Alors que le jeune Jack Frost rentrait dans la maison, comme si c’était chez-lui, quel sans gène dit-donc, il ne se contentait que d’un petit « bonjour » de son colocataire.
Hummm, pas très accueillant celui-là, il faut croire. Par ce que bon, pas un seul sourire, pas une seule once de fantaisie, c’est un peu ennuyeux. Et Jack déteste l’ennui, il le déteste au plus haut point. Rouvrant ses petits yeux d’un bleu profond que son colocataire avait eu le temps de détailler quelques secondes, le nouvel ami se replongeait dans son bureau. Il était certes sale, recouvert de suie de bois, de chutes et autres poussière, il était aussi tout désordonné. Du bordel partout dessus, ce qui ne manquait pas de faire rire intérieurement notre petit Jack qui s’amusait à le voir fouiller avec ardeur pour espérer retrouver ce quelque chose qu’il convoitait tant.
Il ne manquait pas d’originalité celui-là on va dire… Est-ce que c’était une tradition chez lui de saluer les gens en fouillant un bureau avec, à la limite, quelques gouttes de sueur dues au stress qui perlaient sur son visage. Franchement, Jack se retenait bien de rire en le voyant de la sorte. Joyeux moqueur dans l’âme, la seule chose qui le retenait, c’était de prévoir que son nouvel ami allait se vexer s’il éclatait de rire comme un enfant de 10 ans
qu’il était . Il ne voulait surement pas commencer une nouvelle possible amitié avec ce jeune homme pareillement. Oh non, il n’avait pas envie de commencer ça en ayant fait une gaffe à réparer.
Mais alors que l’anonyme, on ne pouvait plus vraiment l’appeler l’inconnu maintenant, trouvait enfin son graal, il changeait du tout au tout. Arborant une expression plus naturelle, une expression plutôt rassurante d’ailleurs, changeant de ton et aussi d’éloquence, le jeune homme des flocons avait vraiment du mal à y croire !
- « Buongiorno Tesoro ! Je suis Lorenzo Giovanni, ton colocataire, fabricant et vendeur de marionnette, et propriétaire actuel de cette petite résidence. Tu es bien Jack Frost, ou je me trompe? »
A cette nouvelle salutation des plus raffinée, même un peu trop pour le jeune homme du moyen-âge, Jack Frost était tout crispé à l’idée de répondre à ce jeune homme qui semblait être finalement beaucoup plus civilisé que lui. Sa gorge se séchait, il déglutissait, ses yeux ne voulaient même plus cligner et il avait une horrible grimace qui commençait à se dessiner sur sa petite bouille toute jeunotte.
«
Qu’est-ce que je lui répond, qu’est-ce que je lui répond ?! » Se répétait le pauvre Jack qui se torturait la tête pour trois fois rien. Lui qui prend tout à la légère en habitude, pour ce genre de situation, il le prenait vraiment à cœur. Devait-il remonter à son niveau de langage, histoire de ne pas voir le regard déçu de son colocataire ? Devait-il, au contraire, répondre comme lui le ferait, au risque de le décevoir et de, justement, devoir réparer cette gaffe plutôt que celle de l’éclat de rire ?
Aaaah ! Jack n’en pouvait plus de réfléchir autant ! Intérieurement, son cerveau explosait, donc… il implosait oui. Mais, extérieurement, il ne faisait qu’un mouvement de tête. Il hochait la tête négativement, oubliant totalement la question de sa nouvelle connaissance, en guise de «
non, je ne sais pas quoi faire ! »
Mais, alors qu’il voyait l’expression du travailleur changer du tout au tout, le jeune Jack eut le courage de répondre oralement à la question, une fois que celle-ci lui était revenue en tête.
Gardant son mouvement négatif de la tête, il finit par répondre doucement, limite en bégayant :
- «
O…Oui… »