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05.09.16 - En RP nous venons de passer au printemps ! Profitez de la douceur des températures pour visiter Chantilly et son parc fleuri.
05.08.16 - Agence Cooki fête ses quatre ans ! C'est qu'il devient un grand garçon. Merci à vous nos petits membres adorés ♥
31.08.16 - Vous l'avez attendu, le voici enfin ! Le dernier numéro du LPV à lire ici avec des interviews exclusives !
05.08.15 - Le voici le voilà, le numéro de l'été ! Avec son concours Mister Chantilly et tous ses petits articles croustillans, à lire ici !
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Une belle journée venait de poindre sur Chantilly. Rayons doux du soleil, ciel bleu parsemé de quelques nuages pâles et les bavardages des passants qui s’ajoutaient à ce beau tableau de ville tranquille. Le printemps était déjà bien avancé et les habitants s’enchantaient de journées comme celle-ci où les pulls seraient abandonnés au profit de débardeurs et autres vêtements d’été.
Ondine, toujours vêtue de son long t-shirt qui lui tombait en dessous du postérieur, avait décidé de continuer ses visites des lieux qui composaient Chantilly. Elle avait déjà fouillé les locaux de l’organisation, la « troupe de théâtre » comme elle l’appelle, ouvrant au hasard des portes diverses qui l’avaient amené plus d’une fois à déranger des agents, tous plus étranges les uns que les autres. Elle n’était pas beaucoup sortie en dehors de la ville, car elle regorgeait de tant de petites ruelles que la jeune fille ne savait pas vraiment où donner de la tête. Pour s’y retrouver elle était donc allée frapper, car GML lui avait dit que les humains faisaient de la sorte avant d’entrer, au bureau de son patron pour lui demander où aller. Pris de cours, l’animal parlant lui avait proposé de se trouver un compagnon pour partir en mission, mais Ondine s’étonnait de sa proposition « Beh, je vais pas partir autre part alors que je n’ai pas tout visité ! » Ainsi GML lui avait fait une liste des endroits que la nymphe pourrait explorer jour après jour, comblant ainsi son désir de découverte jamais rassasié.
Liste en main, Ondine, un sourire ravi sur le visage, gambadait dans les couloirs de l’organisation en direction de la sortie. Étape numéro une, le bois. Le grand loup lui avait indiqué qu’un grand point d’eau pourrait faire son bonheur en plein milieu de la forêt. Ni une, ni deux, Ondine fila à toute allure et l’on ne put apercevoir que sa longue tignasse blonde volant derrière elle telle une cape dorée.
Le bois n’était pas un lieu qui pourrait être qualifié d’accueillant. Les grands arbres grimpant jusqu’au ciel le cachaient en partie. Et sans le soleil persistant qui se glissait parmi les branches, on n’y verrait pas à deux mètres. Cela importait peu à notre protagoniste qui, enchantée, commençait son exploration minutieuse. L’odeur un peu humide de la forêt gonflait ses poumons d’un air frais, légèrement parfumé comme les doux effluves d’un endroit oublié. La forêt grouillait de vie, et nul ne faisait attention à la petite nymphe qui, légère et discrète, se faisait facilement oublier dans cette grande étendue verdoyante. Elle n’avait pas pris de chaussures, n’ayant pas encore le réflexe d’enfiler quelque chose sur ses pieds, et ses orteils s’enfonçaient dans le mélange de terre et de mousse qui recouvrait le sol. Ondine adorait ça, sentir la vie s’agiter autour d’elle sans que sa présence ne dérange. Le chant des oiseaux rebondissait d’arbre en arbre, une chorale désordonnée qui annonçait la venue des beaux jours, et la jeune fille se mit à chanter. Le temps sembla ralentir, les animaux qui sautaient de branche en branche se stoppèrent et la forêt devint si immobile que le paysage aurait pu être simplement un tableau. Les paroles étaient incompréhensibles, elles provenaient d’un dialecte étrange venu du fond des eaux, connu des ondines uniquement et qui semblait empoigner le cœur de quiconque pourrait écouter ces notes... comme un sortilège.
Une bonne heure était passée depuis que la nymphe était entrée dans ce bois, la balade matinale semblait la ravir et les chemins qu’elle avait pris au hasard ne lui permettraient pas de rentrer de suite : il était incontestable que la jeune fille était perdue, mais cela l’importait peu. Ses pas la menèrent jusqu’à une grande clairière nimbée de soleil. L’herbe y était haute et douce, gorgée de lumière. Mais ce qui attira l’œil d’Ondine était juste au-delà de cette beauté : ce que GML lui avait promis, de l’eau. Pas une simple fontaine comme à Chantilly, mais un vrai étang, aussi large que long, dont la transparence était telle qu’on y voyait la moindre plante, le moindre poisson.
L’ondine ne se fit pas prier, l’eau semblait l’appeler comme une vieille amie croisée sur le trottoir d’en face. Elle courut à travers la clairière, laissant des traces d’empreintes de pieds sur l’herbe encore humide de la rosée du matin. Au moment même où son corps entra en contact avec la surface dans un bruit sourd, les oiseaux quittèrent leurs nids d’un envol collectif. Dans l’étang, la jeune fille n’en était plus vraiment une, son corps d’humaine n’existait plus et elle ne faisait désormais plus qu’un avec l’eau. Elle y resta un temps incalculable, fouillant les moindres recoins, profitant de la sensation d’être à nouveau elle-même, sa nature, et non ces petits bipèdes dont le corps ne supporte pas d’être immergé trop longtemps.
Ondine ne comptait pas sortir de sitôt, et si quelqu’un venait à observer l’étang de l’extérieur, il y verrait tantôt une étendue paisible et calme, tantôt des gerbes d’eaux s’élevant haut dans le ciel et retombant doucement, à la manière d’une danse aquatique exécutée par une force invisible.
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Existait-il un endroit suffisamment paisible dans tout Chantilly, où un grand roi des fées puisse méditer? Il s’agissait là de la question du jour pour Zephyrius. Car depuis plusieurs nuits, le jeune homme avait été balloté par les vents impétueux de ses missions, sans parler de ses nombreuses responsabilités liées à son rôle de dirigeant. Avec un tel rythme de vie, le repos n’était jamais permis. Mais même les plus grands et les plus forts avaient besoin de se ressourcer. Car si la branche de bambou était reconnue tant pour sa souplesse que sa robustesse, sans eau et nutriments, elle finirait inexorablement par se briser sous les coups du vent. Alors la comparaison n’était peut-être pas la plus pertinente car physiquement, Oberon n’avait ni faim ni soif. En revanche, son esprit avait besoin de ce qu’on appelle très simplement, l’équilibre. Son esprit a faim.
Quels choix s’étaient présentés à lui?
Son palais aurait dû être l’endroit parfait pour trouver la plénitude. Mais l’environnement était déjà bien saturé, étant un lieu de vie débordant d’activités. La magie y était également très présente, ce qui aurait sans doute perturbé sa séance de méditation. Sans parler du fait que sujets n’auraient eu de cesse de le déranger pour régler les incessantes affaires du Royaume.
Puis il y avait la salle d’entraînement de l’Organisation. Oberon se trouva vraiment stupide d’avoir pensé à cette éventualité. La dernière fois qu’il s’y était présenté, il avait dû gérer une humaine folle furieuse qui insistait pour se mesurer à lui. L’expérience ne fut pas si déplaisante, on pourrait même dire qu’elle fut amusante. Mais si toutes les bizarreries qui travaillaient pour le loup se passaient le message afin de venir emmerder Oberon chaque fois qu’il mettait les pieds au QG…
Alors il ne restait plus que la nature sauvage. C’est pour cette raison que le jeune homme se trouvait en cet endroit, flottant dans les airs à plusieurs centaines de mètres au-dessus d’une vaste clairière au milieu de laquelle trônait une étendue d’eau cristalline. Le gigantesque collier forestier qui entourait la place n’était pas des plus accueillants quand on le connaissait, mais d’en haut la vue était absolument magnifique. Les couleurs du ciel printanier étaient des plus belles ; des trainées de nuages fins tourbillonnaient, poussé par une légère brise. On pouvait apercevoir quelques animaux, certains encore endormis, et qui ressemblaient à de petits insectes perdu dans un immense champ de blé encore vert. Le point d’eau avait des reflets étranges, sûrement un effet de l’onde lumineuse frappant l’élément aqueux et ses mouvements imprévisibles.
Ce fut à ce moment-là qu’Oberon senti sensiblement son esprit s’apaiser. C’est à ce moment qu’il trouva dans la pureté de l’air la véritable cause du changement de son humeur, et du retour de cette paix intérieure qu’il avait perdu depuis si longtemps. Le souverain lévita tranquillement en direction de l’eau avant de s’immobiliser à quelques centimètres au-dessus. Il adopta alors la position classique à toute méditation, le tailleur.
Oberon était toujours vêtu de sa grande armure dorée : son casque munit de grandes hérisses dorées, un large col lui arrivant à la hauteur de ses joues afin de protéger sa nuque, de larges épaulettes en forme d'ailes, un buste sculpté, des plaques protectrices sur les bras et les jambes, des gantelets et des grandes bottes recouvrent ses mains et ses pieds. Afin de pouvoir se mouvoir dans les airs, le roi des fées avait déployé une paire de grandes ailes munis de plumes tranchantes semblables à des lames faites d’or. Le tout lui donnant une allure quasiment divine, accentuée alors par une épaisse aura bleu qui se dégageait de lui alors qu’il débutait sa méditation, joignant ses mains par la même occasion.
Oberon retrouva une facilité dans sa respiration, plus de légèreté dans ses tissus de chairs, plus de sérénité dans son âme ; tout le contraire de ses affrontements où son esprit et ses muscles étaient constamment soumis à un violent stress. La méditation avait quelque chose de grand et sublime, qui lui donnait la sensation de s’élever au-dessus de la réalité, des soucis, des hommes. À un point qu’on y laissait les sentiments terrestres jusqu’à toucher une partie de notre être, de notre univers qui nous paraissait alors si souvent inaccessible. Le grand blond se senti alors entrer dans ce que nous pourrions qualifier d’harmonie, grâce à laquelle il sentit en parfaite synchronisation avec son élément : l’eau.
Les flots commencèrent alors à s’agiter autour de lui, entrant dans une danse frénétique avant de s'harmoniser lentement et d’effectuer des mouvements gracieux dans les airs. Oberon ressemblait à présent à un objet stellaire autour duquel l’eau gravitait. Les mouvements aqueux se firent de plus en plus intense au fur et à mesure que la méditation se poursuivait. De grandes quantités de liquides étaient à présent en mouvement, formant des trombes à plusieurs endroits au-dessus de l’étang. Les molécules passaient de l’état liquide à l’état gazeux avant de se transformer en de minces cristaux de glace sous la forme d’une pluie verglaçante, pour finir par terminer son cycle et revenir sous sa forme aqueuse. Un ballet qui avait quelque chose d’effrayant et de féerique à la fois.
Cependant, quelque chose perturbait Oberon. Dans sa recherche de l’équilibre, son esprit était à présent extrêmement sensible à tout ce qui l’entourait. Et il sentit bien qu’une sorte de présence, une sorte de forme de magie était à l’œuvre autour de lui. Qu’est-ce que cela pouvait bien être?
Puissance. Pureté. Douceur. Tantôt violente, déchaînée, féroce et mortelle. Tantôt essentielle, calme, apaisante et silencieuse. Il est difficile de qualifier avec précision et véracité l’Eau. Elle est incontrôlable, nulle épée ne peut l’arrêter, aucun être ne peut la demander. Si l’Eau se meurt, elle entraîne avec elle le reste du monde. Si l’Eau se fâche, elle entraîne avec elle le reste du monde. Être la fille des eaux ne résume pas à la plier à sa volonté. Elle est une matière aussi fragile que puissante, dont la manipulation requière avant tout concentration. Ondine le sait bien, et l’Eau est son bonheur avant d’être sa force. Elle n’en exige rien, elle ne fait que questionner. C’est avec une joie sans fin qu’elle ne fait qu’un avec elle en abandonnant son corps au fin fond des eaux pour devenir cet esprit qui habite les lacs des histoires les plus anciennes.
Le temps s’écoule si vite lorsqu’on ne pense à rien. Ondine avait plongé dans cet étang depuis quelques heures déjà, et le soleil se reflétait sur la surface, tentant sans relâche de percer entre les branches des arbres épais qui composaient le bois. C’est à travers le mince miroir de l’eau que s’épanouit le ciel, et c’est à l’intérieur que s’épanouissait notre protagoniste, encore ravie d’avoir déniché un endroit pareil, dont la tranquillité apaisait les cœurs les plus lourds.
A sa grande surprise, elle n’était visiblement pas la seule à connaître cet endroit. Tapis dans l’étang, ses yeux perçants fixés vers le ciel, elle y aperçut une forme, une ombre se rapprochant petit à petit de son coin de paradis. L’inconnu s’établit juste au-dessus d’elle, comme assis en tailleur sur un trône surplombant la surface, tel un Roi. Ondine était en colère, son programme de la journée était si simple : s’amuser dans son élément sans que des petits humains viennent la déranger avec leurs coutumes étranges de jeter des pièces dans l’eau, comme il était le cas lorsqu’elle allait dans la fontaine. La voilà perdue au milieu d’une forêt, une si belle étendue d’eau rien que pour elle, et il fallait encore que quelqu’un arrive sans prévenir.
Mais la colère laissa rapidement place à la curiosité dans le cœur de la nymphe. Tout d’abord, cet homme, car il en avait bien le visage d’après ce que voyait la jeune fille, n’en était pas vraiment un. Ou alors Ondine n’avait pas encore tout vu de cette race. Ce qui était sûr, c’est qu’aucune paire d’ailes ne se trouvait dans le dos d’aucun humain qui lui avait été donné de rencontrer. Les plumes paraissaient dangereuses, aussi tranchantes que brillantes, et la lumière s’y reflétait si fort qu’il en était presque éblouissant de les observer. Alors, Ondine se déplaça sous la surface, se stoppant à quelques centimètres du bord, ayant un regard dégagé de l’être qui se trouvait juste au-dessus. Sa vision n’était pas troublée par l’eau, ce qui lui donna tout le temps nécessaire pour détailler cette étrange personne. Il ressemblait à un soleil, un grand soleil au vu de sa taille, une carapace dorée recouvrait toutes les parties de son corps et il n’était possible d’apercevoir que sa peau claire et une longue chevelure dorée descendant en cascade le long de son armure. Ondine ne voyait pas très clairement la couleur de ses yeux, le col de son imposante cuirasse lui arrivant à la hauteur de ses joues. Quand elle tenta de s’approcher plus près, il avait déjà clos ses paupières.
C’est alors que, dans le silence le plus absolu, la jeune fille sentit l’eau autour d’elle se mouvoir sans qu’elle ne fasse quoi que ce soit. Les particules tremblaient, les fonds remuaient et semblaient obéir à une magie extérieure. Des gerbes s’élevèrent dans les airs, des filés d’eau se déplacèrent pour débuter une démonstration élégante, un spectacle aquatique où les esprits de l’air et de l’eau se rencontraient. Vapeur, glace, liquide, rien n’était oublié, et l’étang se transformait sans cesse sous la volonté de l’inconnu. Car Ondine l’avait bien vite remarqué, si ce n’était pas son contrôle qui s’exerçait sur la matière, il ne pouvait s’agir que des actions du nouvel arrivant. Elle sentait une magie qu’elle ne reconnaissait pas. Ce n’était pas du tout le même pouvoir que partageaient les deux protagonistes.
Tandis que l’eau continuait sa dance incessante sous les ordres de l’inconnu, la nymphe se glissait dans les colonnes qu’il déplaçait. Se retrouvant à chaque fois bien plus proche de l’homme. Elle observait sa concentration visiblement imperturbable. Entouré d’un mince voile bleuté, il n’avait besoin d’aucun geste pour contrôler les différentes formes qu’il faisait prendre à l’eau. Seul son esprit paraissait occupé à cette tâche, car aucune parcelle de son corps ne bougeait, on aurait dit une statue, un soleil. La jeune fille ne cessait d’intégrer les litres de liquide que l’homme déplaçait, ainsi elle l’observait au plus près, tentant de déterminer ce qu’il était, ce qu’il faisait. Il n’est pas d’ondins qui seraient munis d’ailes, encore moins de tritons, alors quel était-il pour oser ainsi exercer son contrôle sur cette matière ? Voyant qu’observer l’inconnu ne menait à rien, Ondine, curieuse, mais aussi un tantinet énervée d’être dérangée de la sorte, décida de stopper cette démonstration. Elle se plaça au milieu de l’étang, tout au fond, et laissa sa nature prendre le dessus. Doucement, elle sembla rappeler l’eau à sa source. D’abord, les gerbes arrêtèrent leur ascension, la vapeur et la glace reprirent forme liquides, puis, brisant le silence religieux qui venait de s’installer, la nymphe ramena d’un coup toute la matière vers elle. Plus une seule goutte ne dépassait de l’étang, il était redevenu plat et tranquille comme à l’arrivée de l’homme ailé.
Fière de son travail, Ondine décida de se rendre à la rencontre de cet étranger maîtrisant l’eau. Une colonne s’éleva jusqu’à la hauteur de l’inconnu, la nymphe était assise dessus, en tailleur, afin que les protagonistes soient face à face. L’un en apesanteur, l’autre en équilibre sur une montagne liquide. Pour l’occasion, la jeune fille avait repris sa forme humaine. Un tableau étrange venait de se former dans cette clairière : celui d’un homme massif recouvert d’une armure dorée face à un petit mètre soixante en colère. Ondine le fixa, incapable de déterminer sa nature, s’il était homme ou semi-homme. De si près, elle pouvait voir ses mains jointes recouvertes de gantelets. N’avait-il pas chaud avec autant de couches sur son corps ? La nymphe le trouvait bien étrange, ce qui l’intrigua davantage.
Un long silence s’installa entre les deux êtres. Ondine n’avait, certes, pas une apparence à imposer le respect, mais le fait d’avoir été dérangé par un incongru qui, qui plus est, contrôlait également son élément, lui donnait un air sévère. La fille des eaux d’une nature douce ne semblait plus tellement vouloir sourire. Ses yeux lançaient de nombreuses questions sur la nature de l’homme. Et sûrement ce qui l’embêtait le plus n’était pas le fait d’avoir été importuné, mais plutôt le fait de savoir qu’une autre personne pliait l’eau à sa volonté. C’était une forme de jalousie qui avait saisi le cœur d’Ondine, celle de ne pas avoir le monopole de la manipulation de cet élément. Elle avait envie de dire à cet étranger de partir, car c’était son étang, son eau, car elle, Fille des eaux, Ondine parmi les ondines, avait décidé que cette eau serait son eau. Mais elle ne dit rien, trop intriguée par la magie qui se dégageait de cet homme. Il paraissait fort, physiquement, mais également mentalement. La jeune fille avait eu tout le temps d’observer sa technique, et elle y avait perçu une concentration intense, une harmonie certaine avec cette magie de l’eau. Une communion naturelle pour la jeune fille.
Alors Ondine, dont les pensées se bousculaient, restait immobile devant l’étranger. On n’entendait que la colonne d’eau rester à la hauteur de l’homme pour soutenir la nymphe. La forêt s’était tue, comme observatrice des deux êtres qui se faisaient face, comme respectueuse des deux magies qui œuvraient. Si le tableau de nos deux protagonistes les yeux dans les yeux pourrait paraître cocasse, l’intense magie qui était déployée dans l’air inspirait le respect. Le silence était de mise.
Et le problème avec les silences, c’est qu’on dit qu’ils en disent long. Mais quand ils durent trop longtemps, ils ne disent plus grand-chose.
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À mesure que le temps s’écoulait, Oberon sentit cette mystérieuse présence prendre de plus en plus d’ampleur. L’élément le plus perturbateur résidait dans le fait qu’il n’arrivait pas à mettre une nature à cette présence; était-ce réellement de la magie ou quelque chose de bien plus profond? Dans tous les cas, il sentit l’élément aqueux échapper à son contrôle. Une sensation désagréable, un sentiment d’impuissance. La jeune fée perçut cela comme sa propre main tendue, prête à saisir un objet convoité, mais que ce dernier ne cessait de s’éloigner au fur et à mesure que l’on s’en approchait.
Le ballet des eaux fut éphémère. Les énormes colonnes qui tourbillonnaient avec vigueur éclatèrent en plusieurs petits jets qui retombèrent tranquillement sur la surface de l’étang. Les molécules aqueuses qui oscillaient entre la vapeur et la glace cessèrent également leur chorégraphie chaotique, redevenant tout simplement liquide avant de rejoindre également la surface. Puis, plus rien. Le silence qui planait au-dessus d’un court d’eau aussi calme qu’un enfant endormi. Mais toujours cette présence dérangeante, que le grand blond avait finalement réussit à localiser.
Suivant le même principe que l’épicentre d’un séisme, Oberon put sentir que l’essence des flots sous la surface gravitaient autour d’un même point au centre de l’étang. En se concentrant sur ce flux, le souverain se rendit compte qu’avec un peu plus de concentration, il aurait pu garder le contrôle de son élément. Mais il fut tellement surpris de voir que quelqu’un, ou quelque chose, était capable de rivaliser avec lui, qu’il laissa les choses aller comme elles étaient. La curiosité était un vilain défaut, qui le poussait à agir afin de débusquer ce mystérieux intervenant.
Nul besoin de pourchasser qui que ce soit. L’inconnu fit une apparition bien peu discrète en face de roi des fées. Ce dernier n’ouvrit pas tout de suite les yeux. Il se plaisait à utiliser ses sens afin de caractériser son environnement; il entendit à nouveau le bruit de l’eau, similaire à celui de la fontaine dans le parc de Chantilly. Le vent caressait les éléments proches, amenant des échos jusque dans ses tympans, à l’instar d’un sonar. Une forme humaine avec peu de volume se tenait devant lui, mais aucune voix. Alors Oberon fit lever ses paupières.
Une jeune fille le fixait avec des grands yeux dorés. Une chevelure mi-longue, teintée d'une couleur à mi-chemin entre le jaune et le brun, un visage doux et agréable à regarder, vêtues d'un grand t-shirt un peu trop grand pour elle. D’apparence, elle semblait ne pas dépasser la quinzaine d’années. Avec ce corps fin, elle semblait faible et vulnérable, une humaine ordinaire en somme. Mais Oberon savait pertinemment qu’elle était bien loin d’être un être ordinaire. Une personne normale ne pouvait pas contrôler aussi facilement une colonne d'eau, et encore moins se tenir en équilibre dessus.
Devant ce spectacle peu commun, le jeune homme demeura impassible, comme toujours. Le blond resta dans sa position de méditation, lévitant en silence à quelques mètres au-dessus de l’eau. Les pupilles émeraudes de la fée se rétractèrent alors. Il savait que l’Agent Red n’appréciait pas le fait qu’il se serve de ses pouvoirs télépathiques afin de sonder l’esprit des gens. Mais il ne résista pas longtemps à sa curiosité, désireux de connaître l’identité et la nature de cette intrigante jeune fille. Il fut un temps où le souverain n’avait aucune limite, où « vie privée » n’étaient que de simples mots sans véritable sens. Mais depuis qu’il côtoyait une certaine rousse, certaines choses avaient changés en lui. Lisant dans le cœur de cette dernière comme dans un livre ouvert, il se restreignit alors afin de pas plonger profondément à travers les pages de cet esprit tout de même assez épais.
Après de trop longues secondes à échanger des regards curieux, Oberon statuât que ce silence n’avait que trop duré. Une aura enveloppa à nouveau son corps, prenant cette-fois une couleur beaucoup plus sombre. Une sorte de mélange entre le bleu pâle et le noir, associé à une forte pression alourdissant l’atmosphère. Dans la perception, ce halo semblait de même nature qu’un trou noir, prêt à aspirer tout votre être. La fée usa des ténèbres présentes dans son âme afin de produire un mélange surnaturel avec l’eau. Cette création issue de la Magie Noire donnait naissance à un nouvel élément aqueux aux propriétés douteuses mais ô combien dévastatrices. Ne lui laissant aucune fenêtre de réaction, des pics de glaces aussi noirs que l’ébène surgirent du fond de l’eau avant de s’immobiliser rapidement à quelques millimètres de la petite blonde. Leurs pointes dirigées vers la gorge de l’inconnue.
« Je savais bien que les nymphes n’étaient pas que de simples légendes. En revanche, je ne savais pas qu’elles s’aventuraient aussi loin de leur lieu d’origine. »
C'était une sensation désagréable. Comme un souffle glacial sur la peau, une contraction sur son cœur. Il se livrait là une bataille silencieuse qu’un grand blond était sur le point de gagner. Après qu’il eut ouvert les yeux, l’homme avait commencé à observer en détail la jeune fille. D’abord, superficiellement. Puis, usant d’une magie inconnue de la nymphe, il sonda son esprit. Ondine s’en rendit compte rapidement, comme si quelque chose s’était introduit dans son crâne. Elle était incapable d’empêcher cette fouille, l’inconnu utilisait des capacités puissantes, une télépathie dont notre protagoniste ne connaissait ni l’existence ni le moyen de s’en défaire. Mais elle le sentait. Et lorsque l’homme eu finit son analyse, elle serra les dents, ce qui donna à son visage un rictus de colère, car il était évident que, désormais, il en savait plus sur elle qu’elle n’en savait sur lui. La victoire de cet affrontement lui revenait. Ce qui, bien sûr, ne plaisait guère à Ondine.
Souhaitant briser le trop long silence installé, elle s’apprêtait à demander à l’inconnu de partir, que cette eau était la sienne, qu’il devait s’en aller. Mais une sensation étrange la ravisa. L’air semblait plus lourd, presque étouffant. La forêt paraissait devenir bien plus sombre et inquiétante. Plus aucun bruit n’émergeait de la nature depuis de longues secondes. Une atmosphère oppressante prit place et enveloppa Ondine qui ne quitta pas un seul instant le blond du regard. Elle n’avait pas besoin de tourner les yeux autre part, elle sentait que tout autour d’elle devenait opprimant, pesant, presque écrasant. Ce n’était bien sûr qu’un sentiment. Mais un sentiment bien réel. L’homme semblait posséder des capacités d’une noirceur accablante, donc Ondine se méfiait. Alors elle ne le quittait pas des yeux, s’apprêtant à tout moment à réagir à ce que ces ténèbres pourraient produire.
En un instant, l’homme s’était entouré d’une aura malveillante, d’une couleur sombre où quelques reflets bleus se mêlaient. Ce halo semblait produire une attraction puissante sur l’esprit plus que sur le corps, tel un trou noir psychologique qui aspirerait l’esprit si l’on ne résistait pas. Ondine avait du mal à se concentrer uniquement sur l’être qui lui faisait face, toutes ces pressions extérieures étaient une difficulté de plus à gérer pour la nymphe. Ni sa nature ni son caractère ne pouvait faire de la jeune fille une combattante née. Mais un curieux mélange de culot et de détermination faisait de la nymphe une créature qu’il ne fallait pas considérer comme inoffensive.
Sûrement que le manque de concentration, dû aux différents éléments qui assaillaient son esprit, fut fatal pour Ondine. Elle n’aperçut pas de suite la chose ténébreuse que venait de créer son assaillant. Quand elle comprit qu’une matière visqueuse, aussi noire que dangereuse, se formait, il était déjà trop tard. La jeune fille avait loupé la seule seconde qu’elle aurait pu utiliser pour disparaître. En un instant, elle était entourée de dizaine de pics sombres et menaçants, placés pour certains, à quelques millimètres de sa gorge ou de son cœur. Même comprenant qu’elle venait de perdre sa chance, la nymphe ne sourcilla pas un seul instant, elle continuait de fixer intensément son adversaire, de ce regard qui signifiait que rien ne l’effrayait, pas même ces tours de magie.
« Je savais bien que les nymphes n’étaient pas que de simples légendes. En revanche, je ne savais pas qu’elles s’aventuraient aussi loin de leur lieu d’origine. »
Il ne restait à Ondine que deux choix : disparaître ou répondre dans cette position que trop défavorable. Quelques secondes s’écoulèrent avant que la jeune fille ne décide que ces deux propositions étaient finalement faisables. Gardant son regard imperturbable, notre protagoniste adressa quelques mots à son interlocuteur.
« C’est toi qui oses me déranger, et c’est moi qui me fais attaquer... Moi j’aimerais bien que tu t’en ailles. » Déclara simplement Ondine, d’une voix enfantine mais bien assurée.
Ne connaissant pas la nature de cet être, la nymphe ne souhaitait pas riposter. Elle ne comprenait d’ailleurs pas très bien les intentions de l’homme, ce pour quoi il l’avait attaqué si soudainement. Ce n’est pas comme si elle avait exposé des signes d’une quelconque attaque. Mais le grand blond en armure semblait être un combattant aguerri qui ne laisse pas de place à l’approximation. La jeune fille comprenait alors que son contrôle absolu de l’eau ne devait guère lui plaire.
Ondine soupira. Elle soupirait souvent quand la situation l’agaçait. Non pas qu’elle ait besoin de respirer, l’oxygène ne lui était pas utile, mais cette action lui permettait d’exprimer son agacement. Si cet étranger souhaitait réellement prendre au piège l’ondine, c’était la sous-estimer que de penser que, entourer d’eau, elle ne pourrait pas s’éclipser. Elle n’avait cessé durant tout ce temps, de fixer d’un visage impassible son assaillant. Mais, en l’espace d’une infime demi-seconde, Ondine esquissa un sourire en coin provocateur. La demi-seconde suivante, son corps disparut et se dématérialisa dans l’étang. Il aurait été impossible aux pics de glace, même avec la réaction suffisante de leur propriétaire, de toucher la nymphe : son corps était déjà redevenu liquide, et les pics n’auraient fait que traverser de l’eau.
Fière de son échappatoire, La Fille des eaux n’y resta pourtant pas bien longtemps, son but n’étant absolument pas de se soustraire définitivement à la vue de l’être qu’elle venait de rencontrer. Cet étang, cette eau resterait son eau, et elle n’appréciait pas le moins du monde l’usage ténébreux qu’en avait fait l’inconnu. Cette matière si pure qu’elle aimait tant, ressemblait désormais à élément corrompu, crée pour détruire. Alors, à peine quelques secondes après sa disparition, Ondine se matérialisa au bord de l’eau. Un pied après l’autre elle se dressa sur l’herbe qui entourait son petit coin de paradis et fit, de nouveau, face à l’étranger aux cheveux d’or. Sur sa peau, une légère différence à peine perceptible : par mesure de précaution la jeune fille s’était entourée d’un fin voile d’eau. Une épaisseur magique dont les propriétés différaient légèrement d’une simple couche d’H²0. C’était une barrière de protection, une cotte de maille liquide prête à défendre sa porteuse contre un éventuel nouvel assaut.
« Aaaah... comme tu es embêtant ! » soupira Ondine à l’attention de l’homme qu’elle fixait de nouveau de ses grands yeux soleil.
Du haut de son petit mètre soixante, la jeune fille n’était pas vraiment imposante, surtout maintenant qu’elle se tenait sur la terre ferme et non plus dans les airs. Elle devait lever la tête vers le ciel pour continuer de plonger son regard dans celui de son interlocuteur, ce qui accentuait sa colère en lui donnant davantage l’impression de froncer les sourcils.
« Toi, pourquoi tu contrôles mon eau aussi ? » demanda-t-elle en pointant l’étang du doigt.
Elle avait hésité entre lui dire une nouvelle fois de quitter les lieux ou le questionner sur ses capacités. Ondine ayant une volonté en papier mâché face à sa curiosité, elle finit par choisir la question. Elle s’était extirpée de ces piques tout sauf accueillants, mais restait tout de même sur ses gardes. Cet homme agissait vite, et bien, avec une précision que la nymphe ne possédait pas ; mais également avec des pouvoirs autres que la manipulation de l’eau qu’elle comprenait dangereux. Elle devait mettre toute sa concentration au service de ses réflexes, et elle savait pertinemment qu’il n’était pas envisageable d’engager le combat avec un individu dont l’aura magique lui était inconnu et non quantifiable. Toutefois, Ondine n’analysait pas la situation comme étant mauvaise, ni même défavorable, elle la trouvait simplement agaçante et tout à fait singulière. Le seul élément qui perturbait notre protagoniste, était la paire d’ailes accrochée dans le dos de l’être qui lui faisait face. Qu’était-il ? Ondine n’en savait fichtrement rien, et cela l’agaçait encore plus, bien plus que des piques noirs sous la gorge.
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De nombreuses choses traversaient l’esprit du jeune homme à cet instant précis. Celui où cette inconnue décida de plonger son regard dans le sien. Peu importe la façon avec laquelle vous les regardiez, ses yeux étaient absolument magnifiques. Si les nymphes étaient décrites comme ayant une chevelure dont la couleur ferait pâlir le plus éclatant des lingots d’or, cette jeune fille semblait avoir héritée de cette particularité au niveau de ses pupilles. Un air de défi sur le visage, elle confronta le regard glacial d’Oberon, refusant d’exprimer le moindre signe de crainte. Et pourtant des raisons d’avoir peur, il y en avait de bonnes.
« C’est toi qui oses me déranger, et c’est moi qui me fais attaquer... Moi j’aimerais bien que tu t’en ailles. »
Elle décida finalement de briser le mur du silence. Le courage dans sa voix était quelque peu atténué par un timbre très enfantin, bien loin des échos d’une femme mûre. Et cette façon directe de s’exprimer, ce raisonnement simpliste « j’étais là avant, va-t’en », tout laissait à croire qu’il avait affaire à une enfant. Mais il ne fallait pas se laisser berner par de telles illusions car le temps s’écoulait différemment pour les créatures magiques; elle pourrait être bien plus âgée que les apparences pouvaient le laisser croire. Mais qu’importe.
Oberon sentit les flux autour de lui s’agiter. Il comprit très vite que l’ondine était en train d’user de ses capacités spéciales. Après avoir lâché un long soupir d’exaspération, le visage de la jeune fille prit une toute une expression. Un sourire narquois qui avait le don d’énerver vos adversaires. En une fraction de seconde, le corps de l’inconnue se décomposa pour ne faire plus qu’un avec l’élément aqueux, disparaissant dans ce dernier. Très intéressant ! Les yeux du souverain se firent très grand, ne masquant pas sa fascination pour ce qui venait de se produire. Les pouvoirs des nymphes ne lui étaient pas inconnus, mais ce fut la première fois qu’il eut l’opportunité de les voir à l’œuvre dans la nature.
Avec ses capacités sensorielles il fut en mesure de la suivre, même si elle ne faisait qu’un avec l’étendue d’eau. Il lui serait sans doute facile d’influencer les éléments avec son élément sombre, et ainsi perturber les pouvoirs de la fillette. Mais poussé par son insatiable curiosité, le grand blond laissa la jeune inconnue agir à sa guise. Cette dernière réapparut sur la rive la plus proche avant de se dresser sur l’herbe humide.
« Aaaah... comme tu es embêtant ! »
De son point de vue, c’est-à-dire en hauteur, l’ondine paraissait vraiment minuscule. Déjà qu’elle n’était pas vraiment très grande, la position d’Oberon accentuait cet effet de domination qu’il exerçait naturellement sur ses opposants. Visiblement cela ne plaisait pas vraiment à la jeune inconnue, dont le visage s’était ridé à force de froncer les sourcils.
« Toi, pourquoi tu contrôles mon eau aussi ? »
C’était sans doute la première fois qu’elle rencontrait une fée, la question était légitime. Mais Oberon n’était pas là pour répondre aux interrogations de la jeune fille, lui-même étant mené par une très forte curiosité. Il se mit à sourire mais…difficile de donner une nature exacte à ce sourire. Tant de sentiments y étaient présents : la curiosité, l’amusement, l’excitation, un peu de colère également, et énormément de d’amour-propre.
Oberon quitta sa position en tailleur afin de se tenir debout, lévitant toujours à quelques mètres au-dessus de la surface de l’eau. Il tendit son bras gauche devant lui. Les pics de glaces noirs se mirent alors à vibrer avant de reprendre un état liquide. Après une courte danse dans les airs, l’élément s’enroula autour de son avant-bras puis se solidifia afin de forme un long pic prolongeant son membre. Il avait à présent une espèce de grande lame de glace noir en guise de bras gauche. Il se tourna alors en direction de la jeune fille.
Les grandes ailes de la fée se dressèrent légèrement. Aussi rapidement que la nymphe était capable de se fondre dans son élément, Oberon se retrouva à quelques centimètres en face de la jeune fille. Il lui aura suffi d’un seul battement pour se tenir à sa hauteur, la lame de glace en arrière, prête à frapper sa cible.
« Ta protection aqueuse, à quel point est-elle efficace? »
Les sens du souverain étaient aussi affutées que l’énorme machette qu’il avait au bout du bras. La concentration magique au niveau de la peau de l’inconnue ne lui avait pas échappée, et comme toujours sa curiosité prenait le dessus sur ses autres sentiments. Comme si le meilleur moyen de tester la résistance de ce voile d’eau était d’empaler brutalement la jeune nymphe…
Oberon se ravisa à la dernière minute, la voix de Red commençait à raisonner dans sa tête « C’est pas bien! ». Agaçant. Mais la dernière chose qu’il voulait c’était d’entendre la petite voix fluette de son otage lui reprocher la mort d’une jeune fille. D’autant plus qu’il ne savait vraiment pas comment elle était devenue capable de savoir lorsque le souverain faisait des choses peu orthodoxes…Bref, le roi des fées fit alors disparaître sa lame de glace, qui fondit sur le sol pour former une grande flaque noire brillant sous les reflets des rayons solaires.
La fée s’abaissa afin que son visage se retrouve à la hauteur de celui de l’inconnue. Il saisit alors le menton de cette dernière, bougeant sa tête dans tous les sens avec assez peu de délicatesse. Comme s’il tournait un objet curieux entre ses doigts afin d’en déterminer la nature.
« Très intéressant. Je suis vraiment curieux de savoir comment fonctionne tes cellules, ta magie, tes pouvoirs. C’est la première fois que je vois ça. »
C'était définitif. Cet homme agaçait lourdement Ondine. Il l’avait tout d’abord dérangé en manipulant son eau, ensuite il l’avait attaqué sans aucune raison valable, et enfin il la regardait avec ce sourire insupportable. Mélange entre une dose extrême de fierté et une lueur d’excitation, le tout mêlé à un peu d’intérêt. La nymphe ne put s’empêcher de serrer les poings. Cela faisait si longtemps qu’une personne ne l’avait pas autant énervé. Il n’était pas dans la nature de ces créatures aquatiques que d’être touché par la colère, même l’unique Ondine n’était pas particulièrement sensible à ce sentiment. Mais il y avait quelque chose dans la voix, les gestes et les mimiques de cet homme qui la rendait folle. Elle n’avait qu’une pensée : celle de l’entraîner au fond des eaux pour qu’il s’y noie lentement. Malheureusement pour elle, la capacité de l’inconnu à maîtriser l’eau le rendait sûrement invulnérable à cette matière.
Alors qu’Ondine bouillonnait intérieurement, l’étranger se dressa sur ses longues jambes recouvertes de son armure dorée. La jeune fille ouvrit ses grands yeux soleil face à la carrure impressionnante du guerrier qui lévitait : il avait beau être énervant à souhait, il n’en restait pas imposant. Et sa magie venait compléter ce tableau de force. L’homme se servit de ce même élément ténébreux dont les pics de glaces étaient précédemment constitués. Déplaçant ce liquide légèrement épais dans les airs, il le rassembla en un rien de temps autour de son bras gauche tendu. La cuirasse et les gants de l’inconnu ressemblaient désormais à une gigantesque lame d’une noirceur glaciale.
Voyant son interlocuteur de nouveau faire utilisation de sa magie, Ondine n’attendit pas qu’il se meuve pour augmenter la puissance de sa barrière protectrice. Ce réflexe n’allait peut-être pas lui éviter tous dégâts, mais il aurait au moins la possibilité d’amortir l’assaut que pouvait faire cet homme. Il ne se fit d’ailleurs pas prier, en une fraction de seconde et sans que la nymphe ne puisse le suivre du regard, les ailes du combattant l’avaient déplacé au plus près de notre protagoniste.
« Ta protection aqueuse, à quel point est-elle efficace ? » Questionna l’étranger d’une voix à la limite entre l’intérêt et le sadisme.
Sa lame était prête à trancher, et s’il l’avait voulu, l’homme aurait pu transpercer la jeune fille d’un geste. Ondine ne cessa pas un seul instant de le fixer dans les yeux, un regard de défie qui ne collait pas du tout avec sa carrure frêle. S’il attaquait, l’ondine fuyait, c’est ce qu’elle s’était dit il y a peu si la situation dégénérait. Elle ne savait pas si elle pourrait rivaliser avec cet homme. Les pouvoirs de la nymphe étaient puissants, et son contrôle sur l’eau, absolu. Mais étaient-ils suffisants pour combattre et défaire cet adversaire ? Elle ne voulait pas prendre le risque de le savoir.
Ondine ne répondit rien. L’inconnu n’avait lui-même pas répondu à la question de la nymphe, pourquoi devrait-elle, elle ? Son visage lisse resta impassible face à son interlocuteur et à son arme ténébreuse. Arme qui disparut sans attendre. Comme s’il venait de discuter avec lui-même, l’étranger parût agacé par ses pensées et finit par faire reprendre forme liquide à sa lame destructrice. L’élément glissa sur le sol lentement. La situation venait d’évoluer, il ne souhaitait visiblement plus empaler la jeune fille mais simplement...
« Très intéressant, je suis vraiment curieux de savoir comment fonctionnent tes cellules, ta magie, tes pouvoirs. C’est la première fois que je vois ça. »
Trop occupée par ses pensées, Ondine n’en avait pas vu l’homme se baisser pour se retrouver à la hauteur de son visage. Et quelle ne fut pas sa surprise lorsque, de surcroit, il agrippa son menton comme un vulgaire objet à analyser et le déplaça de droite à gauche, de haut en bas, sans une once de retenue. La nymphe enragea. Elle. Fille des eaux. Ondine parmi les ondines. Se faire traiter de la sorte par un énergumène en armure. C’en était trop. Sa colère prit le dessus sur sa raison, et en l’espace d’un temps infime, impossible à voir pour l’œil humain, toute l’eau de l’étang s’éleva dans les airs. On aurait dit une vague gigantesque qui déferlait sur l’inconnu. Elle prit la forme d’une gueule de tigre aux dents acérées : des pics de glaces polis surgissaient de haut en bas de cette forme aqueuse. Prêt à mordre, déchiqueter et réduire en lambeaux. Le tout fondit sur l’homme sans ménagement... et s’arrêta à quelques millimètres de lui.
« De toute façon ça ne sert à rien. » Soupira la jeune fille.
Elle stoppa sa magie, se rendant bien compte, sa colère quelque peu apaisée, que l’eau basique sans transformation magique ne ferait rien à son adversaire. Toute la vague retomba d’un coup, comme une pluie torrentielle d’à peine une seconde. Toute substance avait disparu de l’étang, ce qui rendait le lieu bien moins intéressant désormais.
« Qui es-tu étranger ? » Questionna l’ondine d’une voix bien plus sérieuse.
Avec la même douceur dont venait de faire preuve l’inconnu, Ondine balaya la main de l’homme de son visage d’un coup sec. Ne me touche plus jamais, semblait exprimer ce geste. La nymphe était déjà bien assez hors d’elle comme cela. Ce lieu, dont la découverte l’avait rendue si heureuse, ne ressemblait plus vraiment à un éden. Ondine en était bien déçue, et cette déception devait se refléter dans ses yeux lorsqu’elle balaya la prairie du regard, ignorant complètement son interlocuteur. Elle décida que ce goujat pouvait bien attendre un peu. Un pas après l’autre, elle contourna l’homme sans lui adresser une quelconque attention ; et, tendant ses bras devant elle, la nymphe fit s’élever chaque molécule d’eau dans les airs. Ce que la terre venait d’absorber en surplus, les flaques qui s’étaient formées, et même l’élément aqueux présent dans la matière noire qu’avait créée l’homme. Ne restait au sol plus que cette substance ténébreuse dont l’origine restait incertaine. Une montagne liquide venait de se former au-dessus de la frêle ondine dont le corps collait si peu avec ses capacités. D’un simple geste, elle remplit à nouveau l’étang de toute cette eau perdue, et le creux béant redevint en un instant le beau paradis aquatique d’il y a peu.
« Voilà qui est mieux... » Chuchota la fille des eaux, retrouvant peu à peu son calme et sa patience habituelle.
Ondine retira sa protection aqueuse, jugeant que l’homme ne l’attaquerait sûrement plus : s’il avait voulu le faire, sa lame noire serait d’ores et déjà juchée dans l’abdomen de la jeune fille. Elle lui fit de nouveau face, ayant tout de même rajouté un petit mètre entre eux par mesure de fierté : à cette distance, il ne pourrait se baisser devant elle comme pour parler à un enfant. Les poings sur les hanches, ses yeux brillants de défis, elle continua de fixer l’étranger, comme si plus elle le regardait, plus elle en apprendrait sur lui. Ce qui n’était pas tout à fait faux, mais loin d’être vrai : Ondine avait bien remarqué cette paire d’ailes, ce physique particulier qu’elle ne retrouvait chez aucun humain... mais n’ayant jamais croisé d’être elfique, elle ne pouvait y mettre une identité.
« Cette substance... débuta Ondine en jetant un regard sur la flaque noir aux pieds de l’homme, qu’est-elle ? »
Cet élément ne lui plaisait pas du tout, il semblait entacher l'eau si pure et si belle. Peut-être n’aurait-elle pas de réponses, l’inconnu semblait bavard uniquement lorsqu’il le souhaitait. Mais cet étranger l’intriguait, il possédait des capacités puissantes et une prestance certaine. À défaut de l’apprécier, Ondine le trouvait intéressant, et c’est sûrement le seul argument qui la faisait rester en face de lui, et non repartir en balade dans la forêt, et soutenir encore et encore intensément son regard.
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C’est ça, lâche-toi. Montre-moi ce dont tu es capable. Oberon sentit quelque chose bouillonner au fond de la nymphe. Nul besoin de télépathie pour cela. L’expression crispée et sa petite face en train de virer littéralement au rouge furent de bons indicateurs. Et les conséquences ne mirent que quelques microsecondes pour se manifester. Fidèle à sa réputation de combattant aguerrit, les pupilles du souverain étaient déjà dirigées en arrière. Une ombre gigantesque prit forme au-dessus de lui, attisant sa curiosité de plus belle. La fée ne lâcha pas le visage de l’inconnue, mais il se redressa tout de même afin de faire face à l’incarnation de la fureur de l’ondine. Et quelle magnifique incarnation, un phénomène des plus rares et des impressionnant à regarder.
Une énorme vague de plusieurs mètres s’était formée, ne laissant plus qu’un cratère desséché à l’endroit où se trouvait l’étang plus tôt. La montagne d’eau prit la terrifiante forme d’une tête de tigre décorée de plusieurs pics de glaces affutés comme les bouts d’une lance de guerre. L’attaque fonça alors vers le grand blond. Ce dernier affichait alors un sourire narquois bientôt suivit par un rire démoniaque. Amène-toi, déchaîne-toi.
« De toute façon ça ne sert à rien. »
La vague s’arrêta net, à quelques pouces du corps de la fée. La jeune fille se mit à soupirer, pour le plus grand désespoir du jeune homme, ce dernier tenant tellement à voir les effets de cette offensive. Pourquoi avait-elle décidé de stopper cette chose? Évidemment que cela ne servait pas à grand-chose d’affronter un adversaire sur son terrain. Mais le défi, l’excitation de se battre contre quelqu’un de fort, la colère et la frustration, n’était-ce pas là de bonne raison pour se lâcher complétement? Oberon afficha une mine déconfite, lâchant à son tour un long soupir. Au même instant le « tigre » retomba rapidement au sol, manquant d’éclabousser sa Majesté. Fort heureusement pour lui, les nombreuses gouttes se heurtèrent à une espèce de bouclier magique en forme de dôme, qui fit son apparition autour du corps d’Oberon. C’était avec cette technique qu’il comptait se protéger de la précédente attaque. Elle n’aura donc servi que pour éviter une bonne douche avant l’heure…
« Qui es-tu étranger ? »
La question fut suivie d’une frappe sur sa main, libérant alors le visage de la nymphe de son étreinte. Il était bien d’accord que cela faisait quand même de nombreuses minutes qu’il exerçait une pression désagréable sur les joues de la jeune fille. Par contre lorsque l’on posait une question, il était d’usage de rester afin d’écouter la réponse. Non? Et bien dites-vous que la nymphe ne se pria pas pour ignorer le souverain, quelques secondes après avoir posé sa question. Le regard fixe sur l’endroit qui ressemblait davantage à un champ de bataille de la première guerre mondiale qu’à autre chose. Elle le contourna afin de se poster un peu plus loin; elle étendit ses bras ce qui fit de nouveau se mouvoir les molécules d’eau qui tapissaient le sol. L’immense quantité d’eau présence se mit à flotter dans les airs, avant de revenir là où elle était supposée se trouver. Et c’est ainsi que l’étang reprit de nouveau sa place au milieu de la clairière. Oberon observa cette scène avec un mélange de fascination et d’amusement, bras croisés et un sourire dans le coin du visage. Décidément cette petite avait de la ressource que son corps fébrile ne laissait pas apparaitre.
« Voilà qui est mieux... »
Effectivement. Voir tous ces corps d’êtres vivants se débattre dans le fond du cratère était un crève-cœur. Et si la jeune fille ne s’était pas donnée la peine de remettre les choses dans leur était d’origine, Oberon l’aurait fait.
La gamine se tourna vers lui et s’approcha à nouveau, mais en prenant bien soin de laisser plusieurs dizaines de centimètres entre eux. À quoi bon, le jeune ne comptait plus l’attaquer. Et s’il le voulait, ce n’était pas cette distance qui la mettrait hors de danger pour autant. Bref, elle adopta une pose un peu ridicule; poings sur les hanches et regard déviant en prime.
« Cette substance... qu’est-elle ? » lui demanda-t-elle alors, le regard dirigé vers une flaque aussi noire que du pétrole brut.
Ainsi elle avait réussi à extraire l’eau mélangée à son pouvoir? Impressionnant. Oberon décroisa ses bras et tendit l’un d’entre eux vers la substance sombre. L’élément se mit à léviter avant de se faire littéralement absorber dans la main de la fée. Ne lui étant vraiment plus nécessaire de voler pour le moment, il fit disparaître sa paire d’ailes dans un mince éclat de lumière, ne laissant qu’un peu de poudre dorée derrière lui.
« Il me semble avoir été le premier à te demander ce que faisait une nymphe aussi loin de son habitait d’origine. Après je daignerais peut-être te dire qui je suis. »
En attendant une réponse qu’il considérerait comme valable et satisfaisante, Oberon usa d’un de ses nombreux sortilèges afin de matérialiser une sorte d’écran tactile qui flottait dans les airs. Il s’agissait d’un accès à une vaste base d’informations contenant une grande partie de son savoir. Il s’empressa de chercher quelques informations sur l’espèce dont cette jeune fille faisait partie. Les capacités qui y étaient décrites semblaient tenir du fantasme et de l’exagération, mais maintenant qu’il en avait eu la démonstration, il pouvait mettre à jour ses informations. Les pouvoirs de la jeune fille étaient très loin de la description qu’en faisaient les contes de fées. Ces derniers exagéraient à peine. Déplacer une telle masse d’eau presque sans effort en était la preuve.
« Tes pouvoirs sont tout bonnement fantastiques. M’en apprendrais-tu plus sur eux si je t’expliquais ce que cette substance représente? »
Un échange équivalent. C’est toujours ainsi qu’Oberon aimait procéder. D’ailleurs une idée venait de germer dans son esprit. Pourquoi ne pas recruter cette jeune fille? Avec Maeve, ils constitueraient une force de frappe incommensurable. Plus rien ne pourrait l’arrêter, un pouvoir proche de l’invincibilité. Reste à savoir s’il réussirait à la convaincre. Mais manipuler les gens était l’un de ses points forts. Il lui suffirait d’appliquer ce même principe donnant-donnant. Que voudrait-elle bien en échange de ses services? À suivre.
Pourquoi Ondine restait-elle plantée là ? Bien sûr l’inconnu possédait des atouts intéressants que la jeune fille souhaitait connaître, mais ce n’était pas une raison valable ni suffisante. Si cet individu s’était retrouvé ici, c’est qu’il habitait les environs, et que retomber dessus plus tard ne serait pas un hasard. Alors qu’elle était cette force invisible qui la tenait là, immobile, son regard enfantin et doré tourné vers cet homme ? Cet homme justement. Sûrement était-il à lui seul cette force, cette prestance et cette assurance qui faisait rester la nymphe : elle souhaitait le découvrir, lui, sa puissance et sa magie. Il était comme une anomalie pour la jeune fille, une personne contrôlant son eau comme personne ne l’avait jamais fait.
L’instant suivant, comme répondant aux pensées de la jeune fille concernant la magie, l’homme fit léviter la substance noire qu’Ondine pointait précédemment du doigt. Cet élément étrange qu’elle détestait déjà sans savoir pourquoi. La flaque vola quelques secondes avant de disparaître dans la main de l’étranger, absorbée par son corps. Une pointe de surprise se lut sur le visage de notre protagoniste. Pas en raison de cet acte magique, mais plutôt quand les ailes de l’inconnu, toujours un mystère pour Ondine, se désagrégèrent en une poudre dorée emportée pas la brise.
« Il me semble avoir été le premier à te demander ce que faisait une nymphe aussi loin de son habitat d’origine. Après je daignerais peut-être te dire qui je suis. »
Insupportable. Le mot était sûrement bien faible par rapport à ce qu’Ondine pensait de son interlocuteur. Cet air supérieur mêlé à un orgueil hors du commun qui lui offrait cette voix grave et hautaine... voilà ce qui énervait la jeune fille. Prenant sur elle, la nymphe lâcha un sourire blasé à mi-chemin entre de la crispation et de la politesse.
« Je suis une ondine, et je voyage. C’est ce que font les humains non ? Ils voyagent... » Répondit Ondine telle une simplette, mais dont la voix laissait paraître une légère ironie.
L’homme paraissait ne même pas l’avoir écouté. Il agita une main devant lui et, grâce à un sortilège, un écran tactile transparent apparut dans les airs. Il était en lévitation, comme sorti tout droit d’un film de science-fiction qu’affectionnent particulièrement les humains. L’inconnu tapota dans le vide et plusieurs informations, illisibles à cette distance pour la jeune fille, défilèrent. Elle se rendit bien compte que les écrits sur cette plateforme plutôt étrange la concernaient. Sûrement étaient-ils liés à sa nature, à ses pouvoirs, des éléments que connaissait quelque peu l’étranger.
« Tes pouvoirs sont tout bonnement fantastiques. M’en apprendrais-tu plus sur eux si je t’expliquais ce que cette substance représente ? »
Alors qu’il terminait sa phrase, l’individu semblait réfléchir à quelque chose. Ondine se demanda s’il ne préparait pas encore un mauvais coup, mais il paraissait plutôt préoccupé par la phrase qu’il venait de dire. C’était un échange de bon procédé : donne-moi une information, je t’en donnerai une en retour. La nymphe aimait ce genre d’échange où sa curiosité pouvait être rassasiée contre une information qu’elle considérait comme peu utile. Alors peut-être que ce que recherchait cet homme dans ses pensées était des échanges à effectuer avec notre protagoniste : souhaitait-elle quelque chose qu’il pourrait lui apporter ? En échange de... Ondine n’en avait que faire de ces pensées, l’instant était à la discussion visiblement. Elle n’avait pas tant de questions que cela à poser à l’être qui lui faisait face. Mais sûrement les réponses à ses vagues interrogations apporteraient leur lot de questionnements supplémentaire.
« Nul besoin pour moi de t’en apprendre plus, visiblement tes observations suffisent à analyser mes faits et gestes. Déclara la nymphe avec une pointe d’amertume dans la voix. Mais... pourquoi pas. Je veux juste savoir qui tu es. Ton nom m’importe peu, je souhaite savoir ce que tu es. Et, oui, dis-moi donc pour cette immonde substance. Ensuite je t’aiderai à remplir un peu cette... chose. » Conclut-elle en référence à l’écran tactile de l’homme.
Un peu... elle ne souhaitait pas préciser la quantité d’informations qu’elle dévoilerait à cet individu. La nymphe n’était peut-être pas inquiète pour sa sécurité, ni pour sa nature et encore moins pour ses pouvoirs, mais elle savait déterminer à quel moment une parole était de trop pour un étranger dont elle ne savait pas s’il était un ennemi, ou simplement une personne quelconque.
Ondine en avait marre de rester plantée debout. Son interlocuteur n’allait plus l’attaquer, ses gestes avaient cessé de demander toute l’attention de la nymphe, alors elle se laissa glisser au sol. Chaque mouvement d’une ondine est comme un pas de dance. Naturellement gracieuse, on pourrait croire à une chorégraphie précise et déterminée pour chacun de leur déplacement. Malgré le long t-shirt peu charmant que portait Ondine, elle n’en restait pas moins légère et élégante : même en s’affalant au sol en tailleur comme une enfant fatiguée d’attendre debout. Les pointes de ses longs cheveux pâles trainaient dans l’herbe, il n’était pas étonnant qu’elle soit abîmée à ce point vu la façon dont la jeune fille traitait sa chevelure. Rien à voir avec celle de l’homme en armure qui arborait une crinière dès plus brillante. Qui ressemblait le plus à une femme ici ? C’était à se demander...
Ondine s’étira. Ces petits échanges de force avaient tout de même engourdi un peu son frêle corps. C’était un problème majeur pour notre protagoniste. Sa magie était extrêmement puissante, elle venait d’en faire la démonstration. Mais cette puissance à trop haute dose n’était supportée que par l’esprit et la magie de la nymphe : son simple corps d’humaine, de fillette, ne pouvait contenir une telle intensité sans conséquence. Elle savait que demain, la nuit passée, elle se lèverait avec ce que ces petits bipèdes appellent « des courbatures ». Et ça. Ce n’était vraiment pas une partie de plaisir.
Perdue dans ses pensées, elle mit quelques minutes à recentrer son attention sur l’être encore inconnu qu’elle regardait à nouveau dans les yeux. Qu’allait-elle pouvoir lui dire de futile pour qu’il accepte d’enclencher en premier cet échange d’informations qu’ils venaient de mettre en place. Ondine fit léviter quelques gouttelettes d’eau devant elle, comme si la gravité n’avait pas d’effet sur ces millilitres de pureté.
« Toutes les ondines ne parlent pas à l’eau de cette façon, débuta la jeune fille, nous n’en avons pas besoin tant que nous ne lui trouvons pas une utilité. En lui en trouvant une pour moi, j’ai commencé à lui demander de se plier à mes gestes, et l’eau a accepté. Je ne suis pas puissante par hasard. Comme ces humains, chaque ondine est différente de naissance, mais également par son expérience, la mienne m’a conduit jusqu’à ce contrôle. »
Une pointe de dégoût sembla poindre tout au fond de la voix de la nymphe lorsqu’elle compara sa nature aux humains. Mais sûrement ce petit changement n’était-il pas vraiment flagrant. Elle continua de cette voix de femme, son attitude ayant radicalement changé. Il y avait en face de l’homme, un corps d’enfant, mais une attitude d’adulte s’adressant à un adulte, rien à voir avec la colère d’il y a quelques dizaines de minutes. Les gestes et le comportement de la nymphe dépendaient beaucoup de ses pensées : lorsque ses dernières étaient sérieuses, elle le devenait, mais lorsqu’elles gambadaient tels des papillons en cavale alors...
« Ce que je n’explique pas... c’est ton contrôle à toi... finit-elle par souffler. Alors maintenant je ne dis plus rien, c’est ton tour ! » S’exclama la jeune fille, son ton passant d’un sérieux exemplaire à une intonation innocente et fluette.
En attendant des réponses à ses interrogations, Ondine se demanda ce qu’elle ferait quand elle obtiendrait ce qu’elle voulait. Sûrement irait-elle à la cafétéria de la Troupe de Théâtre, la nourriture y était tellement bonne, il ne faudrait pas qu’elle loupe le service.
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« Je suis une ondine, et je voyage. C’est ce que font les humains non ? Ils voyagent... »
Sourire crispé, regard daidaigneux. Visiblement la jeune fille n’appréciait pas trop son interlocuteur. Jusque-là, rien d’étonnant. En revanche, sa réponse avait de quoi intriguer. Elle avait mis le point sur une chose essentiellement, « c’est ce que font les humains ». Mais elle était loin d’être humaine, alors pourquoi vouloir faire comme eux? Oberon doutait fortement de cette réponse, la suspectant de cacher une toute autre raison. Devra-t-il de nouveau lire dans son esprit? Chaque chose en son temps. Surtout qu’Aliya risquait de ne pas apprécier…
« Nul besoin pour moi de t’en apprendre plus, visiblement tes observations suffisent à analyser mes faits et gestes. Mais... pourquoi pas. Je veux juste savoir qui tu es. Ton nom m’importe peu, je souhaite savoir ce que tu es. Et, oui, dis-moi donc pour cette immonde substance. Ensuite je t’aiderai à remplir un peu cette... chose. »
"Un peu". La prudence était une attitude que le souverain respectait. Les informations allaient sortir au compte-goutte, mais qu’importe. Si le jeune homme arrivait à ses fins, il aura bien plus d’occasions d’étudier le métabolisme de cet être des eaux.
L’ondine semblait agacée de s’appuyer sur ses deux jambes. Elle décida de s’asseoir encore humide, quitte à se salir l’arrière-train et sa belle chevelure qui trainait à présent dans la gadoue. En analysant le caractère et le comportement de cette inconnue, elle devait être du genre « je-m’en-foutiste » comme diraient les humains. Cela se confirmait par l’apparence humaine qu’elle avait choisis. Oberon avait lu quelque part que ces créatures ne pouvaient prendre qu’une seule apparence humaine; alors pourquoi avoir choisis celle d’une adolescente? Avec un corps adulte, elle aurait pu considérablement augmenter son endurance.
La jeune fille s’étira, paraissant un peu fatiguée par les derniers évènements. Cette observation rejoignit le raisonnement du grand blond : elle ne pouvait pas utiliser ses pouvoirs sans une lourde contrepartie physique. Et peut-être même mentale. Inversement, Oberon demeurait frais et dispo. Dans ces circonstances, elle ne constituait plus vraiment une menace. De nature prudente, Oberon se décida à baisser sa garde pour rassurer son interlocutrice. Dans un éclat de lumière, son armure disparue aussitôt, révélant une tout autre tenue en dessous.
Le roi des fées portait une belle veste blanche avec de longues manches avec des rebords dorées. Le pantalon était de la même couleur, avec une longue et fine ligne dorée qui descendait sur chaque cotée de chaque jambe. Ses pieds chaussaient de belles bottes couleur or qui lui arrivaient un peu en dessous des genoux, faites d’un cuir spécial d’origine non-animale. Il portait des gants assortis avec sa tenue et son cou était recouvert d’une sorte d’écharpe blanche faite d’un tissu très fin. Par la suite il fit apparaitre une longue cape immaculée dans son dos, qui tombait au niveau de ses talons.
« Toutes les ondines ne parlent pas à l’eau de cette façon, nous n’en avons pas besoin tant que nous ne lui trouvons pas une utilité. En lui en trouvant une pour moi, j’ai commencé à lui demander de se plier à mes gestes, et l’eau a accepté. Je ne suis pas puissante par hasard. Comme ces humains, chaque ondine est différente de naissance, mais également par son expérience, la mienne m’a conduit jusqu’à ce contrôle. » ajouta alors la nymphe, tout en faisant graviter quelques atomes de l’élément aqueux entre ses doigts.
Sa voix avait changé. Quelque chose de difficilement perceptible s’exprimait, mais Oberon avait un peu de mal à déterminer ce que c’était. Dans tous les cas, l’attitude de gamine qu’elle affichait depuis le début laissa place à une véritable conversation entre deux êtres doués d’intelligence. Derrière ce visage innocent et angélique se cachait une certaine maturité. Comme il l’avait deviné un peu plus tôt, les nymphes ne vieillissaient pas comme les êtres humains, et qu’il ne fallait donc pas se fier aux apparences.
Aussi brillant soit-il, la fée avait du mal à conceptualiser les propos de la jeune nymphe. Il recherchait une explication rationnelle et scientifique, voici qu’elle lui donnait une réponse plus ou moins abstraite, basée sur un « concept d’utilité ». S’il fallait résumer, il suffisait qu’une nymphe ait besoin de l’eau pour gentiment lui demander de la servir? Difficile à imaginer, à accepter. La comparaison avec la race humaine était assez peu pertinente. En effet, même si ces derniers naissaient avec des prédispositions, il ne pouvait pas les choisir à l’avance. Un humain ayant besoin de se fabriquer un meuble ne pouvait pas développer instantanément des talents de menuisier. Si c’était bien de cette façon que cela fonctionnait pour elle. Pour le reste, il comprenait très bien que comme tout être vivant, aucune nymphe était identique. Mais tout ceci ne répondait pas clairement à ses questions.
« Ce que je n’explique pas... c’est ton contrôle à toi...Alors maintenant je ne dis plus rien, c’est ton tour ! »
Oberon ne répondit pas immédiatement. Il jugea que l’endroit n’était pas vraiment approprié pour poursuivre cette conversation. Il utilisa un sort de lévitation afin de se soulever à quelques centimètres au-dessus du sol. Hors de question de salir ses vêtements dans la boue. Il flotta lentement vers le bord de la clairière et choisit une vieille souche plutôt propre en guise de chaise. Il attendit que la jeune fille revienne à sa hauteur, à moins qu’elle ne préfère entendre le souverain hurler dans son dos pour continuer l’échange, ce qui serait assez contre-productif. Une fois en face d’elle, Oberon posa ses deux mains sur ses genoux et se mit à nouveau à la fixer. Son regard n’était plus aussi froid qu’à leur rencontre, mais il n’était pas plus chaleureux. Il dégageait une neutralité, comme si le grand blond ne ressentait aucune émotion.
« N’allons pas si vite, c’est une information pour une autre. Ta première interrogation, c’est ce que je suis. Alors je commencerais par y répondre. Comme tu peux t’en douter, je ne suis pas humain. Je suis une fée, du moins en grande partie. Contrairement aux croyances populaires qui nous voient comme des déesses de la destinée ou de femme surnaturelle, nous avons bien évidemment des mâles. Nos ancêtres viennent d’un monde parallèle, et sont venus sur Terre il y a bien de cela des millénaires humains. Nous sommes capables de conférer des dons aux nouveau-nés des autres si nous le voulons, de voler dans les airs, de lancer des sorts, de guérir les autres par un simple baiser et les plus puissants d’entre nous peuvent même influencer le futur. »
Le souverain prit quelques instants pour reprendre lentement son souffle. Il espérait ne pas en avoir trop dit sur ses origines. Remarque, il n’avait parlé que des pouvoirs et caractéristiques communes à la majorité des fées. Oberon possédait des capacités qui se situaient bien au-delà du commun féérique, ce qui faisait de lui un être craint et respecté au sein de son peuple. Après un léger soupir, Oberon reprit la conversation.
« Je te parlerais de mes pouvoirs si tu daignais détailler un peu plus l’origine et le fonctionnement de tes capacités. J’ai bien peur de ne pas avoir tout saisi. »
La magie est à elle seule une chose mystique, surnaturelle. Une pratique fondée sur la croyance en l’existence d’êtres doués de pouvoirs et agissants sur le monde. Tant de personnes ne croient pas en la réalité de cette force. Ils ne peuvent être blâmés : réussir à comprendre qu’une magie supérieure est belle est bien réel remettrait en cause une grande partie de leur vie. Mais même pour ces êtres spéciaux, la magie reste une connaissance incomplète, toujours en mouvement et dont les lignes se mêlent et se croisent pour former une multitude de complexités. Alors quand l’étranger aux cheveux d’or fit disparaître l’armure qu’il portait, Ondine resta bouche bée. Réussir à faire se volatiliser des kilos de matière en l’espace d’une infime seconde, cette magie restait un mystère pour notre protagoniste qui ne connaissait que la sienne. Cet homme pouvait manipuler l’eau, transformer cet élément en y ajoutant une autre magie, mais aussi faire apparaître et disparaître de la matière... il devenait aux yeux de la jeune fille, de plus en plus intéressant.
Ondine était à deux doigts de trouver son interlocuteur séduisant : s’il n’était pas aussi énervant et grossier, peut-être la nymphe le verrait-elle comme un être charmant. Mais ce n’était pas le cas. Aussi, malgré ses vêtements d’un blanc immaculé qui rendaient justice aux traits de son corps, l’inconnu ne faisait ni chaud ni froid à la jeune fille.
Quand la douce voix de notre protagoniste se tut, alors qu’elle finissait de dévoiler la première information qu’elle souhaitait divulguer, l’homme ne dit mot. Il se contenta de se déplacer, par les airs, vers une souche d’arbre qu’il utilisa en guise de chaise. Quelle idée de se promener avec des vêtements si salissants dans un bois. Intéressant, mais quand même étrange ce singulier personnage...
Ondine soupira, encore une fois. Cet homme ne pouvait rien faire comme tout le monde : parler debout ou parler assis, mais sans bouger à longueur de temps. Même si le sol paraissait tout à fait confortable, l’herbe grasse offrant un coussin naturel à la terre, la nymphe se leva et se dirigea vers son interlocuteur. Peut-être s’attendait-il à ce qu’elle s’assoie à nouveau, en face de lui, telle une élève docile et attentive. Ondine n’en était pas une, et sa fierté bien ancrée ne lui permettait absolument pas de s’abaisser à ce genre de rôle. Alors, pour faire concurrence au trône de l’étranger, la fille des eaux fit s’élever une petite masse de l’étang afin de se confectionner un confortable petit siège en glace, bien en face de l’inconnu. Ce dernier fixa notre protagoniste d’un regard sans émotion.
« N’allons pas si vite, c’est une information pour une autre. Ta première interrogation, c’est ce que je suis. Alors je commencerais par y répondre. Comme tu peux t’en douter, je ne suis pas humain. Je suis une fée, du moins en grande partie. Contrairement aux croyances populaires qui nous voient comme des déesses de la destinée ou des femmes surnaturelles, nous avons bien évidemment des mâles. Nos ancêtres viennent d’un monde parallèle, et sont venus sur Terre il y a bien de cela des millénaires humains. Nous sommes capables de conférer des dons aux nouveau-nés des autres si nous le voulons, de voler dans les airs, de lancer des sorts, de guérir les autres par un simple baiser et les plus puissants d’entre nous peuvent même influencer le futur. »
À la surprise d’Ondine, l’homme parlait beaucoup. Il ne laissait visiblement pas paraître cet aspect-là au premier abord, mais il était évident que, sur un sujet qu’il maîtrisait et sûrement dont il n’était pas désagréable pour lui de parler, la fée se laissait emporter. Il lui fallut quelques secondes pour reprendre son souffle après ce petit monologue. La nymphe en profita pour bien enregistrer ce qu’elle venait d’entendre : il était une fée dotée d’une quantité de pouvoirs visiblement peu limités. Notre protagoniste connaissait vaguement ce nom de « fée », il ne lui paraissait pas totalement étranger, mais elle n’en avait jamais rencontré ni même jamais étudié de près ou de loin. Ces ailes, disparues maintenant, étaient donc une des caractéristiques de ce peuple millénaire. L’homme n’avait pas donné beaucoup d’information sur lui, mais cela suffisait à Ondine qui était principalement perturbée par le fait que cet être ressemble à un humain sans en être un. Les informations qu’ils s’échangeaient n’étaient que superficielles. Il était sûrement temps pour la jeune fille de dévoiler quelques détails intéressants pour pouvoir en découvrir plus sur les capacités de son interlocuteur.
« Je te parlerais de mes pouvoirs si tu daignais détailler un peu plus l’origine et le fonctionnement de tes capacités. J’ai bien peur de ne pas avoir tout saisi. »
La nymphe haussa un sourcil. Comment ça il n’avait pas bien saisi ? Elle contrôle l’eau, ce n’est pas bien compliqué à comprendre. Ondine se fit la réflexion que, peut-être, les fées n’étaient pas plus intelligentes que les humains. Ou que, peut-être, il manquait des éléments à son histoire pour que l’étranger puisse comprendre. Que pouvait-elle bien ajouter de plus ? Elle avait eu besoin à un moment de cette eau, elle avait réellement désiré l’utiliser pour rejoindre le monde humain. La jalousie rongeait son être alors que l’eau commençait à se soulever pour elle. La jeune fille se remémora les instants au bord de l’eau où ces petits bipèdes la narguaient avec leurs si beaux parents. Au fur et à mesure, l’eau grandissait pour elle. Les plus grands progrès qu’elle avait faits venaient surtout de son voyage à travers le pays. Depuis qu’elle avait quitté sa rivière, Ondine n’avait cessé de devenir plus puissante. Mais pourquoi avait-elle abandonné son lieu de naissance... ?
« L’origine, l’origine... tu en poses des questions toi ! » s’écria la petite blonde, bien assise sur sa chaise glacée.
Sa voix n’était pas très assurée. Elle tentait vainement de le cacher, mais une pointe d’incompréhension s’était glissée dans ses mots. Ondine n’y pensait jamais, comme si son esprit lui murmurait d’éviter ce genre de pensées, comme si elle ne pouvait contrôler ces souvenirs-là. Mais une question bloquait toujours sa mémoire : pourquoi était-elle partie de sa rivière ? Comme toute bonne ondine, elle aurait dû rester auprès des siens toute l’éternité, continuant sans cesse à brosser ses longs cheveux au bord de l’eau. Mais Ondine était ici et non là-bas.
Une expression dure s’installa sur le visage de notre protagoniste, rendant ses traits crispés par la réflexion. Elle était incapable de se souvenir de son départ. Un jour elle était Ondine au bord de l’eau, le lendemain elle devenait Ondine la voyageuse. Rien ne lui paraissait plus lointain que la raison de son départ. Cette bribe de souvenir semblait ensevelie au plus profond de sa mémoire, sous un verrou qu’une force supérieure avait fortement fermé.
« Je suis une ondine, l’eau se plie à ma volonté, c’est à force d’entraînement et surtout dans ma nature. Rien de plus. » Conclut la jeune fille perturbée par ses pensées.
D’un rapide coup de tête, la nymphe décida de laisser cette interrogation de côté. Elle avait donné l’occasion à son interlocuteur de comprendre que quelque chose l’agaçait alors qu’elle souhaitait plus que tout contrôler le flux d’informations qu’elle laissait filtrer à cet fée. Qu’importait l’origine de ses pouvoirs, ce qui intéressait sûrement le plus cet homme était la complexité des capacités d’Ondine.
« Je peux contrôler les différentes formes de l’eau, reprit sérieusement la jeune fille, je pense pouvoir soulever à peu près n’importe quelle masse de liquide même si plus il y en a, moins je peux le faire rapidement. En fait c’est assez simple : il n’est rien qui m’est impossible avec cet élément pur. »
À l’instant, les yeux de la nymphe brillaient d’une certaine fierté. La fin de sa phrase sonnait différemment, un côté hautain s’était glissé, comme si Ondine souhaitait montrer à son interlocuteur qu’il n’était pas supérieur à elle comme son attitude le laissait penser.
« Alors, ces pouvoirs, que sont-ils ? » questionna-t-elle vivement, avide d’en savoir davantage.
Ondine attendit impatiemment la réponse de son interlocuteur, même si dans un coin de sa tête flottait encore une question sans réponse. Entre ses deux doigts, discrètement, elle tritura machinalement le coin de son long t-shirt. Pourquoi sa mémoire était ainsi bloquée, ce n’était que quelques minutes de sa longue vie, mais ne pas s’en souvenir empêchait la réponse : pourquoi était-elle partie de sa rivière ?
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« L’origine, l’origine... tu en poses des questions toi ! »
Et pourtant il s’agissait-là d’une question pertinente. Ce qui n’empêcha pas l’incompréhension et la confusion de régner au milieu de cette conversation. Oberon ne voyait pas ce qu’il y avait de tant difficile à comprendre dans ses interrogations. Il ne savait pas réellement à quel niveau de l’évolution se situaient les nymphes, aussi commençait-il à douter de l’intelligence d’Ondine. Pas qu’il la considérait comme une parfaite abrutie, loin de là. Mais plutôt comme étant incapable de lui fournir une explication rationnelle. Car dans la tête d’un scientifique comme Oberon, toute chose se devait d’avoir une raison, une explication logique. Même lorsqu’il s’agissait de Magie, l’une des choses les plus absurdes de l’Univers.
« Je suis une ondine, l’eau se plie à ma volonté, c’est à force d’entraînement et surtout dans ma nature. Rien de plus. »
Il était facile de tout expliquer avec un raisonnement aussi simpliste. Cela ressemblait aux réponses des adeptes de la religion « -Expliquez-moi comment les oiseaux volent. – Grâce à la volonté de Dieu ». La réponse n’était pas forcément fausse, mais il serait beaucoup plus cohérent de répondre par « - Le vol complet d’un oiseau actif implique la réalisation simultanée de trois fonctions : la sustentation, la propulsion, la régulation ». Autrement dit, la réponse de la jeune fille était insuffisante aux yeux du souverain. Qu’entendait-elle par sa nature? Le grand blond était de plus en plus curieux de connaître les secrets que renfermait le corps si frêle de la jeune nymphe. Mais arrêtez-vous immédiatement! N’allez pas imaginer Oberon disséquant chaque millimètre de chair et de matière d’une ondine solidement attachée sur une table de torture, se délectant de son visage enfantin déformé par la douleur et le dégoût. Le blond était un scientifique, pas un savant fou.
« Je peux contrôler les différentes formes de l’eau, je pense pouvoir soulever à peu près n’importe quelle masse de liquide même si plus il y en a, moins je peux le faire rapidement. En fait c’est assez simple : il n’est rien qui m’est impossible avec cet élément pur. »
Le jeune homme plaça une main sous son menton tout en grognant des « huum » pleins de concentrations. Tout ceci était aussi intéressant qu’impressionnant. Surtout avec une forme physique aussi peu développée. Oberon se mit à émettre des théories, comme quoi il pourrait peut-être s’agir de la présence de certaines structures biologiques internes qui permettait à la jeune fille d’interagir avec l’élément aqueux. Le tout combiné avec une certaine affinité avec la magie, ce qui ferait des capacités d’Ondine quelque chose d’assez similaires aux pouvoirs du roi des fées.
La nymphe semblait très fière de ses pouvoirs, ne masquant pas une certaine arrogance dans le ton avec lequel elle s’adressait à Oberon. Mais ce dernier n’y porta aucune attention. Son expérience lui avait appris de ne jamais sous-estimer les autres. Même si l’attitude du souverain lui donnait l’impression d’être au-dessus de tout et d’écraser les autres, la réalité était tout autre. Il ne doutait pas de la puissance de cette inconnue, mais cette dernière ne devrait pas non plus se montrer si sûre d’elle. Dans cet Univers, il existe toujours quelqu’un de plus fort que soi.
« Alors, ces pouvoirs, que sont-ils ? »
La question était réellement vague, tout en étant très claire. Le but évident de la jeune fille était de tout apprendre sur les différents pouvoirs du souverain. Mais ce dernier n’allait pas tout dévoiler en une fois, il fallait tout de même faire un peu de place pour le mystère. Il aurait donc aimé une question un peu plus précise, mais cela lui offrait alors la liberté de choisir de quel pouvoir il parlerait. Il plaça son poing devant sa bouche afin de s’éclaircir la voix.
« Je vais essayer de faire simplement. »
Usant du même type de magie que sa base de données, il leva une main en l’air afin de faire apparaître une carte du système solaire ainsi qu’un plan en coupe de l’anatomie des fées. Le tout flottait dans l’air, dessiné avec une couleur or brillante qui illuminait la clairière malgré le fait qu’il fasse encore jour.
« Nous, les fées, possédons une structure dans nos cerveaux générant des messages électriques faisant alors le pont entre le mental et le plan de la réalité physique ou psychique. Ce message est souvent défini comme étant le pouvoir magique, influant alors sur une cible donnée : un élément, un être vivant, un objet etc. Les mages les moins habiles ont recours à des objets afin de canaliser ou de catalyser leurs pouvoirs : des encens, des bâtons, des formules, du sang etc. »
Il avait débuté son explication en montrant du doigts différents endroits sur le plan en coupe, désignant particulièrement une région située entre le cerveau et le cervelet. Il se tourna alors vers les différentes projections de planètes qui flottaient au-dessus de leur tête, telle une projection en trois-dimensions mais beaucoup plus réaliste.
« Il est difficile pour un mage de générer des ondes électriques correspondant à tous les types de cibles. Ce qui rend donc presque impossible la maîtrise de tous les types de magie. Ceci par le simple fait que l’affinité magique des fées est définie par le lieux, la période et l’année de naissance, et donc la position des planètes. Dans mon cas, je ne te dirais pas quand est-ce que je suis né mais j’ai une affinité particulière avec l’eau. Ce qui ne m’empêche pas de maîtriser plusieurs autres types de magies. »
D’un claquement de doigt, il fit alors disparaître toutes les images qui supportaient son explication. Il ne s’attendait pas vraiment à ce qu’elles comprennent tout, ni même qu’elle se satisfasse d’une telle réponse. Mais elle ne pourra pas dire qu’il n’avait pas rempli sa part du marché, c’était une information pour une autre. Pour la suite, il pourrait très bien lui demander d’autres choses sur ses pouvoirs, mais quelque chose lui disait qu’il aurait tout le loisir de l’étudier plus tard. Pour le moment, une autre chose l’intriguait un peu plus. Elle avait déjà répondu à cette interrogation, mais comme d’habitude Oberon voulait de la précision.
« Dans quel but voyages-tu comme les humains? Que cherches-tu? Car le but d’un voyage est bien souvent la recherche de réponses. »
Si la scène était à observer de loin, le tableau serait parfait. Dans un bois à la végétation fournie, au centre d’une clairière éclairée par quelques rayons de soleil, deux êtres tenaient une discussion des plus sérieuses. L’un, à la carrure imposante, perché très naturellement sur une souche d’arbre, l’autre, confortablement posée sur un siège fait de glace. Ils se faisaient face, bien au centre de cette étendue verdoyante. Tout autour, la forêt reprenait ses droits. La présence de ces deux magies ne l’avait perturbée que quelques instants. Ondine appréciait la nature, elle trouvait sa place dans cette harmonie et aimait à se retrouver en plein cœur de ce monde. Tout en écoutant attentivement les explications de la fée, le regard de notre protagoniste se perdit au loin. Elle observait la valse des feuilles se mouvant légèrement au contact du vent et les volatiles entamant une série de chants en réponse à leurs voisins de l’arbre d’à côté. Ondine prit une grande bouffée d’air frais et se fit la réflexion que... c’est sympa de respirer, les humains en ont de la chance.
«... Les mages les moins habiles ont recours à des objets afin de canaliser ou de catalyser leurs pouvoirs : des encens, des bâtons, des formules, du sang, etc. »
Les yeux de la jeune fille se tournèrent de nouveau vers son interlocuteur, elle avait suivi avec minutie ses explications, mais sans porter son attention sur l’étrange invocation qu’il utilisait pour sa démonstration. Par ses pouvoirs, il venait encore de faire apparaître plusieurs planètes ainsi qu’un corps de fée. Tout était si détaillé qu’Ondine, impressionnée, tendit la main vers les projections afin de comprendre comment la magie pouvait créer de telles choses. Son geste ne l’aida pas, mais lui permit de se concentrer davantage sur les explications compliquées que la fée lui donnait tout en s’appuyant sur ses illustrations. La nymphe apprit plus scientifiquement la provenance de la magie et sa circulation dans le corps d’un être féérique, ce qui ne devait pas beaucoup différer d’autre être humanoïde utilisant cette source de pouvoir. Elle enregistra avidement tout ce que son interlocuteur pouvait lui apporter et commença dès à présent à se poser de nouvelles questions sur cet être.
«... Dans mon cas, je ne te dirais pas quand est-ce que je suis né, mais j’ai une affinité particulière avec l’eau. Ce qui ne m’empêche pas de maîtriser plusieurs autres types de magies. » Conclus la fée tout en faisant disparaître ses projections.
Ondine hocha la tête comme pour assimiler cette dose d’informations, mais il ne lui laissa pas un instant de répit et demanda de suite son information en retour. Tel était leur accord.
« Dans quel but voyages-tu comme les humains ? Que cherches-tu ? Car le but d’un voyage est bien souvent la recherche de réponses. »
Un petit sourire en coin vint se dessiner sur le doux visage de la jeune fille. Il voulait absolument savoir pourquoi la nymphe parcourait la terre sur ses deux frêles jambes. Cet homme semblait tout savoir ou du moins vouloir tout savoir. Ondine était sûrement une énigme pour lui, car sa nature ne lui était pas bien connue. Elle ne pouvait plus vraiment échapper à une explication même si elle-même avait du mal à saisir la raison de son départ. Il aurait la vérité, mais sûrement ne lui donnerait-elle pas toute la vérité. Une information pour une autre, c’était comme cela qu’ils avaient décidé de fonctionner, comme un jeu d’enfant.
« Tu n’as pas beaucoup d’informations sur les ondines hein ? Malgré toutes ces données que tu as. Vous avez drôlement de la chance vous les fées... nous on ne peut pas faire grand-chose avec cette magie... d’ailleurs mes sœurs en font encore moins que moi, je ne dois pas être la plus malchanceuse. » Déclara Ondine sans savoir si elle parlait à son interlocuteur ou simplement à elle-même.
La blondinette était encore admirative des explications de la fée. Les ondines ne peuvent, à sa connaissance, contrôler que leur élément naturel dans lequel elles ont toujours évolué. Il leur est impossible de maîtriser une magie différente, car elles ne possèdent aucune autre affinité. Du moins, c’est ce que sait Ondine qui, si vieille, mais pourtant si jeune parmi les ondines, ne connait pas encore tout. Marre d’être assise, la jeune fille se leva de son siège de glace qu’elle liquéfia sans un geste. Le liquide se mit à flotter autour de son corps tandis qu’elle se retournait vers son interlocuteur.
« Les voyages ont toujours un but ? Si tu le dis ! Peut-être ne connais-tu pas cela des ondines, mais... notre vie est réellement ennuyante. Le monde humain m’a toujours fasciné, ce sont des êtres pourtant si faibles, mais qui vivent une existence bien plus excitante que la nôtre. Donc un jour je suis partie de ma rivière pour me mêler aux Hommes. Au bout de pas mal de temps de voyage, j’ai appris à utiliser au mieux ma magie, parce que dans certaines circonstances j’en avais bien plus besoin que dans ma rivière. Et je suis arrivée dans cette petite ville où j’ai trouvé une troupe de théâtre drôlement étrange ! Je pense y rester quelque temps... Voilà ce qu’on pourrait appeler mon but ! »
Ce n’était pas faux, mais pas tout à fait vrai. Mais ça, la fée n’était pas obligée de le savoir. En quoi cela lui apporterait quelque chose de savoir que, au fond, elle ne recherchait qu'une seule et unique chose pour combler son coeur de nymphe ? Ondine lui avait tout de même expliqué une grande partie des raisons de son départ, une grande partie de ce dont elle se souvenait. S’il voulait savoir autre chose, il n’avait qu’à poser d’autres questions. Même si elle ne dévoilerait sûrement pas à cet être le réel but de son voyage. Comment expliquer que ce petit bout de femme, tout sauf humaine, souhaitait avoir à ses côtés des parents, comme ceux qu'elle voyait marcher dans le parc au bord de sa rivière ? Pour l’instant, c’était au tour de la nymphe d’assouvir sa soif d’interrogation quant à cet homme. La conversation restait encore intéressante pour l’instant. Sûrement couperait-elle à cet échange quand elle n’y trouverait plus son compte. Ondine réfléchit précisément à ce qu’elle pouvait demander à la fée... elle se demandait qui il était vraiment et quel était son but à lui aussi en étant ici, mais cette information, primordiale dirait certain, ne l’était pas aux yeux de la jeune fille. Un élément l’intriguait bien plus...
« Que maitrises-tu d’autres comme types de magies ? Et d’ailleurs, comment peux-tu les maîtriser ? Si plusieurs critères déterminent ton affinité avec un élément, comment peux-tu aller à l’encontre de ces forces et plier un autre élément à ta volonté ? C’est impossible ! » S’étonna Ondine, sachant pertinemment que cela était bien possible pour cet homme qui en avait fait la démonstration plus d’une fois depuis leur rencontre.
Elle avait le visage d’un enfant impressionné, mais avec le ton sérieux de celle qui cherche réellement une réponse. Bien ancrée sur ses deux petites jambes, elle faisait face à cet fée pour une discussion sans réel but. Chacun apprenait des détails sur l’autre mais pour quelle finalité ? Ondine ne comptait pas chercher à le revoir si leur chemin se séparait, elle n’avait que faire des autres, étant bien occupé déjà avec sa personne et sa quête sur le monde humain. Mais qui sait, peut-être ce personnage pouvait-il lui apporter des choses qu’elle ne soupçonne pas encore ? Pour le moment, la jeune Ondine souhaitait connaître les pouvoirs de la fée, car une pointe de jalousie s’était formée en elle, pourquoi ne pouvait-elle pas, elle, si forte parmi les ondines, maîtriser autre chose que son eau ?
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Une légère brise soufflait à présent sur le rivage de ce petit point d’eau, faisant danser la chevelure de nos deux protagonistes. La voix d’Oberon était accompagnée par le bruit du clapotement de l’eau et de ceux des frottements des feuilles luttant contre les caprices du vent. Et pourtant le monde tout autour d’eux semblait s’être figé dans le temps, comme si la nature elle-même était curieuse de voir comment la rencontre improbable entre ces deux créatures allait se conclure.
Le jeune poursuivait ce qu’on pourrait qualifier de micro-conférence sur la Magie. Et pouvoir argumenter, débattre et expliquer à propos de sujets plus ou moins compliqués avec un interlocuteur était l’une des rares « activités sociales » que le souverain appréciait. D’ordinaire lorsqu’il ne gouvernait pas, il se terrait dans le fond de son laboratoire ou de sa bibliothèque, loin des agitations incessantes d’un royaume débordant de vie et d’énergie. Concordia était loin d’être à l’image de son souverain; l’homme sombre et inaccessible régnait sur un monde coloré, harmonieux, avec une population appréciant la vie. Oberon était autant craint qu’admiré par ses sujets, ce qui rendait difficile toute tentative d’entamer une discussion avec lui…
Parfois, il se laissait emporter par sa passion. Son ton et son expression faciale était bien différente lorsqu’il parlait de Sciences et de Magie. Il finissait tout de même par reprendre son calme et son sérieux naturel. Ce n’était pas plus mal de montrer un peu de fougue et d’énergie, étant donné que son interlocutrice montra quelque fois des signes d’inattentions. […]
« Tu n’as pas beaucoup d’informations sur les ondines hein ? Malgré toutes ces données que tu as. Vous avez drôlement de la chance vous les fées... nous on ne peut pas faire grand-chose avec cette magie... d’ailleurs mes sœurs en font encore moins que moi, je ne dois pas être la plus malchanceuse. »
Pour une raison qui lui échappait, la jeune fille s’était mise à lui sourire. Répondre aux questions du souverain l’amusait-elle, ou le fait de voir que ce dernier cherchait à tout prix à en savoir plus était si hilarant? Oberon était tout à fait conscient qu’il était loin de détenir le savoir absolu, alors si le but était de le narguer, peu de chance qu’il tombe dans une provocation aussi simple. Mais de toute évidence, ce n’était pas vraiment le but de cette déclaration. La fée décela de l’envie plus qu’autre chose, en plus d’une information cruciale: Ondine était une perle rare et il ne fallait absolument pas qu’elle lui file entre les doigts.
« Les voyages ont toujours un but ? Si tu le dis ! Peut-être ne connais-tu pas cela des ondines, mais... notre vie est réellement ennuyante. Le monde humain m’a toujours fasciné, ce sont des êtres pourtant si faibles, mais qui vivent une existence bien plus excitante que la nôtre. Donc un jour je suis partie de ma rivière pour me mêler aux Hommes. Au bout de pas mal de temps de voyage, j’ai appris à utiliser au mieux ma magie, parce que dans certaines circonstances j’en avais bien plus besoin que dans ma rivière. Et je suis arrivée dans cette petite ville où j’ai trouvé une troupe de théâtre drôlement étrange ! Je pense y rester quelque temps... Voilà ce qu’on pourrait appeler mon but ! »
Sans doute fatiguée de rester assise, la jeune fille s’était redressée tout en liquéfiant son siège de glace en un claquement de doigt. L’élément aqueux s’était mis à flotter autour d’elle, adoptant une orbite irrégulière mais qui donnait une touche de grâce à cette impressionnante démonstration. Mais Oberon ne s’attarda pas très longtemps à ce spectacle, car autre chose avait attiré son attention. Une troupe de théâtre. Un sourire se dessina à l’intérieur du géant en armure. Ainsi elle avait été engagée par ce diable de loup, qui avait décidément toujours un coup d’avance. Mais qu’importe, cela faciliterait grandement les chances pour Oberon de la revoir et de tenter d’en savoir plus. Question, devrait-il lui révéler qu’ils étaient collègues? Il avait le temps d’y réfléchir, car elle n’avait pas fini de parler. À peine avait-telle fini de répondrait qu’elle s’empressait déjà de lui poser une nouvelle question. Sur ce point, ils se ressemblaient énormément…
« Que maitrises-tu d’autres comme types de magies ? Et d’ailleurs, comment peux-tu les maîtriser ? Si plusieurs critères déterminent ton affinité avec un élément, comment peux-tu aller à l’encontre de ces forces et plier un autre élément à ta volonté ? C’est impossible ! »
Le grand blond avait du mal à prendre la jeune nymphe au sérieux. Voir ce visage si enfantin, ces grands yeux qui brillaient d’admiration lui demander des choses sur un ton si sérieux était difficile à appréhender. Il y avait quelque chose de mignon dans son attitude, et il ne put s’empêcher de faire le lien avec Aliya, qui sur de nombreux points ressemblait beaucoup à Ondine.
Le jeune homme toussota bruyamment, le poing devant la bouche. Il fit ensuite disparaitre les cartes et schémas qui flottaient toujours à côté de lui, en balayant juste son bras par-dessus, dispersant les lettres, les chiffes et les traits comme de la poussière d’étoiles. Inévitablement les bras du souverain se croisèrent de nouveau, tandis que ce dernier plongea intensément son regard dans celui de son interlocutrice. Le but n’étant pas là de l’intimider, disons qu’il s’agissait de sa façon de montrer que lui aussi était sérieux dans cette histoire. Ce principe de questions-réponses pouvait facilement s’apparenter à une forme de jeu alors autant clarifier certaines choses, non?
« Je dois l’admettre, il y a bien des choses que je ne connais pas dans cet univers, et encore moins dans les autres. Cependant je peux émettre une théorie sur ton cas qui se résumerait par une simple phrase : tu as évolué différemment de tes semblables. J’imagine que le mode de vie de ton espèce que tu considères comme si ennuyeux est considérée comme la norme, comme le comportement naturel inscrit dans vos gènes. Ta perception du monde est différente car peut-être exprimes-tu des gènes spécifiques que tes sœurs n’ont pas, ce qui expliquerait également ta puissance particulière? Je dis bien peut-être, car tout doit se vérifier. Cela dit si ce que je dis est vrai, tu n’es pas anormale, car après tout la diversité a toujours fait partie de la nature. Maintenant en analysant cela, je suis curieux de savoir ce qui manquerait à ta vie de nymphe et que tu envies tant aux humains. Et surtout s’agit-il de quelque chose que tu penses trouver dans l’Organisation du Grand Méchant Loup?»
Oberon marqua un temps de pause, laissant à Ondine le loisir de digérer cette dernière question, avant de diriger son regard vers un petit buisson qui s’était mis à vibrer non loin de lui. Le jeune homme leva doucement son bras avant de faire signe à un individu invisible de venir vers lui. Soudain quelque chose bondit hors de l’amas de feuillages et de branches et se dirigea vers le blond. Un jeune renard roux au pelage luisant car légèrement humide avait sauté sur les larges genoux de Zephyrius. Ce dernier n’avait pas oublié la question de la jeune nymphe, et cet animal allait lui permettre d’illustrer clairement sa réponse.
« Concernant mes capacités, je t’assure qu’il n’y a rien d’impossible. Il y a bien des magies que je ne pourrais jamais utiliser, tout comme ce renard ne pourrait sans doute jamais voler. Mais par contre, avec de la pratique et de la persévérance, je peux sortir de ma zone de confort pour apprendre de nouvelles choses. Vois-tu ce renard est spécialisé pour la vie en forêt. Si je le lâchais une population de ces petits êtres dans les montagnes enneigés, il est sûr que bon nombre d’entre eux mourront. Mais certains survivront parce qu’ils se seront adaptés, adopteront des stratégies différentes ou contraire à leur nature pour finir par évoluer. Ces humains que te font rêver sont également un parfait exemple : ils ne pourront jamais devenir aussi fort qu’une fée, mais cela n’empêche qu’avec de la volonté, un individu sans le moindre talent pour les arts martiaux peut devenir un excellent combattant. Il y a une limite à ce que nous pouvons devenir, mais nous ne sommes pas obligés prendre le choix par défaut. »
La fée caressa doucement le pelage du petit animal qui se laissait docilement cajoler. Les êtres comme Oberon sont très proches de la nature et certains sont parait-il capables de communiquer avec le monde animal. Le souverain chuchota à l’oreille du canidé qui se précipita presqu’aussitôt vers la nymphe afin de se blottir contre elle. Le Goupil était sans doute de nature craintive par rapport à l’élément aqueux mais il s’était laissé convaincre par le souverain que la jeune fille ne constituait pas un danger immédiat. Le blond ne savait même pas pourquoi il fit ce geste, peut-être se montrait-il plus doux lorsqu’il était en présence d’espèces animales? Qui sait.
« Nous somme parti du principe d’une question pour une question. Tu en as posé plusieurs, et j’ai répondu à l’une d’entre-elles. Je suis donc sensé t’en poser une et obtenir une réponse satisfaisante si tu veux en savoir plus sur les différents types de magie à ma disposition, non? Mais comme je suis de bonne humeur, je peux t’en énumérer quelques-unes. »
Il en devenait même généreux ma parole! Pour la première fois depuis le début de cette conversation, un sourire sincère était apparu sur la face crispée du roi des fées. Cette tension sur son visage était probablement l’une des seules façons de distinguer son faciès androgyne de celui d’une vraie femme, l’autre étant probablement ce menton un peu plus fort hérité de son défunt père. Et pour la première fois, la conversation avait quelque peu changé de ton. Toujours aussi sérieux, la tension allait tout de même baisser d’un cran dans cet échange. Signe que malgré leurs pensées respectives assez divergentes, quelque chose étaient en train de rapprocher ces deux êtres surnaturels.
« J’utilise la Magie Spatio-Temporelle et je suis Télépathe. Maintenant parle-moi de ton but, ma question je l’ai déjà posé il a quelques minutes. »
Ondine, pour la première fois depuis le commencement de sa longue vie, se sentit faible. Non pas, car son enveloppe corporelle n’était pas du tout à même de supporter entièrement son pouvoir, non plus car il lui manquait une quelconque maîtrise de son eau, loin de là. Non, la jeune fille était submergée, l’espace d’un instant, par un sentiment qu’elle avait ressenti il y a longtemps, au bord de sa rivière : la jalousie. Elle qui, sans y prêter attention, connaissait l’étendue de sa puissance, se retrouvait désormais face à un individu qui, en plus de posséder un caractère bien affirmé, rivalisait avec elle sur son propre terrain aquatique. Mais ce n’était pas tout : cette fée ne se contentait pas de maitriser uniquement cet élément aqueux. Cela piquait la fierté de notre protagoniste qui se retrouvait désormais coincé dans sa magie qu’elle trouvait à présent ridicule. Elle regarda son interlocuteur faire disparaître toutes ses explications écrites dans les airs, il tourna également les yeux vers elle. Leur regard croisé n’exprimait pas du tout les mêmes sentiments, l’homme semblait réellement intéressé par leur échange et les informations précieuses qui en découlaient, tandis qu’Ondine se débattait entre admiration et jalousie. Il reprit la parole.
« Je dois l’admettre, il y a bien des choses que je ne connais pas dans cet univers, et encore moins dans les autres. Cependant je peux émettre une théorie sur ton cas qui se résumerait par une simple phrase : tu as évolué différemment de tes semblables. J’imagine que le mode de vie de ton espèce que tu considères comme si ennuyeux est considéré comme la norme, comme le comportement naturel inscrit dans vos gènes. Ta perception du monde est différente, car peut-être exprimes-tu des gènes spécifiques que tes sœurs n’ont pas, ce qui expliquerait également ta puissance particulière ? Je dis bien peut-être, car tout doit se vérifier. Cela dit si ce que je dis est vrai, tu n’es pas anormale, car après tout la diversité a toujours fait partie de la nature. Maintenant en analysant cela, je suis curieux de savoir ce qui manquerait à ta vie de nymphe et que tu envies tant aux humains. Et surtout s’agit-il de quelque chose que tu penses trouver dans l’Organisation du Grand Méchant Loup ? »
L’homme venait de terminer sa dernière phrase, il avait posé sa question suivante sans même prendre le temps en premier lieu de répondre à celle de la nymphe. Cette dernière n’avait pas esquissé un mouvement, trop concerné par les vérités que venait d’énoncer l’étranger. Tout ce qu’il avait pu dire apparaissait comme une évidence pour Ondine, mais elle n’y avait jamais pensé de cette façon, comme un résumé de son existence. Elle savait être une sorte de déviante, car même si la diversité existence dans son espèce, elle s’en éloignait trop. Le penser, le savoir sans vraiment se le dire était une chose, l’entendre exposer par un individu qu’elle ne connaissait pas en était une autre. Elle était presque contente, il y a quelques minutes, qu’il ne sache rien de son espèce et qu’elle doive lui expliquer certaines choses. Mais elle devait bien se rendre à l’évidence : cette fée était intelligente, perspicace et analysait avec précision les gens. Il ne cessait de répéter « peut-être » mais son explication tenait tellement debout qu’il était difficile d’en douter. Perdue dans ses pensées, Ondine ne réagit que tardivement aux derniers mots de son interlocuteur : l’Organisation du Grand Méchant Loup. Parlait-il de la Troupe de Théâtre ? Oui, il n’y avait pas trente-six mille loups parlant connus dans le coin. Il est vrai que la jeune fille avait intégré cette organisation sans vraiment trop savoir ni son but, ni sa composition et encore moins ses spécificités. Comme l’avait remarqué le blond, notre protagoniste recherchait bien quelque chose que lui avait vendu avec persuasion le Loup. Son esprit de déduction était affuté, ce qui ne plaisait guère à Ondine qui se sentit acculée face à ses questions précises. Pourquoi souhait-il absolument apprendre ça d’elle ? Alors que la nymphe réfléchissait à toute allure, la fée se retrouva avec un petit renard au pelage orangé sur les genoux. Le regard de la jeune fille se tourna vers l’animal et s’adoucit. Son interlocuteur continua, répondant cette fois à la précédente question d’Ondine.
« Concernant mes capacités, je t’assure qu’il n’y a rien d’impossible. Il y a bien des magies que je ne pourrais jamais utiliser, tout comme ce renard ne pourrait sans doute jamais voler. Mais par contre, avec de la pratique et de la persévérance, je peux sortir de ma zone de confort pour apprendre de nouvelles choses. Vois-tu ce renard est spécialisé pour la vie en forêt. Si je lâchais une population de ces petits êtres dans les montagnes enneigés, il est sûr que bon nombre d’entre eux mourront. Mais certains êtres survivront par qu’ils se seront adaptés, adopteront des stratégies différentes ou contraires à leur nature pour finir par évoluer. Ces humains qui te font rêver sont également un parfait exemple : ils ne pourront jamais devenir aussi fort qu’une fée, mais cela n’empêche qu’avec de la volonté, un individu sans le moindre talent pour les arts martiaux peut devenir un excellent combattant. Il y a une limite à ce que nous pouvons devenir, mais nous ne sommes pas obligés prendre le choix par défaut. »
Ondine écoutait attentivement les paroles de la fée sans pour autant y voir une quelconque forme d’application à sa personne. La jeune fille était sortie de sa zone de confort depuis quelque temps désormais et pourtant rien ne lui avait indiqué l’éventualité de contrôler autre chose que son eau. Mais elle comprit les explications. Celles-ci pouvaient paraître évidentes pour n’importe qui : tout être évolue dans le sens de ses besoins. Mais pour la nymphe, ce genre d’évidences ne lui traversait même pas l’esprit tant sa vision du monde terrestre était restreinte. Une présence la fit sursauter et sortir de ses songes, l’animal confortablement blotti sur les genoux de la fée, venait de courir vers elle et de se loger dans le creux de son cou. Le pelage délicat dégageait une chaleur apaisante contre la peau d’ordinaire froide d’Ondine. Un sourire illumina son visage, ses traits sérieux laissèrent place à une peau lisse, tendue par ses zygomatiques remontés bien hauts. La jeune fille n’avait jamais approché ce genre d’animaux, de loin cela ne l’intéressait pas. Mais, comme une enfant qui découvre la nature, elle était subjuguée par ce petit être. Elle jeta un regard à l’homme. Sûrement était-ce une action de sa part. Elle avait remarqué depuis leur rencontre qu’une affinité particulière le liait à son environnement. De là à penser qu’il pouvait communiquer avec des animaux, il n’y avait qu’un pas.
« Nous sommes partis du principe d’une question pour une question. Tu en as posé plusieurs, et j’ai répondu à l’une d’entre elles. Je suis donc sensé t’en poser une et obtenir une réponse satisfaisante si tu veux en savoir plus sur les différents types de magie à ma disposition, non ? Mais comme je suis de bonne humeur, je peux t’en énumérer quelques-uns. J’utilise la Magie Spatio-Temporelle et je suis Télépathe. Maintenant parle-moi de ton but, ma question je l’ai déjà posé il y a quelques minutes. »
Décidément, il ne lâchait pas l’affaire. Mais cela n’embêta pas tellement Ondine, surtout surprise par le délicat sourire qui s’était dessiné sur le visage de la fée, un sourire particulier : ni provocateur ni ironique. L’homme paraissait simplement... sincère. L’atmosphère autour d’eux semblait peu à peu reprendre sa respiration. D’abord le renard, ensuite ce sourire, quelque chose semblait avoir fait évoluer leur échange de bons procédés au rang de conversation. La jeune fille ne savait pas quoi en penser mais l’étranger lui parut soudain plus agréable, moins irritant. Elle se fit une réflexion à voix haute.
« Tu dois être quelqu’un d’important pour savoir tout ça, faire tout ça et avoir ce caractère. Ça ne se fait pas tout seul. »
Ondine se demandait désormais qui il était. Une fée, puissante, combattante, aux connaissances variées, possédant un caractère fort et avec une telle prestance. Sûr qu’il n’était pas le marchand de glace de la ville. Qui plus est, il connaissait le Loup, vu qu’il venait de l’évoquer, faisait-il lui aussi partie de cette Troupe de Théâtre ? Quelqu’un de si puissant serait au service d’un animal qui parle... Beaucoup de questions entouraient ce personnage et notre protagoniste ne cessait d’être intéressé par lui. Mélange d’admiration, d’interrogation, de jalousie, de fierté. Qui était-il et pourquoi l’intéresse-t-elle autant ? Ondine en avait des questions, beaucoup de questions. Pas uniquement sur cet énergumène, mais aussi sur le monde entier, qu’il paraissait bien connaître. Il pourrait lui servir à bien des choses, se disait Ondine. Mais sûrement n’était-il pas homme à se laisser utiliser sans rien demander en retour. Elle ne devait pas le prendre à la légère, ni attendre de lui un flot d’informations gratuites, même s’il semblait s’être adouci depuis leur premier regard. La nymphe saisit le jeune renard entre ces mains et le hissa à la hauteur de son visage. Ni effrayé, ni heureux, l’animal clignait des yeux lentement, ne comprenant pas vraiment les intentions de la jeune fille.
« Donc toi, tu pourrais devenir plus fort ? Pourtant tu es tout petit ! Et tout faible aussi non ? Ne te vexe pas hein, mais bon... »
Elle approcha sa tête du museau de l’animal, leur nez respectif se touchant presque. Elle plongeant son regard dans celui du renard, tentant sûrement de déceler une lueur de cette volonté dont parlait la fée précédemment. Ce n’était évidemment pas facile à voir. Elle écarta ses bras et déposa le renard à ses pieds en lui laissant au passage quelques gratouilles sur le sommet du crâne. Ondine commençait à bien aimer ce petit être.
« Tu crois qu’il m’aime bien ? » Lâcha la jeune fille en s’adressant à la fée.
On aurait pu croire à un stratagème pour détourner la conversation de son sujet principale, mais loin d’Ondine l’idée de ne pas répondre à son interlocuteur : elle avait simplement cessé de tenir son air sérieux envers l’inconnu. Ainsi son esprit, comparable au vol du papillon, faisait des bons de pensés en pensées. À cet instant, Ondine était apaisée par les grands yeux ronds du renard et la chaleur qu’il avait apportée à son frêle corps. Elle savait que son interlocuteur attendait une réponse à sa question, mais elle savait également qu’elle ne lui donnerait pas cette réponse. Son silence ne lui apporterait rien de plus : il savait déjà qu’Ondine voyageait pour un but précis, important à ses yeux. Alors, autant ne pas inventer un mensonge qu’il aurait pu déceler, un mensonge qu’elle n’aurait pas pu tenir jusqu’au bout.
« Je ne vais pas te répondre, mais ça, tu devais déjà l’avoir deviné. Du coup je ne vais pas te poser d’autres questions, car ce ne serait pas juste pour notre accord... Tu vas sans doute demander pourquoi je ne veux pas te répondre. C’est assez simple : je n’ai aucun intérêt à te révéler le but de mon voyage et pourquoi je veux tant être avec des humains. Si ce n’est l’intérêt de pouvoir te poser une autre question par la suite. Mais... je ne veux pas que tu en saches trop sur moi. Un vieil homme qui se baladait souvent dans le parc disait la phrase « la connaissance, c’est le pouvoir » ou quelque chose comme ça. Alors que toi, tu en as déjà assez comme ça du pouvoir ! » conclut-elle sur une pointe d’humour qu’elle ne se connaissait pas.
Ondine, toujours campée sur ses deux petites jambes, regardait intensément le blond. Elle n’avait aucunement l’intention de partir, alors que lors de leur rencontre, l’envie ne lui manquait pas. Le sourire qu’il lui avait fait l’avait adouci, le renard qu’il avait envoyé vers elle lui donnait l’air d’un homme gentil. Comment pouvait-il avoir deux facettes si différentes ? Ondine trouvait les humains forts intéressants, mais visiblement d’autres êtres sur cette terre méritaient une attention toute particulière. Les fées en faisaient partie, tout du moins cette fée. Elle aurait voulu en savoir plus, en découvrir plus sur cette race mais également sur ce monde qu’elle n’apprenait au final que par elle-même. La nymphe, pourtant d’un caractère assez égocentrique, se dit qu’elle ne devait pas laisser filer une telle personne. Qu’un jour ou l’autre, cela lui serait bénéfique. En attendant, elle avait tout de même refusé de répondre à sa question, et l’homme n’allait sûrement pas s’attarder plus longtemps avec quelqu’un qui ne lui apportait plus d’informations. À cette pensée, Ondine ne s’affola pas, s’il connaissait cette Troupe de Théâtre, alors sûrement en faisait-il partie, elle serait donc amenée à le revoir, surtout dans une si petite ville... si donnée qu’il habite en ville. La jeune fille reprit donc son air insouciant en risquant une dernière question, son regard tourné vers le jeune renard auquel elle avait commencé à s’attacher pour aucune raison en particulier.
« Au fait, tu peux lui demander s’il voudrait rester avec moi ? »
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« Tu dois être quelqu’un d’important pour savoir tout ça, faire tout ça et avoir ce caractère. Ça ne se fait pas tout seul. »
Étant donné l’intonation prise, il était difficile de dire si elle s’adressait directement à lui ou s’il s’agissait d’une remarque pour elle-même. Son regard semblait perdu dans une autre direction, confirmant une fois de plus cette étrange sensation d’être envié. Oberon ne connaissait que trop bien ce sentiment, celui de susciter l’admiration et la jalousie de ses pairs. Car même au sein de sa propre espèce il se situait à plusieurs étages au-dessus de la masse. La réflexion de la jeune nymphe n’avait rien d’idiot, car il est vrai que le savoir et la prestance allaient de pairs avec une certaine idée de la noblesse. Et pourtant ce cliché ne demeurait justement qu’un cliché, car après avoir passé toute son enfance dans l’univers étrange d’une cour royale, le jeune prince qu’il était autrefois a pu constater à quel point la noblesse rendait les gens hideux. Même les fées réputées pour leur pureté d’âme ne faisaient pas exceptions. La vanité et l’amour du pouvoir avait laissé de nombreuses traces sur le cœur du jeune homme, faisait de lui ce qu’il est aujourd’hui : un être excessivement fier dont le fluide de l’arrogance s’évaporait par toutes les pores de sa peau. Toutefois Ondine avait tort sur un point : Zephyrius s’est bien fait tout seul.
«Et pourtant seul, je l'ai toujours été.» chuchota-t-il pour lui-même.
Oui, il eut accès aux meilleures écoles et aux meilleurs professeurs de son Royaume, c’est indéniable. Mais les trois-quarts de son savoir, il est allé le chercher aux quatre coins de ce vaste monde. Nul ne sait combien de ruines antiques et de temples mystérieux ont été foulé par les grands pas de ce géant doré, mais une chose était sûre, ce n’était pas dans sa bibliothèque que sa maitrise des arts sombres a pu se faire. Nul ne sait à quel point il a du lutter contre le monde et ses préjugés ainsi que contre ses propres démons. Et c'est bien pour ça que le jeune roi développa cette fierté sans bornes qui le caractérisait tant: il avait toujours tout fait seul...
« Donc toi, tu pourrais devenir plus fort ? Pourtant tu es tout petit ! Et tout faible aussi non ? Ne te vexe pas hein, mais bon... »
La nymphe s’était saisit du canidé, le soulevant de ses deux mains pour l’emmener au niveau de son visage. L’animal semblait indifférent, se laissant ballotter dans les airs et le museau frôlant presque la face de la jeune fille. Il n’était jamais très sûr de s’approcher d’aussi près de crocs aussi acérés mais fort heureusement, Oberon avait calmé l’instinct assez sauvage de la petite bête. Aussi petite soit-elle, son caractère de prédateur était déjà inscrit dans son code génétique. Bientôt le jeunot deviendra adulte, ses aptitudes à la chasse lui permettront de se nourrir en fournissant le moins d’efforts possibles, et lui aussi transmettra ses gènes à une descendance qui passera inévitablement par le même cheminement. Ou alors il mourra dans la souffrance en essayant d’accomplir tout cela. C’est ce qu’on appelle communément « la vie », et tous les êtres vivants sont animés par cette volonté d’accomplir cette mission biologique.
Le jeune homme se retint de se livrer à un nouveau cours de sciences, aussi garda-t-il cette réflexion pour lui-même, se contentant de fixer la jeune ondine avec cet habituel regard inexpressif.
« Tu crois qu’il m’aime bien ? »
Le jeune prédateur se laissait gratter le bas de la mâchoire, exprimant par de petits jappements le fait qu’il appréciait ce moment. Oberon répondit de immédiatement façon nonchalante, sans vraiment se soucier du fait que sa collègue étant sans doute en train d’essayer de noyer le poisson.
« Qui sait? Je me suis contenté de réprimer sa peur naturelle envers l’eau, pour le reste je ne lui ai pas demandé. »
La tension avait progressivement diminué, si bien que la jeune fille semblait s’être complétement relâchée. À vrai dire elle fut vraiment la seule, Oberon lui demeurant toujours aussi sérieux dans son attitude et son intérêt envers son interlocutrice. Il attendait patiemment une réponse, le postérieur toujours bien ancré sur la vieille souche d’arbre et ses bras s’entrelaçant fermement contre son buste.
« Je ne vais pas te répondre, mais ça, tu devais déjà l’avoir deviné. Du coup je ne vais pas te poser d’autres questions, car ce ne serait pas juste pour notre accord... Tu vas sans doute demander pourquoi je ne veux pas te répondre. C’est assez simple : je n’ai aucun intérêt à te révéler le but de mon voyage et pourquoi je veux tant être avec des humains. Si ce n’est l’intérêt de pouvoir te poser une autre question par la suite. Mais... je ne veux pas que tu en saches trop sur moi. Un vieil homme qui se baladait souvent dans le parc disait la phrase « la connaissance, c’est le pouvoir » ou quelque chose comme ça. Alors que toi, tu en as déjà assez comme ça du pouvoir ! »
Le grand blond ne réagit pas, offrant son air impassible et froid comme seule réponse à ces propos défavorables. Comme elle le disait si bien, le souverain l’avait deviné. Il espérait pouvoir continuer un peu plus cet interrogatoire particulier, mais il semblait avoir atteint les limites de la jeune fille. Elle n’avait pas tort car pour le plus brillant des stratèges, une information était suffisante pour faire trembler le plus puissant des royaumes jusqu’aux moindres atomes de sa pierre fondatrice. La force et la puissance d’Oberon était une chose, mais c’est bien grâce à son formidable intellect que le roi est devenu ce qu’il était. Et part ce fait, il disposait de bien d’autres moyens pour arriver à ses fins.
« Au fait, tu peux lui demander s’il voudrait rester avec moi ? »
Le genre de demande qui aurait pu autrefois faire sortir le jeune roi de ses gonds. Mais Oberon avait changé, et ce qu’il aurait jadis qualifié d’insolence n’était plus qu’un simple caprice à ses yeux. Toutefois, il n’était pas du genre à abandonner aussi facilement. Suivant les règles de ce concept fascinant qu’était l’évolution, seul les forts et les audacieux étaient récompensés. Et dans de rares cas, les chanceux. Et chanceux, il l’a été en tombant sur la seule nymphe présente à des kilomètres à la ronde. Le temps était maintenant venu de se montrer audacieux. . « Moi qui pensait que tu serais juste envers moi, après tout je méritais une réponse pour avoir répondu à deux de tes questions. Et maintenant tu me demandes une faveur alors que moi je n’obtiendrais rien en retour. J’imagine que je n’aurais pas dû me montrer aussi généreux. Cela dit je ne peux que saluer ta prudence. L’une des premières choses que nos géniteurs nous apprennent, c’est bien de ne pas s’approcher de ce qu’on ne connait pas. »
L’homme en armure posa l’une de ses mains sur un genou puis se redressa, rappelant alors de nouveau à quel point il était grand et imposant. Il prit quelques secondes pour épousseter la mousse et la poussière qui s’étaient accumulées sur le bas de ses cuisses et sur l’arrière de son pantalon. Il ferma les yeux et soupira longuement. Presqu’aussitôt, l’ensemble de son corps fut enveloppé par une couche de lumière. Cette dernière se mit à briller de plus en plus fort avant d’éclater pour se matérialiser en la magnifique armure dorée qu’il portait au moment de leur rencontre. Le voici de nouveau vêtu de sa tenue guerrière, signifiant par ce geste que le temps des conversations était bel et bien arrivé à son terme.
« Tu n’as pas à t’inquiéter pour tes secrets, bien que je sois télépathe je ne lirais pas tes pensées pour les connaître. En revanche, je peux te dire que celles de ce renard te sont favorables. Mais pour que ton souhait se réalise, tu devras toi-même gagner son affection. Lui me connait très bien, mais tu demeures une étrangère à ses yeux. Et comme tu me l’as si bien signifié, on n’accorde pas sa confiance si facilement à un inconnu. »
Cette dernière phrase fut ponctuée d’un léger sourire dans le coin du visage féérique. Le jeune monarque semblait narguer son partenaire de conversation, mais il était très difficile de le déceler avec un visage aussi fermé que le sien. Son regard était à présent tourné vers la touffe de fourrure orange qui paraissait si petite à ses pieds. L’animal s’était de nouveau approché de lui, jouant entre ses jambes avant de brusquement partir à la course en direction de ceux de la jeune fille. Il fit plusieurs fois cet aller-retour, comme pour exprimer un certain désir que ces deux-là restent ensemble encore quelques temps. Le canidé marqua un temps d’arrêt, se tenant sur ses quatre pattes à mi-chemin entre nos protagonistes. Il fixa la jeune fille avec une certaine hésitation qui n’échappa pas à la fée, avant de se rediriger vers elle et s’asseoir près de ses chevilles. De toute évidence, Ondine était un être pur, un être de la nature qui pouvait se rapprocher des êtres vivants plus facilement qu’un autre. Peut-être ne le savait-elle pas, ou ne le ressentait-elle pas encore, mais c’était des forces auxquelles Oberon était très sensible.
« Ce petit échange fut…agréable. » conclu-t-il avant de lever ses pupilles vers le ciel, sans doute prêt à s’élancer dans les cieux.