- On ne bouge plus !
- Ça, je n’en ai pas tellement l’intention, je marmonne.

Ma bouche est à deux millimètres de celle de Blue. D’ailleurs quand celle-ci s’en rend compte, elle me repousse violemment en poussant un cri… d’horreur. Ouais, c’était presque ma réaction à moi aussi quand j’ai vu sa tête.

- Vous-là, à terre !

Théoriquement… j’y suis déjà en fait. Blue frappe fort. Très fort. Mais, je n’ai pas envie de leur obéir. Malheureusement Mère-Grand nous a retirés nos armes, par peur de suicide sans doute. Sauf que maintenant, nous en payons le prix. Et Blue paye le prix de sa robe meringue qui l’empêche de se baisser. Résultat, elle va se faire fusiller. J’espère.

- Je vous ai dit à terre !
- Mais je ne peux pas bouger ! Bande de patates, ça ne se voit pas ?!

La pauvre n’empêche, et pendant que les trois hommes masqués contiennent la foule et que ma future ex-fiancée se donne en spectacle, j’en profite pour souffler, un peu, et me dirige lentement vers la vieille, en essayant de rester discret, le contraire de Blue. Mère-Grand a sûrement des armes sur elle, et au pire je n’aurai qu’à me lever pour me recevoir une balle et me suicider. Ce n’est pas mal comme option non plus. Je mourrai en héros, ce qui est rare quand même pour un agent de Cooki. Malheureusement, ils n’ont pas encore commencé à tirer, et je suis déjà à côté de la vieille. Pourquoi tant de haine ? Et surtout, pourquoi ne tirent-ils pas ? Je n’ai pas à m’en formaliser pour le moment, et me contente de demander un revolver à Mère-Grand, en lui assurant que « Non, je ne me suiciderai pas avec ».

- Mais lâchez-moi bande de crétins !

Je me retourne à temps pour remarquer ma douce fiancée, entourée par des tas de prétendants. D’ailleurs, je la leur laisse s’ils insistent. Et même s’ils n’insistent pas d’ailleurs. Dommage, apparemment ils ne lui plaisent pas autant que ça. La preuve, elle les frappe déjà. Et dur en plus, j’en vois un qui valse jusqu’au premier rang, à mes pieds donc. Et là, je ne peux m’empêcher de demander :

- Vous êtes sûrs de ne pas vouloir l’épouser ?

Le mec me regarde comme si je viens de le demander en mariage - quelle horreur, je vais finir par y devenir allergique - et je profite de sa stupeur pour lui envoyer une droite et le pousser. Il me gâche la vue s’il ne veut pas prendre ma place. Puis d’ailleurs, il aurait pu faire du mal à des gens, ou à Red. En parlant de Red, où est-elle ? Ah si, elle n’est pas loin au second rang. Malheureusement, un des types bizarres non plus n’est pas loin, et vu que Red est petite, il pourrait bien essayer de la prendre en otage ou je ne sais quoi. Ils ont essayé avec Blue. Sauf que Blue, c’est Blue. Alors Red ne sait pas se défendre, ou pas contre des armes à feu du moins. Je me précipite vers la petite rousse, un revolver à la main, essayant de ne pas faire attention au reste. La vieille ne dit toujours rien, et fixe de son œil de vipère l’autel où je me tenais quelques secondes auparavant. Pourquoi ne fait-elle rien bon sang ?! Même si théoriquement... elle ne peut pas faire grand-chose.

- On ne bouge plus ! On se calme ou je dégomme la fillette !

Et merde. J'aime pas avoir raison. Mais pourtant, je n’ai pas envie de le laisser martyriser la petite. Blue me tuerait après, elle et un bon nombre de gens. Puis je crois que dans mon estime personnelle, je tomberais très bas. C'est pour cela que je n’écoute pas ses ordres et me contente de lui tirer dessus. La balle se loge dans la jambe, pas à un endroit dangereux, mais cela lui fera suffisamment mal pour qu’il lâche Red. Le voilà d’ailleurs qui s’écroule, libérant la petite rousse. Qui au passage, n’a pas trop bougé non plus.

- Red, tu files dehors.
- Pas question !

Elle m'énerve à contester mes... demandes, surtout que c'est pour sa survie quoi. J'ai pas trop trop envie de la voir tous les dimanches. Tous les dimanches au cimetière, je précise.

- C'en n'était pas une !