Après avoir marché durant pas mal de minutes, je me retrouvai en forêt. Je ne sus pas exactement combien de temps, peut-être une quinzaine de minutes ou une demie-heure ? J'avais pris soin de m'assurer que mes dagues étaient disposées à servir. Mon révoler, bien que présent, ne servirait pas. Je n'avais aucune envie de faire un trou à mon invité! A supposer qu'il vienne...  Heureusement, même si c'était le cas, les bois étaient très agréables. Cette impression de liberté, et de pureté! Ce n'était pas pareil que dans l'océan, mais je m'y sentais à mon aise. En pleine de ville j'avais quelques tendances à me sentir étouffée. En parlant d'océan, je commençais à ressentir une envie pressante de dégourdir ma queue. Il faudrait que je m'y rende plus tard encore... Une forme au loin attira mon regard. On aurait dit une maison. Je me demandais qui pouvait bien vire à l'intérieur. En tout cas, ces personnes devaient vraiment être bien loties. L'endroit parfait selon moi. Je n'osai pas m'en approcher. Et puis si ça se trouve la maison appartenait à des chasseurs ou des pratiquants de magie noire... Peut-être y vivait-il une secte ?  Bon on reste calme. Pas de crise de paranoïa, tout va bien. Je vais continuer mon chemin et tout ira bien.
Si Arthur venait, comment devais-je commencer la conversation ? Comment était-je censée me comporter ? Normalement je suppose, c'était le plus logique. Il devait probablement être un peu irritable encore, il me faudrait éviter les anneries. Pas stressée cocote, tout va bien... Toute seule dans ce bois, un peu sombre... Je me secouai la tête. Après avoir marché encore un peu plus loin, j'aperçus une nouvelle silhouette. Cette fois-ci elle ressemblait à une personne vivante. Han non le voila le fameux psychopathe ! Je brandis mon revolver et fermai les yeux.

- Ne vous approchez pas Monsieur le Psychopathe!!

Je rouvris les yeux lentement et découvrir le jeune homme de vert et de blanc, à l'allure athlétique, donc quelques mèches blondes dépassaient sa capuche. Je n'avais pas vu l'autre fois à quel point il était grand. Il faisait une tête de plus que moi sans aucun doute. J'émis un soupir de soulagement, puis un rire nerveux en voyant que je tenais le revolver contre lui. Je le rangeai immédiatement dans mon dos, dans son holster.

- Oui bien sur! Pardon j'étais en train de psychoter... Seule dans la forêt... En plus j'ai croisé une maison au loin... Bon bref voila. Je suis contente que tu sois venu!

Et c'était vrai. Il aurait pu préférer rester seul, ou faire autre chose... Peut-être même qu'il aurait continué à s'énerver dans son coin. Mais il était venu. Il paraissait plus serein et plus calme. Cela me fit plaisir. Je n'aimais pas voir les gens se faire du mouron. En plus de cela, il avait l'air sympathique, ça aurait été dommage de partir dans l'atmosphère et l'ambiance qu'il y avait auparavant.

- Alors! Épée si j'ai bien compris ? Pour ma part, ce sont les dagues. C'est quand tu veux!

Je ne m'attardais pas plus, je ne voulais pas l'ennuyer avec du blabla qu'il pourrait juger inutile.

Je rougis légèrement. Il devait me trouver ridicule... J'avais tendance à paniquer un peu lorsque j'étais seule ou dans des endroits peu rassurant,sombres... Arthur ne perdit pas de temps cependant. Aussi tôt dit, aussi tôt fait. Je le vis se mettre en position et tout aussi vite, dégainer son épée pour m'assener un coup. La lame se dirigeait vers mon côte. Bon sang, il était vif. Sa force et sa taille lui procuraient quelques avantages. Mais bien qu'il ne s'agissait que d'un combat amical, je comptais me laisser faire. Je tentai une esquive.
Que je ne réussis pas. Je sentis sa lame m'effleurer la peau. Ce n'était vraiment pas passer loin. Heureusement qu'il s'agissait d'un combat à blanc, car autrement, il m'aurait entaillé la peau sans difficulté.
Malgré tout, je comptais riposter. J'écartai le haut de mon corps sur ma gauche tout en gardant les pieds bien fermes sur le sol sans les bouger et visai son cou de ma dague gauche, tandis que ma dague droite protégeait mes arrières.

Son esquive me fit décocher un nouveau sourire. Pas de doute, il était vraiment très doué. En une fraction de seconde, il avait deviné où je comptais attaquer, et avait réussi à esquiver ce coup là. De plus, il enchaine avec une nouvelle attaque. Aie, celle là, je la sentais moins bien encore. Précis, et sûr de lui il mit toute sa force en direction de mon ventre. S'il réussissait son attaque, il pourrait m'embrocher avec aisance, comme si j'étais un morceau de viande que l'on piquait avec un bâtonnet.
Et chiotte. J'aurai dû ne pas trop penser à ce moment là et restai concentrée.  Ma cheville, mal positionnée, me fit perdre l'équilibre et je tombai par terre. Je fixai son épée devant moi. Je déglutis, en tremblant légèrement. Je ne bougeai plus du tout, en attendant de voir ce qu'il comptait faire. Esquive échouée, contre-attaque échouée... Piètre performance... Mon regard se posa dans ses yeux bleus.

- Je crois que je serais morte à ce moment précis...

D'ailleurs, il avait encore la possibilité de m'embrocher. Certaines personnes malintentionnées en profiterai sans nulle doute.

Sa réaction me fit plaisir. Il était très fair-play, ça non plus ce n'était pas courant. Arthur avait l'air content. Tant mieux, c'était fait pour. Et pour être honnête, moi aussi... Il me tendit sa main, que je saisis avec plaisir, en tenant ma dague de deux doigts seulement pour ne pas lui couper une phalange. J'entendis sa question. Je n'avais pas de raison de lui mentir, d'inventer une histoire, alors je répondais la stricte vérité. Bien que j'avais une énorme peur quant à sa réaction.

- En fait, c'est lorsque j'ai quitté les eaux à mes 15ans, car c'est de là que je viens. Je suis rentrée chez le GML, et j'ai appris à manier les armes. Les dagues me convenaient parfaitement. Et toi ? Tu as l'air d'avoir reçu un entrainement très poussé.

Bien sur, le "jeu" n'était pas terminé. Aussi en profitai-je pour serrer d'avantage son poignet  pour retourner son bras derrière sa nuque. La pointe de la dague que j'avais écarté quelques instants plus tôt se retrouverai bientôt à quelques centimètre de son cou. La seconde main passa sous la sienne qui tenait l'épée afin de bloquer son bras, me permettant bientôt de pointer ma dague secondaire juste au dessus de ses hanches, proche de son intestin.

Ce fut à mon tour d'être surprise, j'étais persuadée qu'il tenterait quelque chose comme se baisser, ou même avec sa force il aurait probablement pu renverser mon poignet. Je relâchai ses deux mains.

- Pardon. Je ne tiens pas non plus à te trancher la gorge, je te rassure. Riai-je à mon tour.

Je me concentrai sur ce qu'il disait. C'était donc bien un agent. Mais visiblement, il ne comptait pas me détester de travailler pour le loup.

- Tant mieux... Devoir tuer ou faire du mal à des gens sous prétexte qu'ils sont dans une organisation "adversaire", ça ne me plaît pas. Le Loup et MG n'auront qu'à ne pas être au courant.

Je marquai une pause quand il dit qu'il m'aimait bien. Je baissai la tête, un peu rougissante. Je n'avais tellement pas l'habitude de recevoir des compliments. Ainsi il avait appris tout seul, depuis ses 16ans. Impressionnant. Et combien cela pouvait-il faire à présent ? 2 ans ? 5 ans ? Je ne sus dire exactement. L'apparence était souvent trompeuse. Certes il avait des traits particulièrement fins,  il n'avait pas l'air pour autant jeunot. En tout cas, il était vraiment doué.

- En fait, je suis née dans l'océan. Je suis une sirène, j'ai une queue avec des nageoires, enfin seulement quand je suis dans l'eau. ça doit faire un peu bizarre dit comme ! Je passai une main dans mes cheveux, avec un air amusé. Tu m'as dit tout à l'heure que ta maison était dans les bois ? Effectivement, ça devait être celle que j'avais croisé plus tôt.

Je ne savais pas ce qu'il souhaitait faire à présent. S'il voulait encore s'entrainer, s'il voulait discuter ou s'il voulait bientôt partir. Pour ma part j'avais du temps, je m’accommoderais à ses souhaits.

Je m'attendais à ce qu'il me regarde bizarrement, qu'il m’imagine en poisson, me dévisage, ou pire qu'il ait une furieuse envie de partir... ça ne m'aurait tellement pas étonné. ça m'aurait rendu profondément triste, ça c'était sûr. Mais je pensais que ça serait ainsi. Mais il avait réagit tout à fait bien en apprenant que je travaillais pour le Loup, on avait même des opinions identiques. Sa seconde réaction concernant mes petits secrets ne me déçut pas non plus. Je sentis ses mains sur mes épaules et ses yeux s'approcher pour regarder fixement les miens. Il avait l'air tout excité. Je ne pus m'empêcher d'émettre un gigantesque sourire jusqu'aux oreilles. J'eus l'impression d'être un personnage d'histoire, une peu comme une légende qui venait de faire surface dans le monde réel.

- Avec joie ! Je me suis trouvé un appartement tout près de falaises et de la plage, ce qui me permet d'aller rapidement dans l'eau. Mais on peut aller à ce lac si tu veux! Par contre, je te demanderais juste de te retourner quand on arrivera. Je suis obligée d'enlever une partie de mes vêtements pour plonger, sinon ils sont trempé... Autrement je te suis ! Alors comme ça tu n'en as jamais vu ? Tu vas rire mais lorsque je t'ai vu pour la première fois, j'ai cru que tu étais un elfe... Les personnes aux oreilles pointues m'ont toujours tellement intriguées...

Je commençais moi aussi à être surexcitée. C'était inimaginable. Je m'apprêtais à la suivre jusqu'au lac, je le laissai entamer le pas.

Il commença à marcher. Je le suivis. Il connaissait sans aucun doute mieux que moi les lieux, surtout qu'il vivait à quelques pas d'ici. Il devait souvent s'entrainer au milieu de ces gigantesques arbres, à l'abri des regards. Je m'arrêtai deux petites secondes lorsqu'il retira sa capuche. Oh mince !! Je me permis de m'approcher plus près pour les observer. Et dire que Noémie avait les mêmes. Chouette !

- Han ! Merci beaucoup ! Je comprends. Ce n'est pas fréquent comme tu le dis si bien, ça ne passe pas inaperçu. Il n'y a que de près que l'on peut les discerner, c'est comme ça que j'ai pu voir les votre à ta sœur et toi. J'aurais bien aimé m'en faire pousser ! riai-je à nouveau.  Dans mon peuple, les légendes des hommes aux oreilles pointues sont répandues. Elles sont signes de noblesse, et sont assimilées aux Elfes en effet. Je ne pensais pas en voir un jour vrai. Nulle doute que tu deviendras l'un des meilleurs! Tu es très doué, et tu possèdes une détermination impressionnante.

Probablement aussi que devenir toujours plus fort lui permettrait de protéger sa sœur. Une fois arrivés au lac, j'admirais l'environnement avec des yeux curieux et ébahis. Je n'étais encore jamais tombé sur ce lac. Il aurait sans doute fallu que je me perde pour le trouver, il était bien enfoui dans le bois. Peu de personnes devaient le connaître. L'endroit était paisible et magnifique. Il y avait un léger vent qui venait secouer les feuilles d'arbres. Quant au lac, l'eau me donnait envie de plonger tout de suite. Cependant je notais qu'elle était trop trouble pour que l'on puisse voir correctement à travers.

- Oui comme tu dis, c'est charmant ! Je sais où je ferais mes prochaines promenades. ça donne envie d'y rester un long moment. répondis-je avec des yeux admiratifs.

Je me mis dans son dos et retirai timidement mon haut ainsi que mon jean et mes baskets, pour ne garder que mes sous-vêtements. Heureusement pour moi, il y avait une branche à peine plus haute que moi juste à côté. Je rentrai doucement dans l'eau. Elle était plutôt froide, mais j'étais habituée à toute sorte de température. Une fois totalement immergée, les écailles apparurent sur mes jambes laissant place à ma queue de poisson émeraude. Je m'assurai d'être suffisamment trempée pour que ma queue reste ainsi quelques minutes en dehors de l'eau. Je me redressai et grimpai sur le bord. Ainsi il pourrait voir sans difficulté.

- ET voila, dis-je avec toujours une once de timidité.

Je tentai de dissimuler mon petit rire quand je le vis devenir rouge pivoine. Je ne voulais pas qu'il pense que je me moquais de lui. Bien au contraire. Chez moi les légers rires que je pouvais émettre caractérisaient généralement la bonne humeur. Je ne me serais de me moquer. Oh la la non, je n'étais pas comme ça ! Surtout qu'il n'y avait aucune raison à cela. Ses oreilles s'agitèrent très légèrement, c'était mignon.

Lorsque je fus sur le rivage, et qu'il se retourna, ma première réaction fut de détourner les yeux. Pour mon peuple les gens étaient toujours dans cette tenue, cela me paraissait normal. Mais là c'était un humain, un garçon, je ne pouvais pas m'empêcher de me sentir gênée. Je savais cependant qu'il n'y avait rien de mal, et il avait très envie de découvrir, un peu comme moi avec ses oreilles. Visiblement, je n'étais pas seule embarrassée. Après avoir détourner le regard quelques secondes je vis qu'il m'observait attentivement tel un objet d'étude que l'on venait de découvrir. J'essayai de me mettre à sa place. Cela devait effectivement être assez, impressionnant, étonnant ! Un gros poisson mi humain d'1m80! Et pourtant, j'étais tellement plus petite que les autres... Je me mis à bafouer lorsqu'il me demanda de toucher mes écailles. Je n'avais pas osé lui demander pour ses oreilles, mais c'était totalement la même chose. C'était amusant. C'était trèèèèèèèèèès gênant, mais amusant. Je n'eus pas le temps de songer à ma réponse plus longtemps qu'il changea de sujet. ça ne me dérangerait pas. Qui n'a jamais eu envie de toucher la peau d'un animal sauvage inconnu ? De caresser le dos d'un requin dans un bassin ? C'était inédit pour lui!
Mon expression se figea quand il commença à se déshabiller. Je n'eus pas le temps de fermer les yeux car il plongea dans le lac. Mince il allait geler là dedans ! Je ne pus refuser sa proposition. En effet, il avait raison.

- Avec plaisir ! Comme tu dis, je rêvais de me dégourdir les nageoires! Dommage que Polochon, mon poisson, ne soit pas là, il faudra que je te le présente. Il est adorable. Attention aux éclaboussures !

Je piquai une tête. Une vague vint éclabousser les alentours. Le lac était assez profond. Quel plaisir ! Je n'aurais pas l'impression d'être une sardine en boite. Apercevant les jambes d'Arthur je me rendis compte que j'étais toujours sous l'eau.

- Pardon, c'est vrai que tu ne peux pas respirer sou l'eau, dis-je en remontant à la surface.


Quelle cruche. Oui lui était capable de se noyer. D'ailleurs, dans certaines histoire c'est ce que font les méchantes sirènes! Donc on évite de plonger plus de 2minutes... Cruche cruche cruche... Noémie n’apprécierait que je lui rende son frère en disant qu'il avait failli se noyer par manque de prudence. Bien évidement, même s'il perdait connaissance, je ne comptais pas le laisser mourir là dedans. Après cette bataille mentale, je me concentrai sur mon ami et commençai à nager doucement.

Il m'envoya une giclée d'eau. Hey! Attend un peu toi !   Je replongeai sous l'eau, préparant avec malice mon prochain coup. Je mis mes mains le long de mon corps et agitai mes nageoires pour le rejoindre.

- ça c'est sûr que tu es bien mieux encadrer que s'il y avait une escadrille de maitre nageur! Répondis-je en riant, bien qu'il ne pouvait à son tour répliquer.

ça aussi c'était un bon avantage, pouvoir parler sous l'eau sans difficulté. Mais effectivement, je n'hésiterais pas à le repêcher s'il avait un souci. ça m'était arrivé souvent d'ailleurs. Des personnes échouées, des barques renversées avec des bonhommes à la mer... J'avais beau me faire disputer par mon père, je n'allais tout de même pas laisser ces pauvres gens se faire noyer ! Surtout pas les gens que j'appréciais qui plus est. Je vis qu'il eut besoin de remonter à la surface. Cela ne devait vraiment pas être drôle pour lui. J'étais prête à remonter dès qu'il le souhaitait. Nous nageâmes côte à côte. il se débrouillait vraiment bien.  J’accélérai légèrement pour me retrouver devant lui. ainsi je pus donner un grand coup de nageoire pour lui envoyer une vague.

- C'est vrai je triche cette fois-ci! Bien que je risque de souvent gagner à ce petit jeu, tu m'as mis une raclée tout à l'heure au combat !

En effet. Il avait dit avoir abandonné, mais clairement, c'était lui le vainqueur. J'avais seulement profiter du moment où il m'avait tendu la main. Mais tout cela n'était que de la taquinerie, j'espérais qu'il le savait. On n'était bien loin de l'atmosphère pesante de tout à l'heure. Quelle joie.