca suffisait pour un moment non ? Et pourtant la Reine n’aurait su dire pourquoi, mais elle sentait qu’elle n’en avait pas encore fini avec les surprises. Restait à prier pour qu’elles soient meilleures que les précédentes.
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Les yeux rougis et toujours baignés par un tapis de larmes, la Reine fixait son collègue, l’air hagard. Pendant de nombreuses secondes, il ne sentit plus son souffle chaud sur son nez, lui indiquant qu’elle s’était probablement arrêtée de respirer lorsqu’il eut posé une main sur ses joues humides. Une réaction de surprise qui n’était pas surprenante. Parce qu’Oberon connaissait les doutes et les peurs de cette personne. Et il les comprenait sans doute mieux que quiconque dans cet Univers. Le Roi n’avait jamais voulu que son amie d’enfance apprenne ce qui s’était réellement passé dans son adolescence car il était effrayé à l’idée qu’elle le rejette, qu’elle le haïsse et qu’elle le blâme pour tout ces actes aussi inhumains. Et probablement que cette jeune fille, qui déversait toutes les larmes de son corps sur les doigts du souverain, pensait la même chose. Oui, un individu lambda l’aurait sûrement jugé et catégorisé dans les personnes à ne pas fréquenter mais qui était-il pour critiquer alors que, lui-même, n’assumait pas ses propres erreurs?
Serafina posa faiblement sa main sur celle de Zephyrius. Toujours aussi sensible à son environnement, il sentit, à travers sa main, le flux d’énergie vitale qui parcourait le corps de la jeune fille. Celui-ci était en nette diminution, probablement un contrecoup de toute cette émotion et de "l’incursion illégale" du souverain. Il voyait dans ce regard bleu qu’elle n’était pas totalement présente, sûrement étourdie ou au bord de l’évanouissement, le regard un peu vide. Elle abaissa alors sa main, glissant ses doigts à travers ceux d’Oberon, s’assurant de garder le tissu de soie entre leurs mains pour ne pas l’échapper à terre. Dans un premier temps, il s’était un peu inquiété de la voir perdre connaissance mais il ne put s’empêcher de fixer leurs doigts enchevêtrés et apprécier cette sensation de chaleur froide qui provenait de la peau de la jeune femme. Était-elle consciente de ce qu’elle faisait? Ce n’était pas vraiment le moment de se poser la question. Car elle avait commencé à marcher vers une souche d’arbre, non loin de là. Marcher, disons plutôt qu’elle titubait, entraînement doucement le souverain avec elle. Il aurait pu la lâcher mais s’il l’avait fait, probablement qu’elle serait tombée en avant. Il se laissa faire et, discrètement mais avec fermeté, il tirait tout doucement sur le bras de Serafina lorsqu’elle manquait de perdre l’équilibre. Finalement, elle défit son étreinte sur la main du monarque et se laissa tomber sur le vieux tronc d’arbre, réussissant tout de même à atterrir sur ses fesses. Assise plus ou moins convenablement, elle prit quelques minutes pour reprendre son souffle et ses esprits puis reprit la conversation là où elle s’était arrêtée. Sur des larmes.
«Je suis désolée de t’avoir imposé pareille situation ... D’abord les souvenirs puis les larmes. Ce n’était absolument pas mon intention et si j’avais su que mon histoire allait produire un tel effet, je me serais abstenue. Crois-moi. Et tant que j’y suis merci d’avoir voulu essuyer mes larmes ...»
répondit-elle alors d’une voix douce, essuyant les cascades d’eau salée qui dévalaient les pentes de ses joues. Même faisant cela, ses larmes ne s’étaient pas arrêtées de couler pour autant. Mais il n’y avait plus autant que l’instant précédent. Seules quelques gouttelettes récalcitrantes continuaient de perler sur ses cils lorsqu’elles clignaient des yeux. Il le sentit également chez lui. Ses larmes ne coulaient plus. Il ne lui restait plus qu’à les effacer, comme sa consœur. Cette dernière leva sa main en direction de son visage mais dans un moment d’hésitation, elle se retint. Oberon, debout devant elle, était bien trop haut pour qu’elle puisse atteindre son visage. Et puis, elle se douta que c’était un geste qui pourrait blesser l’orgueil de sa majesté. Pas faux. Elle voulait sûrement lui rendre la pareille mais l’égo d’Oberon avait déjà été brisé plus d’une fois aujourd’hui et la facture commençait à s’alourdir un peu. Intérieurement, il fut heureux qu’elle ait renoncé, cela lui avait épargné le geste ingrat de la repousser. Elle se contenta de lui sourire tristement avant de poursuivre.
«Maintenant si ce que tu as vu t’incite à poser plus de questions, je t’en prie fais-toi plaisir. J’y répondrai sans détours ... Je te le dois bien après ce que tu viens de subir par ma faute. A croire que je me suis levée ce matin avec comme mission de te bousiller ta journée…»
finit-elle, en essayant de rire sur la fin de sa phrase. Mais la tristesse était bien trop grande. Si grande qu’elle détourna son regard, évitant celui de la fée. Il ne pouvait pas lui en vouloir. C’est en plongeant ses pupilles dans les siennes, qu’inconsciemment, il avait lu dans son cœur. Si Oberon maîtrisait sa magie élémentaire presque à la perfection, il ne pouvait pas en dire autant de sa magie mentale. Précisément parce que cette magie dépend de l’état mental de son utilisateur. Un seul moment d’égarement, d’émotions et il pouvait détruire l’esprit des gens et le sien par la même occasion. Il avait commit assez de dégâts pour aujourd’hui. Elle pensait que c’était entièrement de sa faute mais il avait sa part de responsabilité, principalement son manque de contrôle sur sa télépathie. Et de ce fait, il était hors de question qu’il poursuive son « interrogatoire ». Sa curiosité pouvait bien attendre. Dans l’état actuel de Serafina, la moindre fausse note pourrait s’avérer très dangereuse pour sa santé.
Il s’approcha lentement d’elle, serrant le tissu de soie toujours entre ses mains, et continuait de fixer son interlocutrice. Non, il ne détournerait pas le regard. C’était une sorte de défi envers lui-même. Il fallait qu’il se rassure, il est capable de garder le contrôle. Il fallait qu’il se vide l’esprit et qu’il garde la tête froide. Il répondit à la jeune femme, avec une face toujours aussi peu expressive mais avec une voix se faisant toujours plus rassurante, plus sincère et un peu plus basse. Il fallait tendre un peu l’oreille pour bien discerner ses mots.
«C’est de ma faute. Je n’ai pas su tenir mes pouvoirs en laisse. Ta fatigue n’est pas uniquement due à un stress émotionnel mais bien à cause d’une présence étrangère dans ton esprit. Lorsque l’on n’y est pas habitué, cela peut être très éprouvant. Je te dois encore des excuses…»
Il souleva doucement les mèches qui recouvraient le front de la jeune femme et y déposa sa main, de la même façon dont les humains procédaient pour vérifier qu’un tel n’avait point de fièvre.
«Je ne suis pas un mage guérisseur. En revanche, je peux remettre un peu d’ordre dans ton esprit. Cela évitera une migraine et te soulagera un peu. Ce n’est pas drôle dit comme cela, mais je ne voudrais pas avoir à te porter jusqu’à l’Organisation si tu perdais connaissance dans cette forêt. Si tu me permets…»
ajouta-t-il tout aussi calmement, retirant alors sa main. Il existait bien un autre moyen de soulager le mal chez les fées mais ce n’était pas une méthode que le roi chérissait. Au contraire, il avait horreur de s’en servir et bizarrement, depuis plusieurs semaines, il avait eu recourt à ce pouvoir. Plus d’une fois. Oui, cette fameuse bénédiction par le baiser. Mais ce n’était que pour les cas extrêmes, Serafina ne risquait pas vraiment de mourir présentement. Même si l’idée n’était pas pour lui déplaire…Bref tout ce qu’il avait à faire, c’était effectuer un nettoyage psychique dans la tête de la Reine, ensuite quelques jours de repos pour elle et tout irait pour le mieux. Il avait fait la même chose avec Nayomi, il n’y avait aucune raison que cela ne fonctionne pas avec elle. Les esprits de mages étaient plus puissants que ceux du commun des mortels.
Il toucha la vieille souche du bout des doigts et se rendit compte que l’écorce était bien trop molle pour supporter le poids d’un homme aussi imposant que lui, sans compter qu’il était en armure. Il mit alors un genou à terre et sans attendre une réponse de la part de la femme à la chevelure de neige, il prit la tête de cette dernière entre ses deux mains, avec une extrême délicatesse, passant ses mains et ses doigts à travers les mèches blanches. Il savait qu’il s’exposait à un rejet ou à une réaction de peur. Avoir un homme tel que lui aussi près de soi n’avait rien de rassurant. Mais il le fit quand même. Sans savoir pourquoi. De toute façon, depuis qu’il avait rencontré cette mystérieuse jeune femme, il faisait énormément de choses sans savoir pourquoi.
Ce geste simple forçait, en quelque sorte, la jeune femme à tourner son visage vers celui de Zephyrius. Il n’avait nullement l’intention de l’obliger à le regarder. Elle pourrait fermer les yeux ou tourner ses pupilles dans une autre direction. Il ne fit rien d’autre pour le moment. Il voulait s’assurer que Serafina était consentante. Mais avec tout ce fouillis de pensées qui défilait dans sa tête et les évènements qui s’enchaînaient, il avait complètement oublié d’essuyer ses larmes. Il sentait le mince fil d’eau salée qui continuait à serpenter entre les petites rides de son visage. Néanmoins, il continua à admirer le visage de l’agente, détaillant les moindres recoins de sa peau, de ses paupières, de ses lèvres et prit la parole à nouveau. À voix basse, à la limite du chuchotement.
«Je crois que ce n’est plus vraiment le moment pour les questions, il est inutile de te faire plus de mal pour satisfaire ma curiosité. Et puis, cela fait des semaines que j’affronte des monstres et des ennemis en tout genre, en comparaison, cette journée…n’est pas si mal…plutôt belle même...»
finit-il, le regard rivé sur le visage de la Reine des Neiges. Il n’y avait pas vraiment besoin d’être psychologue pour comprendre qu’il n’y avait pas que sa journée qui était belle.