La respiration haletante, une jeune fille se tenait là, dans l'ombre, tentant de se faire le plus discrète possible...
Cette jeune fille c'était Red.

Tout avait commencé en ce bel après-midi de printemps. Les jolies fleurs blanches parsemant l'herbe verte, les oiseaux gazouillant et le soleil frappant le monde de ses doux rayons. Dans cette atmosphère idyllique, la demoiselle avait songeait qu'elle ne pouvait avoir que de la chance, le soleil serait de son côté. Ainsi, en apprenant que des trafiquants seraient les auteurs de quelques objets illégaux, elle n'avait pas hésiter une seconde à prendre la mission. San l'accord de personne. A vrai dire, Mère-Grand n'avait même pas eu l'intention d'intercepter ces gars là. Peut-être voulait-elle le faire plus tard ou alors cela ne conscernant pas son commerce elle n'en avait juste rien à cirer... Néanmoins, son réseau d'information était des plus performant et Red était curieuse. Elle était tombée sur les bonnes infos au bon moment.
Elle s'était donc aventurée hors de son appartement à la nuit tombante et s'était cachée dans un des hangar à bateau. Elle n'avait pas vraiment songer que le soleil avait beau être de son côté, il n'était pas vraiment là la nuit... Tout ne s'était donc pas passé exactement comme prévu.

- Et demain on pourrait faire un tour chez la vieille qui vend des cookies. Tant qu'on est là autant en profiter un peu, il parait qu'ils sont délicieux.
- Comment de vils malfrats dans votre genre osent-ils salir les fabuleux biscuits que sont les cookies avec vos sales pattes ? Je ne vous laisserais pas faire, JAMAIIIIIIIIS !

Bien évidemment elle avait agit sans réfléchir. Bien évidemment, pour crier cette phrase elle avait bondi hors de sa cachette. Bien évidemment il n'y avait pas qu'un mafieux mais quatre. Et bien évidemment, il y en eu au moins un pour pointer une arme à feu sur elle tandis que les autres songeaient déjà à la façon dont ils feraient taire l'intruse. Pas si folle, elle avait aussitôt pris ses jambes à son cou, tout droit en direction du quaie. Avec un peu de chance ils ne sauraient pas nager et elle pourrait s'en débarrasser en les poussant dans l'eau. Ou bien trouver un filet pour les piéger et les mettre hors d'état de nuir jusqu'à l'arriver des renforts. Le seul bémol ? Cette nuit là, elle avait voulu prouver à sa grand mère qu'elle était capable de se débrouiller seule. Elle était totalement apte à se défendre, elle n'avait plus six ans !

Nous disions donc qu'une jeune fille qu'une jeune fille se tenait là, tentant de se faire la plus discrète possible. Vous la voyez la jeune fille capable de se défendre ? Elle avait des limites. Notamment en ce qui concernait l'esquive des balles de revolver. Et à présent, la rouquine se retrouvait bloquer entre la mer et ses poursuivants. Poursuivant qui ne tarderaient pas à la dénicher, il y avait peu de cachette sur un petit port de plaisance en pleine nuit, et à moins d'avoir assez de force pour soulever un bateau peu d'armes aussi.
Red prit donc une grande inspiration, son courage à deux mains et parcouru les quelques mètres qui la séparait encore de la mer en courant, s'arrêtant pile au bord du quaie. Si elle arrivait à gérer correctement elle pouvait les envoyer dans l'eau et partir en courant dans l'autre sens. Elle était bien plus rapide qu'eux, cela ne faisait aucun doute. Hélas, son plan ne fonctionnerait que si ils décidaient de l'attaquer au corps à corps, en oubliant leurs armes.
Ce ne fut pas le cas, elle se retrouva à fixer le canon brillant sous les rayons de la lune, ses agresseurs semblaient se délecter d'avoir attraper un si jolie proie.

Une rencontre inattendue




Le réseau d’informations d’Oberon, l’un des plus efficaces qui soit, ne se trompait que très rarement. Et il était formel, c’est en ce belle soirée printanière que des membres d’une mafia des grandes villes avaient décidé de procéder à une livraison de marchandises illégales. Et afin de se faire le plus discret possible, il avait choisi une petite ville comme lieu de transaction. Chantilly en l’occurrence. Le tout était camouflé dans ce qui ressemblait à une arrivée, comme il y avait tous les jours, de containeurs de marchandises dans le port de la petite ville. Mais stopper ce genre de trafic n’était pas vraiment dans les activités du souverain. Ce qui l’intéressait réellement, c’était fameuses les marchandises qui y allaient être livrées. Vous l’aurez bien deviné, l’une des fameuses pierres noires qu’il convoitait faisait partie des marchandises.

Et voici donc ce cher Oberon, marchant tranquillement à travers les dédales de containers multicolores, faisant claquer ses bottes métalliques dorées sur le béton humide du port de Chantilly. Jouant peu dans la discrétion, il portait son habituelle armure d’or, par-dessus laquelle il avait enfilé une large cape à capuche noire qui recouvrait le haut de son crâne, ne laissant transparaître que la moitié de son visage. Pourquoi une armure? Pensez-vous que les gens de la mafia allaient le recevoir bien gentiment, tout en le laissant fouiner dans leurs affaires? De la bagarre il y aurait, et connaissant le grand blond, probablement des morts.

Curieusement, il n’y avait personnes pour se dresser sur ce chemin. C’était même trop calme. Se rappelant parfaitement des numéros des containers concernés, il continuait d’avancer les yeux rivés sur les boites métalliques avant de tomber sur l’une d’entre elles, qui était ouverte. Un vol? Peu importe, ce n’était pas le bon numéro de toute façon. « Hum? » Des présences humaines vers sa droite. 3, 4…5 personnes. Probablement les trafiquants. Que faisaient-ils si près de la mer alors que les marchandises ne s’y trouvaient pas?  Poussé par la curiosité, la fée se mit à marcher tranquillement en direction des individus. Il ne tarda pas à avoir un visuel, et étant vêtu d’une armure lourde, il fut vite repéré.

« Boss, y’a un mec derrière nous! On fait quoi? »

« T’es con ou quoi? On le bute aussi, c’est un témoin! Descendez-le, je m’occupe de la fille! »


C’est alors que 3 de ces messieurs se ruèrent vers lui, à mains nues qui plus est. « Stupides humains ». Oberon ne bougea pas de sa position et lorsque les bandits furent à sa hauteur, il en saisit deux par le cou, stoppant la course du dernier. Ces faiblards ne valaient même pas la peine d’être tués. Il se contenta de frapper la tête de l’un contre celle de l’autre, avant de les laisser tomber au sol. Le troisième homme n’eut pas le temps de réagir, se faisant saisir par le col avant de se faire projeter contre l’un des individus qui se trouvait près de la mer. Les deux hommes à terre, le blond fit un grand saut afin d’atterrir le pied en avant sur la face de ces derniers, fissurant légèrement le sol. Il se redressa afin de jeter un regard sur le dernier d’entre eux. Ou plutôt….la dernière. Une silhouette fine, pas très grande, mais surtout  une chevelure de feu qui brillait au clair de lune, qui ne laisserait personne indifférent. Vraisemblablement, elle n’était pas à sa place ici.


« U-une fille? » lâcha-t-il inconsciemment.

Et là, un preux chevalier en armure surgit de la nuit pour voler à son secours. Enfin... Preux chevalier, c'était pas dis, mais mec en armure ça c'était sûre. Sa grand mère avait-elle déjà remarquée son absence et envoyé des renforts ? A moins que Gray ait décidé de la poursuivre en armure, parce qu'elle s'était encore sauvée en pleine nuit. Mais il était trop grand pour être Gray.
Il se fit bien vite repéré par les quatre hommes, trois foncèrent vers le nouvel arrivant tandis que le dernier se dirigea vers la rouquine. Face à un seul des malfrats, elle avait toutes ses chances. Ainsi se plaça-t-elle en position de combat, prête à montrer à son agresseur qu'il avait choisi la mauvaise gamine. Elle n'eut pas le temps de faire une démonstration de ses talents, un saut sur le côté lui permit d'éviter le mec qui fut lancé sur l'homme qui s'approchait d'elle. Son sauveur bondit enfin sur le visage de ces derniers, fissurant un peu le sol au passage, puis se tourna vers elle.

Honnêtement, quand un mec dans une armure dorée défonce quatre autre mec baraqué en deux temps trois mouvements -c'était le cas de le dire- et en vient à casser le sol au passage, c'est assez impressionnant au premier abord. Red marqua ainsi un temps d'arrête durant lequel elle observa l'homme et dévisagea la moitié de visage visible sous sa capuche lorsqu'il se fut retourné. Elle pouvait deviner des mèches blondes encadrant son visage, son armure brillait sous lune opaline. Il était grand, bien plus qu'elle. Enfin elle lui offrit un sourire en remerciement, un des grands sourire dont elle avait le secret.

- U-une fille?
- Bah quoi ? Tu n'en a jamais vu avant ? demanda-t-elle étonnée par la question.

Il lui semblai bien qu'un grand blond dans une armure lui était familier. Peut-être un agent de Mère-Grand ? Peu probable, si il était vêtu de la sorte quotidiennement il se serait fait une réputation au sein de l'agence - les rumeurs pouvaient aller très vite. Elle avait probablement dû le croiser dans la rue une fois... Certain aimait à se déguiser, il y avait pas mal d'originaux. En vrai, cette petite ville "tranquille" pouvait s'avérer des plus animées. Deux agences secrètes se faisant la guerre à l'intérieur aidait beaucoup.

Une rencontre inattendue




La jeune fille le dévisageait. Rien de bien étonnant, des individus se baladant en armure dorée, cela ne se voyait pas tous les jours. Aidé par les rayons lunaires, Oberon put distinguer ce qui ressemblait à un sourire.

« Bah quoi ? Tu n'en a jamais vu avant ? » lui demanda-t-elle avec étonnement.

Était-elle en train de se moquer de lui? C’était ça ou alors c’est qu’elle devait être incroyablement stupide. Mais là n’est pas la question. Elle ne paraissait absolument pas effrayée par lui, et ne montrait aucun signe d’hostilité. Le grand blond n’eut pas besoin de réfléchir bien longtemps pour comprendre que cette inconnue n’était pas de mèche avec ces trafiquants. De toute façon, elle n’avait pas du tout l’air d’une trafiquante. Il ne fallait pas se fier aux apparences bien sûr, mais la sensation que dégageait cette gamine ne mentait pas. Il y avait en cette personne quelque chose…d’innocent? Difficile de définir ce sentiment.

Sans parler de son apparence. Maintenant qu’il était plus prêt, ses brillantes pupilles émeraude eurent l’occasion de détailler un peu mieux ce joli minois qui se tenait devant lui. Il fallait se l’avouer, la jeune fille était loin d’être laide. Mais ce qui surprenait le plus, c’était ce regard qu’elle vous faisait. Oberon se sentit envahir par la nostalgie. Pourquoi? Parce que cette inconnue le fixait avec des yeux d’enfants. Des yeux d’un vert passionné et envoutant. Cette silhouette, ces traits, cette couleur de cheveux…malgré la nette différence dans le visage, elle avait beaucoup de similitude avec Allen. Son amie d’enfance. Mais la comparaison s’arrêtait là. Il s’agissait bel et bien d’une autre personne.

Perturbé pendant quelques secondes par l’apparence de la rousse, Oberon reprit rapidement ses esprits. De nature peu bavarde, il se surprit lui-même en daignant répondre à la question posée.

« Je me demandais juste pourquoi une gamine comme toi faisait dans la mafia. Mais visiblement, ce n’est pas le cas. Rentres chez toi maintenant. »

Double surprise. Car en temps normal, il n’aurait laissé aucun témoin. Preuves que ces récentes rencontres étaient en train de déteindre sur lui. Ou bien il s’agissait d’autre chose.

Bref, au moment de se retourner, il dégagea ses pieds toujours appuyés sur le visage des deux bandits. C’est alors que la fissure qu’il avait créé se mit à s’agrandir. Le bord du quai s’arracha complétement, faisant basculer la gamine qui se trouvait encore dessus, provoquant une très probable chute dans le mer. Ce fut sans compter Oberon qui, inconsciemment, pivota et sauta afin de rattraper la jeune fille au vol. Et voilà comment le jeune Roi de Concordia s’était retrouvé en train de léviter au-dessus de l’eau, deux ailes déployées, tenant une petite rousse dans ses bras.

- Je me demandais juste pourquoi une gamine comme toi faisait dans la mafia. Mais visiblement, ce n’est pas le cas. Rentres chez toi maintenant.
- Je suis pas dans la mafia ! J'étais venue arrê... s'exclama-t-elle presque offusquée d'être assimilée à ces gars là.

"...ter les méchants." aurait dû être la fin de sa phrase, si le sol ne s'était dérobée sur sous ses pieds. Elle n'eut que le temps de voir la surface miroitante de l'océan. La mer était particulièrement calme ce soir, si calme qu'on aurait pu la confondre avec les cieux qu'elle reflétait. Telles deux soeurs jumelle le deux astres semblaient resplendirent dans deux ciels. Il sembla a Red que le temps s'arrêtait et qu'elle resterait suspendu au dessus de l'eau un temps infini. Un temps infini durant lequel elle flotterait dans les airs, dans les bras d'un bel inconnu. Puis la jeune fille revint à la réalité, et loin d'avoir brisé la surface miroitant elle était effectivement dans les bras d'un bel inconnu.
Ainsi elle pouvait voir la totalité de son visage. Des traits fins et des yeux émeraudes ne manquant pas de captiver le regard. Elle se fit la réflexion que si il avait été un personnage de manga il n'aurait pu être que le garçon le plus populaire du lycée. Le genre de garçon cachant aussi un lourd secret, pour l'intrigue, et dans le cas présent celui de savoir voler. Les yeux verts de la demoiselle se posèrent sur les ailes blanche et or battant dans le dos de son sauveur. Obéron. C'était un agent du loup, pas étonnant qu'il lui rappelait quelque chose, Mère-Grand avait écrit en lettre rouge "dangereux" sur le dossier qu'elle possédait le concernant. Il n'avait pourtant rien de méchant, si ce n'est ce qu'il avait fait subir au mafieux. Mais lorsqu'il s'agit de taper les méchants, ça ne compte pas comme méchant. Il était grand, toujours vêtu d'une armure, fort et savait utiliser la magie. Quoi de plus normal pour une fée ? C'était tout ce que les souvenirs de Red lui disait, probablement que sa grand-mère ne connaissait pas avec exactitude l'étendu de ses pouvoirs. Ce qui devait la faire rager, elle qui détestait ne pas tout savoir. Elle n'avait accès qu'au compte rendu de missions et aux dossiers volés au loup de temps à autre, et bien évidemment il ne consignait pas tout sur des feuilles.

- Merci... dit-elle doucement.

Se retrouver nez-a-nez avec un tel personnage était pour le moins intimidant. Même Red que pourtant peu de choses pouvait intimider grâce à sa capacité à tout prendre à la légère l'était.

Une rencontre inattendue



Toujours cet éternel air impassible, qui ne quittait presque jamais la face d’Oberon. C’est de cette manière qu’il fixait la jeune fille qu’il tenait dans ses bras. Il la soutenait presque sans aucun effort. Elle était vraiment légère, ou alors c’est qu’il ne mesurait plus l’étendue de sa propre force. La rousse fit preuve de la même curiosité que lui, observant attentivement le jeune homme, avec une expression à mi-chemin entre l’étonnement et la fascination. Croiser un type avec des ailes, cela n'arrivait pas à tout le monde. L’échange de regard fut si fusionnel que sans s’en rendre compte, la fée se mit à lire dans les pensées de l’inconnue. Bien qu’il maitrise parfaitement ses capacités extrasensorielles, il lui arrivait parfois de perdre le contrôle. De cette brève intrusion, il n’en tira que trois mots : « Red », « Aliya » et « Oberon ».

« Merci... »

Brève, car il fut interrompu par ce remerciement pourtant à peine audible. Doucement, il lévita en arrière avant de se poser sur le sol humide des quais. Avec délicatesse, il aida la jeune fille à poser pieds sur terre, puis fit un bref geste la tête pour signifier qu’il acceptait les remerciements d’Aliya. Car c’était son prénom, il n’y avait aucun doute là-dessus. Et c’est en continuant à l’observer qu’il se rendit compte qu’il la connaissait. Pas personnellement, non. Mais il avait déjà lu de nombreux dossiers sur elle. Comment ne l’avait-il pas reconnu plus tôt? Elle était célèbre, même au sein de l’Organisation. Agent Red, la petite fille de Mère-Grand. 1# ans. Rousse effectivement, d’assez petite taille, agilité remarquable, excelle dans l’espionnage, très faible physiquement.

Visiblement, il était démasqué. Mais Red ne semblait pas se rendre compte qu’elle l’était également. Une aubaine. Il tenait sous la main quelqu’un qu’il pourrait utiliser pour atteindre la Vieille. Il ne fallait surtout pas qu’elle sache qu’Oberon l’avait identifié. Il lui fallait jouer le jeu. Il était clair que dans cette situation, elle se méfiait de lui. Mais s’il arrivait à gagner sa confiance, il pourrait faire en sorte d’en tirer de précieuses informations.

Il croisa alors les bras, continuant de braquer ses yeux verts sur la jeune fille qui se tenait en face de lui.

« Si tu n’es pas avec eux, alors que fais-tu ici? » commença-t-il pour faire mine de s’intéresser un peu à elle. Il fit disparaître ses ailes dans un éclat de poussières d’étoiles dorés avant de tourner le dos à la gamine.

« Enfin peu importe, cela ne me regarde pas. J’ai mieux à faire pour l’instant. Je ne resterais pas plus longtemps ici, si j’étais toi. » finit-il en commençant à s’éloigner.

Un sourire au coin se dessina sur son visage. Avec ce genre de déclaration, il avait forcément attisé la curiosité de l’Agent Red. Elle le suivra. À coup sûr.

- Si tu n’es pas avec eux, alors que fais-tu ici?

Elle allait lui répondre qu'elle était là pour arrêter les méchants et au passage sauver les cookies qu'ils prévoyaient d'attaquer, tout en ométtant de préciser qu'elle voulait surtout prouver à sa grand-mère qu'elle savait se débrouiller seule, mais elle n'en eut pas le temps.

- Enfin peu importe, cela ne me regarde pas. J’ai mieux à faire pour l’instant. Je ne resterais pas plus longtemps ici, si j’étais toi. enchaîna-t-il en se détournant.

Elle l'observa un instant s'éloigner, la laissant là sur place. Elle restait où elle voulait d'abord ! Non mais. Si jamais d'autre mafieux étaient dans le coin et que personne ne les arrêtait, qu'arriverait-il aux biscuit de la boutique ? En plus c'était elle la vendeuse demain. Elle allait se faire gronder à coup sûr si elle laissait qui que ce soit saccager la boutique, elle se faisait déjà gronder en y entrant par infraction la nuit alors qu'elle ne cassait rien. Ouais, c'était plus amusant de passer par les conduits d'aération plutôt que d'utiliser les clés ou de venir la journée même si elle avait les cookies gratuitement. Ruminant quelques secondes comme une enfant qu'on vient de vexer, elle fini par trottiner derrière lui afin de le rattraper.

- Tu vas faire quoi ? demanda-t-elle une fois arrivé à sa hauteur, l'observant à nouveau de ses yeux vert.

Beaucoup aurait trouvé cette question déplacée, on évitait généralement de questionner une personne nouvellement rencontrée, surtout quand cette dernière semblait vouloir partir. Sauf que Red ne faisait pas partie de toutes ces personnes qui réfléchissent avant de parler, elle se contentait de dire ce qui lui passait par la tête. Bien sûr, elle savait faire preuve de délicatesse lorsque le sujet l'exigeait ou qu'elle décidait d'être sérieuse, la deuxième option arrivant évidemment peu pour ne pas dire presque jamais. Elle ne semblait d'ailleurs nullement déranger de devoir lever la tête à cause de la différence de taille qu'il y avait entre-eux. Au lieu d'être agent chez le loup, il aurait dû faire basketteur, en plus il aurait eu droit à sa photo sur les paquets de céréales et ça c'était classe. Elle ne jouait pas au basket, aussi rapide puisse-t-elle être elle était incapable de viser correctement, du coup elle avait abandonné l'idée de pouvoir se voir un jour sur ses céréales à l'âge de sept ans. Mais pouvoir se vanter de connaitre la personne sur le paquet, c'était bien aussi, non ?
Tout en attendant une réponse, elle leva les yeux au ciel pour observer les étoiles. Ce qu'il y avait de bien à Chantilly, c'était que les abords de la ville était peu éclairé dévoilant ainsi la voûte céleste aux noctambule. C'était une des raisons principales de ses ballades nocturne, la première étant qu'elle n'arrivait pas toujours à dormir et la troisième qu'elle trouvait ça amusant de faire le mur en passant par sa fenêtre. Là aussi, elle pouvait utiliser la porte mais ce n'était pas la même chose.

Qui m’aime me suive



Aliya resta quelques secondes sans bouger alors que le blond s’éloigner. Il ne se retourna pas afin de voir ce qu’elle pouvait bien faire, il fallait qu’il lui donne l’illusion qu’il se fichait pas mal d’elle. Et comme prévu, il entendit les légers bruits de pas de la rousse qui se rapprochait rapidement de lui. Arrivée à la hauteur de la fée, la jeune fille se mit de nouveau à le fixer avant de lui poser une question.

« Tu vas faire quoi ? »

Le souverain haussa l’un de ses sourcils. On ne pouvait pas être plus indiscret. C’est le genre de curiosité qui aurait irrité Oberon. Mais il fermerait les yeux pour cette fois. Car c’est de cette manière qu’il voulait qu’elle réagisse. Il ne s’attendait pas à ce qu’elle se montre si intéressée aussi vite. Il venait à peine de la rencontrer qu’il commençait déjà à cerner la personnalité de l’Agent Red. Ce n’était pas la première fois qu’il rencontrait ce type de profil. Après tout, son amie d’enfance était une sorte de concentré énergétique, qui aimait fourrer son nez partout. En plus d’être un pot de colle. Alors si la rouquine était de ce genre-là, Oberon n’avait qu’à bien se tenir.

Le blond ne se fit pas attendre et répondit quelques secondes après, de son habituel ton froid et peu expressif.

« Ça te regarde? »

Sans un regard pour elle en plus. Aïe. Même lorsqu’il fallait faire semblant, ce cher Oberon avait du mal à être aimable. Si son plan était de faire partir la jeune fille, alors il se débrouillait très bien. L’usage voudrait qu’il se reprenne et qu’il lui parle un peu plus gentiment. Mais ce n’était tout simplement pas dans les cordes du jeune homme pour le moment. Il se contenta de soupirer puis se tourna vers elle.

« Puisque tu as décidé de me suivre, ne t’éloignes pas trop. Sait-on jamais. »

Les jeunes filles comme elle n’aimaient pas qu’on leur parle de façon si paternelle. C’était l’occasion de la titiller un peu et de lui suggérer l’idée d’un Oberon qui s’inquiète pour elle. Il arriva finalement sur une autre extrémité du quai. Un bateau dans un piteux état y avait jeté l’ancre. Sur le pont de l’embarcation se trouvait un container sur lequel était peint une série de numéro. Bingo, il s’agissait des marchandises qu’il convoitait. Ces bandits n’étaient pas vraiment brillants. Oser venir dans un port aussi calme que Chantilly avec un bateau aussi hideux, comment ne pas se faire remarquer?
Sans se faire prier, Oberon fit un petit saut afin d’embarquer sur « l’épave ». Il avança de quelques pas avant de saisir la poignée du container et d’arracher littéralement la porte coulissante. D’un mouvement vers l’arrière, il jeta l’énorme bout métallique par-dessus bord.

« Bien, voyons ce qui se cache là-dedans. »

Oui, c’était du vol avec effraction aux yeux de la loi. Mais  pouvait-on en dire autant lorsque l’on volait les voleurs?

- Ça te regarde ? répondit-il froidement.
- Je peux peut-être aider...

Noté, il n'était pas vraiment du genre à apprécier que l'on se mêle de ses affaires. C'était compréhensible après tout, bien que Red se contenta de porter à nouveau son regard sur lui sans plus dire mots. Bon, son silence n'eut pas à durer longtemps puisqu'il soupira en se tournant vers elle, mais on pouvait tout de même penser qu'elle serait restée silencieuse tout de même. Hum.... Ou pas.

- Puisque tu as décidé de me suivre, ne t’éloignes pas trop. Sait-on jamais.
- Je sais me défendre ! protesta la rouquine, indignée.

Ce n'était pas parce qu'elle semblait fragile qu'elle l'était vraiment. Peut-être s'était-elle trouvée en mauvaise posture lorsqu'il l'avait trouvé, certes. Mais ce n'était que parce qu'elle ne savait pas encore esquiver les balles de revolver. Du coup, elle fit mine de bouder. Elle était venue ici afin de montrer qu'elle n'était plus une enfant sans défense, et voilà qu'on la traiter de nouveau ainsi, en vrai il devait y avoir un complot entre Mère-Grand et toutes les autres personnes de la ville. Complot dirigé par son père, chaque fois qu'ils se voyait il continuait de la traiter comme lorsqu'elle était petite. Bon d'accord, ça ce n'était pas pour lui déplaire elle adorait pouvoir le faire jouer à la dînette, c'était toujours aussi amusant, et ça énervait mamie qui grondait autant après son gendre que sa petite fille. Devinez d'où Red tire son comportement de petite fille ? Ce devait être génétique.
Ils atteignirent l'extrémité d'un autre quai où une épave flottant par une mystérieuse magie était accosté. Enfin... Magie peut-être pas, mais il semblait un peu trop vétuste pour encore prendre la mer. Elle suivit Obéron à bord, jusqu'à un container. Si elle se souvenait bien, ces trucs était sensé être scellé, avec cadenas et tout et tout, et puis un peu lourd quand même. C'était donc tout à fait normal de l'arracher, comme ça. Pourquoi pas... Crocheter une serrure c'était si compliqué de nos jours ?

- Bien, voyons ce qui se cache là-dedans.
- Tu sais que tu peux être poursuivit pour ça ? En plus il ne t'avait rien fait le conteneur ! gronda-t-elle en observant l'intérieur afin de voir ce qu'il pouvait y avoir de si intéressant sur un aussi vieux navire.

Certes elle n'était pas la mieux placée pour dire ce genre de chose, c'était fréquent qu'elle entre par effraction quelque part et vole un truc... Mais c'était toujours dans le cadre de son travail ! Pour les vols, les entrée par effraction était une autre histoire. Et puis quand elle passait, elle ne cassait ni le sol ni les gros machins en métal, ni rien d'autre d'ailleurs.

Qui m’aime me suive



M’aider? La blague de la soirée. Pourquoi est-ce que la petite fille de Mère-Grand voudrait-elle aider un agent ennemi? Il voulait bien croire qu’elle était gentille mais là, elle faisait preuve d’une bêtise sans nom. Ou d’une extrême naïveté. Remarquez, la naïveté peut être relié à un manque d’expérience, à de l’ignorance. Mais débattre sur ce sujet n’était pas vraiment à l’ordre du jour.

« Je sais me défendre ! » avait-elle clamé haut et fort. Oberon avait touché un point sensible. Comme prévu. Parfois, il se surprenait lui-même avec cette capacité qu’il avait d’analyser et de comprendre la façon de penser des autres. Porter le sang de la vieille devait être un fardeau. Le blond ne le savait que trop bien. Pendant longtemps, on ne le connaissait pas comme étant Zephyrius mais toujours comme « fils de Roi ». Cette gamine devait connaitre la même chose. La preuve, le jeune homme l’avait reconnu comme étant la petite fille de MG avant de l’identifier en tant qu’agent. La volonté de faire ses preuves devait animer la petite. Mais comment confier des responsabilités à cette personne? Elle paraissait si…irresponsable?
Revenons à nos moutons. Oui, une porte bousillée et tout un tas de marchandises de valeurs sous les pieds de la fée.

« Tu sais que tu peux être poursuivit pour ça ? En plus il ne t'avait rien fait le conteneur ! » gronda-t-elle alors.

Une grosse goutte « mode blasé » dégoulina sur la nuque du jeune homme. Est-ce qu’elle était sérieuse cette gamine? Il faudrait qu’elle se resitue un peu dans le contexte. Ils étaient dans un bateau clandestin, bourré de trucs illégaux et mademoiselle se plaignait du fait qu’il ne respectait pas la loi? Bon, il n’était pas irréprochable non plus mais il n’avait pas vraiment le temps de crocheter les serrures etc. Il avait choisi la méthode la plus efficace et la plus rapide, point.

« Encore faut-il pouvoir m’arrêter. À moins que tu ne veuilles essayer? » dit-il avec arrogance, tournant son regard vers Red, un sourire narquois.

Il pénétra alors dans le container, où régnait l’obscurité. Il  tendit la main afin de matérialiser une petite boule de lumière qui se mit à flotter dans les airs. Plusieurs dizaines de caisses, de cartons et de sacs y étaient entreposées. Il avança de quelques mètres avant de s’arrêter devant une petite caisse en bois. Il s’accroupit, arracha le haut de la caisse de la même façon que la porte métallique, et tendit la main pour en sortir une petite boite sculptée de façon artisanale. Discrètement et à l’abri du regard de la rousse,  il l’ouvrit pour en sortir une pierre noire qui s’empressa de ranger dans ses vêtements. Il se releva enfin et se tourna vers Aliya.

« Rien de bien intéressant. Je crois qu’il est temps de partir. »

Elle restait une agente de MG. Hors de question qu’elle se mêle de ses projets de conquête.

C’est l’heure du duel?



« Pourquoi pas ? »

Oberon ne fit pas très attention à la réponse de la jeune fille. Soit elle cachait bien son jeu et disposait de capacités surnaturelles qui lui permettrait de tenir tête à la fée, soit elle était complétement inconsciente. Si elle possédait des pouvoirs, le blond l’aurait senti immédiatement. La rousse était tout simplement bête…ou courageuse. L’idée de remettre cette gamine à sa place démangeait le jeune homme. Mais est-ce qu’un dinosaure aurait un quelconque intérêt à écraser volontairement une fourmi? Une dépense d’énergie inutile.

Oubliant la « provocation » de l’Agent Red, il s’était contenté de récupérer ce qu’il était venu récupérer. Son regard croisa celui de la fille, celle-ci le regardant avec méfiance, attendant patiemment que le blond lance une offensive. Pensait-elle vraiment qu’il allait se salir les mains contre elle? Ignorant totalement l’agente, il passa à côté d’elle avant de s’arrêter. Pivotant sa tête sur le côté, il observa le rafiot qui flottait tant bien que mal. Il tendit un doigt vert ce dernier et c’est alors que les flots se déchaînèrent sous l’embarcation. L’eau de mer prit la forme de tentacules, et tel le krakken des légendes médiévales, entraina la carcasse métallique dans les fonds marins.
 
Il aurait été plus correct de laisser ces objets volés aux mains de la police, mais Oberon ne voulait laisser aucune trace de son passage à cet endroit. De plus, c’était l’occasion de faire une démonstration de force afin de dissuader Red de vouloir le confronter. À moins qu’elle ne veuille finir comme nourriture pour poissons, il était temps qu’elle sache où était sa place.

Alors Obéron sorti du navire en la snobant complètement. Elle aurait été invisible que ce fut probablement la même chose. Au détail près qu'elle aurait trouvé ça cool d'être invisible, Mère-Grand n'aurait plus jamais pu lui refiler tout un tas de truc et elle aurait pu échapper au sermon chaque fois qu'elle entrait dans la boutique par infraction. Quoique... Avec sa grand-mère on ne savait jamais, elle était bien capable de kidnapper un scientifique pour qu'il invente un appareil capable de voir les gens invisibles.
Toujours étant que lorsque le blondinet se retourna et pointa son doigt vers le navire celui-ci se fit engloutir par un kraken liquide. Ou tout du moins des tentacules faites d'eau de mer. Red regarda la chose, comme si c'était tout à fait banal. Ce n'est qu'après que le fait qu'elle n'était pas en train de rêver arriva et qu'elle se dit qu'il était une bonne chose de ne pas l'avoir attaqué. Ce devait être la case "magie". Du coup, l'attaquer près de la mer était une mauvaise idée... Mieux valait attendre d'être dans un désert, là où il n'y a pas d'eau.
Franchement, pauvre bateau.... Il était déjà dans un sale état, il aurait fini par couler tout seul. Les gens le possédant avaient peut-être envie de récupérer ce qu'il y avait à l'intérieur non ? Et puis un bateau qui disparaissait c'était pas vraiment discret, ça se verrait encore plus que l'infraction s'ils avaient tenté de remettre la porte en place. En plus, comme c'était pas à la porté de tout le monde, ça passerait probablement dans les journaux, et puis il faudrait sortir l'épave de là... Le port n'était pas si profond que ça, pour qu'un autre navire puisse stationner là, il faudrait bien retirer celui là, ou Chantilly se retrouverait avec deux épaves.

- On fait quoi maintenant ? demanda-t-elle en parcourant les quelques pas qui les séparaient.

Je pose une carte face cachée



« On fait quoi maintenant ? »

Oberon leva un de ses sourcils, étonné devant l’absurdité de la question de la jeune fille. Attendez, il venait de couler un navire devant ses yeux, en usant de la magie en plus! Le faisait-elle exprès? Ce n’était pas possible d’être aussi…blonde. Cette petite démonstration de force n’eut pas l’effet escompté, la rousse s’étant mise à trottiner jusqu’à atteindre la position du jeune homme.

Il suffisait de relativiser. Avec une telle naïveté, il lui serait très facile de la capturer.  Parce que la fée s’était décidée, l’Agent Red lui servira de monnaie d’échange. Contre des informations évidemment. Bien entendu, il ne s’attendait pas à ce que la vieille accepte de se plier à la moindre de ses exigences, malgré le fait que l’on tienne sa petite-fille. C’est qu’elle n’était pas tendre, et il faudra négocier dur, à coup sûr.

« On? Pour ma part, je pense qu’il est temps de rentrer, tu es libre de faire ce qui te plait. »

Il continua son chemin afin de s’éloigner des quais, certains que la jeune fille le suivrait. Après avoir marché quelques mètres, il s’arrêta devant un immense carrosse noir, dont certaines parties étaient faites en or massif. À l’avant, se tenaient fièrement 6  pégases à l’allure majestueuse, à la robe d’ébène.

« À moins que tu ne veuilles que je te déposes? Je me sentirais mal de laisser une jeune fille rentrer seule, surtout à une heure aussi tardive. »

Une ultime façon de tester la naïveté de Red.

JE REVÈLE MA CARTE PIÈGE!!



Comme prévu, l’Agent Red le suivit jusqu’à l’endroit où il avait dissimulé son moyen de transport. Il ne pensait pas que ce serait aussi facile de l’attirer là où il le désirait, mais tant mieux. La naïveté de la rouquine lui facilitait la tâche. Elle ne pourrait plus s’échapper à présent. Car il était impossible qu’elle résiste à un tel spectacle.

Aliya s’immobilisa de stupeur devant les six bêtes majestueuses qui se dressaient devant elle. En tant que petite fille de MG, elle devait sûrement croire en l’existence des créatures fantastiques. Mais même pour ceux de l’Agence, il était plutôt rare de croiser ce genre de choses en plein Chantilly. Et sans vouloir faire de stéréotypes, mais les femmes semblaient être plus attirées par ce genre de choses, comparativement aux hommes. Sa réaction fut donc très prévisible. Red se mit à sautiller avant de se tourner vers le grand blond, un large sourire sur le visage. La même expression que faisait Allen lorsqu’elle lui demander quelque chose, avec les yeux brillants d’envie, prêts à vous dévorer s’il le fallait.

« Je peux monter dessus ? Je peux ? Je peux ? Je peux ? »

Heureusement pour elle qu’Oberon était un homme très patient, qui ne se laissa pas bousculer par l’excitation grandissante de la jeune fille. Une petite pensée lui traversa l’esprit, lui disant que la jeune fille était plutôt mignonne en agissant de cette façon. Mais cela fut très bref. Le genre de pensée auquel il n’accordait aucune importance. Il se mit à toussoter le poing devant la bouche avant de tendre la main devant lui, comme pour dire à la rouquine d’arrêter.

« Calme-toi. Les chevaux ailés sont des créatures très fortes, qui ne se laissent pas chevaucher par n’importe qui. Il te faudra du temps avant de pouvoir prétendre les monter. Mais je pourrais t’initier à cet art, si l’on a l’occasion de se revoir. Cela dit, tu peux les caresser, je veillerais à ce qu’ils ne te fassent aucun mal. »

Il s’avança près des chevaux avant de faire un geste de la main, invitant la rousse à s’approcher également. Bien que ce ne soit pas vraiment le fort du blond, celui-ci s’efforça à esquisser un léger sourire. Histoire de mettre la jeune fille en confiance.

…ET TE VOILÀ PIEGÉE!



« Viiiiii ! »

Les humains ne savaient-ils pas que les oreilles féériques étaient bien plus sensibles que les leurs? Apparemment non. La rousse ne se retint pas pour lâcher un cri de joie hystérique. Par contre, elle sembla se retenir pour ne pas sauter au cou du grand blond. De nature toujours aussi prudente, Oberon s’était déjà préparé à la repousser ou à esquiver au cas où cette situation arriverait. Fort heureusement, elle fut assez sage pour ne pas le faire et se contenta de faire un petit saut dans sa direction avant de se diriger calmement vers les animaux ailés.

Sage décision. Ce genre de bête était de nature assez nerveuse et voir un petit être roux courir entre ses pattes serait assez dangereux. On n’était jamais à l’abri d’un coup de sabots, ou même d’ailes.

« Haaan, tu vois, tu peux même sourire ! »

Qu’elle en profite. Cela n’arriverait pas souvent. Déjà que celui-là n’était pas un vrai alors. Et puis, est-ce bien son problème s’il ne souriait pas? Oberon ne voulait pas avoir l’air aussi niais qu’elle. Sans vouloir être offensant envers la rouquine.

Puis ce fut à ce moment que l’Agent Red remonta un peu dans l’estime du souverain. Totalement à l’aise avec des animaux qui faisaient plusieurs fois sa taille, elle se mit à caresser le museau de l’un deux. Elle fit preuve d’une grande douceur, ce qui contrastait avec l’image de surexcitée qu’elle avait montré jusque-là. Le grand blond était un grand ami des animaux, et comme on le disait si bien, les amis de nos amis sont nos amis. Mais ils n’en étaient pas encore là, ne nous méprenons pas.

Après ce court instant de tendresse, il était temps de revenir aux choses sérieuses. Le plan. Il était assez simple. Avec l’aide de la magie, la fée prit le contrôle de la bête qu’Aliya était en train de cajoler. L’animal se mit à s’agiter nerveusement avant de se dresser sur ses pattes arrière, menaçant d’écraser la jeune fille sous ses pattes avant. Red serait tout à fait capable d’esquiver, il n’y avait pas de doutes. Mais les chevaux n’étaient qu’une diversion. Aussi rapide soit-elle, comment pourrait-elle éviter Oberon qui était en train de foncer sur elle.

« Attention! »

Faisant mine de se ruer vers elle pour la protéger, le jeune homme s’arrêta à la hauteur de la jeune fille. Mais au lieu de se saisir d’elle, il frappa la nuque de la rousse d’un coup sec et précis. Insuffisant pour la tuer, mais assez pour la rendre inconsciente.

Toujours être sur ses gardes, toujours.