Ce que l'on vous a écrit :

Dans l'univers il y a une terre, notre terre. Sur cette terre, il se trouve des continents, des îles, des pays, des régions, des villes, des gens. Tous vivent, travaillent, rient, pleurent. Certains sont géographes et t'assurent que l'être humain est si évolué qu'il a découvert tout l'espace qui l'entoure. Et si moi je vous disais que non ? Il existe un endroit sur terre, magique, invisible, préservé de toute pollution. Si je vous donne son nom, il ne vous dira rien. Kyouki Junsei. Vous qui lisez ce message, vous devez croire à une mauvaise blague, n'est-ce pas ? Je sais, je sais que vous avez vécu quelque chose, que vous avez quelque chose de différent. Ne faites pas l'innocent, je sais.

Partez, vous voyez ce grand portail devant vous ? Il vous mènera directement à Kyouki Junsei, que vous soyez ange, démon, magicien ou fée. Votre nature n'est pas un cadeau empoisonné.


La vérité

Kyouki Junsei est une petite ville préservée du regard des humains normaux. Effectivement, elle n'est accessible que par les créatures bannies de l'esprit des humains, classées « mythologiques » par ceux-ci. Les contes de notre enfance ne racontaient pas n'importe quoi, ils existent.

Ils vivent paisiblement (mais pas trop) dans cette ville qui s'auto-suffit à elle-même. Les démons, les anges, les incubes, les Fées, les vampires, les magiciens, les hybrides et j'en passe se sont unis pour créer une forêt, un lac, de montagnes, et le tout est surplombé sur un internat, l'essence même de la ville. Perché sur une colline, il est destiné à accueillir les enfants « monstres » pour les aider à maîtriser leurs pouvoirs.

C'est un endroit relativement calme même si les conflits entre les races sont plus ou moins présents.

Raconte-moi une histoire !

Il fut un temps où les « créatures » et les humains vivaient en parfaite harmonie. Peut importe d'où ils venaient, ils étaient acceptés par « sans ». Il fut un temps où avoir des ailes n'était pas un facteur pour être jeté au bûcher et maîtriser le feu ne conduisait pas au lac. Cela aurait pu durer longtemps, si, aussi orgueilleux soient-ils, les « sans » ne s'étaient pas rebellés. « Ce sont des monstres ! »

Nos pauvres créatures, en minorité, ne pouvaient que se résigner, leur différence leur causait défaut. Combien sont morts ? Combien ont dû endurer les insultes incessantes du peuple ? Et surtout, combien ont oublié ? Ils se regroupèrent par espèces, par endroits, vivant dans la peur d'être retrouvés. Se mêlèrent à eux des humains, croyant en leur innocence ; ce fut la naissance des magiciens. Les créatures se retrouvèrent figées dans les contes pour enfants, le peuple voulait les oublier.

Plusieurs siècles furent passés, leur histoire était ce qu'elle devait être : une histoire. On les avait oubliés. Mais eux, n'avaient rien pardonné. Ils revinrent, se fondant dans les humains, s'accoutumant comme ils le pouvaient. La peur rongeait leur conscience, d'être découverts, et Dieu seul savait ce qu'on leur ferait.

Il fallut du temps avant qu'ils se réunissent à nouveau. Ils voulaient que les choses changent. Entre les envies de meurtres, de conquérir le monde, de prouver aux humains qu'ils n'étaient pas néfastes, c'était le bordel. Une idée, il suffit d'une idée, pour changer le court des choses. Une dame, qui n'avait rien dit depuis le début de l'audience, se leva. Elle était petite, faible, une humaine !

Comment avait-elle osé ? Voulait-elle mourir ? Savait-elle ce qu'elle faisait ? Il semblait que oui. Son visage, calme ; ses yeux, bienveillants ; sa voix, douce ; inspiraient la confiance. Ils l'écoutèrent.
« Je comprends votre haine, je comprends votre douleur. Mais ne pouvez-vous pas créer un endroit, invisible, qui recueillera toutes les créatures du monde ? Les enfants en priorité, un internat pour les héberger. On foutra une île autour pour les jeunes adultes et certains d'entre vous se proposeront professeurs. Je m'occuperai de les retrouver, je dirigerais l'internat si vous le souhaitez.» En quelques phrases, elle avait sauvé le monde.

Elle avait du cran, la grand-mère. Mais aussi surprenant soit-il, on l'écouta. Quelque part, dans l'océan pacifique, ils créèrent une île, sur cette île, ils construisaient un internat , autour se formait une ville, doucement. Il fallut cinq ans pour tout finir, de cette alliance miraculeuse naissait un semblable de nouveau monde.

Il n'y avait jamais eu une aussi belle harmonie entre toutes les espèces que celle-ci. La grand-mère semblait savoir ce qu'elle faisait et sa présence aspirait au respect.

Puis la question se posa, comment trouver les créatures ? Là aussi, la vieille avait la solution. Son idée, tout droit sortie d'une fiction quelconque, était l'idée d'un passage spatio-temporel. Au milieu d'humains, elle aurait eu l'air fou, au milieu de monstres, elle avait l'air d'une sage.

Son idée fut mise en place, et dès lors, elle commença à envoyer des lettres au monde entier. Devant chaque élu, prévenu par une lettre, se présentait un portail. Il avait le choix, rentrer ou non, telle était la question. Mais si vous êtes là à m'écouter, c'est bien que vous n'ayez point résisté à la tentation.