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Elle ouvrit les yeux. Avec difficultés cependant, ceux-ci étaient légèrement gonflés et les larmes séchées collaient ses fines paupières. Elle les cligna ensuite plusieurs fois, s’habituant progressivement à la lumière puissante que le néon, placé juste au dessus d'elle, lui crachait au visage. Elle se trouvait dans un lit. Dans un lit au draps blancs. Elle eu soudainement une impression de déjà vu, ne s'était-elle pas déjà retrouvée dans ce lit ? Pourquoi y était-elle d'ailleurs ? Elle ne s'en souvenait plus. Par ailleurs... qui était-elle ? Elle avait oublié. Elle ne se souvenait de rien. Elle tenta de se redresser mais une femme habillée d'un long manteau blanc une blouse de médecin ? arriva pour la retenir.
- Prenez votre temps Mlle Delacour, vous venez tout juste de revenir à vous.
La femme en blanc s'était exprimée lentement et clairement, permettant à sa patiente de la comprendre. Ainsi, elle s'appelait Delacour. Aurore Delacour. Nom d'agent : Belle au bois dormant. Elle s'en souvenait maintenant, ainsi que la raison de sa présence à l'infirmerie de l'agence. Peu de temps auparavant, elle s'était évanouie dans un couloir, surprenant sans doute les quelques personnes présentes au même moment qu'elle. Celles-ci avaient dû la porter jusqu'ici afin qu'elle reprenne tranquillement ses esprits. Elle remercia la femme en blouse blanche, l'infirmière, et quitta son lit. Elle ne portait pas ses vêtements habituels, mais une sorte de longue chemise blanche qui lui arrivait au genoux. Aurore détestait cette chose qu'on lui forçait à enfiler quand elle se rendait ici. Le tissu la grattait et elle n'appréciait pas cette tenue, beaucoup trop courte à son goût. Ses vêtements étaient posés à côté de son lit, sur la table de chevet, mais elle les ignora pour le moment, elle préféra se diriger vers le miroir, se demandant quelle tête elle offrait au monde. Elle ne fut pas surprise de découvrir ses cheveux blonds légèrement en bataille, ses yeux encore un peu gonflés et rouges, comme ses joues. Elle ne perdait pourtant rien de sa splendeur habituelle, malgré son apparence négligée, elle restait digne et ne perdait pas de son élégance. Elle ne jeta qu'un rapide coup d'oeil à son visage mais il s'imprégna dans sa mémoire. Elle l'avait déjà vu. C'est celui qu'elle avait à chaque fois. A chaque fois qu'elle pensait à lui. A chaque fois que quelque chose la ramenait à lui. Suite à ces tristes pensées, ses beaux yeux verts perdirent légèrement de leur éclat, son regard devint vide et sans expression. Ses gestes se firent mécaniques et dénués d'intention. Elle s'écarta lentement du miroir et s'approcha de la fenêtre, son regard tourné vers l'extérieur mais son esprit et son coeur tournés vers l'intérieur, vers elle-même. Elle s'enferma dans son monde, le front et la main droite légèrement appuyés sur la vitre froide, elle ne pensait qu'à lui, qu'à eux. Peut-être que des heures passèrent sans qu'elle ne bouge un doigt, ou peut-être quelques minutes seulement. Elle avait perdu la notion du temps, elle revivait sa vie, sa vie d'avant. Mais la réalité commençait à la rappeler. Elle lui demandait de revenir, de sortir de sa torpeur. Aurore obéit à contre-coeur, elle ne voulait pas quitter ce monde beau et joyeux pour revenir dans celui triste et froid qu'était la vraie vie. Mais une fois qu'elle eu perdu le fil de sa pensée, elle commença à percevoir l'agitation qui régnait autour d'elle. Lentement, elle se détourna de la fenêtre et se concentra sur ce qui se passait, pour de vrai, dans l'infirmerie.
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Cela devait être la première fois qu'Oberon subissait autant de dégâts lors d'un affrontement. Il n'y avait rien à redire. Blessé dans son orgueil, il ne s'attendait pas à rencontrer un tel adversaire, si puissant qu'il a fallu qu'il puise dans ses dernières ressources pour en venir à bout. Mais il n'était pas le plus à plaindre car celle qui avait encaissé le plus de dommages, c'était Callie. Après avoir transporté la jeune fille dans l'aile la plus isolée de l'infirmerie, à l'abri de tout regards indiscrets, il était bien parti pour faire son rapport au Loup. Mais une main tremblante était venue lui rappeler qu'une mission se faisait à deux. Soit, il attendrait qu'elle se rétablisse pour faire le compte rendu. Et puis, la douleur qui parcourait l'ensemble de son corps l'incitait à prendre un peu de repos et rentrer chez lui au plus vite. Mais c'était sans compter les yeux de lynx de la responsable des lieux, qui ne retint pas son cri lorsqu'elle posa les yeux sur le souverain.
Il était sans doute dans un meilleur état que Dee, mais ses vêtements en lambeaux, les pièces de son armure encore fixées sur lui, les égratignures et les tâches de sang sur l'ensemble de son corps, donnait un sens à la réaction de la dame à la blouse blanche. Avec empressement, elle s'approcha de lui et se mit à lui faire toutes sortes d'examens de premier ordre comme lui prendre son pouls, vérifier sa température et vérifier son rythme respiratoire. D'un geste du bras, Oberon la repoussa assez violemment, lui qui détestait les contacts physiques plus que tout, surtout s'il s'agissait d'êtres humains.
«Ne faites pas l'idiot jeune homme, je ne peux pas vous laisser partir dans un tel état! On va laisser la jeune fille se reposer, quelqu'un va venir s'en occuper. Quant à vous, suivez-moi bien gentiment! Quand on est blessé, on se soigne!»
dit-elle, avec un ton maternel, comme s'il était un enfant que l'on était en train de sermonner. "Jeune homme"? Mais de quel droit s'adressait-elle à lui ainsi? Savait-elle au moins à qui elle parlait? Visiblement frustré, il s'apprêtait à lui répondre lorsqu'elle posa son index sur les côtes du blond et se mit à appuyer légèrement. Comme frappé par la foudre, la fée tomba au sol, recroquevillé en position fœtale, criant de douleur. Effectivement, il avait subi plus de dégâts que prévu mais il ne s'attendait pas à ce que cette personne ait la bonne idée d'appuyer sur l'un de ses points de pression, stimulant alors son influx nerveux et par la même occasion, la douleur. Situation plutôt compliqué, à présent la douleur allait rester pendant un moment. De plus, Jack mettrait encore une bonne heure pour faire le chemin entre Concordia et l'Organisation. La petite dame avait trouvé le moyen de le retenir ici, c'était une douleur assez difficile à endurer sans médication appropriée.
«Alors, on ne joue plus les durs hum? Allez, relevez vous et suivez moi!»
continua-t-elle, un large sourire satisfait sur le visage, montrant du doigt une petite porte menant dans une autre section de l'infirmerie, avant de s'y engouffrer. S'appuyant d'une main sur le lit de Callie, l'autre tenant ses côtes, il se releva avec douleurs et difficulté. Cette bonne femme ne s'était même pas donnée la peine de l'aider, sans doute une façon de donner une bonne leçon à l'entêtement du souverain. Encore une autre blessure pour son amour-propre. Décidément, ce n'était pas sa journée. Il posa un dernier regard sur son partenaire, qui venait de s'endormir, puis tituba jusqu'à la porte avant de pénétrer dans la salle à son tour.
Oberon ne s'attarda pas à observer la pièce qui ressemblait à toutes les infirmeries. Aucune trace de magie dans cet endroit, il était bien curieux de savoir comme les humains soignaient leurs blessures. La dame l'attendait, debout devant un lit, un chariot contenant du matériel médical qu'elle était probablement allée chercher pendant qu'il se relevait dans l'autre pièce. Elle l'intima de s'asseoir et d'enlever ses vêtements du haut. Pas de fioritures, il claqua des doigts et les morceaux d'armures ainsi que ses vêtements disparurent, par magie bien évidemment, laissant un peu de poussières d'étoiles derrière eux. Étrangement, la dame en blouse blanche ne parut pas surprise. Ah oui, c'est vrai, elle exerçait dans une Organisation peuplé de fées, de canards et d'animaux en tout genre. Des bizarreries, elle devait en avoir vue en grands nombre. Elle se mit ensuite à lui tâter le buste et le dos, avec un sourire assez troublant sur le visage. Oui, Oberon était un très bel homme, grand, avec une forte musculature et le regard assez gourmand que lui jetait la dame n'était pas pour le rassurer. Elle prit une bouteille, une paire de ciseaux et un sachet de coton sur le chariot et détourna alors son regard vers le fond de la salle. Elle se mit alors à sourire.
dit-elle alors, d'un ton plutôt rassurant. À qui pouvait-elle bien parler? Par curiosité, Oberon pivota sa tête vers la droite. Une jeune fille. Mais de toutes les jeunes filles qu'il ait pu croiser, il en avait rarement vu d'aussi belle. Elle avait quelque chose...de féérique. De magnifiques cheveux blonds, certes un peu en bataille, mais qui gardait toujours un zeste d'élégance même dans cet étant, des yeux d'un vert éclatants, un visage fin et bien proportionné, c'était un spectacle des plus exquis. Ce qui faisait tout de même la grande force d'Oberon, c'était sa capacité à afficher une attitude stoïque et froide en toute circonstances. Il la trouvait très séduisante, il ne pouvait le nier, mais demeurait néanmoins avec ce même regard qui le caractérisait, froid, perçants et vides de toute émotions.
«Ah, vous la connaissez peut-être? Mlle Delacour est une agente, vous aussi j'imagine, Mr...Mr...quel est votre nom déjà?»
demanda-t-elle avec un sourire niais, le regard pointé sur lui. Oberon se contenta de détourner le regard de la jeune inconnue et se mit à fixer froidement l'infirmière.
«Dépêche-toi de faire ton travail.»
dit-il alors, d'un ton glacial, avant de détacher son regard de la femme en blouse pour se mettre à fixer le carrelage du sol. Elle n'avait nul besoin de son nom pour pouvoir le soigner. Quant à l'autre personne, ce fut beau le temps de quelques secondes mais comme on dit, il ne faut pas abuser des bonnes choses. Que cette inconnue en reste une, de toute les façons, le roi l'avait bien vu; derrière cette beauté se cachait une profonde tristesse et il ne voulait pas se mêler de ses problèmes.
Quelqu'un lui parlait. Aurore avait reconnu son nom depuis les profondeurs abyssales dans lesquelles elle se trouvait. C'était pour cela qu'elle était revenue et qu'elle s'était détournée de ses beaux souvenirs ainsi que de la fenêtre. Toutefois, elle n'avait absolument pas compris ce que lui avait demandé l'infirmière, visiblement occupée par autre chose mais que la jeune femme ignora, encore un peu perdue. Alors qu'elle réfléchissait tout de même à une réponse, qu'elle devait ensuite traduire dans cette horrible langue qu'elle était obligée de parler dans ce royaume, elle perçu de nouveau son nom. Cependant, elle avait suffisamment émergée pour savoir que ce n'était pas à elle que l'infirmière s'adressait mais à la "chose" dont elle s'occupait. Curieuse, Aurore cligna plusieurs fois des yeux, se réveillant enfin de sa léthargie et retrouvant une certaine emprise sur son corps dans le vrai monde. La femme médecin examinait un autre patient. C'était un homme, sans doute très grand, elle ne pouvait pas se faire une idée précise car il était assit mais son buste imposant laissait présager une haute silhouette. Il était de dos par rapport à elle et elle ne pu remarquer que ses longs cheveux blonds et les tâches de sang qui parcouraient son dos musclé. Elle était troublée, pas parce qu'il y avait un bel homme torse nu juste à côté, cela elle s'en moquait presque, mais parce qu'il était blessé. Etant une princesse, enfin une ancienne princesse, elle n'était pas habituée aux blessures importantes et au sang qui en jaillissait. Mais étant une princesse, enfin une ancienne princesse, elle était habituée à rester calme et à ne pas montrer excessivement ses émotions, même dans les pires moments. Elle réussi donc à contenir les inutiles pensées qui lui venaient à l'esprit et afficha un visage calme et sans aucune trace de la profonde tristesse qui la rongeait, il y avait encore quelques instants. Cependant, étant d'une nature généreuse et tournée vers les autres, elle eu soudainement besoin de se rendre utile et d'aider la femme en blanc.
- Excusez-moi, puis-je faire quelque chose ?
La jeune femme s'était approchée, parlant lentement et distinctement, espérant ne pas avoir proféré d'absurdités, et observait l'infirmière, un air innocent sur le visage. Celle-ci s'interrompit un instant dans son examen, se tourna vers son autre patiente et la détailla de la tête aux pieds. Après un rapide coup 'oeil, elle lui répondit en souriant gentiment :
- C'est la deuxième fois que vous vous évanouissez, vous devriez retourner vous reposer.
Elle retourna ensuite à son travail. Mais cette réponse ne satisfaisant pas la jeune femme, elle préféra rester où elle se trouvait, n'ayant nullement envie d'aller dormir. Elle voulait faire quelque chose, et elle se sentait assez bien pour se rendre utile.
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Assez choquée par la réponse assez cinglante du souverain, la femme à la blouse blanche fit de grands yeux bien ronds avant de hocher sa tête en guise de réédition et s'affaira alors aux soins de son patient. Elle vida quelques centilitres du contenu d'une petite bouteille en verre sur de gros morceaux de cotons et se mit ensuite à le frotter sur les plaies d'Oberon. Le contact du duvet imbibé lui arracha un très léger spasme, ne s'attendant pas à ce que le produit utilisé soit si désagréable au toucher. Désagréable n'était pas vraiment le mot approprié, étant donné qu'un individu normal aurait ressenti de violentes brûlures sur l'ensemble de son corps. Mais le roi n'était pas aussi sensible mais ce liquide incolore qui sentait fort avait tout de même de quoi lui faire serrer la mâchoire.
Pendant que l'infirmière nettoyait ses blessures, de petits bruits de pas retentirent dans la salle, indiquant alors que la jeune beauté de tout à l'heure s'était rapprochée, s'arrêtant à environ un mètre de la soignante et du patient. De la curiosité? Les jeunes filles de cet âge était souvent intéressée par tout et n'importe quoi et ce genre de "spectacle" la captivait peut-être. Mais Oberon n'aimait pas être au centre de l'attention, il préférait éviter les interactions avec qui que ce soit, ses sujets y compris, sauf s'il était obligé bien entendu.
«Excusez-moi, puis-je faire quelque chose ?»
dit-elle alors assez lentement, de façon à bien se faire comprendre. Cela ne devait pas être sa langue natale, mais qu'importe. Ce n'était pas de la curiosité mais plutôt un élan d'humanité, de la générosité. Mais il était hors de question qu'elle le touche avec ses mains d'humaines! L'infirmière stoppa ses soins pendants quelques secondes et se mit à fixer la jeune fille attentivement. Oberon le savait car ses pupilles s'étaient dirigées vers la dame en blanc, attendant patiemment ce qu'elle allait lui répondre. Prêt à prendre le contrepied et à inviter l'inconnue à bien vouloir se mêler de ses affaires, il fut devancé par la responsable médicale.
«C'est la deuxième fois que vous vous évanouissez, vous devriez retourner vous reposer.»
Ainsi, elle n'était ici que pour de simples évanouissements? Les hommes et leur dégoûtante faiblesse. C'est ce qu'il aurait pensé en temps normal. Mais depuis ses récentes interactions avec certaines personnes, dont une qui dormait paisiblement dans la pièce d'à côté, il avait retrouvé une certaine sensibilité. Mais cela n'enlevait en rien son animosité envers le genre humain, disons qu'il avait apprit à discerner les bons parmi la multitude de fruits pourris. Suite à cette réponse, la jeune fille à la chevelure blonde ne semblait pas décidée à s'en aller. Elle resta sagement au même endroit mais si ce n'était que ça alors elle pouvait demeurer là, tant qu'elle ne décidait pas de se mêler de ce qui ne la regardait pas. L'infirmière se concentra de nouveau sur sa tâche et finit de nettoyer les plaies du souverain, essuyant les tâches de sang avec un petit chiffon humide. Elle prit ensuite un grand rouleau de bandages beige et fixa Oberon avec une expression assez anxieuse. Elle se mit à bougonner et émettre de longs soupirs ennuyeux avant de s'exprimer d'une voix exprimant un certain gène.
«Il va falloir que je replace certaines de vos côtes. Elles ne sont pas brisées mais légèrement déviées de leurs positions initiales et je vous préviens, cela risque de faire mal alors peut-être que si...vous Mll Delacour vous le teniez...»
À l'écoute de ses mots, le roi ne réfléchit pas à deux fois. Hors de question de se laisser aider par une inconnue et pas question non plus qu'elle le touche. Touchant ses côtes du bout des doigts afin de repérer là où il fallait agir, il y exerça une forte pression afin de se replacer lui-même ses os. Frappé par une douleur atroce, il se retint tout de même de hurler, et émit juste un grognement accompagné d'une grimace de douleur. Le souffle coupé par la pression dans son thorax, il respirait difficilement mais il savait que ce n'était que temporaire. Il dirigea ses pupilles vers l'infirmière, encore sous le choc, et s'adressa à elle de façon plutôt claire pour quelqu'un qui tremblait de douleur.
«Bon..maintenant dépêches-toi de mettre ces bandages, je n'ai pas que ça à faire!»
Elle attendait. Elle attendait qu'il se passe quelque chose, qu'on lui demande de bouger, de s'animer. Elle ne faisait rien sinon, car elle ne savait pas quoi faire. Dormir ? Aucune chance, elle l'avait déjà assez fait. Cent ans, n'est ce pas ? C'était bien assez, elle n'avait pas besoin d'en rajouter. Manger ? Elle n'avait pas faim, elle n'avait d'ailleurs jamais faim, sauf quand son estomac lui rappelait à son bon souvenir. Mais à ce moment-ci, elle se sentait bien. Mais elle savait qu'on ne la laisserait pas sortir de l'infirmerie aussi facilement. Aurore était donc coincée ici, à attendre une tâche qui ne viendrait sans doute jamais. L'infirmière la pensait faible, que confierait-on à une jeune femme dont l'allure parfaite ressemblait à s'y méprendre à celle des gens qui ne font jamais rien de leur vie, qui ne vivent que pour être servis ? Rien du tout. Cependant, l'infirmière avait peut être raison. En effet, quelque soit la détermination d'Aurore, son corps, lui, n'était pas tout à fait près. Elle tremblait de la tête aux pieds, ses jambes n'ayant presque plus la force de la porter. Soudainement, elle chancela et se rattrapa in-extremis au chariot médical qui se trouvait juste à côté d'elle. Celui-ci réussit à rester sagement à sa place, supportant silencieusement le poids de la jeune femme. Heureusement pour elle, la femme médecin était concentrée sur son patient et elle ne remarqua pas l'instant de faiblesse d'Aurore. Dans le cas contraire, la jeune femme aurait immédiatement été escortée à son lit. Elle se redressa lentement, priant ses jambes de bien vouloir la porter encore un petit moment. Peut être que se reposer un peu n'est pas une si mauvaise idée. Alors qu'elle s'apprêtait à faire demi tour, estimant le long parcourt qu'elle avait à parcourir jusqu'à son lit, qui ne faisait que dix mètres, mais qui lui semblait quasiment insurmontable vu dans l'état de fatigue extrême dans lequel elle s'était soudainement retrouvée, la femme en blouse blanche prit la parole, stoppant net la jeune femme.
- Il va falloir que je replace certaines de vos côtes. Elles ne sont pas brisées mais légèrement déviées de leurs positions initiales et je vous préviens, cela risque de faire mal alors peut-être que si...vous Mlle Delacour vous le teniez...
Comment ? Serait-elle en train de me demander de l'aide ? Aurore, surprise par les paroles de la femme, le fut plus encore quand elle entendit les côtes se remettre difficilement à leur place.
- Bon...maintenant dépêches-toi de mettre ces bandages, je n'ai pas que ça à faire !
La jeune femme fut choquée par ses paroles. D'abord parce que l'homme ne semblait pas souffrir, il avait prononcé ces mots comme si de rien était, mais il les avait prononcé avec un ton froid qu'Aurore ne lui soupçonnait pas. Il lui rappelait étrangement quelque chose, mais elle ne s'en souvenait pas...
- Mais vous êtes complètement malade ! s'écria l'infirmière tout en examinant les côtes de l'homme.
- Il est malade ? demanda innocemment la jeune femme, légèrement inquiète et n'ayant absolument pas comprit ce que la femme en blouse blanche avait voulu dire par là.
Aurore était finalement revenue, s'approchant plus près encore malgré ses jambes flageolantes qui menaçaient de l'abandonner une nouvelle fois. Elle pouvait le voir de face à présent et ainsi satisfaire pleinement sa curiosité. Elle remarqua son visage fin, ses lèvres fines, ses yeux verts émeraude qui lui rappelait quelque peu les siens, mais en moins froids. Il était très beau, il l'était tellement qu'il ne pouvait être complètement humain. Peut être qu'il ne l'était pas du tout, Aurore savait que GML recrutait toutes sortes de créatures dans son agence. Mais elle préféra garder sa remarque pour elle-même, l'homme ne semblait pas très commode.
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Prendre son temps, respirer lentement mais efficacement pour effacer l'horrible douleur qui envahissait son thorax, c'est à cela que se résumait le combat actuel d'Oberon. Serrant fortement sa mâchoire, il luttait pour ne pas hurler, fixant le sol d'un regard dans lequel se mêlaient frustration et détermination. Il sentit les mains moites de l'infirmière lui toucher ses côtes nouvellement replacées, qui s'était exclamée par la même occasion.
«Mais vous êtes complètement malade !»
avait-elle vociféré dans ses oreilles. Malade? Non. À moins que l'excès d'orgueil soit un nouveau symptôme de maladie, il était tout à fait normal, fidèle à ses principes. Cela était déjà assez humiliant de se retrouver dans un endroit si miteux, de devoir recourir au soin d'une simple humaine en uniforme, alors s'il fallait en plus qu'une fragile inconnue s'ajoute à la liste des personnes auprès desquelles il était redevable, c'est la goutte de trop. Cette douleur n'était rien, il pouvait l'endurer, ce n'était que passager.
«Il est malade ?»
demanda alors la petite blonde, dont l'innocence de la question n'avait d'égal que sa stupidité. Elle ne semblait pas avoir compris le sens de la phrase de la femme en blouse blanche. Mlle Delacour, car il semblait que c'était de cette façon qu'elle avait été appelé, s'approcha davantage de lui pour finalement se retrouver en face de lui. Il ne pouvait voir que le milieu de ses jambes où s'arrêtait la longue chemise blanche qu'elle portait. Mais il n'avait pas besoin de monter son regard pour savoir que la jeune fille l'observait. En même temps, il pouvait difficilement mouvoir sa tête tellement la douleur le paralysait. De longueurs gouttes de sueur se mirent à perler le long de son visage ainsi que le long de son buste, dont le côté droit, celui qui avait été replacé, avait prit une couleur rouge vive.
«Mais...Mlle Delacour, vous n'avez pas vu ce qu'il vient de faire? Il...il....»
Elle se tourna alors vers Oberon.
«Mais comment pouvez ne pas hurler de douleur après ça? Mais quelle inconscience, vous auriez pu vous tuer, vous ne vous rendez pas compte de..»
«Vous allez vous taire un jour?!!»
Le roi avait haussé le ton, sa voix raisonnant dans l'immense pièce vide. Il haletait, ne sachant plus comment atténuer la pression qui écrabouillait le haut de son corps. Il tourna sa tête vers l'infirmière, le regard plein de haine et d'agressivité, le souffle toujours aussi court.
«J'ai horriblement mal, oui! Alors, contentes-toi de faire ton travail, compris?!»
La dame trembla légèrement sous la terrible pression du regard du souverain. Le genre de regard qui était dur à soutenir, qui traduisait une envie terrible de faire le mal. Et pourtant, ce n'était pas l'intention d'Oberon. Il souffrait juste et comme tout animal blessé, la douleur et le stress se traduisaient souvent par une forte agressivité. Secouant vigoureusement sa tête, la dame en blanc reprit ses esprits et, tout en bafouillant, elle se saisit à nouveau du rouleau de bandages. Encore hésitante, elle fit tout de même preuve de dextérité. Elle appliqua une large compresse imbibée de ce qu'elle appelait un désinfectant couplé avec un antidouleur puis se mit à enrouler un long morceaux de bandes de façon méthodique autour du buste de la fée. N'osant rien dire, elle finit son travail en silence mais le blond devina que l'infirmière avait achevée sa tâche. En effet, il ne sentait plus trop la douleur mais tout juste une forte pression sur ses côtes.
Il s'appuya sur le lit et se releva lentement pour ne pas trop appuyer sur ses os du torse. Il était à présente face à face avec la jeune inconnue, et croisa alors son magnifique regard. Il la dépassait presque de deux têtes mais cela ne l'empêchait pas de voir les moindres détails du visage de la jeune fille. Et quelque chose n'échappa point à Oberon qui, une fois la douleur atténuée, avait retrouvé le plein usage des ses sens. La force vitale de la demoiselle était extrêmement faible et le fait qu'elle puisse encore se mouvoir relevait d'une certaine volonté de sa part. L'infirmière s'apprêtait à prendre la parole une nouvelle fois, et le souverain eut le temps de lire brièvement ses pensées pour se savoir qu'elle se souciait toujours de l'état actuel de la fée. Avant même qu'elle ne prononce un mot, le monarque la stoppa net dans son élan.
«Si tu as le temps de t'inquiétais de quelqu'un, ce n'est pas sûr moi qu'il faut le perdre. Cette jeune fille ne tiendra bientôt plus sur ses jambes.»
Il s'avança alors en direction de la sortie de l'infirmerie en titubant. Même après les soins, il ne s'attendait pas à être encore aussi faible. Décidément, ces humains ne savaient pas guérir correctement. Maudit soit le fait qu'il n'ait pas le temps de se consacrer à l'apprentissage de la magie de soin. S'appuyant contre les rangées de lit, il évoluait difficilement et il songeait sérieusement à s'allonger sur l'un d'entre eux.
La dame en blanc fixait la jeune blonde suite à l'affirmation d'Oberon, se demandant si ce dernier avait raison. Mais elle ne pouvait tout simplement pas laisser ce jeune homme têtu risquer encore plus sa santé. Elle courut après lui et se mit sur son chemin, les deux mains sur ses épaules.
«Il semblerait que Mlle Delacour ne soit pas la seule qui ne tiendra plus sur ses jambes. Je vous en conjure, restez ici pour vous reposer. Vous n'irez pas loin dans cet état...et vous aussi» ajouta-t-elle en se tournant vers la blonde. «Si ce qu'il dit est vrai...ne soyez pas têtus tout les deux et prenez un lit bon sang!»
Sur ce coup, elle n'avait pas tort. Il avait perdu beaucoup trop de force et n'avait même plus les ressources pour user de la magie pour matérialiser de nouveaux vêtements. Et Jack qui mettrait encore un bout de temps avant de débarquer. Oui, si ce n'était que pour une petit heure, c'était toujours mieux que boiter de douleur dans les couloirs de l'Organisation.
Elle ne bougeait pas. N'osait pas surtout. Elle sentait ses jambes faiblir à chaque seconde qui s'écoulait. Mais Aurore ne pouvait plus faire demi-tour à présent, elle était allée trop loin et avait puisé dans ses dernières forces pour arriver jusqu'ici. C'est à dire aux côtés de l'infirmière et de son patient, apparemment souffrant. Enfin, d'après ce qu'avait compris la jeune femme, elle n'était jamais sûre de ce que les gens disaient. L'infirmière prit la parole, mais elle parla tellement rapidement qu'Aurore ne réussit pas à suivre et se retrouva rapidement perdue parmi ces cris d'incompréhension et de colère. Toutefois, elle perçu très distinctement quand l'homme blessé coupa la parole à la femme en blanc, choquant ses deux interlocutrices au passage, ce qui était sans doute l'effet escompté.
- J'ai horriblement mal, oui ! Alors, contentes-toi de faire ton travail, compris ?! reprit-il en criant presque, le ton et le regard pleins de haine.
Du coin de l’œil, Aurore vit l'infirmière trembler légèrement sous le regard de son patient. Quand à elle, elle était complètement paralysée. D'abord parce que si elle bougeait, elle doutait de réussir à garder l'équilibre, puis également à cause de l'agressivité de l'homme en face d'elle. Finalement, après avoir quelque peu hésité, la femme en blanc se mit au travail et banda les plaies de l'homme blond. Enfin, les soins achevés, il ne perdit pas son temps et se releva lentement. La jeune femme pu alors constater sa grande taille et se sentit soudainement toute petite à ses côtés et encore plus faible qu'elle ne l'était. Pendant qu'elle s'étonnait de la taille du géant qui se trouvait en face d'elle, elle n'avait jamais vu d'homme aussi grand, leurs regards se croisèrent un bref instant et tandis qu'il semblait lire quelque chose en elle, elle remarqua également quelque chose en lui. Elle se souvenait à présent. Quelques instants auparavant, elle avait cru se souvenir de quelque chose, mais elle en était sûre à présent. Sa façon de parler, de se tenir, ainsi que la puissance qu'il dégageait, tout en lui rappelait à la jeune femme sa vie d'avant car elle avait déjà rencontré quelqu'un qui lui ressemblait. C'était quand elle était encore princesse. A cette époque, elle avait l'habitude de rencontrer nombre de souverains venant d'autres royaumes et c'était à cela que l'homme ressemblait, à un roi. Mais peut être qu'elle se trompait. Après tout, elle était fatiguée, faible et ses souvenirs passés lui firent monter les larmes aux yeux. Sa tristesse ne lui permit pas de suivre ce qui se passait autour d'elle mais elle réussit à revenir brièvement à elle quand le grand blond prit de nouveau la parole, mais avec un ton moins agressif que précédemment.
- Si tu as le temps de t'inquiétais de quelqu'un, ce n'est pas sur moi qu'il faut le perdre. Cette jeune fille ne tiendra bientôt plus sur ses jambes.
Comment sait-il ? s'étonna silencieusement Aurore. Mais, à cause de son intervention, l'infirmière se mit à la fixer étrangement. La jeune femme eu soudainement peur qu'elle lui demande de rejoindre son lit, elle s'en sentait complètement incapable. Elle n'osait même pas bouger un doigt craignant la chute qui ne manquerait pas de suivre. Toutefois, l'homme eu l'absurde idée de quitter l'infirmerie. Chose que même Aurore, quelques minutes plus tôt, n'aurait tenté pour rien au monde. L'infirmière ne laissait pas partir ses patients aussi facilement ! Elle le rattrapa en courant puis l'arrêta en lui posant ses deux mains sur les épaules.
- Il semblerait que Mlle Delacour ne soit pas la seule qui ne tiendra plus sur ses jambes. Je vous en conjure, restez ici pour vous reposer. Vous n'irez pas loin dans cet état...et vous aussi, ajouta-t-elle en se tournant vers son autre patiente qui n'avait pas bougé d'un pouce. Si ce qu'il dit est vrai...ne soyez pas têtus tous les deux et prenez un lit bon sang !
L'homme accepta, au grand soulagement de l'infirmière et aussi un peu d'Aurore. Elle en oublia presque qu'elle ne pouvait pas rejoindre son lit et eu la bêtise de changer légèrement son équilibre. Elle s'arrêta quand elle s'en rendit compte mais il était trop tard. Ce qu'elle redoutait arriva et elle s'affala par terre. Elle retint un cri de douleur une fois que ses bras, qu'elle avait placé devant elle afin de ralentir sa chute, son visage, et son ventre, dont son estomac vide, touchèrent brutalement le sol. Elle sentait que sa nouvelle position devait être complètement ridicule et indigne d'une dame mais elle n'avait plus la force de bouger.
- Veuillez m'excuser Madame, mais il semblerait que j'ai besoin d'aide... parvint-elle à dire en décollant son visage du sol.
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Ce n'est pas comme s'il n'avait plus de force, loin de là. C'était juste que la douleur dans ses côtes était si violente qu'il pouvait difficilement se mouvoir et user de la magie. Son corps consacrait l'énergie restante pour réparer les dégâts et maintenir ses constantes stables et il ne fallait pas qu'il le sollicite trop dans ces cas-là.
La dame en blouse émit un long soupir de soulagement lorsqu'il se résigna enfin à prendre un peu de repos en attendant son fidèle serviteur et l'escouade de soigneurs qui allaient avec. Un petit bruit sourd retentit alors et n'échappa à l'oreille attentive d'Oberon, constamment sur ses gardes. Il n'avait pas besoin de se retourner pour devenir ce qui venait de se passer derrière lui. La jeune fille, comme son flux vital le disait, venait d'atteindre ses limites.
«Veuillez m'excuser Madame, mais il semblerait que j'ai besoin d'aide...»
dit-elle alors d'une voix faible et pourtant si claire. L'infirmière regarda par dessus les épaules du souverain et s'aperçu de la position peu glorieuse dans laquelle se trouvait la jeune fille. Sans plus se soucier de l'autre patient, elle accouru auprès de la blonde à tout allure, faisant claquer ses chaussures à talons sur le carrelage blanc de l'infirmerie. Oberon se retourna à son tour afin de mieux voir le spectacle de Mlle Delacour, couchée sur le ventre, la face collée contre le sol qui devait être bien froid. La petite dame arriva à sa hauteur et plaça l'un de ses bras sous elle afin de la retourner. Elle retrouva alors de dos, en position assise et la responsable médicale passa ensuite l'un des bras de la gamine sur ses épaules afin de la soutenir. Elle la tint par la taille puis se mit à la soulever pour l'aider à se tenir debout. Même si la petite blonde était plutôt chétive et ne devait pas peser énormément, la dame ne la ramena pas jusqu'à son lit et l'allongea sur le lit le plus proche, celui sur lequel Oberon était assis quelques secondes plus tôt.
Entre-temps, Oberon avait boité jusqu'au lit le plus proche et s'apprêter à grimper dessus lorsqu'il fut arrêté par la voix maternelle de l'infirmière.
«Jeune homme, je préfèrerais que vous vous mettiez sur le lit à côté de celui de Mlle Delacour. Ce sera plus facile de m'occupez de vous de cette façon.»
dit-elle avec entrain, un sourire sur le visage. Elle étendit la couverture par dessus les jambes et le ventre de la jeune fille et accourut auprès du roi. Encore avec cette appellation peu respectueuse de sa personne. En plus, elle lui imposait le lit miteux sur lequel il devrait s'allonger? Et à côté d'elle en plus? Mais pourquoi ce genre de situation humiliante n'arrivait qu'à lui?
«Allez, doucement jeune homme, je vais vous aidez, appuyez-vous sur moi.»
dit-elle, en saisissant son large bras pour le passer par dessus de ses épaules mais c'était sans compter sur la fierté sans bornes du souverain. Celui se dégagea de l'étreinte de la dame, non sans la bousculer. Il la fixa de son habituel regard glacial, serrant fortement les poings et la mâchoire.
«Je suis le grand Roi Oberon et je n'ai pas besoin de ton aide. Je peux marcher toute seule, humaine!»
dit-il en haussant légèrement la voix. Il s'avança en titubant, grimaçant de douleurs à chaque pas, devant les yeux ahuris de l'infirmière, qui se résigna une fois de plus et qui le suivit de près afin de s'assurer que lui aussi ne chute pas. Il arriva enfin devant le lit qui se situait à la gauche de celui de la jeune fille et s'assit dessus sur sa longueur, adossé contre le mur derrière, sans un regard pour jeune fille. L'opération n'était pas si facile, chaque mouvement lui arrachant un fort pincement douloureux sur ses côtes, mais il réussit à se mettre dans une position plutôt confortable. Il fixa la dame pendant quelques secondes et lui fit un mouvement de la tête vers sa droite, qui lui intimait de le laisser tranquille et de se consacrer plutôt à sa voisine.
Oberon tendit légèrement sa main devant lui et se concentra quelques secondes et réussit à matérialiser un livre à la couverture bleue. Il pouvait au moins user de la magie pour cela, il ne sentit qu'une petite douleur qui ne semblait pas le déranger. Il ouvrit le bouquin et se mit à le lire tranquillement, sans se soucier de ce qui se passait autour de lui. La dernière vision qu'il eut de son environnement direct, c'était l'infirmière, dépitée, qui haussa les épaules mais qui avait toujours le regard qui disait "Je reviendrais", et qui se dirigea alors vers le lit de la jeune fille.
Puis le voilà plongé dans sa lecture. Ce n'était pas un roman, pas l'une de ces histoires créées pour faire rêver son lecteur et le faire vivre des situations parfois irréalistes, non c'était bien plus concret que cela. Oberon était un érudit, un intellectuel, avant d'être un roi ou un guerrier. Et lorsqu'il en avait le temps, lire un livre de sort pour améliorer ses compétences figuraient parmi ses activités favorites. Le savoir est une arme et comme telle, il fallait l'entretenir régulièrement.
Elle s'était écrasée par terre. Magnifiquement bien d'ailleurs, quelle chute incroyable ! Et quel atterrissage également ! Dommage que personne n'ai pu assisté au spectacle, c'était pourtant quelque chose ! Voilà ce qu'il aurait dit en riant. Et ils auraient ri tous deux pendant qu'il l'aurait aidé à se relever. Cette scène ne s'était-elle pas déjà produite d'ailleurs ? En effet, c'était il y a longtemps, mais elle s'en souvenait. Elle se souvenait de tout quand cela le concernait. Une fois, elle avait trébuché sur une racine, pourtant bien visible, alors qu'ils se promenaient dans la forêt afin d'échapper une fois de plus à leurs devoirs de futurs souverains. Ils s'étaient bien amusés et le roi les avait bien disputé quand il avait vu dans quel état ils revenaient : couverts de terre et de feuilles, mais le sourire aux lèvres. Voilà à quoi se résumait sa vie avant qu'il ne parte. Philippe n'était plus là pour l'aider à se relever à présent et le sol n'était pas recouvert de feuilles, il était froid, glacé comme son coeur. Elle entendit, plus qu'elle ne vit, l'infirmière se précipiter auprès d'elle, délaissant son autre patient. Elle avait presque envie de lui crier de ne pas l'aider, elle voulait que ce soit lui, elle voulait qu'il soit là. Elle retenait difficilement ses larmes et n'avait plus la force de parler, elle voulait être seule. Elle ne voulait qu'être avec lui, même si ce n'était que dans sa tête, il était tout de même présent, il vivait à travers elle. La femme en blouse blanche la retourna sur le dos, la fit s'asseoir, puis la soutint pour qu'elle puisse se remettre sur ses pieds. Elle y arriva tant bien que mal, les jambes tremblotantes. S'il avait été là, il l'aurait directement prise dans ses bras et il ne l'aurait pas lâché parce qu'il aurait eu peur qu'elle ne tombe une nouvelle fois. Ils seraient restés ainsi, à se dévorer du regard ou à s'embrasser, pendant des heures, seuls, juste tous les deux. L'infirmière l'installa sur le lit le plus proche, c'est à dire le lit qu'occupait, il y avait encore quelques secondes, le grand blond. Aurore se laissa faire, elle ne se trouvait plus tout à fait dans ce monde qu'était la réalité, elle était de nouveau partie avec lui. Mais celle-ci était coriace, elle s'imposa une nouvelle fois à elle. Quand la femme en blanc prononça son nom, tout en remontant une couverture sur la jeune femme, elle eu une sorte de déclic et ses beaux souvenirs volèrent en éclat. Les larmes se mirent à couler abondamment mais silencieusement sur son visage pâle et elle tourna son visage vers la droite, souhaitant dissimuler cette triste scène aux autres.
- Allez, doucement jeune homme, je vais vous aidez, appuyez-vous sur moi.
Elle entendait ce que l'infirmière disait, mais ses paroles passaient au dessus d'elle et ne l'atteignait pas.
- Je suis le grand Roi Oberon et je n'ai pas besoin de ton aide. Je peux marcher toute seule, humaine !
Une petite partie du cerveau d'Aurore se réjouit de se rendre compte qu'elle avait eu raison tout à l'heure, mais la plus grande se contenta d'essuyer les larmes qui ne cessaient d'affluer. Elle était pathétique et elle le savait. Mais elle l'avait perdue et elle était perdue sans lui. Elle avait la gorge serrée et ses yeux décidèrent enfin de stopper le flot de larmes. Elle se cacha discrètement sous la couverture afin d'essuyer les dernières traces de pleurs. Elle entendit l'infirmière s'approcher dangereusement de son lit, mais elle ne pouvait pas relever la tête, elle devait avoir les joues, le nez ainsi que les yeux rouges, et ces derniers devaient encore avoir gonflé.
- Ca va mieux, je vous remercie. Je pense que vous pouvez disposer à présent, d'autres patients attendent sûrement vos soins. dit-elle d'une voix claire malgré sa tristesse.
Aurore ne comprit pas ce qu'elle lui répondit à travers la couverture, sans doute une espèce de "je reviendrais" et quelques marmonnements envers ces patients qui ne voulaient pas se faire soigner, puis elle tourna les talons et s'éloigna. La jeune femme releva légèrement la tête de sa cachette, constatant avec surprise que l'infirmière était partie, et les avait laissé seuls. Elle attendit un instant, puis se tourna comme elle pu, son corps refusant de bouger, elle ne contrôlait encore que sa tête, vers son voisin de gauche qui était complètement absorbé par un livre sortit d'on ne sait où. N'ayant absolument pas envie de dormir, elle décida d'entamer la conversation. Comment s'appelait-il déjà ? Elle ne s'en souvenait plus... Elle n'avait retenu que son titre.
- Qu'est ce que vous lisez ? demanda Aurore à l'homme qui se trouvait dans le lit à coté d'elle.
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Les choses commençaient à se calmer autour de lui. Il entendit les deux femmes s'échanger quelques mots mais ne fit pas trop attention sur ce qui se disait. Il stoppa sa lecture quelques instants pour suivre l'infirmière du regard, cette dernière se dirigeant alors vers le fond de la salle avant de claquer doucement la porte derrière elle. Un peu de tranquillité n'était pas de refus même s'il savait qu'elle reviendrait pour s'occuper de ses patients. Mais quelque chose lui disait qu'elle prendrait tout de même un certain temps, après tout elle avait une patiente dans un état un peu plus alarmant que le sien...ou celui de la jeune fille. C'est vrai qu'elle était encore là, elle. Enfin, elle était plutôt de nature tranquille et comme elle ne pouvait quasiment pas bouger, elle ne constituerait sûrement pas un facteur dérangeant pour sa majesté.
Il reprit sereinement sa lecture, arrivant à un chapitra intéressant qui traitait sur la magie de soin. Comme il s'y attendait, ce n'était pas si évident de maîtriser ce genre de sort, les plus simples demandant parfois plusieurs mois de pratique avant de pouvoir s'en servir. Concentration, contrôle précis du flux d'énergie magique, excellente connaissance de l'anatomie et de la biologie médicale des espèces, ce n'était pas pour un mage de seconde zone. Mais Oberon était loin d'être un amateur et il n'y avait aucun défi qu'il ne pouvait relever. Des mois? Lui se plaça alors la barrière d'à peine deux semaines pour y arriver. Dès qu'il rentrerait à Concordia, il s'y mettrait. Il était temps qu'il arrête de dépendre de ses mages soigneurs pour de simple blessures mineures. Mais pendant qu'il cogitait, la douce voix de sa voisine vint le tirer de ses pensées.
«Qu'est ce que vous lisez ?»
Avec sa vision périphérique, il savait que la jeune fille venait de pivoter sa tête pour le regarder. Mais il ne daigna pas se tourner vers elle. Cette manie tellement humaine de vouloir créer le contact lui échappait complètement. Pourquoi? Il n'était qu'un inconnu sur lequel elle ne pouvait sûrement pas mettre un nom, elle ne pouvait pas savoir à quel point il pourrait être dangereux et pourtant, elle prenait le risque de lui adresser la parole. Pour combler sa solitude? Où était le problème d'être seul? Il avait beau chercher, ce besoin constant de ne pas se sentir abandonné ne trouvait pas d'explication rationnelle à ses yeux. On chercher la compagnie pour maximiser ses chance de succès, par exemple, dans le cadre d'une mission mais le fait que ce soit uniquement pour des raisons d'ordre psychologique, il ne pouvait le comprendre. Ou plutôt, il essayait de se convaincre qu'il ne pouvait pas comprendre. Car depuis quelques temps, sa façon de penser était en constante évolution. Ses retrouvailles avec Allen, sa rencontre avec Nayomi et Callie, tout ces évènements avaient réveillés les sentiments qui sommeillaient dans les tréfonds de son âme. Il était toujours d'un naturel froid et distant, mais peut-être moins qu'avant.
C'était bien Oberon. D'une simple situation que l'on pourrait qualifier de normale, il pouvait partir dans des réflexions complexes et profondes. Devait-il lui répondre? Quelque part, il savait que tout ceux qui osait s'approcher trop près de lui finirait par souffrir. Ses récents contacts en sont les preuves vivantes. Cette fois-ci, il était hors de question de laisser cette personne en savoir beaucoup trop sur lui. Et pourtant, quelque chose de plus fort que lui le poussa à créer un contact avec elle. Cette chose, c'était la souffrance. Il pouvait la sentir très clairement, ce parfum désagréable de la mélancolie qui émanait de l'aura de cette jeune fille. Une nouvelle curiosité l'animait. Tout comme avec Dee, il voulait connaître la source de se désespoir. Mais il ne fallait pas qu'il exprime ouvertement son intérêt.
«Ce que je lis, malheureusement, ne peut guérir cette profonde tristesse qui habite en toi.»
Il avait répondu, toujours sans la regarder. Cette phrase, c'était en quelque sorte une arme à double usage. Soit elle la fera fuir, de honte de savoir que quelqu'un l'avait percé à jour, ou bien elle n'en serait que plus qu'intriguée et voudra alors approfondir cette conversation.
Elle voulait discuter. Elle préférait discuter. Même discuter dans le vide, ce n'était pas grave s'il ne voulait pas lui répondre, elle s'en moquait. Mais Aurore ne voulait pas se retrouver de nouveau seule avec ses pensées, la tentation serait trop grande. Elle se savait capable de s'enfermer de nouveau en elle et de ne pas en ressortir avant longtemps. Très longtemps. Cependant, l'infirmière ne devait pas voir cela, elle ne devait surtout pas la surprendre le regard vide, presque mort, semblable à celui auquel elle pense. Dans le cas contraire, elle n'aurait plus le droit de sortir, elle se ferait enfermer pour de vrai, physiquement, pendant qu'elle s'enfermerait mentalement, avec lui. Mais elle n'était pas prête. Elle voulait vivre encore un peu. Vivre pour lui. Même si cela signifiait vivre sans lui. Sauf qu'il était tout de même présent dans ces souvenirs qu'elle chérissaient tant, mais qu'ils n'étaient pas bon de trop côtoyer, de peur de se perdre en eux. De dériver à jamais entre la réalité et les souvenirs, sans jamais pouvoir faire la différence entre le présent et le passé. Entre le vrai du faux. Sa tête tournée vers l'homme blessé, la jeune femme attendait qu'il lève la tête de son livre, sans doute fort passionnant, et qu'il lui réponde. Ce qu'il ne fit pas. Tant pis, elle devrait trouver autre chose pour ne pas sombrer dans les méandres de ses pensées, chanter peut-être ? Cela faisait longtemps, il faudrait qu'elle se trouve un instrument de musique également, à l'occasion. Alors qu'elle allait tourner la tête afin de laisser son voisin lire tranquillement, celui-ci décida finalement de répondre.
- Ce que je lis, malheureusement, ne peut guérir cette profonde tristesse qui habite en toi. dit-il sans lever les yeux de son livre.
Le temps s'arrêta, son corps se figea davantage et même son cerveau arrêta de penser pendant un millième de seconde. Comment peut-il savoir ? Comment peut-il dire cela ? Pourquoi... Pourquoi ?! Son regard ne quitta pas le visage du grand blond, ses yeux écarquillés, ne clignaient pas, mais des larmes se mirent à couler. Quelques larmes qu'elle n'eu pas la force de retenir. Pourtant, elle pensait avoir assez pleurer mais non, il y en avait toujours qui arrivaient à trouver le chemin de ses joues. Toujours. Elle ferma ses paupières, le temps que ces larmes indépendantes aient terminé leur course, puis, enfin, elle les rouvrit. Bien, se reprit-elle, s'il n'a guère envie de m'adresser la parole, je suis navrée pour lui, car moi, j'ai besoin de parler. pensa t-elle, déterminée à discuter afin d'oublier sa tristesse.
- C'est dommage. Mais cela semble tout de même intéressant. dit-elle sans la moindre once de tristesse ou de désespoir dans la voix, au contraire, elle était douce et semblait réellement s'intéresser à l'ouvrage.
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Comme il le prévoyait, la jeune fille fut plus qu'abasourdi par ce que le roi venait de déclarer. La stupéfaction, l'incompréhension, le désir de comprendre comment et pourquoi Oberon avait pu lire si facilement en elle, tels devaient être les sentiments qui traversaient le cœur de la blonde à cet instant précis. Le souverain n'avait pas son pareil lorsqu'il s'agissait de manipuler et anticiper les réactions des gens. Puis vint les larmes. Il ne les voyaient pas mais le parfum particulier qu'elles dégageaient arrivèrent jusqu'au narines entrainées du blond. C'était la confirmation qu'il attendait; cette jeune fille en avait gros sur le cœur et bien qu'elle puisse le cacher aux yeux du monde, elle pouvait difficilement tromper les sens de la fée. Lentement, l'odeur du liquide salé s'estompa. Avait-elle fait un choix? Allait-elle fuir ou assumer sa douleur et confronter le monarque?
«C'est dommage. Mais cela semble tout de même intéressant.»
dit-elle alors, en prenant un ton sincère et plutôt amicale. Sa voix était plutôt douce, se voulant sans doute rassurante quant à son état d'esprit. Plutôt surprenant, Oberon ne s'y attendait pas vraiment. Elle jouait une carte plutôt osée, celle de ne faire comme si de rien était alors qu'elle savait très bien que la personne près de lui avait parfaitement lu en elle. Un coup assez astucieux car si le roi voulait en savoir plus sur sa douleur, il fallait qu'il prenne l'initiative. Soit, s'il fallait faire tomber les masques alors qu'il en soit ainsi. Comme à l'accoutumé, il ne daigna pas adresser un regard à la jeune fille. Il persista dans son attitude désintéressé, le nez toujours plongé dans sa lecture.
«Tu juges un livre sur sa couverture? Quelle ironie. Tu aimerais tellement que je fasse de même pour toi, n'est-ce-pas? Afin que je ne puisse pas voir ce que ce beau visage dissimule.»
Il ne pouvait pas faire plus franc et direct que cela. Oui, cette jeune fille était comme ce livre qu'elle venait de juger intéressant juste en observant, sans en lire le contenu. La couverture était magnifique, cette beauté incomparable, cette voix si douce, ce dévouement et cette envie d'aider les autres. Mais en ouvrant les pages, ce que l'on y découvrait était bien différent. Et dans ce sens, Oberon avait envie de feuilleter un peu l'histoire de cette belle inconnue, lire quelques chapitres de son désespoir écrite avec l'encre de la solitude. Alors, d'un geste, il ferma son livre de sort dans un léger claquement.
Pour la deuxième fois, il tourna sa tête afin de fixer Mlle Delacour. Son regard était moins froid cette fois-ci mais plutôt sérieux, déterminé. Ses pupilles vertes se reflétaient dans celle de son interlocutrice, brillants comme des émeraudes, perçants, comme si elles lisaient littéralement dans le cœur de la jeune fille. Pour lever un peu le mystère, Oberon avait usé d'un peu de télépathie pour entendre le nom d'un homme qui résonnait dans la tête de la blonde. Il n'était pas allé plus loin que cela, mais c'était suffisant pour tenter de deviner le mal qui rongeait cette inconnue. Une perte il semblerait. Mais il ne voulait pas connaître les détails de cette façon, ce serait beaucoup trop facile. Alors il agit comme jamais il ne l'avait fait auparavant.
«Je vais te dire le fond de ma pensée. Au lieu de se laisser étouffer par elle, on peut transformer notre douleur en force. Et je pense que, c'est parce que tu es triste, que tu es seule et que tu souffres, que tu es intéressante. Comment le sais-je me demanderas-tu? Disons que...»
Il lui tendit alors son livre.
«...quand on veut connaître l'histoire, il faut ouvrir le livre. Alors, me liras-tu ton histoire? »
Elle allait mieux. Les forces lui revenaient peu à peu et pleurer l'avait en quelque sorte purgé de son mal. Mais il lui restait encore un bout de chemin avant de pouvoir se relever fièrement et continuer d'avancer. Beaucoup de chemin, Aurore le savait. D'abord, elle devait surmonter cet obstacle. Cet homme à côté d'elle représentait un défi sur sa route, car il savait. Comment ? Elle n'en avait aucune idée, il cachait bien son jeu derrière son visage impénétrable et son ton froid qui ne laissait rien paraître de ses émotions, et cela intriguait de plus en plus la jeune femme. Mais le problème justement, c'est qu'il savait. Il savait, et il s'en servait, n'hésitant pas à la déstabiliser. Pourquoi ? Elle n'en avait aucune idée non plus, mais elle était bien déterminée à le découvrir. Enfin, si elle arrivait à se remettre à chaque fois qu'un souvenir douloureux lui revenait en mémoire, et ce n'était pas toujours facile. Elle avait tellement mal. Il y avait un trou dans son coeur, un gouffre qui ne cessait de croître à chaque fois qu'elle pensait à lui, chose qu'elle faisait constamment, et ses yeux la brûlaient légèrement à force d'avoir pleuré. Mais elle ne pouvait pas rester sans rien faire, c'était son défi, et elle allait l'affronter.
- Tu juges un livre sur sa couverture ? Quelle ironie. Tu aimerais tellement que je fasse de même pour toi, n'est-ce-pas ? Afin que je ne puisse pas voir ce que ce beau visage dissimule.
Elle tressaillit légèrement quand il eu terminé, ce qui la fit quelque peu souffrir mais elle ne cria pas et ne réagit pas non plus. Elle ne voulait pas que l'infirmière revienne maintenant alors qu'elle n'était pas encore présentable.
- Pas tout à fait, j'ai seulement remarqué que vous ne leviez pas la tête de votre livre pendant que vous me parliez. Il doit donc être passionnant, n'est ce pas ?
Elle ne cherchait pas à paraître forte ou sûre d'elle, elle était seulement sincère. Elle s'intéressait réellement à ce que son voisin de chambre lisait, ouvrage qui devait sans doute être intéressant puisque l'homme semblait préférer lire alors que cela représentait un non respect des règles de politesse. Règles qu'il devait sans doute connaître étant donné qu'il était roi. Toutefois, les souverains que la jeune femme avait eu l'occasion de rencontrer avait également tendance à bafouer les règles, peut être était-ce une coutume chez eux. Mais elle n'était pas très bien placée pour dire ou même penser cela, n'avait-elle pas fui à plusieurs reprises ses propres responsabilités ? N'était-elle pas actuellement en faute ? Elle avait abandonné son royaume. Elle ne pouvait pas reprocher à un autre de ne pas respecter de stupides règles qu'elle même n'arrêtait pas d'enfreindre avec Philippe. Le grand blond ferma son livre et se tourna vers elle, la prenant par surprise, elle qui avait été à deux doigts de replonger. Il sembla encore plus imposant et Aurore se sentit de nouveau minuscule. Mais, elle se devait de rester digne, même temporairement paralysée. Elle soutint son regard vert, se demandant où il voulait en venir et pourquoi. Que voulait-il donc savoir ? Pourquoi essayer de me faire souffrir s'il a comprit ce qui me rongeait ? Mais aussi, que dois-je faire ? Comme dois-je réagir ?
- Je vais te dire le fond de ma pensée. Au lieu de se laisser étouffer par elle, on peut transformer notre douleur en force. Et je pense que, c'est parce que tu es triste, que tu es seule et que tu souffres, que tu es intéressante. Comment le sais-je me demanderas-tu ? Disons que... quand on veut connaître l'histoire, il faut ouvrir le livre. Alors, me liras-tu ton histoire ? dit-il en lui tendant le fameux livre.
Aurore ne savait pas vraiment comment réagir après cette tirade. D'abord, parce qu'elle n'avait pas comprit tout ce que l'homme lui avait dit, elle mit quelques secondes avant qu'une petite lumière se mette à briller dans son cerveau. Ensuite, étant paralysée, la jeune femme ne savait que faire concernant le livre qu'il lui tendait. Elle ne savait guère si elle pouvait bouger un bras puis ensuite avoir assez de force pour pouvoir le prendre. Et si elle le lâchait ? Elle se contenta donc de fixer le livre, puis son interlocuteur, espérant qu'il comprenne qu'elle ne savait pas quoi faire. Mais surtout, elle ne savait pas quoi dire. C'était donc cela qu'il voulait, connaître son histoire. Elle ne valait même pas la peine d'être racontée, ce n'était pas une joyeuse histoire. Surtout pas pour elle. Aurore se doutait que, si elle se mettait à parler, elle se mettrait également à pleurer. Elle ne se sentait pas encore prête pour affronter aussi directement la réalité. Elle rejetait encore l'idée qu'il n'était plus, elle voudrait tellement qu'il soit encore là, avec elle, qu'elle n'hésitait pas à se leurrer encore et encore. Mais elle savait, c'était pour ça qu'elle pleurait. Peut-être alors, qu'il serait temps de raconter finalement...
- Je ne comprends pas pourquoi vous voulez savoir. Pourquoi vouloir entendre une si triste histoire ? Vous savez, non ? Alors pourquoi vouloir en savoir plus ? Ma vie n'est guère intéressante.
Guère intéressante sans lui... rajouta t-elle en pensée.
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La jeune fille frémit légèrement suite aux déclarations du souverain sur la couverture du livre. Elle se retint d'émettre le moindre bruit, toujours dans cette même optique de ne point paraître faible aux yeux des autres. Du moins, c'est ce que pensait le souverain.
«Pas tout à fait, j'ai seulement remarqué que vous ne leviez pas la tête de votre livre pendant que vous me parliez. Il doit donc être passionnant, n'est ce pas ?»
De la comédie ou de la sincérité? Difficile de le savoir sans lire dans ses pensées. Mais peu importe, ce n'était pas vraiment la question à laquelle il voulait mettre une réponse. Il est vrai que la manie qu'avait le souverain de ne pas considérer les autres avait de quoi étonner plus d'un. Généralement il passait pour un être irrespectueux mais cette fois-ci, elle semblait plutôt croire que cela venait du livre qu'il lisait. Cela pouvait être vrai, c'était assez logique même. Mais Oberon préféra s'en tenir à son interprétation des faits. Pour lui, à en juger par la prestance et la grâce de cette personne, il était clair qu'elle venait d'un milieu similaire au sien. Et ce genre d'individu avait généralement un intérêt particulier à son apparence. Si elle affichait un tel calme, pour lui, c'était tout simplement pou r rester digne et présentable afin de ne pas salir son image. Il pouvait le comprendre, après tout, il était un peu ce genre de personne.
Le livre toujours adressé à son interlocutrice, il la fixait toujours aussi intensément, à la recherche de bribes de réponses dans l'iris verdâtre de la blonde. Il put comprendre qu'elle n'avait pas saisi tout ce qu'il lui avait dit plus tôt. C'était assez compréhensible, il n'était pas du genre à communiquer aussi ouvertement alors, lorsqu'il le faisait, ce n'était pas toujours simple à saisir. Puis la lueur dans son regard changea. Elle semblait perdue plus que jamais, comme incapable de faire un choix. Fixant le bouquin tendu devant elle, se perdant sans doute dans ses pensées les plus intimes. Puis, elle daigna répondre.
«Je ne comprends pas pourquoi vous voulez savoir. Pourquoi vouloir entendre une si triste histoire ? Vous savez, non ? Alors pourquoi vouloir en savoir plus ? Ma vie n'est guère intéressante.»
Là tout de suite, le roi avant envie de lui lancer un "Alors à quoi bon vivre?" mais ça, elle pouvait aisément le deviner dans le regard de la fée, qui s'était fait un peu plus méprisant. Il s'attendait à cette réponse et ne s'étonna pas devant le manque de combativité criant de la jeune fille. Mais c'était bien pour ça qu'il lui avait tendu ce livre, en sachant très bien qu'elle n'était probablement pas en état de s'en saisir. Oberon ramena alors le livre devant lui, se mettant alors à fixer attentivement la couverture avant d'ouvrir une page au hasard et de la montrer à la blonde. Les pages étaient vides. En tant que livre de sorts, c'était un ouvrage précieux qui ne devait pas tomber dans de mauvaises mains, aussi seul lui était capable de déchiffrer les runes qui protégeaient les textes . «Ton cœur est comme ton corps, incapable de bouger. Et ce livre que je t'ai tendu, voit ces pages vides comme une nouvelle chance de réécrire ton histoire. Et ton problème, c'est que tu n'arrives pas à lever le bras pour saisir cette opportunité.»
Il ferma à nouveau le livre puis soupira longuement. Il tourna à nouveau son regard vers l'inconnue, un regard similaire au sien. À travers cette échange, si cette personne avait réellement souffert, elle saurait reconnaître l'œil, l'aura de celui qui connait la douleur. Une deuxième fois, il tendit le livre vers Mlle Delacour, l'approchant un peu plus d'elle. Le fait d'avoir le bras long n'était pas une mauvaise chose après tout.
Oberon était assez confus. Depuis quelques temps, il n'arrivait plus à se reconnaître. En temps normal, il n'aurait même pas considéré cette personne et pourtant, il se retrouvait à faire le psychologue. Pourquoi? Qu'avait-il à y gagner? Surtout que c'était une humaine. Mais la réponse était plutôt facile pour un regard extérieur. Il avait rencontré des humains, bien différents de ceux qu'il avait connu. Et cela avait éveillé sa curiosité. Pouvait-il trouver quelque chose auprès d'eux? N'étaient-ils peut-être pas les créatures viles qu'il haïssait plus que tout? Oui, ce roi cherchait des réponses car les humains l'intriguait. Il pouvait être cruels, mauvais, avide mais également bons, fier, courageux et intelligents. Et c'est ce qu'il voulait probablement vérifier aujourd'hui, savoir si ces humains méritaient vraiment tous l'extermination ou que parmi ces tas de pierres insignifiantes se cachaient des diamants bruts qui n'avaient besoin que d'un guide pour les polir?
«Je te l'ai dit, le fait que tu connaisses la douleur fait de toi une personne intéressante. Mais telle que tu es aujourd'hui, tu n'es que faiblesse, un corps vide sans volonté. Ce que je hais le plus. Je veux voir ta détermination, je veux voir si tu peux transformer ta souffrance en force. Prouve moi que les humains ne sont pas des déchets, prouve moi que ta vie n'est pas un déchet! Et si ce n'est pas le cas, alors tu n'as plus qu'à mourir dans la honte.»
Jamais il n'avait autant parlé en une fois. Mais surtout, jamais il n'avait mit autant d'émotions dans sa voix. Lui qui parlait souvent d'une voix grave, d'un ton glacial et dénué de tout sentiments, il avait , pour la première fois, la volonté de ranimer la flamme d'une âme en déclin.
Elle les fixait. Le livre, puis le blond. Mais elle ne pouvait toujours pas prendre le livre, elle était fatiguée, faible, pathétique. A force de ne pas dormir, de ne pas manger, de passer son temps à pleurer, voilà à quoi elle en était réduite. Elle n'était plus rien, seulement une coquille vide, desséchée à force de craché toute l'eau de son corps. Aurore remarqua le regard méprisant de l'homme une fois qu'elle lui répondit, mais elle s'en moquait. Elle connaissait très bien sa situation. La jeune femme s'était déjà posée cette question qui avait sans doute traversé l'esprit de son voisin. Elle se l'était même posée de nombreuses fois. Que pouvait-elle faire sans lui ? Pourquoi continuer d'avancer sans lui ? Elle ne servait à rien, elle n'était rien, elle n'avait plus rien à faire en ce monde, sa raison de vivre ayant disparu. Peut-être qu'elle aurait pu se reconstruire plus rapidement si elle était restée au château, avec toutes ces responsabilités, elle n'aurait sans doute pas eu le temps de penser à lui. Mais au contraire, au royaume, absolument tout la ramenait à lui. C'était pour cela qu'elle était partie, mais à présent, elle se sentait tellement inutile. Elle se demandait si elle avait fait le bon choix, si elle avait eu raison. Sans lui, elle était seule et devait s'en remettre à elle-même. Le grand blond la tira de ses pensées de solitude en ramenant le livre vers lui. Il fixa la couverture quelques secondes puis il l'ouvrit et présenta une page, apparemment choisie au hasard, à la jeune femme. Elle était vierge, il n'y avait absolument rien d'écrit dessus et Aurore fixa les pages blanches, vides comme son cerveau qui ne comprenait pas.
- Ton cœur est comme ton corps, incapable de bouger. Et ce livre que je t'ai tendu, voit ces pages vides comme une nouvelle chance de réécrire ton histoire. Et ton problème, c'est que tu n'arrives pas à lever le bras pour saisir cette opportunité.
Malgré ses difficultés avec la langue, Aurore comprenait ce qu'il voulait dire. Elle était même légèrement émue et ne savait guère que répondre devant tant de gentillesse à son égard. Elle ne comprenait toujours pas pourquoi il l'aidait, même s'il n'en avait pas toujours l'air. Elle ne se trouvait absolument pas "intéressante", pas depuis que Philippe n'était plus la pour l'aider à l'être. Sans lui, elle n'était rien. Absolument rien. Elle observait encore l'ouvrage quand le grand blond le referma puis soupira longuement. L'aurais-je énervé ? se demanda t-elle. Leurs regards se croisèrent de nouveau et elle cru voir quelque chose, reconnaître serait d'ailleurs plus approprié. Aurore connaissait cette chose qui habitait le blond, puisqu'elle l'habitait également. La douleur. Même ancienne, elle restait profondément ancrée dans chacune de ses victimes. Ce que les deux personnes présentes dans l'infirmerie semblaient connaître toutes les deux. Mais peut-être qu'il avait voulu qu'elle la voit justement, cette douleur en lui. Après tout, cet homme n'était pas comme les autres. Il savait, et elle n'avait toujours pas trouvé comment. Même GML n'en savait pas autant que lui et qui semblait deviner des choses à chaque fois qu'il l'observait attentivement. Était-elle si transparente ? Ou peut-être qu'il lisait dans les pensées. Tout était possible. Le blond lui tendit de nouveau le livre, mais il se rapprocha davantage. Peut-être que si elle mettait toutes ses forces dans son bras, si elle le voulait vraiment, peut être qu'elle pourrait l'attraper.
- Je te l'ai dit, le fait que tu connaisses la douleur fait de toi une personne intéressante. Ainsi, c'était donc pour cela qu'elle était intéressante ? La jeune femme ne l'avait pas vraiment choisie, et cela ne lui faisait guère plaisir, mais elle l'endurait tout de même. Mais telle que tu es aujourd'hui, tu n'es que faiblesse, un corps vide sans volonté. Ce que je hais le plus. A ce moment, elle douta de ce qu'elle avait pu penser quelques secondes plus tôt, il n'était pas gentil. Mais n'était-ce pas ce qu'elle pensait d'elle-même ? Il a raison, seule la vérité blesse... Je veux voir ta détermination, je veux voir si tu peux transformer ta souffrance en force. Prouve moi que les humains ne sont pas des déchets, prouve moi que ta vie n'est pas un déchet ! Et si ce n'est pas le cas, alors tu n'as plus qu'à mourir dans la honte.
Il y avait tellement d'émotions dans sa voix qu'Aurore ne sut quoi répondre. Elle était quelque peu choquée par ces paroles : les humains, des déchets ?! A ce point là ?! Elle se demandait encore qui pouvait-il bien être. Mais cette question n'était rien comparée à la foule d'interrogations et de problèmes que ces quelques mots provoquaient dans la tête de la jeune femme.
- Je... Je ne veux pas mourir. dit-elle finalement en plongeant son regard dans celui de son voisin. Pas encore acheva t-elle intérieurement.
Puis elle sortit difficilement son bras de sous la couverture qui la recouvrait et attrapa le livre, la main tremblante.
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Allez savoir ce qui pouvait se dérouler dans l'esprit de la jeun fille, un esprit fragmenté par la solitude, la tristesse et les regrets. Oui, ce sont ces émotions que Oberon pouvait sentir flotter autour de l'âme de cette personne. Au fil des années, à force de travailler sa télépathie et ses pouvoirs extrasensoriels, il acquit une certaine sensibilité au monde qui l'entourait. Mais ce n'était pas un pouvoir immuable, et il existe toujours une certaine limite à son utilisation, comme par exemple, le fait de se faire avaler par un esprit beaucoup trop perturbé ou bien de juste voir ses propres émotions ressurgir et le déstabiliser. Quoiqu'il en soit, il était certain de ce que pouvait ressentir cette jeune fille et le fait que, suite à ses déclarations, elle parut si choquée appuyait sa certitude. Il ne restait plus qu'à voir quelles réponses elle allait bien lui donner. Le souverain n'était pas une personne délicate et il n'avait pas pour méthode de tenter de rassurer son interlocuteur mais plutôt de lui dire sèchement ce qu'il pensait, cherchant alors à provoquer un déclic chez celui qui l'écoutait.
«Je... Je ne veux pas mourir.»
répondit-elle alors, après un long moment de réflexion intérieure. Son regard brillait, comme si quelque chose en elle commençait à revivre. Lentement mais avec détermination, elle sortit sa main de dessous la couverture puis le leva, non sans efforts, et se saisit du livre qui lui était tendu. Oberon lâcha doucement son emprise sur le bouquin et le laissa glisser lentement entre les doigts fins de la jeune fille. La fée avait eu sa réponse. Il existait toujours des âmes fortes et prêtes à se battre dans cet univers. Mais il ne fallait pas se leurrer non plus. Le chemin de cette gamine sera long et parsemé d'embûches et ce sera dans ses moments là qu'elle devra prouver, au monde et à elle même, qu'elle a encore sa place dans la dure réalité de la vie terrestre.
Pour une raison qui lui échappa alors, le monarque esquissa un sourire. Était-ce de voir que l'espoir avait un peu regagné le cœur de la demoiselle qui provoquait en lui une émotion positive? Pouvait-il vraiment se sentir heureux pour un être humain, lui qui ne s'était toujours soucié que du bien être des siens, quitte à provoquer un acte aussi vil qu'un génocide? Peut-être bien. Peut-être bien qu'il avait changé. Peut-être bien qu'aujourd'hui, il était devenu apte à reconnaître les bons humains à leur juste valeur. Et même s'il refuserait de l'accepter, il avait quelque peu regagné son "humanité", à travers ses multiples rencontres de ces derniers mois. Mais ce n'était que des sentiments et malgré le fait qu'il soit moins mauvais, ce sont par les actes que l'on juge un homme. Et dans ce sens, il n'était toujours pas prêt à renoncer à ses projets.
À l'origine, il voulait l'extermination de l'espèce humaine tout entière. Mais cela équivaudrait à se débarrasser de Nayomi, de Callie, et se faire haïr par Allen. Et cela, il serait sans doute incapable de le supporter. D'un autre côté, les raisons pour lesquelles il voulait la mort de l'humanité ont aussi changé. Si dans les premiers instants, il s'agissait de vengeance, il le faisait maintenant pour rendre le monde meilleur, car à ses yeux, un monde sans hommes serait le plus parfait des mondes. Mais les hommes étaient aussi capables de faire le bien...que faire? Lui même était perdu. Et s'il souriait, c'était sans doute par bonheur mais aussi par jalousie envers cette jeune fille. Peut-être qu'elle surmonterait tout cela, et qu'elle verrait la lumière. Mais lui, il ne pourrait pas...ses objectifs passent par les ténèbres. La fixant toujours, il baissa légèrement la tête et parla d'une voix claire mais le ton était devenu un peu plus...comment pourrait-on dire..triste?
«Ne laisse pas des choses qui ne peuvent plus être changées faire de ta vie un enfer. Concentres toi sur ce que tu peux encore faire; tu as des bras, alors saisit ce qui peux l'être; tu as des jambes alors va où il te plaira, tu as des yeux alors voit la réalité telle qu'elle est et accepte la; tu as la parole alors crie au monde que tu existes; tu as un cœur, alors aime celui que tu en jugeras digne, tu as une âme, donne lui un but.»
C'était ça. C'est ce qu'il lui fallait. Un nouveau but. Ou plutôt un autre moyen de l'atteindre. Il voulait conquérir le monde, et il le ferait. Et une fois en place, il prévoyait de supprimer les hommes. Mais plus maintenant. Du moins, il avait encore besoin d'y réfléchir mais cette "discussion" avec cette jeune fille lui avait permis aussi de mieux se comprendre lui-même, de voir un peu à travers ce miroir qu'était la réflexion, une image moins réductrice du monde. Mais que cela ne crée pas l'illusion qu'Oberon était devenu un être sage et doux. La conquête du monde passait par la guerre, le sang et la sueur. Tuer, il l'avait fait et continuerait à le faire, si c'est pour le bien cet univers.
Il tendit ses doigts par dessus la couverture du livre qui était à présent dans les mains de Mlle Delacour. À présent, les textes dans le livre étaient visibles. Le souverain relava légèrement la tête et dégagea du bout des doigts quelques mèches de cheveux qui étaient venu se déposer le long de son visage. Puis il continua à regarder les magnifiques pupilles émeraudes de sa voisine de lit, avant de détourner son regard pour fixer devant lui.
«Tu peux ouvrir le livre si tu est toujours aussi curieuse de savoir ce qu'il contenait. Mais je doute fort que tu comprennes le sens de ses écrits.»
Un changement de sujet comme pour marquer la fin de ce qu'il voulait faire. Les humains étaient de créatures surprenantes dont il avait beaucoup à apprendre. Mais il en avait encore pour quelques temps dans cette infirmerie et il était à peu près sûr que, maintenant qu'il s'était un peu ouvert, la jeune fille n'allait pas le lâcher de sitôt. Il voyait déjà venir les myriades de questions sur sa personne. La curiosité était un défaut universel, que ce soient les fées ou les humains.
Elle le tenait. Le livre. Elle avait réussi. Aurore avait réussi à sortir son bras de sa léthargie, à le tendre suffisamment pour atteindre son objectif et, à présent, elle le tenait. Tout son bras tremblait sous l'effort que cela lui demandait, mais elle n'allait pas le faire tomber. Surtout pas, pas maintenant qu'elle avait réussi. Elle ramena doucement son bras vers elle, sa main tenant fermement l'objet de sa convoitise, même s'il n'y avait rien dedans. Une fois celui-ci en sécurité au dessus de son lit, elle soupira de soulagement puis le posa auprès d'elle et tenta de se redresser en position assise, ne supportant plus de rester encore un instant allongée, en pauvre fille sans défense qu'elle était. Elle n'avait pas vraiment apprécié de se retrouver paralysée ainsi, mais c'était sa faute après tout, elle s'était surestimée et s'était mise toute seule dans cette situation des plus inconfortables. De plus, elle n'aimait pas restée immobile trop longtemps, surtout dans un lit. Cela lui donnait l'impression de dormir, lui rappelant de mauvais souvenirs, comme des bons au passage. Elle n'aimait pas dormir, elle avait peur du sommeil, peur d'en rester prisonnière et de ne jamais se réveiller. La seule chose qu'elle trouvait bonne dans le sommeil, son sommeil de cent ans plutôt, c'est qu'il l'avait réveillé. Sans cette malédiction, elle ne l'aurait pas connu. Elle serait morte avant qu'il naisse. Cependant, elle ne considérait toujours pas le fait de dormir comme une bonne chose, car leur rencontre était le fruit d'un destin tout tracé. Ils étaient destinés à être ensemble, et elle était sûre qu'ils se seraient rencontrés même sans cette centaine d'années qu'elle avait passée à dormir. Voilà donc pourquoi elle préférait s'asseoir, même si cela lui demanda un énorme effort, elle réussi tout de même à se redresser puis reprit le livre, admirant son trophée. La jeune femme était plutôt du genre à bouger constamment, elle n'aimait guère rester à ne rien faire, elle préférait s'activer, bouger, courir, faire des bêtises, mais seulement avec lui. En effet, depuis que son complice l'avait quitté, elle avait décidé d'être sage. Lui partit, elle avait dit adieu à tout. Son voisin de lit se mit à parler, la sortant de sa torpeur. Elle l'écouta attentivement. D'abord parce qu'elle avait besoin d'être attentive afin de comprendre les autres mais aussi car elle voulait savoir ce que le grand blond avait à lui dire. En effet, elle trouvait que presque chacune des paroles qu'il lui avait adressé étaient pleine de sagesse, et elle avait bien l'intention de retenir ses conseils.
- Ne laisse pas des choses qui ne peuvent plus être changées faire de ta vie un enfer. Concentres toi sur ce que tu peux encore faire; tu as des bras, alors saisit ce qui peux l'être; tu as des jambes alors va où il te plaira, tu as des yeux alors voit la réalité telle qu'elle est et accepte la; tu as la parole alors crie au monde que tu existes; tu as un cœur, alors aime celui que tu en jugeras digne, tu as une âme, donne lui un but.
Aurore fut touchée par ses paroles. Il avait raison, elle le savait. Elle devait faire quelque chose, vivre pleinement avant de le rejoindre dans la mort. Mais, d'une certaine façon, c'est ce qu'elle essayait de faire depuis le début. En effet, depuis son départ de chez elle, elle avait décidé de vivre, même si sa raison de vivre l'avait quitté, elle voulait continuer d'avancer. C'était dur et elle avait quelques ratés. Elle en avait trop même. Ses dépressions et sa présence à l'infirmerie étaient des preuves parmi tant d'autres. Elle était une contradiction à elle toute seule. D'une part, elle vivait dans le bonheur et respirait la joie de vivre mais de l'autre part, elle était désespérée, vide, presque morte. La jeune femme fut également touchée par le ton de son interlocuteur, il avait l'air triste. Ce qu'il disait pour elle semblait être également destiné à lui même. Oubliant son cas, il était quasiment désespéré après tout, Aurore s'inquiéta pour le blond. Elle voulait savoir, connaître les raisons de sa tristesse afin de l'aider, comme lui l'avait fait pour elle. Cependant elle espérait pouvoir faire plus, son cas à elle étant trop profondément ancré, son coeur étant brisé, elle aurait du mal à se remettre vraiment. Mais elle se contenta de hocher la tête suite à son discours. Il tendit la main vers le livre, veut-il le reprendre ? Elle s'apprêtait à lui rendre mais il se contenta de passer ses doigts sur la couverture du livre. Que fait-il ? Un tour de magie ? s'interrogea Aurore. Elle fixa l'ouvrage, à quoi sert-il s'il n'y a rien dedans ? Pourquoi avoir fait semblant de lire un peu plus tôt ? Plusieurs questions auxquelles elle n'avait pas eu l'occasion de réfléchir auparavant se mirent à tourner dans l'esprit de la jeune femme. Elle se tourna alors vers l'homme dans le lit d'à côté. Il la regardait également, elle allait en profiter pour lui poser une ou deux petites questions mais il détourna le regard.
- Tu peux ouvrir le livre si tu est toujours aussi curieuse de savoir ce qu'il contenait. Mais je doute fort que tu comprennes le sens de ses écrits.
Elle baissa les yeux sur le livre en question, se demandant ce qu'elle devait faire. Elle passa un doigt hésitant sur la couverture, caressant la reliure, curieuse. Ou pas. Finalement, elle reporta son regard sur son voisin, le bras de nouveau tendu, mais ne tremblant plus, le livre au bout de ses doigts.
- Non, mais merci. dit-elle de sa voix douce, un sourire aux lèvres.
Aurore avait conscience de paraître un peu... changeante. Mais c'est ce qu'elle faisait constamment. Un moment elle était en pleine forme, joyeuse et souriante, et à un autre elle faisait pitié, était désespérante et inutile. Mais elle était devenue ce que la vie l'avait amené à devenir. Et elle ne pouvait pas changée, pas en un claquement de doigt en tout cas. A présent, elle avait de nouvelles questions à poser, mais elle n'était pas sûre de pouvoir. Elle préférait attendre encore un peu, elle allait patienter.
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Le regard droit devant lui, malgré le fait qu'il tentait de mener cette conversation vers autre chose, il ne pouvait s'empêcher de penser à tout ce qu'il venait de dire à la jeune fille. Il avait déblatéré tant de conseils judicieux, propres et rationnels mais il en oubliait le fait qu'il n'en suivait pas une partie. Oui, il dirigeait tout son pouvoir dans ce qu'il pouvait encore accomplir, il avait saisi toutes les opportunités qui s'ouvraient à lui afin d'atteindre ses nouveaux buts, il connaissait la réalité implacable de ce monde et avait ses propres moyens pour tenter de la changer mais il y avait une chose qu'il était encore incapable de faire, c'était accepter l'amour et surtout savoir en donner. Dans le chemin tortueux qu'il avait décidé de prendre, il a choisit de laisser son cœur sur le bord de la route. Et si certaines personnes ont eut la bonté de le ramasser afin de le lui donner la chance de reprendre sa juste place, Oberon n'était pas encore prêt à l'accepter. Mais à quoi servirait-il d'en avoir un? Ce monde avait besoin de justice, d'être contrôlé, d'être implacablement rééduqué pour être sauvé, ce monde avait besoin d'une intelligence rationnelle et dénuée de toute forme de sentimentalité inutile qui fait bien plus de mal que de bien. Sa vie, celle de cette jeune fille étaient des témoins plus que suffisants pour montrer à quel point guider sa vie avec le cœur ne pouvait mener qu'à sa propre destruction.
«Non, mais merci.»
La voix de Mlle Delacour le sorti de ses sombres réflexions qui se reflétaient dans le visage fermé et impassible du souverain. Le ton qu'elle prit était en parfaite contradiction avec ses pensées, tandis qu'il cogitait sur des faits qui n'avaient rien de conte de fées, elle paraissait...on ne pourrait pas dire heureuse mais quelque part, il sentait qu'elle s'était débarrassée d'un poids certain. Il dirigea ses pupilles vers elle, sans toutefois pivoter sa tête. Elle s'était redressée entre temps, et il ne pouvait que saluer ce geste qui avait sûrement coûté de durs efforts. Et elle souriait. Était-ce sincère ou tout simplement un masque hypocrite derrière lequel elle continuait de se morfondre dans sa tristesse? Oberon n'avait pas envie de lire dans ses pensées et il ne le ferait probablement pas. Après tout, ce n'était pas encore un ennemi, et il n'en tirerait aucun avantage à le faire. En revanche, il était prêt à parier que si cette jeune fille avait ce pouvoir, elle n'hésiterait peut-être pas à s'en servir. Pourquoi? Parce que sa curiosité enveloppait l'atmosphère de la pièce. C'est un phénomène qui ne s'expliquait pas avec des mots mais il sentait en elle une certaine retenue. Ou plutôt, il le devinait. De façon logique, elle chercherait probablement à en savoir plus sur sa personne et le fait qu'elle n'ait toujours pas posé la moindre question lui disait qu'elle se retenait. Tant mieux, il n'était pas vraiment à l'aise avec ce genre de cas, lui qui n'était pas bavard en temps normal et qui faisait de sa vie privée, un jardins des plus secrets.
Soit, si elle n'avait plus grand chose à rajouter, c'était tout à son avantage. Comme il le souhaitait, il avait déjà trouvé les réponses à ses questions, le reste n'importait plus tellement. Il glissa sa main gauche sous le drap et matérialisa en cachette, un autre livre de sorts dont il était si friand. Il le sortit de dessous le tissu blanc et le ramena devant son visage afin d'entamer une nouvelle lecture. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce n'était pas une façon de fuir, mais bel et bien un moyen d'attiser la curiosité de la jeune fille. Il aurait beau se mentir à lui-même et aux autres, il avait clairement le désir de poursuivre un petit peu cette conservation. Alors le fait qu'il sorte un livre de nulle part aurait sûrement de quoi susciter encore plus d'intérêt de le part de la jeune inconnue. Pourquoi le voulait-il? Peut-être parce qu'il voudrait découvrir un peu plus la personne à sa droite? Et pourquoi cela également? Pour combler sa solitude? Pour mieux connaître ses humains qu'ils méprisaient tant? Ou tout cela en même temps? Il ne le savait pas vraiment mais cela ne servait à rien de s'interroger sur ce genre de chose. Comme avec les autres, il se laissait de nouveau mener par son instinct plutôt que sa raison.
Alors le voici à nouveau plongé dans un autre bouquin. Il changeait les pages avec une fréquence plutôt élevée, lui qui n'avait pas besoin de grands laps de temps pour assimiler les connaissances. C'était là un de ses nombreux talents. Mais c'était lié au fait qu'il lisait à moitié, car à chacune des pages tournées, il était à l'affut de la voix de la blonde. Et parfois, il murmurait les formules qu'il lisait, de façon machinale, oubliant à ces moments qu'il n'était pas seul mais de toute façon, il était convaincu que la jeune fille ne devait pas vraiment être une habituée de la magie. Mais parfois, les apparences étaient bien trompeuses.
Elle se sentait mieux. D'abord parce qu'elle retrouvait ses forces et parce qu'elle faisait en quelque sorte du tri dans ses tristes pensées. Voilà longtemps qu'elle n'avait pas autant réfléchit sur sa situation, et sur elle même. D'une certaine façon, Aurore était reconnaissante envers son voisin de lit. Il lui avait en quelque sorte ouvert les yeux et rappeler des choses importantes qu'elle avait oublié dans un recoin de son coeur en lambeaux. Dire qu'elle se sentait bien n'était pas très approprié, mais elle allait mieux, c'était un fait. Son sourire éclatant en était une preuve parmi d'autres. Evidemment, elle n'oublierait jamais sa peine, celle-ci étant trop grande car son amour, à présent perdu, représentait tellement de choses pour elle. Il avait une place incroyablement grande dans son coeur et l'immense précipice qu'il y avait laissé ne pouvait guère se résorber en quelques mois, peut être pas en années non plus. Seul l'avenir le dira mais il y avait peu de chances. Elle ne serait jamais prête à tourner la page. Jamais.
Sortant du monde fermé de ses pensées et de nouveau pleinement maîtresse d'elle même, la jeune femme, assise sur son lit d'hôpital, tendait son livre au grand blond, décidant finalement de ne pas se mêler de ce qui ne la regardait pas. Ce livre, recelant visiblement pleins de secrets, ne lui appartenait pas, elle était donc prête à passer outre sa curiosité et à le rendre sagement à son propriétaire. Cependant, celui-ci semblait également perdu dans ses réflexions et ne reprit pas son bien comme elle l'espérait. En effet, il l'ignora superbement et sortit un nouvel ouvrage de sous sa couverture. Surprise, la jeune femme regarda cet autre objet, visiblement sortit de nulle part car, à moins qu'il ne cache une véritable bibliothèque sous ses draps, elle ne comprenait pas d'où il pouvait provenir. L'homme se mit à lire, ignorant Aurore. Cette dernière, nullement outrée par cette réaction, s'interrogeait davantage sur la nature et les intentions du grand blond. Il lisait rapidement, peut être trop pour une personne normale, mais, lisait-il vraiment ? Peut être ne possédait-il que de faux livres qu'il faisait semblant de lire après tout, même si cela était tout à fait inutile et puérile, ce qui ne semblait pas être le genre du géant blond. Il murmurait également d'étranges paroles dans une langue qui était inconnue à la jeune femme. Il semblait l'avoir totalement oublié. Elle se concentra donc sur le livre qui reposait dans ses mains. A quoi pouvait-il servir ? Il n'y avait rien dedans, enfin sauf que le blond semblait avoir rendu possible sa lecture. Mais il avait également dit qu'elle ne comprendrait rien, c'était en partie pourquoi il ne servait à rien de jeter un coup d'oeil, et puis ce n'était pas à elle. Elle se contentait donc de fixer sa couverture, prêtant toutefois une oreille à ce que disait son voisin de droite, même si elle n'en comprenait pas un traître mot. Cependant, elle reconnaissait la légère atmosphère qui régnait autour d'eux, elle n'était pas très forte mais reconnaissable pour ceux qui en était familier. La magie. Aurore n'aurait jamais espéré en retrouver dans ce royaume, mais l'agence de GML recelait de nombreux secrets qu'elle n'avait pas encore découverts. Elle n'en avait jamais pratiqué, n'y connaissait absolument rien, enfin pas grand chose. Elle savait seulement qu'il y en avait de nombreuses sortes, que certaines étaient bonnes et d'autres mauvaises, ou alors que cela dépendait de leur utilisateur, elle ne se souvenait plus, et qu'elle avait été exposé aux deux durant sa jeunesse.
- Etes-vous magicien ? demanda t-elle finalement après son habituel temps de réflexion.
Elle avait finalement décidé de se jeter à l'eau, de poser une question, brisant ainsi le silence qui avait commencé à s'installer. Ce n'était pas une des questions qu'elle avait voulu poser quelques minutes auparavant, mais c'était là où ses réflexions l'avaient mené et elle lui semblait importante. La jeune femme fixait de son regard inquisiteur le visage de son voisin, ne souhaitant nullement rater une éventuelle réaction qui pourrait la mener sur la voie de la vérité.
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Pendant un court instant, la jeune fille lui avait tendit son livre mais il a fallu que cela tombe sur un moment où sa concentration était à son paroxysme. Oscillant entre des moments de demi-lucidité et d'absorption intense dans sa lecture, il ne remarquait pas tout ce qui se déroulait autour d'eux. L'infirmière aurait pu passer devant lui, il n'aurait sans doute pas bronché. C'était rare venant du souverain, lui qui était connu pour sa prudence extrême.
Les fois où il daignait stopper sa lecture, il usait de sa vision périphérique afin d'épier les faits et gestes de la beauté juvénile, qui fixait le bouquin qu'elle avait entre ses mains, avec attention. Parfois, elle tournait son regard vers Oberon pour déchiffrer ses murmures non contrôlés, un air d'interrogation sur le visage. Interrogation mais non de surprise. Il semblerait que l'atmosphère qui régnait dans la pièce ne lui était pas si étrangère et que si on poussait les questions un peu plus loin, on pourrait croire qu'elle y était même habituée. Ce serait plutôt surprenant venant d'une humaine tout ce qu'il y avait de plus ordinaire. Mais après tout, il ne connaissait pas sa vie ni son passé, les dieux seuls savent ce que la jeune fille cachait dans les recoins de son jardin secret.
«Êtes-vous magicien ?»
Sa voix était venue de nulle part, brisant alors un moment de concentration chez le monarque. Malgré cette nouvelle incitation à poursuivre le conversation, la fée ne broncha pas. Il continuait sa lecture, tout en observant la jeune fille du coin de l'œil. Cette dernière s'était mise à le fixer avec intention, tentant de faire peser le poids de son regard sur le souverain. Il souriait intérieurement. Elle avait mordu en plein dans l'hameçon de la curiosité et il n'avait plus qu'à tirer sur la ligne pour obtenir des réponses. Même si cela impliquait de se dévoiler un peu de son côté également. Il garda ouvert son livre, feuilletant les pages toujours aussi vite et se contenta de répondre calmement, de son habituel voix grave et plutôt sombre, tout en demeurant très claire à l'écoute.
«Non, je ne sors pas de petits lapins de mon chapeau.»
Il avait joué sur les mots de façon délibérée. Tout cela pour titiller encore plus la patience et à curiosité de la blonde. Il savait très bien ce qu'elle voulait entendre par là mais il était vrai que le terme magicien n'était pas vraiment approprié. Un terme tellement basique qui désignait le plus souvent les humains dénués de tout pouvoirs magiques et qui se donnaient en spectacle dans des théâtres, utilisant des tours de passes-passes pour simuler la vraie magie. Des charlatans. Oberon était un mage. Généralement les gens de sa catégorie sont placés dans une classe que l'on pourrait nommer "Mage-Guerrier". Mais ça, elle ne le savait pas forcément.
Finalement, il se décida à fermer son livre puis le déposa à sa gauche, près de sa cuisse puis se tourna vers son interlocutrice, qui le fixait toujours aussi intensément. Nullement intimidé, il se contenta de plonger son regard dans celui de la jeune fille. Ses intentions n'étaient pas de l'effrayer mais le fait qu'au naturel, son regard soit plutôt froid et perçant, pouvait impressionner pour celui qui n'en avait pas l'habitude. Il leva le bras pour dégager une autre mèche rebelle qui avait voulu s'installer le long de sa joue droite puis tendit l'index devant lui, l'agitant de gauche à droite en guise de négation.
«Si tu fais allusion à ma profession, je pense l'avoir déjà mentionné. Je suis Roi.»
Il a avait poursuivit sur le même ton, toujours dans une ironie assez frustrante. Il savait pertinemment ce qu'elle voulait savoir mais persistait dans les jeux de mots. Il voulait juste faire durer un peu la conversation et observer un peu la réaction de la jeune fille. Les gens de son rang n'était pas sujet à la perte de patience mais sait-on jamais, peut-être était-elle une colérique refoulée? Ce serait drôle à voir. Pour accentuer un peu, il afficha ouvertement l'ironie de sa réponse en esquissant un léger sourire de satisfaction au coin. La curiosité était un vilain défaut mais ô combien gratifiant quand on arrivait à la satisfaire. Pourriez-vous contenter la votre, Mlle Delacour? Oberon, lui, avait bien l'intention d'en savoir plus, en évitant de trop en dire, que cela ne vous en déplaise.
Quelque chose la gênait. Elle avait l'impression d'avoir mal posé sa question. Enfin, comme à chaque fois qu'elle ouvrait la bouche pour communiquer dans cette langue qui n'était pas la sienne. Aurore avait vraiment de grandes difficultés avec, c'était un peu comme si elle la rejetait. En effet, elle ne voulait pas l'apprendre car cela lui donnait l'impression de tirer complètement un trait sur son passé et, même si c'était son désir, d'oublier sa vie d'avant, elle n'y arrivait pas. Cette jeune femme était un sérieux cas désespérée. Elle avait beau vouloir avancer plus que tout au monde, il y avait toujours quelque chose pour la faire reculer. Lui, évidemment. Chaque chose qu'elle pensait, chaque chose qu'elle faisait était relié à lui. Il faisait partie intégrante d'elle, mais étant intimement lié avec son passé, elle était dans l'incapacité d'oublier et ne pourrait alors jamais avancer. Elle était consciente de tout cela, mais elle était impuissante. Sa résolution qui l'avait mené jusque dans ce royaume étrange flanchait chaque jour un peu plus. Parfois, elle avançait d'un pas et alors elle était fière d'elle, elle pensait réussir à aller jusqu'au bout, mais le choc qu'elle ressentait ensuite dans son coeur la faisait reculer de deux pas. Mais concernant sa maîtrise de la langue, il fallait qu'elle l'apprenne, qu'elle la maîtrise. Elle ne pouvait vraiment pas continuer à parler dans un français imprécis et incomplet. Elle se fit la promesse de demander à quelqu'un de lui apprendre. Mais pas maintenant cependant, elle se voyait mal demander à son voisin de lit de lui enseigner la langue locale.
Une fois qu'Aurore eu posé sa question, les yeux rivés sur le blond, cherchant une réaction susceptible de le trahir, celui cependant, resta imperturbable. Il continuait de l'ignorer, tranquillement plongé dans sa lecture rapide. La jeune femme voyait les pages défiler et se demandait s'il comprenait vraiment quelque chose.
- Non, je ne sors pas de petits lapins de mon chapeau. finit-il par répondre d'une voix claire, compréhensible pour la jeune femme.
Cependant, elle ne comprit pas du tout. Quel était le rapport entre un magicien et des lapins ? Elle ne savait que les magiciens étaient capable d'une telle chose. Encore une fois, elle s'en voulu de ne pas savoir maîtriser la langue comme elle le souhaitait. Car, soit elle avait mal posé sa question, soit elle n'avait pas compris la réponse. Elle détestait au plus haut point cette langue trop compliquée, elle était presque contente de ne pas avoir envie de l'apprendre. Mais une petite voix en elle lui rappela qu'elle était obligée, c'était son devoir. Elle soupira intérieurement, elle en avait marre des devoirs. Elle en avait toujours eu, et beaucoup trop, plus que n'importe quelle personne normale. Elle était princesse, et une princesse ne passe pas son temps à faire de la broderie ou à apprendre à jouer d'un instrument comme les gens aiment le penser, rêvant d'être à sa place. Ce n'était pas aussi simple et encore mois paisible et sans problèmes. De plus, elle était fille unique, les responsabilités qui pesaient sur elle étaient alors encore plus importantes. Mais tout avait changé quand elle avait rencontré Philippe, tout était devenu merveilleux. Ils fuyaient ensemble ce qu'ils n'aimaient pas tous deux. Leurs parents étant encore jeunes, ils pouvaient se permettre de s'amuser un peu avant de se concentrer sur l'héritage et la succession au trône. Il lui manquait terriblement. Comme elle voudrait retourner à cette époque où le bonheur et la joie de vivre étaient omniprésents en elle. Mais elle ne devait plus y penser, sinon elle allait encore se remettre à pleurer et elle ne voulait pas, pas maintenant. Elle en avait marre d'être une fontaine mais elle n'arrivait pas toujours à faire taire ses larmes puisqu'elles avaient raison.
Son instant de faiblesse n'avait duré qu'une seconde et elle fut affligée en découvrant qu'elle était capable de sombrer dans la dépression aussi rapidement. Mais son attention fut de nouveau attirée vers le grand blond. Celui-ci avait fermé son livre et la fixait, comme elle le faisait également. Le blond avait un regard froid mais Aurore n'était nullement effrayée ni surprise, elle avait décidé de rester imperturbable, comme lui. Finalement, c'est son voisin qui craqua en premier, il déplaça une longue mèche blonde installée sur sa joue droite puis fit "non" de l'index, celui ci tendu devant lui.
- Si tu fais allusion à ma profession, je pense l'avoir déjà mentionné. Je suis Roi.
Aurore était encore perdue. Elle ne comprenait vraiment rien là. Enfin, elle était sûre d'une chose : elle avait du travail à faire concernant sa façon de s'exprimer et sa compréhension. Elle avait décidé, dès qu'elle serait de nouveau sur pied, elle travaillerait sans relâche son français !
- Oui, mais je parlais de... commença t-elle.
La jeune femme se maudit intérieurement. Elle savait qu'elle aurait dû réfléchir avant d'ouvrir la bouche. A présent, elle était obligée de trouver quelque chose dans la seconde sinon son interlocuteur risquerait de remarquer qu'elle ne savait pas parler... s'il ne l'avait pas déjà fait. Heureusement, elle reprit rapidement, le plus naturellement du monde (ou presque) :
- Eh bien, vous faites de la magie non ?
Elle avait réussit ! Elle avait fait une phrase simple et qui représentait bien ce qu'elle voulait dire. Cependant, le doute était encore présent. Après tout, elle avait encore beaucoup de travail, il était donc tout à fait possible qu'elle se soit trompée de mots. Aurore retint un soupir, elle était consternée de remarquer qu'elle dépensait autant d'énergie pour dire seulement une phrase. Elle ne savait même plus pourquoi elle s’efforçait de parler d'ailleurs.
Messages : 481 Arme de prédilection : Magie noire de l’Eau /Combat au corps à corps et à l'arme blanche Arme non maitrisée : Armes à feu / Magie de Foudre
L'une des choses qui caractérisait le jeune souverain, c'était sa capacité à détailler et à percevoir les moindres petits changements dans son environnement direct. Bien entendu, il s'agissait de la résultante de nombreuses années d'entraînement et il ne faut pas croire que ce "pouvoir" était quelque chose d'infaillible. Cela dit, il restait très difficile de pouvoir masquer quelque chose à cette personne. Et la profonde dépression qui anima la jeune fille pendant quelques minutes ne lui échappa, du moins en partie. Il ne senti que quelques...mauvaises ondes mais tout lui indiquait que la blonde aurait encore beaucoup de mal à se sentir mieux. Évidemment, ce n'était pas les beaux discours de la fée qui aurait pu provoquer un changement radical dans l'était d'esprit de sa voisine de lit. Les blessures du cœur nécessitent bien souvent des traitements bien plus efficaces que de simples paroles et ce n'était pas un individu tel qu'Oberon qui était le mieux qualifié pour ce genre de tâche.
Sa curiosité se portait à présent sur la source du malheur de cette personne. Il n'était pas là pour lui apporter un réconfort ou une solution à ses problèmes, il ne voulait que satisfaire sa soif de compréhension de la pensée humaine, ni plus ni moins. Le roi s'était peut-être légèrement adouci au fil du temps mais il n'en demeurait pas moins un être égocentrique et difficile atteignable par les sentiments.
«Oui, mais je parlais de...»
Bien qu'elle voulu paraître naturelle, le regard de la jeune fille trahissait un certain manque de compréhension. À en juger par son accent, la langue parlée ici n'était pas vraiment sa langue maternelle. Il est vrai que, depuis le début de leur conversation, elle avait parlé plutôt lentement, comme si chacun de ses mots étaient soigneusement recherchés. Tentant de se rattraper, elle s'efforça à finir correctement sa phrase.
«Eh bien, vous faites de la magie non ?»
Joliment trouvé mais peut-être un peu trop tard. Sa difficulté à s'exprimer n'avait pas échappé au souverain. Mais il ne profiterait pas trop longtemps, il n'était pas vraiment le genre d'homme à s'amuser au dépend des autres. Sa question était simple mais précise. Elle savait exactement ce qu'elle voulait et de toute façon, il n'avait pas vraiment quelque chose à lui cacher. Si elle parlait aussi facilement de magie, c'est que ce n'était pas une discipline qui lui était inconnue. Après toutes ces longs instants à fixer la blonde, il détourna à nouveau son regard vers l'avant, croisant ferment ses bras contre son buste. Il constata avec une certaine joie, que la douleur n'était plus aussi forte. Les capacités de régénération des fées étaient "légèrement" développées que celles des humains normaux mais cela n'enlevait rien au fait qu'il avait besoin des soins de son équipe médicale.
«Oui.»
Il répondit calmement, d'une voix à la fois sombre mais parfaitement audible. Oberon n'était pas un adepte des grandes conversations et rien que le fait de s'être tant exprimé depuis le début relevait déjà du miracle. Comme ce simple "oui", il préférait les choses concises, sans jamais apporter d'ouverture au débat. Il se contentait de répondre aux questions sans se soucier de son interlocuteur, qui bien souvent, attendait quelque chose de plus détaillé ou bien à un rebondissement. Pas avec lui. Et pendant de longues minutes, il se tut, attendant que la personne près de lui se décide à poursuivre la conversation ou alors, à l'abandonner. Mais encore une fois, sa curiosité prit le dessus. Il avait envie de savoir pourquoi et surtout dans quelles circonstances, une humaine aussi ordinaire qu'elle a pu être exposé à de la magie. Enfin, pas si ordinaire. Une telle beauté ne se rencontrait pas tout les jours. Il se tourna à nouveau vers elle, les bras toujours croisé, le regard toujours aussi insensible.
Pourquoi s'était elle mise à discuter ? Elle savait pourtant qu'elle n'était pas douée pour cela, qu'elle devait encore travailler. Le jeu en valait-il la chandelle ? Était-elle si déterminée à savoir ce que lui cachait le blond qui se trouvait dans le lit qui jouxtait le sien ? C'était trop tard à présent, Aurore ne pouvait pas interrompre soudainement la conversation mais elle doutait de ses motivations premières. La simple curiosité n'était pas une raison valable pour importuner des inconnus aussi mystérieux soient-ils. Si sa mère la voyait, elle aurait honte de la scène pitoyable qu'offrait sa fille. D'abord, elle faisait une dépression à cause d'une "banale histoire d'amour" et ensuite, elle reniait toute son éducation. Elle se dégoûtait elle-même, quelle princesse indigne elle faisait. Quitter son royaume avait sans doute été la meilleure des solutions, elle n'aurait jamais eu l'étoffe d'une reine... Encore une fois, elle s'était perdue dans ses pensées, dans ses souvenirs du passé. Mais ce n'était pas le moment, la jeune femme avait une conversation à assurer. Elle avait encore failli replonger, mais chaque seconde était une bataille dans sa guerre contre elle-même, elle venait d'en remporter une, bien d'autres allaient suivre, mais elle n'allait pas perdre. Pas maintenant.
Elle se concentra donc sur le présent, elle venait de poser une question concernant les facultés magiques de son voisin de lit. Avant de douter d'elle même, elle se demandait si elle avait correctement posé sa question. Par ailleurs, malgré ses problèmes internes, Aurore arrivait à conserver un visage assez impassible, elle se sentait légèrement tendue et était fière de son corps qui ne la trahissait pas. Elle n'avait cependant pas toujours conscience de ses yeux qui avaient tendance à en dire plus qu'elle ne le souhaitait. Elle attendait donc la réponse du géant blond, son regard planté dans le sien, cherchant une réponses dans les yeux verts de son interlocuteur mais il les détourna. Elle se tourna dans la même direction, ne faisant pas attention à ses muscles qui criaient de douleur, attendant patiemment.
- Oui. répondit-il finalement, brisant le silence d'une voix moins forte que précédemment.
Aurore tentait tellement de ne pas se concentrer sur ses souvenirs et d'oublier la douleur de son corps, qu'elle fut quelque peu surprise quand le blond répondit enfin à sa question. Mais au moins, elle était sûre de ne pas faire de contresens, pas avec une réponse aussi simple. Elle se tourna de nouveau vers lui, attendant une suite à cette réponse mais il se tut pendant de longues minutes et elle fit de même. Peut être réfléchissait-il à autre chose, peut être ne voulait-il plus lui parler ? N'était-ce pas ce qu'elle faisait depuis le début de cette conversation ? En effet, la moitié du temps, non les trois quart plutôt, elle pensait à Philippe et sinon ne venait-elle pas de penser qu'il fallait qu'elle mette fin à cette discussion ? Peut être devrait-elle abandonner, vivre recluse dans la forêt jusqu'à ce qu'elle meure et rejoigne ainsi son bien aimé derrière les portes de l'au delà... C'est le grand blond qui la tira de ses pensées morbides, lorsqu'il se tourna de nouveau vers elle. La jeune femme retint un sursaut de surprise et se concentra dès que la discussion reprit, n'ayant pas vraiment eu le temps de se concentrer sur ses idées de mort prochaine.
- À quelle genre de magie as-tu eu affaire ? demanda le souverain.
Moi ? pensa t-elle. Surprise, elle haussa les sourcils. Enfin, si elle avait bien compris, il lui demandait comment elle connaissait la magie. Mais elle se demandait comment il pouvait s'être rendu compte qu'elle en savait plus qu'elle n'en laissait paraître... Il devait être assez puissant, après tout, n'avait elle pas l'impression qu'il lisait dans ses pensées depuis le début ? Elle devait se méfier... mais elle tenta tout de même de répondre :
- De bonnes fées ont tenté de m'offrir toutes les qualités du monde afin que je remplisse au mieux mon devoir, mais une méchante fée m'a jeté un mauvais sort, prédisant ainsi ma mort.
Voilà pourquoi elle était belle, intelligente, douée dans tous les domaines et faite pour être princesse, puis reine un jour. C'est ainsi qu'aurait été sa vie si la méchante fée n'avait pas jeté le sort sur l'unique héritière, alors qu'elle venait tout juste de naître, si une bonne fée n'en avait pas jeté un autre afin de rattraper le coup. Elle n'aurait alors pas dormi cent ans, n'aurait pas rencontré l'amour de sa vie et n'aurait pas réduit à néant les efforts de tous quand celui ci aurait quitté ce monde, la laissant seule et désespérée. Elle ne serait alors pas dans ce lit en train de penser au désastre qu'était sa vie.
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Oberon n'était pas quelqu'un de loquace et il fallait vraiment venir le chercher pour pouvoir lui soutirer de longues phrases. Quant à son interlocutrice, elle semblait constamment perdue dans ses pensées, n'offrant que de rares moments de demi-lucidité. Cette conversation pourrait durer éternellement. Du moins, jusqu'à ce que Jack se décide enfin à arriver. Il fallait compter au moins une heure et demie entre l'Organisation et Concordia et si ses sens ne le trompaient pas, cela faisait à peine 15 minutes qu'ils avaient débuté cette discussion. Il soupira intérieurement à l'idée de devoir prolonger un peu la conversation mais c'était avant tout pour satisfaire sa curiosité. Il avait généralement un bon instinct et quelque chose lui disait qu'il apprendrait quelque chose de très intéressant en parlant à cette jeune fille. Elle dégageait quelque chose de particulier, de presque surhumain, non pas dans sa force mais dans son être, dans ce qu'elle était et c'était sans doute cela qui titillait sa curiosité.
La blonde haussa les sourcils avec étonnement. À la base, c'était elle qui voulait en savoir plus sur lui et finalement, elle s'était retrouvé à la place de l'interrogée. Sa surprise trahissait également le fait qu'elle avait bel et bien été en contact avec le monde de la magie. Oberon avait beau avoir de grands pouvoirs en matières de télépathie, il éprouvait beaucoup plus de fierté à découvrir les secrets des autres par la simple observation.
«De bonnes fées ont tenté de m'offrir toutes les qualités du monde afin que je remplisse au mieux mon devoir, mais une méchante fée m'a jeté un mauvais sort, prédisant ainsi ma mort.»
répondit-elle assez timidement, comme s'il avait peur d'en trop dire. Il était naturel de se méfier, surtout si la personne à qui vous vous adressez lit en vous comme dans un livre ouvert. Néanmoins, le peu qu'elle dit réussi à interpeller le souverain. Des yeux grands comme des oranges, il serra fortement le poing, déformant le drap blanc qui recouvrait son lit. Des bonnes fées? Il n'en revenait pas. Il avait entendu parler de ces fées qui étaient dotées du pouvoir d'offrir à qui elles le désiraient, n'importe lequel des dons existants sur terre. Elles étaient quasiment des légendes, au sein même des fées, disposant d'un pouvoir, certes peu utile en combat, mais extrêmement puissant. Cela expliquait la formidable beauté de cette jeune fille et peut-être même plus, à en croire ce qu'elle lui disait. Mais quelque chose le tracassait, ou plutôt le dérangeait au plus haut point. Oubliant complètement de se retenir, il laissa ses pensées filer à travers sa bouche.
«Pourquoi des fées auraient-elles accordées leur bénédiction à des humains? Cela n'a pas de sens!»
On pouvait sentir un brin de frustration de colère dans la voix d'Oberon. Il ne pouvait pas supporter l'idée même que des fées aussi puissantes usent de leur magie pour des créatures aussi indignes et imparfaites que les hommes. Tant de gâchis, tout ça pour...un résultat aussi désastreux que cette jeune fille. Effectivement, elle était belle, elle pouvait avoir énormément de qualités, il était clair que cela restait un échec, surtout sur le plan psychologique. Se rendant compte qu'il s'était légèrement emporté, il soupira doucement pour évacuer sa colère, lui permettant de penser de façon un peu plus claire. Il analysa plus précisément ce que la blonde venait de lui dire. Une méchante fée lui aurait lancé un sort de mort a-t-elle dit? Un seul nom lui vint à l'esprit. Parmi les bonnes fées, il y en avait une qui avait la très mauvaise réputation de donner de mauvais dons. Selon les régions, on la connaissait sous le nom de Maleficent ou Carabosse. Il se tourna alors vers la jeune fille, la regardant toujours aussi froidement mais cette fois-ci, d'un air beaucoup plus inquisiteur. Quelque chose l'avait encore plus intrigué.
«Si une fée aussi puissante que Maleficent t'as jeté un sort de mort, comment peux-tu être encore là?»
Elle avait répondu à la question. Même si elle en avait dit peu, pourquoi se livrait-elle à un inconnu ? Elle ne le connaissait pas et ce n'était pas son genre de se mêler des affaires des autres comme cela. Mais elle l'avait fait, comme ça, sous le coup de l'inspiration. Aurore avait tendance à enfouir beaucoup de choses en elle, sa tristesse et sa douleur, elle les gardaient. Elle n'était pas du genre à se confier, enfin, sauf à Philippe... De plus, le problème de la langue renforçait ce sentiment d'exclusion qui la poussait à se renfermer sur elle même. Une barrière se créait entre elle et les autres et elle avait du mal à la franchir. Enfin, la perte immense qu'elle avait connu voilà quelques temps l'accablait, encore et toujours, l'empêchant de se concentrer sur la belle et joyeuse vie qu'elle pourrait avoir. Et elle n'arrivait pas à changer, les mêmes problèmes revenaient à chaque fois qu'elle les surmontaient afin de l'empêcher de vivre tranquillement et pleinement. Elle avait du mal à garder la tête froide et son esprit avait tendance à divaguer un peu trop. Alors, pourquoi ? Elle qui n'était plus qu'une épave qui, pour être heureuse, devrait mourir. Mais elle n'en était pas encore tout à fait là. Pour le moment, le mieux pour Aurore était de discuter, dans cette infirmerie, avec son voisin de lit.
- Pourquoi des fées auraient-elles accordées leur bénédiction à des humains ? Cela n'a pas de sens ! répondit le blond.
Aurore ne comprit pas d'où venait la colère qui transparaissait dans la voix de son interlocuteur. En effet, elle avait quelques difficultés pour se concentrer sur la conversation, alors tenter de comprendre les sentiments des autres était une tout autre affaire. Par ailleurs, elle ne comprenait pas la réponse du souverain. Pas au niveau de la traduction, pour cela, elle était assez fière d'elle, mais au niveau du contenu en lui même. En effet, car, si elle avait bien compris, les fées ne devaient pas venir en aide aux hommes. La jeune femme était assez perplexe car ces dires remettaient quelque peu en cause une partie de son éducation. Le blond ne partageait visiblement pas les opinions de son royaume mais elle aurait bien voulu savoir pourquoi. D'où lui venait cette idée que les fées ne pouvaient pas accorder leur bénédiction à des humains ? Finalement, il soupira puis, après avoir réfléchi pendant quelques secondes supplémentaires, il se tourna de nouveau vers elle et reprit la parole :
- Si une fée aussi puissante que Maleficent t'as jeté un sort de mort, comment peux-tu être encore là ? demanda t-il d'un ton froid.
Aurore, ne s'attendant pas à attendre le nom de celle qui avait réduit sa vie à ce qu'elle était aujourd'hui, eu un choc. Ce nom la remplit de colère et de haine mais aussi de peur et d'une très légère pointe de gratitude. Une fois la surprise passée, quelque chose l'intrigua et elle commença à ressentir vaguement la panique la submerger. Elle ignora donc la question du souverain et répondit froidement :
- D'où connaissez vous ce nom ? Elle est morte depuis très longtemps, alors comment la connaissez vous ?
Et comment peut il savoir que c'est elle alors qu'elle vivait il y a cent ans...? pensa t-elle. Puis elle se rendit compte qu'elle s'était laissée submerger par ses émotions et qu'elle pouvait se retourner la question.